INTRODUCTION Quand la communion devient la passion d’une âme, celle-ci est entrée en harmonie avec le coeur de Dieu. Marie de la Passion ne fait pas de la communion avec Dieu un acte intimiste, qui donne satisfaction à sa sensibilité et l’isole du monde qui l’entoure. Non, elle trouve dans la communion avec Dieu-Trinité, l’inspiration et la force pour vivre “un nouveau type de relations solidaires” (cf. Vita Consecrata No.41), qui dépassent les limites de sa famille religieuse et l’ouvrent à l’universel. Vraiment “catholique”, Marie de la Passion n’exclut personne de son amour. Amis et ennemis, vivants et défunts, reçoivent le don de son amour et de sa prière. Elle affirme que: “tout peut servir pour arriver à la communion”, et que “tout travail peut nous aider à la communion avec Dieu”. Fille très fidèle de l’Eglise, elle vit la communion au sein de cette Mère, qui parfois ne la comprend pas et la fait souffrir ... Vivre la communion ne signifie pas s’immuniser contre la souffrance, mais lui donner sens et perséverer jusqu’au dernier soupir, dans le cheminement qui conduit vers la pleine communion. Nous présentons les textes suivants de Marie de la Passion en nous référant à quelques orientations de “Vita Consacrata”. L’actualité et la vigueur de son message, se révèlent à ceux qui, surmontant la difficulté du langage d’un autre siècle, essaient de s’imprégner de son esprit: un esprit de communion. La Sorgente - 1999 L’entrée dans le nouveau millénaire encourage la communauté chrétienne à élargir son regard de foi vers des horizons nouveaux pour l’annonce du Règne de Dieu ... il faut revenir avec une fidélité raffermie à l’enseignement du Concile Vatican II, qui a apporté un éclairage nouveau sur l’engagement missionnaire de l’Église face aux exigences actuelles de l’évangélisation ... Pour correspondre efficacement à cet engagement, elle doit demeurer dans l’unité et développer sa vie de communion. L’imminence de l’événement jubilaire constitue un bon stimulant dans ce sens. Incarnationis mysterium no.2 C’est l’écoute de l’Esprit qui doit nous rendre tous capables d’arriver à manifester visiblement dans la pleine communion la grâce de la filiation divine inaugurée par le Baptême: tous enfants d’un seul père. Incarnationis mysterium no.4 (Vita Consacrata) MAGISTERE ECCLESIAL À L’IMAGE DE LA TRINITE Au cours de sa vie terrestre, le Seigneur Jésus a appelé ceux qu’Il voulait, pour les garder près de Lui et les préparer à vivre, à son exemple, pour le Père et pour la mission qu’Il avait reçue (cf. Mc 3, 13-15). Il donnait ainsi naissance à la nouvelle famille qui devait réunir au long des siècles ceux qui seraient prêts à « faire la volonté de Dieu » (cf. Mc 3, 32-35). Après l’Ascension, grâce au don de l’Esprit, il se constitua autour des Apôtres une communauté fraternelle rassemblée dans la louange de Dieu et dans une expérience concrète de communion (cf.Ac 2, 42-47; 4, 32-35). La vie de cette communauté et, plus encore, l’expérience des Douze qui avaient tout partagé avec le Christ, ont été constamment le modèle dont l’Église s’est inspirée quand elle a voulu revivre la ferveur des origines et poursuivre son chemin dans l’histoire avec une vigueur évangélique renouvelée. 3 En réalité, l’Église est essentiellement mystère de communion, « peuple uni de l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint ». La vie fraternelle tend à refléter la profondeur et la richesse de ce mystère, en se construisant comme un espace humain habité par la Trinité, qui prolonge ainsi dans l’histoire les dons de communion propres aux trois Personnes divines. Dans la vie ecclésiale, nombreux sont les cadres et les modalités d’expression de la communion fraternelle. La vie consacrée a certainement le mérite d’avoir contribué efficacement à maintenir dans l’Église l’exigence de la fraternité comme confession de la Trinité. En favorisant constamment l’amour fraternel, notamment sous la forme de la vie commune, elle a montré que la