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Frédéric Dimanche 27 décembre 2015
Dietrich
Diplôme Universitaire : Ingénierie du Développement Durable
DEVOIR N°1
Master 2 Management du développement
durable
UE4 - Focus thématiques -
Changement climatique
Sujet 1 :
Vous faites partie de l’équipe restreinte du Ministre en charge de
l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie.
Vous devez préparer une note synthétique sur les climato-
sceptiques.
Le Ministre doit en effet participer à un débat, en marge de la
Conférence, auquel seront invitées certaines têtes d‘affiche
internationales de ce courant de pensée. Il ne veut pas être pris en
défaut et souhaiterait même les affronter sur leur terrain. Quelle
stratégie adopter ?
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Qui sont-ils ? Quelles sont leurs thèses ? Comment peut-on les
contrer ?
Cette note a été rédigée en vu du débat avec les « climato-sceptiques » qui aura lieu pendant et en
marge de la COP 21, entre le 30 novembre et le 11 décembre 2015 . Ce texte sommatif regroupant les
thèses de la « sphère » climato-sceptique sert de base de travail pour le Ministre en charge de l'Ecologie,
du Développement durable et de l'Energie.
Il est donc question, dans ce texte, de connaître, d’appréhender, de cerner au mieux les opinions et
arguments des climato-sceptiques les plus virulents. Ceux qui pourraient avoir une influence néfaste
d’une part en terme de communication sur l’opinion publique (un tiers des français ne croient pas en un
réchauffement climatique d’origine anthropique), et d’autre part sur l’aboutissement effectif des objectifs
prévus pour la COP 21, à savoir limiter le réchauffement mondial à 2 °C d’ici à 2100 par des « textes »
contraignants.
En cohérence avec les analyses des experts et conseillers du Ministère en charge de l'Ecologie, du
Développement durable et de l'Energie, ce texte énumère les thèses et arguments des climato-sceptiques,
lesquels s’articulent autour de trois domaines principaux : scientifique, socio-économique, et juridique.
Nous verrons ensuite quelle stratégie adopter en matière de communication pour discditer, sur la forme
comme sur le fond, les arguments des climato-sceptiques en fonction des thèses avancées, selon les
secteurs et domaines abordés.
Force est de constater que la plupart des « climato-sceptiques » sont des scientifiques, certains de
renom. Il convient ainsi d’être précautionneux vis à vis de ces personnes qui ont une légitimité
académique. Les convictions des climato-sceptiques scientifiques ont évolué depuis un certain nombre
d’années. Ils ne sont plus dans le déni du réchauffement climatique, qui leur servait jadis de base, à
savoir qu’il n’y a purement et simplement pas de réchauffement climatique avéré. Le réchauffement
climatique est maintenant admis par l’ensemble de la communauté scientifique autour de deux axes
majeurs et mesurables :
d’une part que les Gaz à Effet de Serre (GES) réchauffent l’atmosphère terrestre d’une trentaine
de degrés comparativement à l’hypothèse où ils seraient entièrement absents. Ainsi, les GES
permettent la possibilité de vie, telle que nous la connaissons, sur Terre.
D’autre part, qu’il y a une augmentation de température moyenne de la surface de la Terre
(troposphère) indéniable depuis le début des années cinquante. Cependant, depuis 15/20 ans les
températures moyennes de la basse atmosphère ont tendance à stagner.
La question de fond qui donne lieu à une scission entre scientifiques, climato-sceptiques ou non est
finalement la suivante : « est-ce que l’accroissement du CO2 anthropique peut provoquer un
réchauffement climatique terrestre ayant des conséquences irrémédiables et catastrophiques ?».
Ou plus généralement, est-ce que l’augmentation du CO2 anthropique est responsable du
réchauffement/changement climatique observé ?
Avant d’énumérer point par point les principales thèses prônées par les climato-sceptiques (qui
répondent non) , il convient au préalable de comprendre comment fonctionne le climat depuis l’ère
Quaternaire (qui a commencé il y a 2,58 millions d’années). Cet « état de l’art » nous servira de base pour
comprendre et contre- attaquer l’argumentaire des climato-sceptiques.
Bases scientifiques :
Depuis le Quaternaire la Terre connaît des alternances « glaciaires et interglaciaires ». Ce phénomène est
dû à 3 paramètres orbitaux majeurs et fluctuants qui sont : l’excentricité, la précession, l’obliquité.
