Intro : à la charnière de l’Afrique, de la méditerranée orientale et de l’Asie du sud ouest, le MO est un espace ouvert, dépourvu de frontières naturelles ; carrefour géographique et humain, il se définit plus par les réseaux qui le parcourent que par les limites qui l’enserrent - il est composé de tous les pays s’étalant de l’Égypte à l’Irak - zone stratégique pour le contrôle de la route des Indes, mais aussi du fait de ses abondantes ressources en pétrole, le MO est très rapidement devenu, après la chute de l’EO, un enjeu primordial pour la politique GB Pb : Quels ont donc été les différents temps de la politique GB au MO ? I. L'immédiat après-guerre, la GB assoit son implantation au MO II. les 1920's : la GB face à la montée des nationalismes III. les 1930's ou la politique du compromis I. L’immédiat après-guerre : la GB assoit solidement son implantation au MO (1918-1920) Conflit = matrice des problèmes essentiels : - pendant le conflit, la GB mène dans cette région une politique fort complexe, au gré de ses intérêts : elle accentue son impérialisme colonial en transformant sa simple tutelle sur l’Égypte en protectorat et en signant avec la France un véritable plan de partage de l’EO (accord Sykes-Picot en 1916) - mais en revanche, elle joue la carte du nationalisme arabe contre les turcs, pour obtenir notamment le soulèvement du chérif de La Mecque, Hussein, contre le sultan, moyennant la création d’un grand royaume arabe centré sur la Mésopotamie et regroupant l’essentiel des provinces arabes de l’EO - parallèlement, par la « déclaration Balfour » (novembre 1917), elle promet au mouvement sioniste la création d’un foyer national juif en Palestine : document clef dans la politique GB au MO, du fait de ses conséquences - en 1916, le nouveau gouvernement anglais est plus sensible aux affaires d’orient : - l’attention de Lloyd George se fixe en particulier sur la Palestine ; dans ce cadre, les projets sionistes intéressent Londres - ils justifieraient la mise en place d’un protectorat et permettraient à la GB de constituer en Palestine une zone tampon entre la Syrie française et l’Égypte - il s’agit de protéger les routes commerciales de l’empire britannique et de sauvegarder le canal de Suez - donc de chasser les Français de Palestine ce document entraîne l’hostilité des arabes : ils ne sont définis qu’en tant que « collectivités non juives », et d’autre part, le texte ne leur reconnaît pas de droits politiques alors que ceux-ci sont garantis aux juifs il y a donc dès 1917 une tension entre la promesse de la création d’un grand royaume arabe et celle de la création d’un foyer juif en Palestine - engagements contradictoires qui vont avoir une grande influence sur la politique au MO L’occupation militaire du Moyen-Orient : La WW1 et l’effondrement russe, austro-hongrois et allemand, ouvre aux GB les portes du MO - en mars 17, les troupes britanniques de la basse Mésopotamie s’emparent de Bagdad, puis de la région de Mossoul - la volonté britannique d’occuper l’ensemble de la Mésopotamie provient essentiellement de la richesse pétrolière de la région, enjeu économique et stratégique fondamental depuis la découverte de l’importance de l’arme pétrolière dans la guerre - dès octobre 1918, le général britannique Allenby partage les régions syro-palestiniennes occupées en 3 zones militaires : une zone britannique en Palestine, une zone arabe entre Damas et Alexandrette, une zone française sur le littoral beyrouthin - des conseillers et agents militaires britanniques sont présents dans les 3 zones et Allenby demeure l’autorité suprême - à la fin de 1918, la carte politique et territoriale du Moyen-Orient est totalement bouleversée par les effets de la guerre - en dépit des velléités d’indépendance arabe, le sort de la région est largement entre les mains des puissances européennes et ne se décidera pas sur le plan local mais dans le vaste cadre de la conférence de Versailles la dimension essentielle de l’après-guerre est en conséquence l’affrontement diplomatique franco-britannique pour le contrôle de la région - à la veille de la conférence de Versailles, Clemenceau et Lloyd George se rencontrent et s’entendent pour un nouveau partage des responsabilités dans la région - la France accepte que la Palestine ne soit pas internationalisée et passe sous l’influence de la GB ; elle cède également à cette dernière la région de Mossoul, intégrée désormais au reste de l’Irak, mais en échange, obtient une participation à l’exploitation du pétrole de la Mésopotamie - en revanche, Clemenceau reste ferme sur la présence française en Syrie en raison des troubles qui