participation à la communion trinitaire peut changer les rapports humains et créer un nouveau type de solidarité. De cette manière, elle fait voir aux hommes la beauté de la communion fraternelle et les voies qui y conduisent concrètement. En effet, les personnes consacrée vivent « pour » Dieu et « de » Dieu, et c’est pourquoi elles peuvent confesser la puissance de l’action réconciliatrice de la grâce, qui anéantit les forces de division présentes dans le coeur de l’homme et dans les rapports sociaux. Vie fraternelle dans l’amour 4 42. La vie fraternelle, comprise comme une vie partagée dans l’amour, est un signe expressif de la communion ecclésiale. Elle est cultivée avec grand soin par les Instituts religieux et les Sociétés de vie apostolique, où la vie communautaire prend un sens particulier. Mais la dimension de la communion fraternelle n’est pas étrangère non plus aux Institut séculiers ni aux formes individuelles de vie consacrée. Les ermites, dans la profondeur de leur solitude, ne se soustraient pas à la communion ecclésiale, mais ils la servent par leur charisme contemplatif spécifique; les vierges consacrées dans le monde vivent leur consécration dans une véritable relation de communion avec l’Église particulière et universelle. Il en va de même pour les veuves et les veufs consacrés. Toutes ces personnes, en vivant leur condition évangélique de disciples, s’engagent à pratiquer le « commandement nouveau » du Seigneur, en s’aimant les unes les autres comme Il nous a aimés (cf. Jn 13, 34). L’amour a conduit le Christ au don de lui-même jusqu’au sacrifice suprême de la Croix. Parmi les disciples aussi, il n’y a pas d’unité vraie sans cet amour mutuel inconditionnel, qui demande d’être disposé à servir sans mesure, disponible pour accueillir l’autre comme il est, sans « le juger » (cf. Mt 7,1-2), capable de pardonner même « soixante-dix fois sept fois » (Mt 18, 22). Pour les personnes consacrées, unies en « un seul coeur et une seule âme » (Ac 4, 32) grâce à cet amour répandu dans les coeurs par l’Esprit Saint (cf. Rm 5, 5), cela devient une exigence intérieure de mettre tout en commun, les biens matériels et les expériences spirituelles, les talents et les inspirations, de même que les idéaux apostoliques et le service caritatif: « Dans la vie communautaire, la force de l’Esprit qui est en une personne se communique à tous en même temps [ ... ]. On y bénéficie de ses propres dons, on 5 les multiplie en les communiquant aux autres, et l’on jouit ainsi des dons d’autrui comme des siens propres ». Dans la vie de communauté, on doit pouvoir en quelque sorte saisir que la communion fraternelle, avant d’être un moyen pour une mission déterminée, est un lieu théologal où l’on peut faire l’expérience de la présence mystique du Seigneur ressuscité (cf. Mt 18, 20). Cela se réalise grâce à l’amour mutuel de ceux qui composent la communauté, amour nourri par la Parole et par l’Eucharistie, purifié par le Sacrement de la Réconciliation, soutenu par la prière pour l’unité, don de l’Esprit à ceux qui se mettent à l’écoute obéissante de l’Evangile. C’est précisément Lui, l’Esprit, qui introduit l’âme dans la communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ (cf. I Jn 1, 3), communion qui est source de la vie fraternelle. Par l’Esprit, les communautés de vie consacrée sont guidées dans l’accomplissement de leur mission de service de l’Église et de toute l’humanité, selon leur intuition originelle. 