Souvent encore, les gouvernements ont tendance à fermer les yeux sur les violations
commises par les multinationales. Il est donc nécessaire d’établir des devoirs contraigangts
aux multinationales. Or, encore aujourd’hui cela n’est toujours pas le cas.
Les multinationales disposent cependant de moyens pour éviter les pressions exercées par le
biais des gouvernements : dans ce cas, elles vont utiliser leur statut juridique éphémère et
changeant, et leur présence dans de nombreux pays en même temps, pour prétendre qu’elles
n’existent dans aucun et qu’elles ne sont donc soumises aux réglementations d’aucun
gouvernement, si ce n'est celui du pays où elles se trouvent à un moment donné : le pays
d’accueil.
2) l’exemple des pays en développement et des pays développés
Un cadre réglementaire interne est d’autant plus nécessaire que certaines EMN ont tendance à
exploiter la faiblesse des pays en développement. La collusion est susceptible d’y être plus
importante, notamment parce que les pays en voie de développement, qui sont généralement
pays d’accueil, ont vraiment besoin des multinationales pour survivre dans l’économie
mondialisée. De nombreuses petites économies nationales faibles dépendent des
multinationales et, même si cela est regrettable, il est compréhensible que ces pays craignent
de les aliéner.
Un certain nombre de pays développés néanmoins cherche à faire reconnaître la responsabilité
légale des multinationales dans leur pays d’origine. Un certain nombre d'actions intentées
dans plusieurs pays industrialisés, sièges d'entreprises multinationales ouvrent
progressivement un terrain favorable aux demandeurs de pays d’accueil qui cherchent à faire
reconnaître la responsabilité légale des multinationales dans leur pays d’origine. On constate
que la plupart des actions évoquées dans le cadre des actions intentées devant la justice du
pays d’origine avaient été entreprises dans des pays de droit coutumier. Ainsi par exemple, en
Angleterre la norme légale utilisée dans le cadre de la loi britannique est ce que l'on appelle la
« duty of care » (le devoir de diligence). Il s'agit d'une obligation qui s’applique à tout le
monde en Grande-Bretagne, tant aux individus qu'aux entreprises, notamment aux
multinationales implantées en Angleterre. Également, aux États-Unis l’instrument le plus utile
est l’Alien Tort Claims Act, une loi vieille de 200 ans qui confère aux tribunaux américains le
pouvoir de juger des cas de violations du droit coutumier international perpétrés n’importe où
dans le monde pour autant que le défendeur relève de la juridiction des tribunaux américains.
B) Les tentatives régionales et internationales
1) les actions de l’Union Eurpéenne et au niveau international
Les différences existant entre législations nationales et les points faibles de ces législations
que les sociétés peuvent exploiter, renforcent l’argument selon lequel il faut chercher les
solutions au problème des devoirs des entreprises au niveau international.
L’Union Européenne s’intéresse au problème de la responsabilité des entreprises depuis les
années 70 et a introduit une série de Directives qui ont trait au comportement des
multinationales. Plus récemment, une résolution du Parlement a débouché sur l’adoption, en
janvier 1999, de l’idée d’un « Code de Conduite européen pour les entreprises européennes
opérant dans les pays en voie de développement ». Il s’agit de rédiger un modèle de code basé
sur les normes minimales existantes pour les entreprises multinationales. Ce code ne sera pas
légalement contraignant, mais le Parlement Européen a demandé à la Commission
Européenne de faire appliquer une obligation existante, selon laquelle toute entreprise privée
travaillant pour le compte de l’UE dans des pays tiers est tenue de respecter les droits
fondamentaux conformément au Traité de l’Europe, faute de quoi elle perdra le financement
communautaire.