De plus, les actes de cette rencontre ont nourri un document d’orientation stratégique élaboré
par le Ministère français des affaires étrangères en matière de tourisme solidaire présenté lors
du forum international du tourisme solidaire à Bamako récemment.
Au Luxembourg, nous avons découvert une organisation créée en 1997, qui permet de
réinsérer des travailleurs marginalisés : Objectif Plein Emploi (OPE). Des activités d’intérêt
social et local, reconnues prioritaires localement et correspondant à des gisements d’emplois
potentiels sont identifiées par des Centres d’initiative de gestion (CIG), associations sans but
lucratif créées le plus souvent au niveau communal, mais aussi régional et sectoriel. Les
communes décident du niveau de financement qu’elles souhaitent apporter à la mise en œuvre
de ces activités. Leur engagement financier déclenche de la part de l’Etat luxembourgeois un
financement trois fois supérieur
. Chaque CIG est responsable des activités qu’il a définies et
des moyens mobilisés à cet effet. Les CIG doivent en rendre compte à leurs partenaires. Un
centre de ressources commun à l’ensemble des CIG permet d’accompagner la gestion et
l’organisation des activités des CIG, leur promotion et la diversification de leurs activités. Les
salariés qui mettent en œuvre ces activités
bénéficient d’un contrat de travail de droit
commun de deux ans au plus, d’un accompagnement social, professionnel et de formations
qui permettent à une proportion importante d’entre eux de retrouver un emploi sur le marché
du travail. L’expérience a fait ses preuves.
Le centre de ressources dont l’un des responsables est Ben Goerens, référent de l’étape
régionale luxembourgeoise des Pactes locaux, s’efforce avec les élus et les organisations
syndicales qui soutiennent OPE de promouvoir un projet de loi « contribuant au
rétablissement du plein emploi ». Dans ce projet de loi verrait le jour une « entreprise de
l’économie solidaire » au Luxembourg : « l’association d’intérêt collectif » (AIC). C’est
une « association » de partenaires responsables
et « sans but lucratif » qui se livrent à la
« production ou la fourniture de biens et de services d'intérêt collectif qui présentent un
caractère d'utilité générale sans permettre l'enrichissement de ses associés ». L’AIC sera
« cogérée » par des associés élus parmi des personnes de droit privé ou public cooptées et
des salariés qui bénéficieront de privilèges et de protections spéciales.
Pour sa définition, valeurs sociétales, économiques et environnementales se mêlent à des
principes de développement local et durable, de cohésion sociale, de gouvernance, de bien-
être au travail, de formation tout au long de la vie et d'égalité des chances... Le droit du
travail, les financements mixtes, la fiscalité, le mode d’agrément et le droit d'établissement
doivent être examinés dans le contexte de ce nouveau statut juridique.
OPE permet le maintien ou le retour à l’emploi, mais vise aussi la mise en place d’une autre
économie centrée sur la solidarité. Elle n’est pas isolée. Le 4ème Forum International-
globalisation de la solidarité (LUX ’09) organisée au Luxembourg en avril 2009, en
Pour l’ensemble des CIG, les ministères apportent 55% des ressources, les communes 22%, les marchés
publics 13%, le bénévolat 4%, les recettes propres 4%, et les projets européens 2%. La volonté est de poursuivre
la diversification des financements.
Il existe une trentaine de CIG locaux, régionaux ou sectoriels qui avec le centre de ressources emploient au
total 750 salariés pour un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros. Parmi les 116 communes du Luxembourg, 52
sont actuellement partenaires d’OPE. Les activités portées par ces CIG sont variées : prêt de vélos, crèches et
halte-garderies, initiation ou perfectionnement en informatique et en langues, services aux personnes, service
d’environnement, travaux d’entretiens, entretien autoroutier, activité artistique, communication. Certaines de ces
activités sont obtenues après appel d’offre. D’autres s’autolimitent pour ne pas empiéter sur l’activité des
entreprises artisanales...
Le multi partenariat garantit une participation active de toutes les parties prenantes et contribue à une cohésion
sociale renforcée. Il s'agit de s'associer pour entreprendre autrement, de transformer l'économie à partir
d'engagements citoyens. (Jean-Louis Laville, " Du XIXème au XXIème siècle: permanence et transformations de
l'économie solidaire », p.16)