Lorsque ces paramètres aux évolutions sinusoïdales (et dont les longueurs d’onde et périodes sont bien
différentes entre-elles) entrent « globalement » en phase par transformée de Fourier, de grandes
variations de l’insolation solaire sur la surface de la Terre ont lieu. Celles-ci se traduisent par des périodes
alternées froides (les périodes dites de « glaciations ») et des périodes chaudes (appelées les périodes
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« interglaciaires »). Ce « forçage orbital », d’une périodicité moyenne de 100.000 à 120.000 ans, est appelé
« Cycles de Milankovic1 » du nom du scientifique qui l’a établi. Pour recouper ce phénomène avec ce qui
nous intéresse à savoir les GES, il a aussi été découvert (d’après les analyses de carottes de Vostock en
Antarctique notamment) que les CO2 « suivent » les fluctuations de température des périodes glaciaires et
interglaciaires à l’échelle géologique.
Ainsi, en période Glaciaire le taux de CO2 est en moyenne plus faible (200 Particules Par Million (ppm))
qu’en période Interglaciaire (280 ppm). Ceci a été, célébrèrent mis en exergue par Al Gore dans son film
« la vérité qui dérange », avec le taux de CO2 qui semble « crever le plafond ». La Terre a donc toujours
connu des variations et changements climatiques, particulièrement sur l’époque qui nous intéresse, à
savoir le Quaternaire.
Comme il a été écrit plus haut, la plupart des climato-sceptiques de renom sont des scientifiques, lesquels
se basent sur des/leurs données pour émettre des doutes, non plus sur l’existence d’un changement
climatique, mais sur les conséquences silencieuses (voire nulles) de l’augmentation du GES
anthropique sur le changement climatique que nous connaissons. Notons de plus que certains
n’hésitent pas à remettre en cause la légitimité de l’organisme intergouvernemental, le GIEC (Groupe
d’Expert Intergouvernemental sur l’Evolution du climat), en émettant des doutes sur la déontologie des
experts et scientifiques.
Différents types d’arguments, visant à nier le réchauffement climatique d’origine anthropique, sont cités
par des pointures scientifiques : François Gervais3 (professeur de physique émérite et médaille de bronze du
CNRS pour ses travaux en thermodynamique), Vincent Courtillot4 (Géophysicien et exdirecteur de l’Institut
de Physique du Globe de Paris) Benoît Rittaud5 (mathématicien et statisticien), et Claude Allègre
(Géochimiste et médaille d’or du CNRS, hors circuit suite à des problèmes de santé).
Quant aux climato-sceptiques non scientifiques, plus faciles à discréditer, ils représentent un degré de
nuisance plutôt faible. Ceci en raison de la faiblesse de leur couverture médiatique, mais aussi aux vues
des capacités des instances et administrations à les évincer. Citons ici le cas de Philippe Verdier6, licencié
de France Télévision pour « délit d’opinion » en raison de son livre en incohérence avec sa fonction de
« chef du service Météo » (d’après Le point).
Le cas échéant, la légitimité scientifique du GIEC, qui regroupe au moins 2 500 scientifiques, peut être
opposée aux « climato-sceptiques » tatillons.
Conseils préalables :
A ce stade, il est important de rappeler que dans l’atmosphère actuelle, le taux de CO2 est de 0,04%, ce
qui est équivalent à 400 ppm. La vapeur d’eau, quant à elle, varie entre 1 et 5% selon les conditions
météo. Ainsi, le gaz a effet de serre majoritaire dans la basse atmosphère est la vapeur d’eau et non le CO2.
Il convient donc de connaître ce taux moyen du CO2 dans l’atmosphère (de 0,04 %) avec exactitude
pour éviter tout discrédit du Ministre. Il est d’ailleurs largement conseillé de ne surtout pas jouer au
jeu du « Maître et de l’élève » particulièrement avec les journalistes ou avec les climato-sceptiques
scientifiques. Pour rappel, l’affaire du Contrat à Durée Déterminé où l’interview entre la ministre du
travail et Jean Jacques Bourdin a porter atteinte à la crédibilité du gouvernement.
Il conviendra donc d’identifier, en amont, les différents « axes d’attaque » des climato-sceptiques à
discréditer, selon 2 schémas :
d’abord sur les « bienfaits » présumés des GES (anthropiques ou non) dans notre atmosphère et
leurs impacts sur la vie, l’agriculture et l’économie.
Puis selon qu’ils s’attaquent, soit aux arguments scientifiques des experts du GIEC, soit à
l’intégrité des membres du GIEC,
1. Sur les « bienfaits » présumés des GES
Dans un premier temps, les scientifiques «climato-sceptiques » diabolisent le CO2 via deux
arguments principaux illustrés dans les deux problématiques ci-dessous :
Problématique et position des climato-sceptiques : Le CO2, qui est diabolisé à outrance, est un GES
indispensable à la vie.
