Cybermairie Ambilly 2009 CD
apparaissaient entre des espèces apparemment très éloignées. Ainsi, le squelette des membres des
animaux comportait toujours, observa-t-il, deux os relativement longs reliés par une articulation et
complétés, à une extrémité de l'ensemble, par une structure de main plus ou moins développée, ou
atrophiée. La ressemblance entre le bras d'un singe, l'aile d'un oiseau et la nageoire d'un poisson
lui sauta aux yeux. Les distinctions correspondaient à la fonction du membre: nager, voler,
attraper...Ces découvertes étaient pour Darwin autant de preuves supplémentaires d'une
explication scientifique à la diversité des espèces. Il mûrit sa réflexion pendant vingt ans, échangea
des milliers de lettres avec d'autres savants du monde entier, en menant parallèlement une vie
paisible auprès de son épouse, Emma Wedgwood, et de leurs dix enfants. Progressivement, ses
convictions créationnistes s'estompèrent pour faire place à une interprétation scientifique des
indices dont il disposait. Et si, en vint-il à s'interroger, toutes les espèces animales descendaient
d'un seul ancêtre commun ? Et si l'apparence actuelle des innombrables espèces animales n'était
en fait que le résultat d'une évolution très lente, mais nécessaire pour survivre dans un
environnement donné? Et si l'homme lui-même n'était qu'une espèce parmi les autres? En 1859,
Darwin publia une première version de L'Origine des espèces, dans laquelle il négligea
délibérément de mentionner le résultat de ses réflexions sur l'origine de l'homme. Un peu plus de
1200 exemplaires furent vendus dès la première semaine (le livre a été réédité sans interruption
depuis lors). Dans son ouvrage, Darwin décrivait en détail sa théorie de l'évolution par sélection
naturelle, à savoir comment les espèces se modifiaient avec le temps, découlaient les unes des
autres, et remontaient toutes à un ancêtre commun.
Une nature impitoyable
Cet ancêtre commun à l'homme, à la souris, à la mouche et au corbeau était un organisme
aquatique minuscule, qui se laissait porter par le courant. Au fil des millions de générations, il était
devenu poisson, capable de se déplacer volontairement dans l'eau. Pour sortir du milieu aquatique,
il avait dû par la suite développer des membres ainsi qu'un système respiratoire. "La survie sur la
Terre est une lutte sans merci", écrit Darwin, en précisant que cette lutte s'avère encore plus
cruelle parmi les individus d'une même espèce. Tous doivent se nourrir et chercher une protection
face aux multiples menaces: l'appétit des prédateurs, les conditions climatiques, etc. Seuls les
individus les plus adaptés à leur environnement, ceux dotés d'une aptitude supplémentaire ou
d'une résistance particulière, y parviennent, tandis que les autres périclitent. Les vainqueurs,
constate le scientifique, ont également le plus de chances de se reproduire. Ce faisant, ils
transmettent leurs qualités à la génération suivante, et contribuent à la lente progression de
l'évolution. Darwin énonce ce principe, mais ne précise pas par quel mécanisme il s'applique. A
l'époque, on étudie l'hérédité, mais on est encore loin de la génétique. Un siècle plus tard, celle-ci
donnera un éclairage nouveau à la théorie darwinienne, en la confirmant. Les individus adaptés se
transmettent de génération en génération les gènes "gagnants". Darwin avait pressenti ce
mécanisme, qui entraîne aussi la disparition des individus exempts de ces gènes. La nature est
impitoyable...
Sélection sexuelle
Darwin observait aussi que certains attributs qui pouvaient sembler constituer des handicaps
étaient en réalité des atouts."La queue du paon me rend malade", plaisantait-il à demi. En effet, un
tel éventail de plumes, très lourd et très long, n'était-il pas parfaitement inutile ? Il ne répondait en
tout cas à aucune nécessité de survie, observa la scientifique... si ce n'est celle de séduire une
femelle. Un paon qui arpente les chemins, la queue en éventail, éveille généralement chez la
femelle de la même espèce une attraction irrésistible. Darwin retira de cette observation un autre
principe de l'évolution des espèces : la sélection sexuelle. Le mâle qui attire le plus les femelles de
son espèce a le plus de chance de procréer. Le principe est plus subtil que celui de la sélection
naturelle, en ce sens que l'individu choisi par les femelles n'est pas toujours – même s'il l'est
souvent – le plus vigoureux ou imposant du groupe. Il s'agit parfois d'une simple question de
couleur, en apparence relativement arbitraire. Cette sélection ne mène pas non plus aux mêmes
conséquences que la sélection naturelle : le sort du perdant n'est pas la mort, mais l'absence ou le