6 MARIE DE LA PASSION FEMME PASSIONNÉE DE COMMUNION Faites que ma vie soit communion, ô mon Dieu; Jésus détruit pour moi et même en moi, que je me détruise en lui et pour lui... Que je ne sois donc plus moi, mais lui, Jésus, l’amour et que Jésus soit en moi, holocauste anéanti dans toute la perfection de la communion... Communion, ce mot me remplit: Jésus consumé en moi et pour moi, consumez-moi en vous et pour vous, que ma vie entière soit une communion eucharistique. (NS, 356) “la participation à la communion trinitaire peut changer les rapports humains et créer un nouveau type de solidarité” (Vita Consecrata no.41) Dieu est mon Père. Il est toujours avec moi et tout ce qu’il possède est à moi. Si je le veux je serai toujours avec lui et tout ce que je possède sera à lui. Dans un mode qu’il m’est impossible d’expliquer je vois en moi la liberté de l’amour qui n’est autre que Dieu luimême. Je vois la perfection, le beau, l’amour me rendant participante de Dieu dans la mesure où je suis amour. Sur la terre, au ciel! Je vois, très bien, comment je suis en mon Père par le Verbe, sa connaissance, et par le Saint-Esprit, leur manifestation. Je vois en moi cette Trinité vivante qui 7 m’a produite et me conserve. Je la vois avec moi plus sensiblement, encore, par l’Eucharistie. Le Verbe Incarné, la connaissance de l’être de l’amour, montrée à la terre, incarnée pour elle. Tout cela a des splendeurs d’une simplicité et d’une beauté qui séduisent et ravissent mon âme, mais expliquer cette paternité de Dieu engendrant en moi lui-même l’amour, d’autant plus que je le veux davantage, ce n’est pas possible pour moi. La vérité est que nous sommes appelés à l’amour, qu’il est toujours avec nous et que tout ce qu’il a est à nous. Tout est là. Je vois Dieu en moi d’une façon irrésistible. Que je voudrais faire cette présence toujours plus grande; cela dépend de moi. Je tâcherai, aussi, que mes filles aient large part à cet héritage paternel et pour cela je serai mère dont mon Père céleste est le Père céleste. Je ferai tout pour que même les plus misérables comprennent et rendent l’amour de leur Père divin et je me souviendrai que l’amour ne se fait comprendre que par l’amour. Mon âme, si tu sais comprendre quel sera ton abandon. Alors tu sauras dire comme François: Mon Père et mon tout. (NS, 289) Tout venant de l’unité, l’amour, tout retournant à l’unité, l’amour, se fondant dans l’unité, l’amour. 8 ... L’amour ne se satisfait que de lui-même, il ne peut s’unir qu’à Lui-même, il n’est qu’un ... Jésus m’a montré, si beau, la charité qui fait un avec lui et en lui: notre âme devient une avec Jésus et d’autres âmes ... Enfin, l’essence de Dieu, non matière, m’a comme inondée et je ne puis dire comme j’ai senti le souffle de l’Incarnation du Verbe passer sur moi. C’était l’amour voulant prendre chair dans mon regard, mes paroles, mes actions, tout mon être. Oui, Dieu voudrait se respirer par nous! Si nous le laissions faire! Il y aurait dans cette seule grâce un abîme de sainteté. L’amour qui s’incarne par la soumission, qui est l’union à l’amour et qui fait qu’en nous rien n’est plus nous, mais que tout est amour. (NS, 180) Une belle lumière sur le Verbe incarné qui s’anéantit pour s’abaisser jusqu’à nous. Il faut aussi que nous nous anéantissions pour qu’il puisse nous élever jusqu’à Lui ... Si la communion nous trouvait dans l’humilité de Marie, dans le mystère de l’Incarnation, c’est surtout alors que de toutes façons il y aurait communion! Que c’est beau, mon Dieu, et que notre folie est grande! (NS, 261) Il se donne à sa table sainte à tous, aux âmes aimantes et aux traîtres. Même dans le plus 9 grand nombre de celles qui lui sont dévouées, que de nuances douloureuses, pénibles au Coeur de Jésus ... Je ne sais comment cela s’est fait, mais j’ai reçu une grâce spéciale pour tous mes rapports avec les créatures. Une lumière pour rester en communion avec elles, si amères qu’elles soient, en m’unissant à Jésus-Hostie se donnant en communion à tous, même à Judas. Je ne puis pas le rendre, mais je crois que c’est une grâce pratique et très particulière. (NS, 177) Que toutes s’examinent souvent sur cette parole: “Ils n’ont qu’un coeur et qu’une âme”. Qu’elles s’efforcent de la réaliser dans leur petite famille et qu’elles la mettent aussi en pratique dans tous leurs rapports avec le monde, ayant une horreur sincère de la médisance et encore plus de la calomnie. Qu’elles cherchent à inspirer aux âmes une grande crainte des manquements à la charité, même