Sans GES, la vie sur Terre, telle que nous la connaissons, n’aurait pas existé.
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Nos arguments : Il est indéniable que les GES et plus généralement le CO2 sont indispensables à la vie.
Cependant les changements de la composition de notre atmosphère, occasionnés par l’activité humaine
émettrice de CO2, impactent -par leurs rythmes et leurs ampleurs soutenus- les activités humaines.
Variations anormales des températures, acidification des océans, fonte des glaciers, hausse du niveau
marin sont autant de phénomènes que nous nous devons de contenir pour les générations futures. En ce
sens, les objectifs de la COP 21 visent à limiter l’augmentation des températures moyennes mondiales par
une limitation contraignante des émissions de GES (distributions de droits d’émissions, taxations, …). En
accord avec les conclusions du GIEC, l’objectif de cette COP 21 est de limiter l’augmentation des
températures moyennes mondiales à moins de 2°C d’ici 2100. Ceci pour prévenir toutes
problématiques annexes aux changements climatiques comme les crises géopolitiques, augmentation
des phénomènes extrêmes et catastrophiques, pour ne citer qu’eux. Il est urgent d’agir le plus rapidement
possible car, toujours selon le GIEC, le cap de non-retour pourrait être atteint très prochainement.
Problématique et position des climato-sceptiques : L’augmentation du taux de CO2 participe au
développement économique mondial en « reverdissant » la planète.
Il est un fait : « le CO2 est la nourriture des plantes, sans lui plus de plantes » et d’ajouter pour rappel, au
Carbonifère (358,9 ± 0,4 à 298,9 ± 0,2 millions d'années) le taux de CO2 dans l’atmosphère était
immensément plus grand (entre 350 et 1500 ppm), tout comme la taille des arbres.
Position des climato-sceptiques : Selon C.Idso, le CO2 d’origine anthropique aurait apporté depuis 1961
une augmentation du rendement des récoltes chiffrée à 3000 milliards d’euros. Le CO2 anthropique a
apporté une manne économique mondiale notable par le biais de l’agriculture, et est responsable du
reverdissement de la planète.
Notre position : Replacer ce chiffre mirobolant et empirique face au coût que représente le changement
climatique dans d’autres secteurs que l’agriculture.
Les secteurs comme la santé (augmentation des maladies infectieuses comme par exemple le paludisme,
pollution aux particules fines des grandes villes), l’impact humain (augmentation mondiale de la pauvreté
annoncée par la Banque Mondiale), et impact sur les pays en voie de développement (prendre pour
exemple l’augmentation de 100 millions de pauvres supplémentaires d’ici 20307). Ceci impliquant une
demande d’indemnités compensatoires pour ces pays chiffrées à 100 milliards de dollars pour 20208.
Rappeler aussi que l’élévation du niveau marin (consécutif assurément aux changements climatiques)
impliquera et implique nombre de réfugiés climatiques par exemple dans les îles du pacifique. Au
delà des considérations éthiques, reloger ces personnes représente un coût très très important.
D’autres part, nous ne remettons pas en cause cet état de fait. Cependant, nous pointons du doigt tout
changement de la composition gazeuse de notre atmosphère qui entraîne des changements climatiques
majeurs, théorie corroborée par le GIEC, laquelle annonce également que les évènements catastrophiques
auront tendance à devenir plus fréquents mais aussi beaucoup plus violents (rappeler pas exemple les
évènements cycloniques comme Katrina en Louisiane, aux dommages confirmés estimés à 108 milliards
de Dollars). Par ailleurs, ces phénomènes auront tendance à se produire à des endroits inédits (ouragan
Sandy qui a atteint la ville de New York et plus généralement l’état du New Jersey).
Par ailleurs, il convient de signaler, en terme de communication, qu’un accord contraignant permettrait de
-axer l’économie mondiale en faveur des énergies renouvelables (ER) ce qui représenterait « une
opportunité d’investissements rentables ». Exemple des efforts du gouvernement chinois qui a investi
pas moins de 89,5 milliards de dollars en faveur des ER.
2. Sur le discrédit des experts du GIEC
2.1 Terrain « moral et juridique »
Problématique : D’après l’article 11 des principes et statuts du GIEC9, le pouvoir de dernier mot
(concernant la rédaction des rapports) appartient non pas aux scientifiques, mais aux
gouvernements qui peuvent changer nombres d’aspects du rapport selon leurs bons vouloirs.
