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les ouvrages qui se sont contentés d’être une « anthologie de morceaux choisis » et le
Professeur Md Hamidullah les cite tous. Très longtemps, la seule traduction française était
alors publiée, enrichie parfois d’une « vie de Mahomet » et d‘une « présentation de l’islam ».
L’habitude s’est imposée à partir de 1975 d’éditer, en vis-à-vis, le texte arabe du Coran et sa
traduction française, et c’est bien ce qu’a fait le Complexe du Roi Fahd en éditant Le Saint
Coran et la traduction en langue française du sens de ses versets, « sous l’égide du Ministère
du ‘Hajj et des Waqf’ du Royaume d’Arabie Séoudite », en 1410/1989
. Comme on peut le
constater grâce à cette liste, ce n’est que tout récemment que s’est développée l’habitude
d’éditer la traduction vis-à-vis du texte arabe d’origine, page par page, ce qui assure à ces
ouvrages une marque d’orthodoxie : on n’en traduit que les « signifiés » (les ma‘ânî). Rares
sont les traducteurs qui, dans une introduction toute personnelle, s’expliquent sur la
méthode par eux adoptée, les sources par eux consultées et les traductions antécédentes par
eux explorées. Une étude serait à faire qui consisterait à regrouper par familles ces diverses
traductions qui, très souvent, sont débitrices les unes des autres, tout comme certaines, les
plus anciennes, ont largement utilisé l’excellente traduction du Coran en latin réalisée à
Rome, au XVIIème siècle, par Ludovico Marracci
, et publiée en arabe et en latin à Padoue,
en 1698.On utilisera certaines des traductions ici signalées quand il s’agira, plus loin, de faire
du comparatisme entre traducteurs
.
Quelles sont les difficultés rencontrées et quels sont les mérites des traducteurs ?
Une bonne connaissance de la langue et de la culture, tant du côté arabe que du côté français, fait
bien vite apparaître un ensemble de difficultés qui obligent le traducteur à faire des choix qui ne sont
pas sans importance. S’agissant de la segmentation du texte, le système de ponctuation du français
exige qu’on introduise celle-ci dans un texte arabe qui l’ignore, d’où bien des problèmes
d’interprétation : où mettre les points (d’affirmation, d’interrogation ou d‘exclamation), les points
virgules et les virgules, les deux points et guillemets introduisant et encadrant les citations, sans
Plus exactement sous l’égide de « La Présidence Générale des Directions des Recherches Scientifiques
Islamiques, de l’Iftâ’, de la Prédication et de l’Orientation Religieuse », Médine, en 1410 de l’hégire (arabe, 604
p. ; français, 604 p.). Une 1ère Commission « avait suggéré que la traduction du Saint Coran réalisée par le
Professeur Muhammad Hamidullah devait être retenue en raison de sa clarté et de sa fidélité très proche du Texte
sacré », mais, par la suite, elle a procédé à une révision approfondie de la traduction ». Il en fut de même,
ensuite, par une 2ème Commission, puis une 3ème, et enfin une 4ème chargée « de réviser toutes les notes
explicatives pour les purifier de toutes les erreurs aux questions ayant trait au dogme et aux opinions juridico-
philosophiques ». Elle décida de maintenir dans le texte français les termes Allah, Islâm, as-Salât, az-Zakât, as-
Siyyâm (sic), al-Hajj, al-Imâne (sic).
Cf. Maurice Borrmans, « Ludovico Marracci et sa traduction latine du Coran », in Islamochristiana, PISAI,
Roma, 28 (2002), pp. 73-86. C’est en même temps l’une des premières tentatives réussies d’« imprimer » le texte
coranique avec des caractères arabes. Pendant longtemps (jusqu’au début du XXème siècle, semble-t-il) les
éditeurs arabo-musulmans utiliseront la lithographie pour reproduire le texte arabe du Coran. Cf. Maurice
Borrmans, « Observations à propos de la première édition arabe imprimée du Coran à Venise », in Quaderni di
Studi Arabi, Venezia, 8 (1990), pp. 3-12 et « Présentation de la première édition imprimée arabe du Coran à
Venise », in Quaderni di Studi Arabi, Venezia, 9 (1991), pp. 93-126).
Du côté anglais, signalons simplement les plus importantes traductions, celle d’Alexander Ross, The Alcoran
of Mahomet en 1648 ; celle de George Sale, The Koran, en 1734 ; celle de Marmaduke William Muhammad
Pickthall, Meaning of the Glorious Koran, en 1930 ; celle d’Abdullah Yusuf Ali, The Illustrious Qur’an, en
1935 ; celle de Richard Bell, The Quran, en 1937-1939
; et celle d’Arthur John Arberry, The Quran
Interpreted, en 1955.