secouent, de l’Irlande à l’Inde, son empire, la GB décide finalement de retirer ses forces militaires de la Syrie ; l’engagement militaire est financièrement trop lourd - août 1920 : le traité de paix avec l’EO est signé à Sèvres : la GB tire un grand profit de ce traité, qui sanctionne le démantèlement de l’empire - les détroits sont neutralisés, démilitarisés et placés sous le contrôle d’une commission internationale - les territoires arabes de l’ex empire sont répartis sous forme de mandats entre la France, et la GB (Palestine, Irak) : cette dernière, en contrôlant la Mésopotamie, la Jordanie et la Palestine, s’assure du contrôle des voies de communication vers le Golfe Persique et l’Inde L’établissement du mandat GB en Palestine en 1920, en vertu de ces décision diplomatiques, un haut commissaire civil est nommé par Londres en Palestine : il s’agit de sir Herbert Samuel, de confession juive et favorable à la cause sioniste - le gouvernement britannique l’a nommé pour rassurer les juifs de Palestine - libéral, Herbert Samuel considère que la puissance publique ne doit pas intervenir pour financer le foyer national juif, mais doit seulement permettre les conditions de son épanouissement - il octroie ainsi des terres et des concessions industrielles aux sionistes et il délivre des certificats d’émigration aux juifs de Russie qui fuient la guerre civile - Herbert Samuel tente également de se concilier les arabes : il amnistie les personnalités arabes condamnées suite aux émeutes d’avril La forme des mandats de la SDN - le système des mandats est un compromis entre les visées impériales des puissances européennes, et la volonté de Wilson de favoriser l’autodétermination des peuples - ce système convient parfaitement à la GB car il propose un régime d’administration indirecte moins coûteux que le système colonial classique ; le mandat prévoit que les coûts d’installation de la puissance mandataire sont pris en charge par le gouvernement local - le partage des territoires entre la France et la GB est inégal en ce sens que l’essentiel des ressources pétrolières du Moyen-Orient se trouve concentré dans la zone d’influence britannique : la Vilayet de Mossoul au nord de l’Irak, la Basse Mésopotamie, ainsi que les gisements exploités par l’Anglo Persian en Iran et les richesses potentielles des émirats du Golfe la guerre de 14-18 a donc confirmé et rendu plus forte que jamais la prépondérance exercée dans cette région par la GB - ceci d’autant plus que l’une de ses 2 principales rivales, la Russie des tsars, s’en trouve provisoirement exclue ou du moins rejetée à la périphérie et hors d’état d’opposer une résistance frontale à l’impérialisme anglais - entre 1920 et 1922, la puissance mandataire britannique s’installe définitivement au Moyen-Orient - en 1921, Londres crée entre ses 2 possessions mandataires que sont la Palestine et l’Irak, un émirat de Transjordanie confié à Abdallah, fils de leur allié Hussein, ce qui est un moyen de garantir leur influence - l’émirat est étroitement contrôlé par l’armée britannique - ce traité met fin à l’idée du grand royaume arabe ; de plus, le principe des mandats est lui aussi en contradiction avec les engagements contenus dans la correspondance Hussein/Mac Mahon de constitution d’un état arabe unifié : révoltes - pour les GB, le problème se complique du fait des engagements contradictoires qu’ils ont pris durant la guerre II. Les GB face à la montée des nationalismes (1920-1930) L’entre-deux marque incontestablement l’apogée de l’empire britannique - les mandats reçus de la SDN sur la Palestine (incluant la Transjordanie) et l’Irak lui donnent le contrôle quasi-total sur les routes vers l’Inde - outre cette position stratégique, le MO revêt une importance économique nouvelle du fait de ses gisements de pétrole, qui constituent 60% des réserves mondiales La GB aborde donc l’après-guerre au MO en position de force, mais elle doit également faire face aux conséquences des promesses multiples et contradictoires faites pendant la guerre - entre-deux marqué par poussée des mouvements nationalistes, face auxquels les GB hésitent entre la répression et les concessions La GB joue la carte de l’amitié avec les nationalistes arabes : - la conférence de San Remo (avril 1920) ayant confié le mandat sur l’Irak à la GB, il est aussitôt pris en main par des officiers et des fonctionnaires de l’empire des Indes, qui mettent en place un régime administratif purement colonial - il en résulte le développement d’un mouvement nationaliste, puis le déclenchement d’une insurrection que les anglais répriment avec la plus grande rigueur - à la suite de