La dimension managériale dans les
finalités du BTS Assistant de manager
Jean-Michel Paguet – IA-IPR
Une comparaison entre les référentiels des BTS Assistant de Direction et Assistant de
Manager fait apparaître de nombreuses et importantes différences, dont l’une relative à
l’introduction d’une dimension managériale à coté d’une dimension technique et d’une
dimension relationnelle. Je vous propose de nous interroger sur le pourquoi et la nature de
cette dimension managériale.
Tout d’abord, la dimension managériale des différentes finalités qui apparaissent dans le
référentiel du BTS AM sera à distinguer du programme de management des organisations,
tout en ménageant une forte complémentarité. L’enseignement tronc commun de management
se rapproche d’un management stratégique, en envisageant le processus de prise de décision
au niveau de l’organisation, alors que la dimension managériale des différentes finalités du
BTS AM relève davantage d’un management opérationnel au niveau d’un service ou d’une
petite structure, même si il suppose une très bonne compréhension des objectifs de
l’organisation.
Pour commencer, je vous propose de bien situer cette dimension opérationnelle et de la
distinguer de celle qui est abordée dans l’enseignement tronc commun.
Pour cela, il est nécessaire d’éclairer la notion de management. On peut s’interroger sur les
caractéristiques des organisations et notamment sur la nature des relations qui s’y nouent. J-L.
Laville (1997) introduit la notion de communauté politique. Elle s’analyse comme un monde
vécu, c’est-à-dire un savoir d’arrière plan qui structure l’interaction entre des sujets et rend
possible leur compréhension réciproque. Cela suppose que des individus entretenant des
relations stabilisées inventent des procédures de coordination, de décision, de distribution
du pouvoir mettant en jeu des intérêts. Plus encore, la communauté politique réfère à une
communauté communicationnelle dans laquelle l’interaction sociale se bâtit dans un espace
public segmenté, certes ; mais où des processus argumentaires viennent articuler les volontés
individuelles et construire un accord favorisant le vivre ensemble. Il s’agit donc de construire
un apprentissage de l’altérité. La communauté politique réalise donc les conditions d’une
socialisation et d’une individuation des sujets. En effet, si les individus arrivent à s’insérer
dans le jeu social, c’est qu’ils ont pu former au préalable leur identité et leur volonté dans un
espace donné. La communauté politique structure un « habitus », c’est-à-dire « un système de
dispositions durables et transposables qui, en intégrant toutes les expériences passées,
fonctionne à chaque moment comme une matrice de perceptions, d’appréciations et d’actions,
et rend possible l’accomplissement de tâches infiniment différenciées, grâce aux transferts de
schèmes permettant de résoudre les problèmes de même forme et grâce aux corrections
incessantes des résultats obtenus, dialectiquement produites par ces résultats. » L’habitus
permet de reconnaître que les compétences, les valeurs, les représentations et les rapports
sociaux sont sans cesse alimentés, aménagés par des classes de situations objectives dans
lesquelles elles sont mises à contribution. Il aménage une marge d’autonomie de décision
et d’action aux individus et fait reconnaître leur libre choix pratique. Il y a donc une