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MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET EUROPEENNES
N° 39 – octobre 2008
Première mondiale de neurochirurgie en France
Une équipe française de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière
à Paris, dirigée par le professeur Alexandre Carpentier, vient
de faire savoir qu’elle est parvenue pour la première fois à
détruire des tumeurs métastasiques au cerveau sans ouvrir la
boîte crânienne, en utilisant le laser. Cette intervention
représente un grand espoir pour les malades atteints de
cancers et ouvre la voie à une nouvelle utilisation de
l’imagerie par résonance magnétique nucléaire.
Cela a l’air tout simple : on perce un petit trou dans la
boîte crânienne, on y glisse une fibre optique terminée par un
laser jusqu’à atteindre une métastase cérébrale. On active le laser
et en moins de deux minutes, on nécrose la tumeur. Le tout étant
contrôlé en direct grâce à l’imagerie par résonance magnétique
nucléaire (IRM).
Professeur Alexandre Carpentier
Dans un premier temps, grâce à l’IRM, l’équipe chirurgicale composée de neurochirurgiens
localise très précisément la tumeur à détruire. Un orifice de trois millimètres de diamètre est ensuite
pratiqué dans la boîte crânienne afin d’introduire la fibre optique équipée du laser. Après avoir
contrôler le bon positionnement du laser au cœur de la tumeur, une simulation est effectuée par
ordinateur. Puis le laser est activé, ce qui échauffe le tissu tumoral et le détruit.
Sous la simplicité du processus se cache une technologie très sophistiquée. Pour la mettre au
point, les Français ont collaboré avec des chercheurs américains : ils ont travaillé avec le centre
anticancéreux MD Anderson de Houston et avec la société BioTex de l’université UTMB du Texas.
Le professeur Carpentier souligne que «c’est la première fois que l’on utilise une technologie laser en
intracrânien et qu’on l’associe à une IRM fournissant des données en temps réel. Il s’agit d’une
nouvelle étape dans l’utilisation qui peut être faite de l’IRM en neurochirurgie, une utilisation
interventionnelle».
L’IRM joue un rôle déterminant tout au long de l’opération puisque ses séquences, fournies en
temps réel, permettent le contrôle du traitement thermique. Ces données permettent d’indiquer avec
précision la température des tissus pathologiques. Le système informatisé module l’énergie délivrée
par le laser en fonction de ces paramètres.
DIRECTION DE LA COMMUNICATION ET DE L’INFORMATION
SOUS DIRECTION DE LA COMMUNICATION
MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET EUROPEENNES
Le laser utilisé lui possède la capacité d’être «refroidi» en permanence, ce qui permet d’éviter
la formation de coagulats à son contact. La destruction par nécrose directe du tissu métastasique n’a
pas entraîné d’œdème intracérébral, pas plus qu’elle n’a provoqué de crise d’épilepsie chez les patients
traités. Outre la simplicité et la sécurité du traitement, ce procédé améliore sensiblement les conditions
de l’intervention : allongé dans l’appareil IRM, le patient est conscient mais ne sent rien. Le traitement
chirurgical est réalisé sous anesthésie locale et le malade peut sortir de l’hôpital le soir même.
Ces interventions constituent la phase finale d’un essai clinique pratiqué sur quinze personnes.
L’espérance de vie des patients ainsi traités s’est trouvée notablement allongée. Menée sous l’égide de
l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), elle concernait des patients
souffrant de métastases cérébrales apparues après différents types de cancers, du sein et du poumon
notamment (on estime qu’environ 20 % des malades qui décèdent d’un cancer sont atteints d’une ou
de plusieurs métastases cérébrales). « De ce fait, l’espérance de vie de ces personnes n’excédait pas
une période d’environ trois mois », indique le professeur Carpentier.
Ces quinze patients ont été pris en charge entre décembre 2006 et février 2008. Il s’agissait
d’évaluer l’innocuité et l’efficacité de ce traitement. Après analyse des résultats obtenus sur les six
premiers malades, un comité d’experts indépendants a, en mars 2007, autorisé la poursuite de cet essai
en élargissant les indications. L’équipe a ainsi pu traiter des personnes souffrant de plusieurs
métastases intracérébrales ainsi que de métastases plus volumineuses pouvant atteindre trois
centimètres.
Au total, sur les quinze traitements réalisés, neuf ont été partiels et six d’entre eux ont été
complets. Dans ce dernier cas, cinq des six malades n’ont pas présenté de récidive durant une période
moyenne de neuf mois. L’équipe estime donc aujourd’hui avoir abouti à des résultats très satisfaisants.
Le professeur Carpentier, qui dirige le laboratoire de recherches en technologies chirurgicales
avancées de la Pitié-Salpêtrière, développe avec un physicien, Julian Itzcovitz, un ambitieux
programme de recherches, sur le moyen notamment d’«utiliser de façon complémentaire, toujours
sous contrôle de l’IRM, des ultrasons focalisés pour détruire des tumeurs intracérébrales ». Eternel
problème cependant, en dépit des 50 000 euros rapportés par le prix de l’innovation technologique
2008 qu’il vient de recevoir, il estime manquer du financement nécessaire. Le grand intérêt suscité
dans la profession et les médias débloquera peut-être la situation !
Sylvie Thomas
DIRECTION DE LA COMMUNICATION ET DE L’INFORMATION
SOUS DIRECTION DE LA COMMUNICATION
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