LES TISSUS CONJONCTIFS I) Généralités sur les tissus conjonctifs Chaque tissu se définit comme l’ensemble des cellules et structures extracellulaires qui ont en commun certaines caractéristiques. Les tissus conjonctifs servent à relier et soutenir, physiquement et biologiquement, les autres constituants de l’organisme. Ils sont constitués de cellules (les fibrocytes) et d’une matrice extracellulaire (ensemble de fibres très hydratées qui vont donner une organisation physique au tissu et agir dans les échanges entre cellules). Lorsqu’ils sont situés sous un épithélium, ils portent le nom de chorion, lorsqu’ils sont dans un organe plein, ils portent le nom de stroma. Les tissus conjonctifs sont partout dans l’organisme, associés à différentes cellules de l’organisme, et en fonction de leur localisation et de leur composition, les tissus peuvent acquérir des propriétés supplémentaires (c’est leur capacité d’adaptation). A/ Les composants structuraux Quelque soit leurs localisations, fonctions, et adaptations particulières, les tissus conjonctifs ont en commun une structure et une organisation de base comportant toujours : - des cellules : les fibrocytes - une matrice extracellulaire organique faite d’un réseau de fibres de collagène, de complexes macromoléculaires de protéines glycosylées (les protéoglycanes) et d’eau contenant de nombreux éléments dissous (électrolytes, acides aminés, …) B/ Les autres constituants D’autres éléments peuvent être retrouvés dans certains tissus conjonctifs. Leur présence et leur relative abondance modifient l’organisation du tissu conjonctif où ils se trouvent et confèrent à celui-ci des propriétés mécaniques ou biologiques différentes et spécifiques. On peut ainsi trouver : - des cellules (macrophages, lymphocytes, adipocytes) - dans la matrice extracellulaire des fibres (élastiques, de réticuline) ou des cristaux de phosphate de calcium C/ Histogenèse des tissus conjonctifs Les tissus conjonctifs sont issus de l’évolution du tissu mésenchymateux embryonnaire. Ce dernier se forme principalement du mésoblaste, au cours des premières semaines de la vie embryonnaire. Les cellules mésenchymateuses peuvent se différencier en de nombreux types cellulaires différents, présents dans l’organisme adulte : - les fibroblastes des tissus conjonctifs - les chondrocytes des tissus cartilagineux - les ostéoblastes et les ostéocytes du tissu osseux - les myocytes des tissus musculaires - les cellules endothéliales qui tapissent l’intérieur des vaisseaux - les cellules sanguines (hématies et leucocytes) D/ Variétés des tissus conjonctifs 1) Tissus conjonctifs communs - tissus conjonctifs lâches - tissus conjonctifs denses (irréguliers, réguliers unitendus ou réguliers pluritendus) 2) - Tissus conjonctifs spécialisés tissus adipeux tissus élastiques tissus réticulés tissus cartilagineux tissus osseux 1) a) Le tissu conjonctif lâche Il est constitué d’un réseau collagène plus ou moins dispersé, disposé sans orientation particulière. Le reste de la matrice extracellulaire est abondante et hydratée. C’est lui qui supporte les épithéliums. Il possède des propriétés mécaniques assez modestes. b) Les tissus conjonctifs denses Ils comportent un réseau collagène épais, dense et serré. Le reste de la matrice extracellulaire est peu abondante. Ils ont des propriétés mécaniques plus importantes alors que les propriétés métaboliques sont moins marquées. Les tissus conjonctifs denses irréguliers (ou non orientés) ont un réseau de collagène constitué de fibres assez épaisses disposées sans orientation particulière. Les tissus conjonctifs denses réguliers (ou orientés) ont une disposition régulièrement orientée des fibres du réseau de collagène. Lorsque les fibres sont toutes dans le même sens on parle de tissu unitendu. Lorsque les fibres se regroupent en faisceaux et que l’orientation des faisceaux se fait dans plusieurs directions, on parle de tissu pluritendu. 2) Les tissus conjonctifs spécialisés se définissent comme des tissus conjonctifs qui ont acquis des propriétés spécifiques en raison de la présence d’un ou de plusieurs composants particuliers. II) Structure et organisation des constituants A/ Les composants structuraux 1°) Les fibroblastes Le fibroblaste est une cellule allongée émettant de nombreux et fins prolongements plus ou moins étendus. Le noyau de la cellule est ovoïde et aplati. Le cytoplasme apparaît souvent réduit à une fine bande. Le fibroblaste a des récepteurs à de nombreux facteurs de croissance et hormones. L’activation de ces récepteurs conduit à la synthèse des composants de la matrice extracellulaire et à la synthèse de cytokines (hormones à action locale). 