cette révolte sanglante, Londres doit accepter de composer avec les nationalistes, et renoncer à exercer sur l’Irak un contrôle direct - en mars 21, Churchill décide de confier l’autorité politique sur le mandat irakien à Faysal, qui vient d’être chassé de Damas par les français ; fils de Hussein, chérif de La Mecque, il est un allié des GB, moyen de conserver leur cercle d’influence - le pays doit accéder rapidement à l’indépendance, une fois les intérêts économiques et stratégiques britanniques garantis - la GB procède à un allégement de sa présence militaire au profit d’une force armée locale étroitement contrôlée - elle conserve essentiellement une force aérienne chargée du maintien de l’ordre par d’éventuels bombardements et du contrôle des voies aériennes vers l’Inde le traité établissant les relations entre la GB et l’Irak confère aux GB un contrôle absolu sur l’administration irakienne avec présence de conseillers et droit de veto sur les décisions prises - les frais de la présence britannique sont pris en charge par l’état Irakien - ce dernier n’obtient aucun droit sur l’exploitation pétrolière de Mésopotamie et doit octroyer une concession de 75 ans à la Turkish Petroleum Company - l’Irak reste donc placé sous l’influence étroite de la GB - en 27, découverte d’un important gisement de pétrole près de Kirkuk : entraîne fondation de l’Irak Petroleum Company en remplacement de la Turkish Petroleum ; elle obtient une concession sur l’ensemble du pays et fait office de véritable état dans l’état ; la GB assure une part essentielle de sa production - GB dispose donc d’une mainmise économique importante sur l’Irak, du fait du contrôle de ses ressources pétrolières - en 29, les britanniques peuvent donc accepter le principe d’une indépendance de l’Irak, négociée par un nouveau traité, signé en juin 30 : - le pays reste lié à la GB par une alliance de 25 ans ; elle stipule une coopération en matière de politique étrangère, le maintien de 2 bases aériennes britanniques, la disposition du territoire irakien en cas de guerre, l’encadrement britannique de l’armée nationale - il y a donc absence d’une réelle indépendance, Irak reste clairement dans le sillon de la GB - au début des années 1930, l’Irak constitue un bastion solide pour l’influence britannique dans la région, et un allié dont Londres cultive l’amitié en fournissant par exemple un appui aérien aux troupes irakiennes, lors de la répression des 2 révoltes kurdes de 1931 et 1933 - suite à l’agitation nationaliste, elle met fin à son protectorat sur l’Égypte dès 1922, mais en fait garde le contrôle du pays jusqu’au traité de Londres en 1936 - au lendemain de la WW1, un mécontentement se manifeste dans la population égyptienne : celle-ci reproche aux occupants de ne plus convoquer l’assemblée législative, de gouverner par décrets-lois et de n’avoir supprimé une fois les hostilités terminées ni la loi martiale, ni la censure - une délégation conduite par Zagloul réclame l’indépendance complète de l’Égypte - l’arrestation du leader nationaliste entraîne en 1919 une insurrection populaire, énergiquement réprimée par les anglais, à la suite de quoi, une commission d’enquête, dirigée par lord Milner conclut à la nécessité pour Londres de mettre fin au régime du protectorat - ce que Lloyd George se décide à faire en février 1922 - la GB se réserve toutefois 3 domaines de compétence : elle conserve la haute main sur la défense du pays contre une agression extérieure, sur la protection des étrangers en territoire égyptien, ainsi que sur les voies de communications intéressant l’empire, ie prioritairement le canal de Suez il ne s’agit donc pas d’un traité mais d’un acte unilatéral qui ne reconnaît à l’Égypte qu’une indépendance théorique - en dépit de l’accord de 22, le statut de la présence britannique en Égypte n’est pas défini : la GB use de cette indétermination pour conserver le contrôle du pays - jusqu’au milieu des années 1930 la GB réussit à maintenir pour l’essentiel ses positions en jouant sur la rivalité qui oppose le souverain (Fouad puis Farouk) au Parlement que domine le parti Wafd - mais en Palestine, la politique pro-arabe des GB se heurte aux promesses faites aux juifs qui s’installent de plus en plus nombreux dans le pays - l’échec du royaume de Damas entraîne le retour des nationalistes palestiniens de l’entourage de Faysal : ils réclament l’arrêt du projet sioniste et l’indépendance d’un état arabe de Palestine sous influence britannique - en 21, une délégation arabe palestinienne fait part à Churchill de ses craintes de voir se constituer un état juif en Palestine c’est dans ce contexte tendu