les plus légers. Qu’elles donnent l’exemple sur ce point et professent une sincère estime et affection pour toutes les Institutions religieuses différentes de la leur. (CS, 11) Quels que soient leur nationalité, leur éducation, leurs familles et leurs usages, qu’elles se fondent toutes les unes avec les autres, évitant dans leurs paroles et dans leurs actions tout ce qui ressemble au désaccord. (CS, 16) Demandons à notre Père saint François et à ce bienheureux (Jacques d’Illyrie) de nous enseigner leur secret de conserver la présence de Dieu et d’activer la flamme de l’amour. Jacob vit une échelle qui reliait le ciel 10 à la terre. Saint François et un grand nombre de ses enfants au nombre desquels est le B. Jacques se firent de toutes les créatures une échelle dont celle de Jacob n’est que l’image. Les astres, les oiseaux, les fleurs, les animaux, les éléments, étaient autant d’échelons dont ils se servaient pour établir entre le Créateur et leur âme une union étroite et amoureuse. Il y a entre le Créateur et la création qu’il conserve et perpétue des harmonies dont les saints ont le secret de profiter pour s’élever jusqu’à Dieu. L’Eglise elle-même nous donne cette leçon et nous fait chanter dans les Laudes le Cantique des Enfants dans la fournaise et le psaume 148. Tout peut donc être pour nous une communion à notre Dieu. ... Que notre âme comprenne aujourd’hui le secret des saints; se servir de toutes créatures pour s’unir au Créateur et s’abandonner en tout à la divine volonté. (MD, 288) 11 “... grâce à cet amour répandu dans les coeurs par l’Esprit Saint (cf. Rm 5,5), cela devient une exigence intérieure de mettre tout en commun, les biens matériels et les expériences spirituelles, les talents et les inspirations, de même que les idéaux apostoliques et le service caritatif” (Vita Consacrata no.42) Si je savais le don de Dieu? si je me livrais!! Il me semble qu’il y a là, pour moi, une merveille d’amour. Je vois, en moi, des richesses, des lumières inépuisables, mises, gratuitement, par le Saint-Esprit. C’est pour les autres, sans doute? Est-ce que je ne m’en appliquerai pas une part? Parole de l’amour qui veut me laver: “je ne veux plus de révolte, mais je veux que tu dises tout”. J’ai peur, nul ne sait ce que j’ai souffert par le Pape et ses représentants. Mon Dieu, vous m’avez détachée, en partie, même de ma maternité. J’ai l’idée d’écrire désormais mes chutes et leurs causes, et que cela m’aidera à me livrer enfin. J’écrirai aussi celles que l’obéissance verra mieux que moi. (NS, 310) J’ai vu l’amour, la vérité, l’unité. J’ai vu que vivre de l’un c’est vivre de l’autre. Le bonheur d’être un avec son Dieu est un ciel; partager ce bonheur avec d’autres c’est un ciel plus près encore. (NS, 207) 12 Quelle serait belle la communauté où chacune chercherait à renouveler son esprit pour “reconnaître la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable à ses yeux” ... Quelle union il y aurait avec Jésus-Christ et quelle gloire pour toutes dans ce renouvellement et cette correspondance à la grâce, puisque nous sommes “réciproquement les membres les uns les autres en Jésus-Christ Notre Seigneur”. Disons donc adieu à ces petites passions qui nous font considérer les grâces des autres sous toutes leurs formes, comme un détriment pour nous. Brisons ces résistances qui font que nous ne nous livrons pas à l’action de la grâce qui nous est propre. Renouvelons notre esprit et “servons le Seigneur dans l’allégresse”. (MD, 96) J’aime tant à voir que dans notre petite Casa Romaine on travaille sans cesse pour les autres et pour le bien général. Oh! que je voudrais passer cet esprit à tout le monde! Cela viendra peu à peu, car j’ai pris la résolution de tant le répéter depuis que je vois l’utilité, je dirais presque la nécessité, qu’on finira bien par en retirer quelque chose. La nature ne songe qu’à faire son propre petit nid bien doux; le surnaturel, c’est l’étincelle missionnaire, c’est l’amour du bien qui est la gloire