2°) La matrice collagène La matrice conjonctive est composée d’une matrice collagène et d’une matrice extracellulaire. Le collagène est la protéine la plus abondante du monde animal et de l’organisme humain en particulier. La polymérisation de la molécule (molécule de tropocollagène) est à l’origine de fibres de collagène, de réseaux de collagène ou d’agrégats de collagène. Les fibres de collagène sont flexibles mais ne sont pas extensibles. Le collagène est très résistant aux agents chimiques et il est insoluble dans l’eau, à froid ou à 37°C. L’hydrolyse à chaud (eau bouillante salée) le transforme en gélatine collante. Dans l’organisme, le collagène est aussi résistant à la plupart des enzymes mais la collagénase le dégrade. a) Aspects morphologiques Le collagène peut être visualisé grâce à de nombreux colorants, en jaune par le safran, en rose par l’éosine, en vert par le vert lumière, et en bleu par le bleu de méthyle. Les fibres de collagène sont formées par la polymérisation de la molécule de tropocollagène. Selon le degré de cette polymérisation, le collagène apparaît constitué : - de faisceaux collagènes de 10 à 200µm - de fibres de collagène de 1 à 10µm (plusieurs fibres s’associent en faisceaux) - de fibrilles de collagène de 0,2 à 0,5µm (plusieurs fibrilles s’associent en fibres) Les fibrilles sont composées de microfibrilles de plusieurs µm de long. En coupe transversale, la microfibrille de collagène présente une striation régulière périodique de 67nm avec une alternance de bandes claires et de bandes sombres. b) Aspects biochimiques Le collagène est une protéine fibrillaire dont la molécule, le tropocollagène mesure 240 à 280nm de long. La molécule de collagène est composée de trois chaînes peptidiques élémentaires, les chaînes α. Chaque chaîne α est spiralée sur elle-même et les spirales sont maintenues par des liaisons hydrogènes. Les trois chaînes α sont torsadées ensemble et forment ainsi une triple hélice stabilisée par des liaisons covalentes. Dans la molécule de tropocollagène, les trois chaînes α sont orientées de la même façon, les extrémités C-terminales se correspondent et dont du même côté (idem pour les N-terminales). La molécule de tropocollagène est donc une molécule orientée. De chaque côté de la triple hélice qui constitue la plus grande partie de la molécule, les chaînes α se prolongent par un petit peptide non enroulé en triple hélice : les télopeptides. Il existe donc un C-télopeptide et un N-télopeptide. La polymérisation des molécules de tropocollagène est à l’origine de la microfibrille. Cette polymérisation se fait toujours avec la même orientation de la molécule et dans les trois plans de l’espace, avec un double décalage fixe. Ce double décalage régulier fait apparaître les bandes claires et les bandes sombres. Chaque chaîne α de la molécule de tropocollagène comporte 1050 acides aminés. Dans la partie en triple hélice, les acides aminés sont disposés en triplet dont le premier acide aminé est une glycine : - (GLY-AA-AA) – (GLY-AA-AA) – etc. La glycine représente donc 1/3 des acides aminés de la triple hélice. C’est au niveau de la glycine que la chaîne α forme une angulation responsable de la spiralisation de la chaîne. Parmi les autres acides aminés, la proline, l’hydroxyproline, la lysine et l’hydroxylysine représentent environ 1/3 des acides aminés. De courtes chaînes glucidiques (galactose ou galactose-glucose) viennent se greffer le long des chaînes α sur certains hydroxy-lysine. c) Biosynthèse du collagène La molécule de tropocollagène est synthétisée d’abord sous une forme précurseur : la molécule de pré-tropocollagène. Trois gènes distincts sont impliqués dans le codage des trois pro-chaînes α, à l’origine de trois ARN messagers distincts. Les trois pro-chaînes α comportent 1250 acides aminés chacune. Ainsi, de chaque côté de la pro-chaîne α se trouve une rallonge peptidique de 100 acides aminés, formant les peptides de coordination. Au cours de l’élongation de la pro-chaîne peptidique, certains acides aminés vont être hydroxylés. C’est notamment le cas de la proline en hydroxyproline (par la proline hydroxylase) et de la lysine en hydroxylysine (par la lysine hydroxylase). Ces enzymes sont spécifiques et ne reconnaissent l’acide aminé que s’il est situé dans une séquence précise d’acides aminés (ainsi toute les prolines et lysines ne seront pas hydroxylées). De courtes chaînes glucidiques (galactose ou galactose-glucose) sont greffées sur certains résidus hydroxylysine. Les enzymes qui réalisent ces glycosylations sont également très spécifiques et ne reconnaissent l’hydroxylysine que dans une séquence particulière (ainsi toutes les hydroxylysines ne seront pas glycosylées). Les trois pro-chaînes α terminées, hydroxylées et glycosylées s’assemblent par leurs