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Argument climato-sceptique : L’assise scientifique du GIEC est donc discutable, compte tenu des capacités
des Etats à pouvoir modifier le rapport. Le GIEC n’est qu’un outil de pseudo-sciences servant à légitimer la
cause du « changement climatique à cause anthropique » en biaisant ou en occultant nombres de données
gênantes. Ceci est d’ailleurs corroboré par le « Climategate ».
Nos arguments : Les changements effectués par les « Etats » ont simplement pour vocation d’organiser les
conclusions entre-elles dans le but de les faire comprendre à tous. Il est ici des gouvernements qui
interviennent principalement en fin de processus. Ils négocient mot à mot avec les auteurs le libellé de
chaque « Résumé pour décideurs 10», pour qu’il soit accessible à tous.
« Le pouvoir du dernier mot » n’est-il pas reconnu juridiquement dans nos démocraties et dans les Etats
en général, aux politiques qui ont une base de sustentation étendue sur leurs sociétés ?
L’affaire du « Climategate11 » de novembre 2009 est une divulgation d’échange de mails et de documents
des membres de CRU (Climate Research Unit) qui appartiennent pour la plupart aussi au GIEC.
Problématique : Les échanges du « Climategate » montrent les procédés « adaptations » de la
réalité des faits et « le remaniement » des données pour prouver l’origine anthropique du
changement climatique.
Argument climato-sceptique : Ceci prouverait l’entente et la connivence des scientifiques du GIEC à
retoucher voire manipuler les données pour qu’elles aillent dans le sens de l’origine anthropique du
changement climatique. Il y a donc la preuve de dérives déontologiques graves discréditant le GIEC.
Nos arguments : Rappeler que le « Climategate » a eu lieu en Novembre 2009, deux semaines avant le
sommet de Copenhague, ceci dans le but de discréditer les scientifiques du GIEC à moindre frais. Par
ailleurs, la commission d'enquête indépendante, The Independent Climate Change Email Review a conclu
que « la rigueur et l’honnêteté des scientifiques (mis en cause) « ne peuvent être mises en doute ». Il s’agit
donc juste d’un acte de déstabilisation à l’aube d’un rendez-vous important.
2.2 Terrain « scientifique».
Nous entrons ici dans le vif du sujet. Il est important de signifier que dans la majorité des cas, les
scientifiques, climato-sceptiques ou non, opposent entre-eux des arguments viables. Il convient ici de
trouver un fait scientifique observable, quasi indiscutable, qui bloque à lui seul l’ensemble des arguments
des climato-sceptiques. Lequel sera aussi plus simplement retenu pas notre Ministre. Puis au besoin, faire
valoir la notoriété du GIEC avec ses 2 500 meilleurs scientifiques.
Le fait scientifique : Le niveau marin relatif, aussi appelé niveau eustatique relatif, croît de manière
quasi constante (1/3 mm par an), même depuis les 15/20 dernières années le plateau des
températures est observé.
Explications : Le lien de cause à effet illustré par Al Gore, entre les variations du taux de CO2 et celles des
températures qui semblent se suivre, a un point faible. Il est vérifiable à l’échelle géologique (ordre du
million d’années) mais nullement à l’échelle du millénaire et encore moins à l’échelle d’une vie humaine. Il
existe en effet un temps de latence encore mal appréhendé par les scientifiques. Est-ce le CO2 qui « suit »
les températures ou l’inverse ? Les scientifiques peinent à se mettre d’accord, cependant qu’il semblerait
que ce soit le CO2 qui « suit » les températures et non l’inverse. Donc un pic de CO2 n’implique pas un
pic de température, par contre un pic de température implique un pic de CO2. C’est pourquoi les
températures moyennes mondiales sont en plateau (elles n’augmentent plus depuis 15 ans) malgré le pic
du taux de CO2. Ce phénomène est appelé un« hyatus » par l’ensemble de la communauté scientifique.
Pour palier à ce fait ennuyeux, il conviendrait de mettre en avant un argument presque imparable : les
fluctuations relatives du niveau marin appelées « variations relatives du niveau eustatique » qui
suivent drastiquement les fluctuations de températures moyennes de la surface terrestre depuis le
Quaternaire sans qu’il n’y ait le « hyatus ».
Ainsi le « niveau marin relatif » continue de progresser avec le taux de CO2 à la vitesse moyenne de 1 à 3
mm par an ces 15 à 20 dernières années lorsque les temratures moyennes stagnent.
Le « niveau marin relatif » évolue et fluctue en fonction de l’évolution du volume des glaciers continentaux
(donc des glaciers qui n’appuient pas sur les domaines océaniques), et de la dilatation moléculaire des
particules d’eau des océans (conséquence du réchauffement des océans). A noter que le phénomène de
1 / 7 100%