de Dieu qui embrasse le monde entier. Ayons cet esprit-là, mes enfants, car c’est être vraiment catho- lique. Dieu est si grand! ne nous faisons pas petits, c’est toujours plus ou moins sortir de Dieu. 13 Ah! que je voudrais réaliser pour moi cette sublime parole: « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus-Christ qui vit en moi ». (JO, 43) ... dans une communauté, il faut que ses membres travaillent d’accord pour produire un grand fruit. Si chacune agit d’après ses vues, alors même que sa manière de voir particulière serait bonne, le résultat sera toujours restreint. Mais si nous ne sommes qu’un coeur et qu’une âme, si nous recevons docilement les impulsions de l’Obéissance et travaillons activement à nous instruire des devoirs nécessaires à notre charge, nous produirons des fruits abondants non seulement dans notre âme, mais encore sur beaucoup d’autres âmes. L’union fait la force: or dans une communauté, chacune a un don particulier; si nous faisons un tout, les aptitudes seront décuplées et l’oeuvre sera complète; l’une sèmera, l’autre arrosera et d’autres souffriront et prieront pour attirer les bénédictions de Dieu. (MD, 245) Celui qui est véritablement charitable n’a pas de parti pris, ni de nationalité; la sainte volonté de Dieu est le mobile de la charité. Elle exclut cet esprit d’égoïsme dont notre siècle est hélas gangrené. L’âme charitable se donne largement partout, où l’amour de Dieu et du prochain l’appelle. Elle fait tout dans l’ordre, car l’ordre est encore un des traits de la vraie charité. Faisons-nous un coeur souple qui puisse s’élargir librement sous l’action du bon plaisir de Dieu. Aidons, s’il se peut, les autres religieux et religieuses; en tout cas, aimons-les, prions pour eux et parlons-en bien. (MD, 166) 14 ... sur la terre, chacun a ses intérêts différents: au ciel, ce ne sera plus la même chose. Nous serons tous fondus en Dieu, n’ayant plus qu’une union complète tous ensemble! (JO, 192) Pour ma part, je ne compte pas pour mes vraies filles celles qui pratiquent l’esprit de propriété, et qu’on le fasse peu ou beaucoup, on l’afflige toujours. S’il en est ainsi avec mes pauvres lumières de la terre, je serai encore plus exigeante du haut du ciel, si Dieu daigne m’y admettre, pour celles de mes enfants qui cherchent par des soins détournés à s’assurer l’usage de quelques objets pour elles, leur maison, leur Province, ou leur Mission. (CT/2, 220) “...amour nourri par la Parole et par l’Eucharistie, purifié par le Sacrement de Réconciliation, soutenu par la prière pour l’unité, don de l’Esprit à ceux qui se mettent à l’écoute obéissante de l’Évangile.” (Vita Consacrata no. 42) 15 UN AMOUR ALIMENTÉ PAR LA PAROLE ET PAR L’EUCHARISTIE Dans l’Ancienne Loi, que de purifications extraordinaires avant d’être admis à faire l’offrande et à s’approcher du Sanctuaire. La communion c’est l’union avec l’Auteur de la Loi et les purifications de la Loi Ancienne sont l’image de la pureté que mon coeur doit apporter à l’auteur de la loi, en le recevant et s’offrant à lui dans la communion. Il m’a laissé l’Évangile. L’Évangile est encore une communion avec Jésus; ce qui est écrit il l’a fait pour que je le fasse à mon tour. Même enfant, l’Évangile était déjà pour moi un trésor, ce trésor c’est Jésus lui-même. A côté de Jésus mon âme regarde François. Il prend l’Évangile, il prend Jésus et il le reproduit. A ton tour mon âme, prends l’Évangile, prends Jésus, prends tout ce qu’il t’a imposé de spécial pour missionner sa mère et marche au milieu de tes enfants comme un Évangile vivant. Il y a longtemps, j’ose le dire, que mon âme a eu la grâce de comprendre que l’amour est le triomphe de la loi. (NS 288) Croissez chaque jour dans l’esprit de foi et d’amour; ayez une dévotion spéciale pour la parole de Dieu et la sainte Ecriture, aussi bien que pour Jésus-Hostie. Suivez ses conseils, et contribuez autant que vous le pourrez à les faire suivre par tout l’Institut. (CR/1, 19) L’Evangile, la Règle de saint