extrémités, les peptides de coordination. Dans les espaces péri-cellulaires, les molécules de tropocollagène se disposent parallèlement entre elles avec des décalages. Les molécules de tropocollagène contractent entre elles des liaisons covalentes fortes qui impliquent la lysine, l’hydroxylysine et l’histidine. Ces acides aminés, lorsqu’ils sont glycosylés, ne peuvent pas participer à ces liaisons covalentes. Un collagène très glycosylé sera donc peu ou pas polymérisé. L’enzyme qui réalise ces liaisons covalentes est la lysyl oxydase dont le cofacteur indispensable est le cuivre. Les chélateurs de cuivre (substances favorisant l’élimination du cuivre) inactivent l’enzyme avec pour conséquence, l’élaboration d’un collagène peu polymérisé, peu stable et peu résistant. d) Métabolisme du collagène Lorsque le collagène est polymérisé, la molécule devient très résistante à la plupart des enzymes de l’organisme, en dehors de la collagénase. Cette métalloprotéase détruit les liaisons covalentes et dénature la triple hélice. Les autres protéases achèvent alors de dégrader la molécule. Ce processus enzymatique libérera donc des hydroxyprolines qui peuvent être dosées dans les urines, et des C et N télopeptides qui peuvent être dosés dans le sérum. Ces éléments sont considérés comme des indicateurs du catabolisme du collagène. Certains collagènes seront renouvelés rapidement, il s’agit donc de collagènes peu polymérisés. D’autres seront renouvelés en plusieurs mois ou années (ils sont généralement très polymérisés). e) Les types de collagène Lorsque les trois chaînes α sont identiques, la formule est : (α1)3 Lorsque deux chaînes sont identiques et la troisième différente : (α1)2 – α2 Lorsque les trois chaînes sont différentes : α1 – α2 – α3 Certains collagènes vont former des microfibrilles : types I, II, III, V et XI D’autres vont former des réseaux : types IV, VIII et X D’autres vont former des agrégats : types VI et VII Les FACIT sont des collagènes distincts des formes microfibrillaires car ils incluent des portions qui ne sont pas en triple hélice : types IX, XII, XIV, XVI et XIX 3°) La matrice extracellulaire non collagène (substance fondamentale) C’est un milieu très hydraté contenant également des glycoprotéines. Elle sert d’espace de transit pour les substances dissoutes dans la phase aqueuse. En microscopie photonique, la matrice extracellulaire non collagène n’est pas visible. Certains colorants, en se liant à des composés de cette matrice permettent de la visualiser (bleu de toluidine). La matrice extracellulaire non collagène est composée de protéoglycanes, de protéines et de substances dissoutes. a) Les protéoglycanes Ce sont des complexes macromoléculaires associant une protéine porteuse sur laquelle viennent se greffer les glycosaminoglycanes. Les glycosaminoglycanes sont des polymères glucidiques d’unités disaccharidiques. Selon leur composition en glycosaminoglycanes, les matrices sont plus ou moins hydratées et rigides. Sept types d’unités différentes peuvent être impliqués : - acide hyaluronique (plus hydrophile que les autres) - chondroïtine 4S - chondroïtine 6S - Dermatane S - Kératane S - Héparane S - Héparine Ces unités disaccharidiques vont polymériser pour former des chaînes, le plus souvent homogènes, et plus ou moins longues : ♦ 10 à 20 unités disaccharidiques pour les chaînes courtes ♦ 40 à 60 unités pour les chaînes moyennes ♦ 2000 à 2500 unités pour les chaînes longues Les chaînes de glycosaminoglycanes se lient par l’une de leurs extrémités à une protéine porteuse par l’intermédiaire d’un oligosaccharide d’union formé le plus souvent de : GALACTOSE – GALACTOSE – XYLOSE Le xylose de l’oligosaccharide d’union est relié à un acide aminé de type sérine de la protéine porteuse. Chaque protéine porteuse peut fixer 30 à 100 chaînes de glycosaminoglycanes. Certaines protéines porteuses ne sont liées qu’à un seul type de GAG, d’autres peuvent en fixer plusieurs types différents. L’une des extrémités de la protéine porteuse se lie avec l’acide hyaluronique par l’intermédiaire d’une petite protéine de liaison. La synthèse des protéoglycanes se fait dans le réticulum endoplasmique granuleux et dans l’appareil de Golgi. Leur biosynthèse commence par celle de la protéine porteuse. Elle se poursuit par la mise en place des oligosaccharides d’union sur les résidus sérine de la protéine porteuse. La polymérisation des chaînes disaccharidiques de glycosaminoglycanes se fait alors à partir de l’oligosaccharide d’union. Cette synthèse est réalisée sous l’effet d’enzymes très spécifiques. Les protéoglycanes sont synthétisés et dégradés (renouvellement) sous l’action de nombreuses enzymes. L’absence ou l’inactivité d’une de ces enzymes engendre des