La communauté internationale s'est fixé comme objectif de maintenir la hausse
globale des températures sous le seuil de 2°C, afin de limiter les impacts du
changement climatique déjà à l'œuvre et dont la vitesse est inédite. Pour garder le
cap des 2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (CO2, méthane,
protoxyde d'azote) doivent être réduites de 40 à 70% entre 2010 et 2050, et
disparaître totalement d'ici 2100, estiment les scientifiques.
Cela implique de se détourner massivement des énergies fossiles, d'améliorer
fortement l'efficacité énergétique, de limiter la déforestation, etc., et d'investir pour cela
des centaines de milliards de dollars d'ici à 2030. Pour autant, ce tournant énergétique ne
compromettrait pas la croissance mondiale, mettent en avant les experts (climatologues,
économistes, océanographes, etc.). Des efforts "ambitieux" de réduction de gaz à
effet de serre feraient baisser de 0,06 point le taux annuel de la croissance
mondiale, estimé entre 1,6 et 3% au cours du 21e siècle, avancent-ils.
Cette estimation ne prend pas en compte les bénéfices économiques liés à l'atténuation
du changement climatique (infrastructures, agriculture, pêche, santé, etc.). "Nous avons
les moyens de limiter le changement climatique", a insisté M. Pachauri, pour qui "les
solutions sont nombreuses et permettent un développement économique et humain
continu". "Tout ce dont nous avons besoin, c'est de la volonté de changer", a-t-il ajouté.
Youba Sokona, vice-président du Giec, souligne de son côté que "plus nous attendons
pour agir, plus ce sera couteux".
Record de 800.000 ans
Et s'il n'était pas "contrôlé", le changement climatique aurait des impacts " graves,
étendus et irréversibles", indique le Giec. Pour les auteurs du rapport, "limiter les effets
du réchauffement climatique pose la question de l'équité et de la justice et est nécessaire
pour atteindre un développement durable et éradiquer la pauvreté".
Les experts soulignent que les populations les plus vulnérables, notamment celles des
pays les moins développés, auront moins de moyens pour faire face aux impacts du
réchauffement. Cette nouvelle évaluation globale est le fruit d'un colossal de partage
des connaissances (30.000 études passées en revue, 800 auteurs principaux): c'est
la cinquième publiée par le Giec après celles de 1990, 1995, 2001 et 2007.
Elle reprend les résultats de trois rapports thématiques rendus en septembre 2013
(preuves du réchauffement), en mars 2014 (impacts) et en avril 2014 (mesures pour
atténuer la hausse des températures). "L'atmosphère et les océans se sont réchauffés,
les quantités de neige et de glace ont diminué, le niveau de la mer a augmenté", a
résumé Thomas Stocker, vice-président du Giec.
Les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ont atteint les
niveaux les plus élevées depuis 800.000 ans. Conséquence: la température moyenne
à la surface de la planète a gagné 0,85°C entre 1880 et 2012, une vitesse inédite. Celle
à la surface des océans a augmenté de 0,11°C par décennie entre 1971 et 2010. Le
niveau moyen des océans s'est lui élevé entre 1901 et 2010 de 19 cm.
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