François qui le redit, voilà 16 le chant nouveau de l’Esprit d’amour; que j’en sois l’Echo! (NS, 327) ... puisons la lumière, la force, la stabilité de notre humble apostolat dans l’étude et l’amour de la parole de Dieu. L’Evangile surtout doit nous être parfaitement connu. Comment pratiquer un esprit qui ne nous serait pas familier? (MD, 316) ... nous devrions être remplies de la grâce de l’Evangile dans toute sa richesse. Alors nous réaliserons notre raison d’être. ... nous sommes appelées à répandre, ... la grâce de l’Evangile dans toute sa richesse. Mais pour cela, il faut que nous la développions en nous, que nous la possédions. Que cette pensée devienne l’objet habituel de nos méditations, de nos désirs, de nos recherches constantes pour nous et pour les âmes dont nous sommes chargées. (CR/1, 72-73) Je vois Dieu en nous, par la grâce, qui tend avec l’ardeur infinie d’un Dieu qui est l’amour, à la communion avec l’âme. Je vois cette union si différente dans chaque âme. Dieu occupe tout ce qu’il trouve libre de ce qui n’est pas lui. Mais que de fibres (je ne sais comment dire) où, même sans le péché véniel, la nature habite et nuit à la communion parfaite de la grâce sanctifiante. JésusEucharistie qui est un avec Dieu et qui est parfait dans son anéantissement dans l’amour, me nourrit pour que je 17 participe à son anéantissement et que par ma communion avec lui j’arrive à la perfection de la communion avec Dieu qui est dans ma capacité. Si je me donnais à Jésus comme il se donne à moi, dans la mesure du possible, ce miracle d’amour aurait lieu, ce serait déjà le ciel sur la terre! (NS 364) AMOUR ... PURIFIÉ DANS LE SACREMENT DE RÉCONCILIATION La mère de la Fondatrice de l’Institut ne souffrait jamais que ses enfants s’endormissent avec la plus petite rancune dans le coeur. Il fallait d’abord aller se réconcilier. Nous, Franciscaines, c’est-à-dire séraphiques et mineures, oserions-nous aller communier avec quelque rancune, quelque offense, sans excuse? Ah! Ne le faisons jamais! Avec une humilité digne du Fondateur des Mineurs, une charité digne de saint François le Séraphique, “laissons notre offrande devant l’autel et allons d’abord nous réconcilier avec notre frère ou notre soeur et nous viendrons ensuite présenter notre offrande”, notre pauvre coeur qui, recevant la Sainte Eucharistie, pourra vraiment entrer en communion avec le Dieu de paix et de charité. (MD 835) ... nous avons reçu de la Très Sainte Vierge, ... l’invitation d’annoncer la charité. Aider au règne de la charité doit être l’esprit propre de notre Institut. Nous devons avoir pour nous-mêmes et répandre partout où nous passons la paix, l’union, le pardon des injures. Rappelons18 nous bien que si nous sortons de la charité, nous sortons de l’esprit séraphique qui doit être la vie de notre Institut. Méfions-nous aussi de toute créature qui manque à la charité; ne la jugeons pas, mais tenons-nous sur la réserve et quant à nous, annonçons en toutes choses et à tous, la charité, héritage de notre divine Mère. (MD, 237) Sommes-nous des anges de paix? Savons-nous éteindre les petites querelles, les rancunes qui se manifesteraient autour de nous? Si quelqu’un blesse la charité, travaillons-nous à lui faire comprendre son tort et à pacifier son coeur? ou bien l’écoutons-nous par faiblesse ou malice? Passons partout en contribuant à la charité et à la paix, et surtout, n’ayons jamais le malheur d’y nuire nous-mêmes par nos paroles et nos exemples. Jésus habite dans la paix et la charité et le démon règne dans le trouble et le désordre; ne lui donnons jamais cet empire sur nos coeurs et nos maisons. (MD, 433) Dans les communautés religieuses et partout, seules les âmes charitables, pacifiques, miséricordieuses et patientes savent entraîner les autres à l’amour de Notre Seigneur et à la régularité. La récompense de leur facilité à oublier ce qui les fait souffrir est une fécondité qui participe à celle de la Passion de leur divin Sauveur. Voyons si nous