que les autorités britanniques préparent la charte du mandat de la Palestine - en 22, Londres publie un livre blanc qui affirme qu’il n’y aura pas d’état juif en Palestine, mais seulement le développement d’une communauté juive avec ses propres institutions - l’autorité britannique mettra en place des institutions de libre gouvernement auxquelles participeront juifs et arabes : ces derniers ne seront toutefois associés à la politique mandataire que s’ils reconnaissent la déclaration Balfour - mais les arabes, refusant de reconnaître la déclaration Balfour, décident de boycotter les institutions mandataires prévues par la charte et souhaitées par Herbert Samuel - ce dernier a essayé de mettre en place une assemblée législative aux pouvoirs limités et composée de juifs et d’arabes, mais ces derniers boycottent les élections - de même, si les sionistes sont associés à la gestion administrative du mandat par le biais de l’agence juive, Herbert Samuel ne parvient pas à mettre sur pied une agence arabe - la seule organisation institutionnelle des arabes de Palestine est religieuse : la proclamation de la fin du califat par Mustafa Kemal confère au chef religieux des lieux saints musulmans de Palestine, le mufti de Jérusalem, une place prédominante dans le monde arabe et musulman - ainsi, les musulmans du pays s’organisent en communauté, sur le mode confessionnel - de même, les juifs se constituent en peuple autonome, refusant toute collaboration économique et sociale avec les arabes - le développement séparé des 2 communautés empêche la formation d’une citoyenneté palestinienne ou l’émergence d’une identité régionale associant juifs et arabes dans l’immédiat, cet échec et le développement séparé des communautés sert à justifier le maintien de la tutelle britannique sur le pays - suite aux troubles réprimés vigoureusement durant l’affaire du mur des Lamentations de 29, les GB forment la commission d’enquête Shaw chargée d’étudier les causes des affrontements entre juifs et arabes - son rapport, publié en 30, insiste surtout sur les causes profondes : l’immigration juive a dépassé les capacités d’absorption du pays - selon la commission, les personnes expulsées des terres achetées par les sionistes ne trouvent plus de terres de rechange et constituent ainsi une catégorie de gens sans terre, revendicatifs, et porteurs de futures violences - la commission insiste sur l’absence de droits politiques des arabes : ayant refusé de former le conseil législatif que l’autorité mandataire leur avait proposé en 22, ils n’ont aucune organisation politique autonome - il est donc nécessaire de reconsidérer la politique britannique en Palestine en limitant l’immigration, en adoptant une nouvelle politique foncière et en favorisant un nouveau projet constitutionnel associant les arabes - les conclusions de la commission Shaw sont reprises dans le Livre Blanc d’octobre 1930 : les sionistes doivent faire des concessions sur la question de l’immigration et sur celle des acquisitions de terres - en retour, les arabes doivent accepter la présence juive en Palestine et coopérer avec elle - mais ce rééquilibrage de la politique britannique déplait fortement aux sionistes - grâce à une active campagne d’opinion, ils obtiennent dès 31, la levée des restrictions à l’immigration et à l’achat des terres… la situation Palestinienne se complexifie donc fortement - autre revers des anglais en Arabie : - péninsule arabique se trouve au lendemain de la guerre divisée entre plusieurs états princiers, dont les 2 principaux sont le Hedjaz, dirigé par Hussein, chérif de La Mecque et allié depuis 1915 des anglais qui lui conservent toutes leurs faveurs au lendemain de la guerre et le Nedj gouverné par Ibn Saoud - entre les 2, la rivalité est vive et débouche bientôt sur un conflit armé qui aboutit à la conquête du Hedjaz par Ibn Saoud - le protégé GB, Hussein, est chassé de La Mecque en 1925 - en mai 27, les GB doivent donc reconnaître par le traité de Djeddah, l’indépendance complète des territoires conquis par Ibn Sa’ud Transition : À la fin des années 20, certains changements se sont fait jour au MO : ces changements témoignent d’évolutions durables : - la question de Palestine devient, dès l’après guerre, un enjeu entre juifs et arabes, et l’un des dossiers les plus lourds du MO - conformément à l’esprit des mandats, certains pays arabes accèdent à une indépendance, certes encore limitée, mais reconnue par le droit international III. Les années 1930 : Une politique du compromis impact de la guerre d’Éthiopie - l’occupation militaire italienne de l’Éthiopie place l’Italie aux frontières sud du