à l’époque classique. Ainsi, il est possible que les personnages d’une comédie soient des personnes de
noble condition : « lorsqu’on met sur scène une simple intrigue d’amour entre les rois, et qu’ils ne
courent aucun péril, ni de leur vie, ni de leur Etat, je ne crois pas que, bien que les personnes soient
illustres, l’action le soit assez pour s’élever jusqu’à la tragédie ». Pour qu’une action soit digne, elle
demande quelque grand intérêt d’Etat , quelque passion plus noble et plus mâle que l’amour
(ambition, vengeance). C’est pour cela que Corneille crée le terme de « comédie héroïque » afin de les
différencier des comédies ordinaires. Une comédie héroïque qualifie donc une comédie dont les
personnages n’ont pas une action d’une dignité au moins égale à celle de leur condition. Et Corneille
justifie son innovation « quand cela ne renverse point les règles de l’art » par une citation de Tacite
« Ce qui nous sert maintenant d’exemple, a été autrefois sans exemple, et ce que nous faisons sans
exemple en pourra servir un jour. »(Annales, XI, XXIV).
Le sujet
La comédie ne veut pour son sujet qu’une action commune et enjouée, et elle se contente de
l’inquiétude et des déplaisirs de ses personnages. Tandis que la tragédie veut pour son sujet une action
illustre, extraordinaire, sérieuse et de grands périls pour ses héros. Mais toutes deux ont en commun
que cette action doit être complète et achevée : c’est-à-dire que le spectateur sorte l’esprit dégagé de
tous doute. Une tragédie est achevée lorsque le héros est sorti du péril qui constitue l’action. Et le
terme d’une bonne comédie arrive, si l’on en croit Corneille se référant à Aristote, lorsque on a rendu
amis ceux qui étaient ennemis.
Les mœurs
Il faut qu’elles soient bonnes, convenables, semblables et égales (cf. Aristote : « les caractères
doivent être bons, conformes, ressemblants, constants ». Poétique, 1454a.)
La bonté a trop souvent été associée à la vertu or il est évident que dans les poèmes dramatiques
les mœurs ne sont pas toutes exclusivement vertueuses. Corneille précise qu’il faut alors comprendre
une certaine « élévation de caractère », une certaine « grandeur d’âme » qui fait que, aussi misérables
soient les actions, on ne peut s’empêcher d’admirer la source dont elles proviennent.
Elles doivent être « convenables » c’est-à-dire que « le poète doit considérer l’âge, la dignité, la
naissance, l’emploi et le pays de ceux qu’il introduit ».
Il faut aussi que les mœurs soient « semblables » : les personnes que l’Histoire nous fait connaître
doivent avoir les mêmes traits de caractère d’un poème dramatique à l’autre.
Enfin en ce qui concerne « l’égalité » des mœurs, la pensée d’Aristote rapportée par Corneille est
la suivante : si on ne peut empêcher un personnage d’avoir parfois des comportements inégaux, alors il
faut qu’il soit au moins également inégal (!). Exemple : Chimène aime Rodrigue, mais cet amour se
présente différemment suivant qu’elle se trouve en présence du Roi, de l’Infante ou de Rodrigue.
Les sentiments
L’art de la rhétorique est nécessaire pour peindre les passions et les troubles de l’esprit, les
exagérer ou les atténuer. Mais contrairement à l’orateur, le poète doit dissimuler avec soin son art car
ce n’est jamais lui qui parle et ceux qu’il fait parler ne sont pas des orateurs.
La diction
Selon Corneille, la diction s’appuyant sur la grammaire, doit être nette, les figures diversifiées et
placées à propos, et la versification aisée (mais non pas enflée car les personnages ne sont pas des
poètes).
La musique
Selon J.Sherer dans La dramaturgie classique, La Silvanire (1627) de Mairet fut la dernière œuvre
importante comprenant des chœurs. Et Corneille précise que les chœurs ayant été abandonnés, il en a
été de même pour la musique, excepté quelques rares chansons ou dans les pièces à machines et les
comédies ballets en vogue à l’époque.
La décoration
Elle repose sur la peinture, l’architecture et la perspective.