suivons cette voie qui est la seule qui puisse convenir à une vraie Missionnaire. (MD, 442) Ouvrons notre coeur à la miséricorde qui aide, à la miséricorde qui excuse et même à la miséricorde qui pardonne. Sondons notre intérieur. Sans la miséricorde on ne peut être une vraie missionnaire. “Ceux qui sont doux posséderont la terre”. On ne trouve les doux que parmi les coeurs miséricordieux; eux seuls aussi ont une vraie 19 puissance sur les âmes pour les conduire au Coeur miséricordieux de Jésus. (MD, 382) UN AMOUR SOUTENU PAR L’IMPLORATION DE L’UNITÉ Demandons au Saint-Esprit de garder en nous l’unité ... nous ne sommes pas à Jésus si nous ne sommes pas à son Eglise, si nous n’obéissons pas aux Supérieurs qu’elle nous a donnés. Ne rompons jamais l’unité. (MD, 813) “Donnez-moi, Seigneur, la sagesse de vos éternelles demeures”. La sagesse exclut tout ce qui n’est pas union à Dieu, elle commence sur la terre la vie unitive des éternelles demeures. (NS, 241) Amour unique, Trinité divine, faites que je ne me divise pas dans l’amour de moi-même et des créatures; mais que suivant les traces héroïques du Séraphin mon Père, je me plonge dans l’Unité de l’amour. Que je meure à moi-même et à tout ce qui n’est pas Dieu. Que ce ne soit plus moi qui vive, mais Jésus, mais l’amour qui vive en moi! (MD, 27) 20 S. CHRISTIANE NOUS VIVRE LA COMMUNION INVITE A “... chacune pourra concourir à un seul projet: servir ce grand désir de communion que Dieu a semé au coeur du monde. Sommes-nous arrivées au point où malgré notre pauvreté, nos limites, nous pouvons donner un nom à la passion qui nous anime pour la mission: ne serait-ce pas la COMMUNION? Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’elles aussi soient unes en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé et que tu les a aimées comme tu m’as aimé (cf. Jn 17, 21-23). Christ, l’envoyé du Père, s’est fait l’un de nous pour réduire la distance entre Dieu et nous pour qu’à jamais nous puissions vivre de leur Esprit, l’Esprit de communion. Il nous invite nous aussi à réduire la distance, à nous ajuster à Lui, le Juste, à prendre sa mesure, pour que l’amour dont Il a été aimé soit en nous (cf. Jn 17, 26). Alors, dans cette grande communion d’amour les relations entre nous, avec ceux et celles à qui nous somme envoyées et avec la création qui aspire à son achèvement, deviendront plus justes et plus vraies et l’incarnation de l’Évangile se poursuivra en nous et par nous. Nous partagerons l’amour que nous avons reçu afin qu’ils, elles aient la vie en abondance (cf. Jn 10,10). 21 COMMUNION, ce mot me remplit, écrivait Marie de la Passion dans ses Notes Spirituelles (NS 356). Que ma vie entière soit une communion eucharistique et action de grâces au Père par le Christ, avec Lui et en Lui dans l’unité de leur Esprit d’Amour. Envoyées à notre tour, ne serait-ce pas pour être COMMUNION eucharistique et vivre en mémoire de Lui? Alors, la Mission Universelle, notre aventure en communion, sera porteuse de vie et d’espérance. A l’aube du troisième millénaire, en communion avec l’Eglise et le monde entier, proclamons une année de grâce du Seigneur (Lc 1, 19; Is 61, 1). Réconciliées avec Dieu, avec nous-mêmes, les unes avec les autres, avec ceux et celles à qui nous irons, avec l’univers, nous pourrons faire mémoire et célébrer les merveilles du Seigneur. Il a fait en nous, avec nous et par nous, de grandes choses (cf. Lc 1, 49). Allons donc au devant de ce nouveau siècle: Dieu nous y attend. S. Christiane Mégarbané f.m.m. Passion pour la Mission, 30 octobre 1996. Voilà comment nous devons obéir, comment nous devons observer la Règle. Alors même qu’un bien privé semble nous inviter à nous écarter un peu, souvenons-nous que l’excellence de la vie religieuse consiste comme dans le saint office, non dans la beauté d’un chant particulier, mais dans l’unité admirable de toutes les voix. Ne soyons jamais la note discordante de la vie commune, de l’unité d’esprit, de la soumission. (MD 369) 22