Soudan, alors qu’elle est déjà en Libye, ce qui constitue une menace directe pour le GB ; d’autre part, l’action italienne s’accompagne d’une active campagne de propagande dans le monde arabe contre les intérêts GB, passant notamment par un soutien aux nationalistes égyptiens - de plus, il s’est constitué en Égypte à la fin de 35 un rassemblement des principaux partis nationaux, dont le Wafd : le « front unique » qui adresse au représentant de la GB une pétition demandant au gouvernement de Londres que soient reprises les négociations en vue de la reconnaissance de l’indépendance complète du pays - Londres, inquiet pour ses intérêts stratégiques en Égypte, retient l’option qui consiste à renoncer en partie à ses intérêts directs, au bénéfice de garanties militaires consenties par les Égyptiens - choix du compromis - GB recherche désormais une normalisation de la vie politique égyptienne - cette normalisation passe par la conclusion d’un nouveau traité - traité est signé à Londres en août 36 : il prévoit la conclusion d’une alliance perpétuelle entre les 2 pays comprenant une coopération en matière de politique étrangère et des facilités en cas de guerre - l’Égypte met en fait à la disposition de la GB ses ports et en particulier celui d‘Alexandrie, ses aérodromes, et ses voies de communication le sujet essentiel du traité concerne évidemment le canal de Suez : l’article 8 autorise la GB à stationner des troupes dans le voisinage du canal pour en assurer la défense le traité maintient l’Égypte dans une situation d’inféodation à la GB mais il présente toutefois des avantages : d’une part, les forces militaires GB se retirent du pays en temps de paix (à l’exception de la zone du canal), d’autre part, la pression économique étrangère représentée par les capitulations disparaît - la convention de Montreux en 37 permet d’ailleurs le début de la reconquête de l’indépendance économique par l’Égypte - la compagnie du canal de Suez doit accepter une augmentation de la redevance payée à l’Égypte et un accroissement du personnel égyptien traité qui, tout en préservant les intérêts majeurs de la GB donne un contenu un peu moins flou au principe d’indépendance de l’Égypte La question Palestinienne : - l’affaire du mur des Lamentations de 29 connaît un grand retentissement dans l’ensemble du monde musulman - la classe politique Palestinienne partage dans sa grande majorité les mêmes craintes devant l’immigration juive La grande grève de 36 - violences entre juifs et arabes en avril 36 ; déclenchement dans toute la Palestine d’une grève des arabes (mouvement spontané et populaire) et les partis politiques décident de le soutenir - à partir de mai, la violence urbaine s’étend aux campagnes ; des bandes rurales attaquent les britanniques et les sionistes - la répression GB reste au début modérée : la grande grève palestinienne est en effet très populaire dans l’ensemble du monde arabe et musulman - Londres promet l’envoi d’une commission d’enquête après la cessation des troubles et accepte la médiation des gouvernements arabes, notamment de l’Arabie Saoudite, de l’Irak et de la Transjordanie - conformément aux promesses britanniques, une commission d’enquête présidée par lord Peel est chargée de juger la situation : - selon rapport de la commission, la coexistence entre arabes et juifs dans une même entité nationale est impossible - la commission préconise donc un partage de la Palestine : la plus grande partie du littoral et la Galilée reviendrait aux juifs - au centre, un corridor reliant Jérusalem à la mer resterait sous domination britannique afin d’assurer la protection des Lieux Saints - tout le reste du pays formerait un état arabe fusionnant avec la Transjordanie - selon le plan Peel, les ressources économiques les plus importantes de la Palestine sont accordées aux juifs (cultures d’exportation du littoral) ; il est donc stipulé que les juifs verseront une indemnité compensatoire à l’état arabe… - le plan présente des faiblesses inévitables liées à la situation démographique locale : la partie arabe est pratiquement vide de juifs tandis que la zone dévolue aux juifs comporte une très importante population arabe propriétaire de la terre - les autorités britanniques envisagent alors des transferts de population vers la zone de l’état arabe… le plan Peel est refusé catégoriquement par les arabes, y compris par les notables traditionnellement alliés à la puissance mandataire - ils refusent de céder aux juifs une des régions les plus riches sur le plan économique - du côté sioniste, les avis sont partagés : la majorité du mouvement a préconisé une politique modérée durant la grève, consistant à ne pas répondre aux agressions arabes ; une minorité radicale refuse cette attitude et décide d’organiser sa propre force militaire, l’Irgoun Développement des violences est inévitable - la coordination des efforts arabes contre le sionisme s’intensifie à partir du plan Peel - l’agitation reprend en Palestine, mais cette fois les autorités GB adoptent une politique de fermeté ; la classe politique arabe palestinienne est durement touchée par la répression - la grande révolte des arabes de Palestine éclate à la fin 37 : elle s’étend à tout le pays et connaît un succès important dans les régions rurales - tout arabe accusé de collusion avec les sionistes ou avec les GB est exécuté : une véritable guerre civile accompagne donc l’insurrection la répression GB est très dure : la loi martiale est établie, les principaux notables non collaborateurs sont exilés, de nombreuses exécutions sont appliquées - la révolte dure près d’un an : à la fin de 38, elle commence à s’essouffler elle a mobilisé un nombre considérable de soldats GB : au moment où la conjoncture européenne se tend, la GB ne peut plus se permettre de dépenser autant de moyens pour une si petite portion de territoire de son empire - il est donc nécessaire de trouver une solution politique - les GB désignent une nouvelle commission chargée d’étudier les conditions d’application du plan Peel : Londres est rapidement convaincue que le plan de partage est inapplicable et qu’il faut arriver à un accord entre juifs et arabes - la seule issue passe donc par une conférence ; elle s’ouvre en février 39 à Saint-James en GB : - il s’agit d’une suite de rencontres bilatérales entre arabes et GB et entre GB et sionistes - les GB proposent la solution suivante : les arabes auront un droit de veto sur l’immigration juive et les juifs un droit de veto sur l’indépendance de la Palestine - Londres pense ainsi parvenir à un accord, chacune des parties détenant ce que l’autre souhaite ; mais celles-ci refusent la proposition GB et la conférence est ajournée - les GB décident alors de publier un nouveau Livre Blanc dans lequel sont expliquées les nouvelles obligations GB - il y est dit que la GB n’a jamais eu l’intention de faire de la Palestine un état pour les juifs contre la volonté de la population arabe - il ne s’agira que d’un développement communautaire ; la Palestine ne doit pas être partagée - le Livre Blanc propose à nouveau la solution du double veto : cette solution devrait aboutir à la mise en place d’institutions arabo-juives de libre-gouvernement et à l’établissement d’un état palestinien indépendant le Livre Blanc de 39 constitue un tournant de la politique GB en Palestine : l’immigration juive est pour la 1ère fois limitée pour 5 années - au-delà de cette échéance, l’approbation des arabes sera nécessaire ; une législation des transferts de terres limitera les ventes de terres arabes aux juifs - c’est un succès incontestable pour les arabes et les états de la région poussent ceux-ci à accepter le Livre Blanc - mais le mufti et ses partisans le rejettent car le projet GB retarde la date d’indépendance de la Palestine d’au moins 10 ans - de plus, les membres du comité suprême sont maintenus en exil et la répression se poursuit sur place - les sionistes rejettent catégoriquement le projet GB et se lancent dans une politique d’émigration clandestine et de création de nouvelles implantations, en dépit de l’interdiction des autorités au moment où se déclenche le conflit européen, Londres parait donc de plus en plus embarrassé pour tenir la balance égale entre les 2 populations rivales Conclu : - l’immédiat après guerre a donc marqué une consolidation de l’implantation GB au MO, quoique la WW1 soit la matrice de promesses contradictoires qui pèsent durablement sur la politique de la région. - Pendant les années 20, et face à la montée des revendications, les GB jouent la carte du nationalisme, et parviennent à maintenir leur influence - Les années 30 sont celles d’une politique de compromis, de plus en plus difficile à trouver et notamment autour de la question Palestinienne - les années qui précèdent la 2e guerre mondiale voient en effet se développer une opposition de plus en plus violente entre les populations musulmane et juive - enfin, les intérêts pétroliers prennent une place grandissante au Moyen-Orient : à la longue domination turque et à la brève tutelle franco-britannique succède, dès avant la WW2 une nouvelle forme d’impérialisme : celui des grandes compagnies pétrolières anglaises et américaines qui se partagent la prospection et l’exploitation de l’or noir de toute la région