anomalies dans le métabolisme de ces protéoglycanes avec accumulation dans l’organisme. Exemple : le syndrome de Hurler ou gargoylisme est dû à un déficit enzymatique en iduronidase. b) Fibronectines Elles sont constituées d’un dimère polypeptidique (deux chaînes réunies à l’une des extrémités par deux ponts disulfures). Chaque chaîne comporte des sites de reconnaissance spécifique avec d’autres protéines de la matrice ou avec des récepteurs cellulaires transmembranaires (intégrines). On trouve le long des chaînes de fibronectine des sites de fixation au niveau desquels la chaîne est repliée et on trouve des séquences R-G-D (glycine, acide aspartique, arginine) qui peuvent reconnaître et fixer les intégrines. Les fibronectines peuvent polymériser pour former des microfibrilles (sans striation). c) La phase aqueuse C’est un secteur en équilibre dynamique. L’eau est l’élément quantitativement le plus abondant dans la matrice extracellulaire. Elle joue un rôle majeur dans les échanges métaboliques au sein des tissus conjonctifs. C’est le milieu de diffusion dans lequel les substances dissoutes vont transiter (dans les deux sens). Dans cet espace liquidien (qui constitue le liquide interstitiel), les substances dissoutes se déplacent en fonction des pressions hydrostatiques, oncotiques et osmotiques. Dans la matrice extracellulaire, l’excès ou le déficit d’eau entraîne donc d’importantes perturbations des échanges. B/ Les autres composants Dans les tissus conjonctifs, les composants structuraux constants sont parfois associés à d’autres constituants qui ne sont pas toujours présents dans tous les tissus conjonctifs. La présence de ces constituants peut modifier le métabolisme du tissu conjonctif et ses propriétés et fonctions. Le complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) Tous les individus expriment à la surface de leurs cellules des protéines dont la nature, la constitution chimique, l’organisation et les fonctions sont identiques chez tous les individus d’une même espèce. Ces mêmes individus expriment aussi à la surface de leurs cellules, des protéines différentes et spécifiques d’un individu à l’autre (marquant le soi de l’individu). Ces protéines sont codées par une séquence d’ADN portant le nom de CMH. Chaque individu reconnaît comme étrangères les protéines CMH d’un autre individu. On distingue les protéines CMH de classe I et de classe II. 1°) Les histiocytes – macrophages Ce sont des cellules mononucléées impliquées dans les processus de défense de notre organisme et capables de réaliser la phagocytose (ingestion et dégradation intracellulaires) de substances étrangères ou de déchets de notre organisme. Ces cellules sont originaires de la moelle osseuse où elles se différencient à partir d’une cellule souche. Sous l’influence de divers facteurs de différenciation et de croissance la cellule souche évolue progressivement vers une cellule mature, le monocyte. Le monocyte passe dans la circulation et devient un monocyte circulant. Le monocyte circulant traverse la paroi des vaisseaux et pénètre dans les tissus (conjonctifs) où il prend le nom d’histiocyte. En microscopie photonique, l’aspect morphologique de cette cellule dépend de son niveau d’activité. Lorsqu’il est monocyte circulant, c’est une cellule de 12 à 15 µm de diamètre avec un noyau en forme de haricot (réniforme) et un cytoplasme contenant quelques granulations. Lorsqu’il est macrophage, sa taille peut atteindre 100µm de diamètre et le cytoplasme contient des vacuoles plus ou moins larges. En microscopie électronique, le cytoplasme contient un appareil de Golgi, un RE rugueux, des ribosomes libres, de nombreuses mitochondries, de nombreux lysosomes et des vacuoles dont le nombre et la taille dépendent du degré d’activité. A la surface de la membrane cytoplasmique, l’histiocyte-macrophage exprime des protéines (récepteurs) capables de fixer le fragment Fc des immunoglobulines (anticorps) et des protéines du CMH. La phagocytose est la principale fonction du macrophage. La phagocytose se définit comme la capacité d’une cellule à ingérer dans une vacuole de son cytoplasme des substances ou particules considérées comme étrangères et à les dégrader grâce aux enzymes contenues dans ses lysosomes. Etape 1 : Reconnaissance du matériel à phagocyter. Cette reconnaissance se fait grâce à des récepteurs exprimés à la surface du macrophage. La reconnaissance est suivie par l’établissement d’une liaison entre ces récepteurs et certains sites du matériel. Etape 2 : Formation de la vacuole. La fixation de la particule entraîne des modifications du cytosquelette qui permettent à la cellule d’émettre des prolongements qui viennent progressivement entourer la particule fixée. Etape 3 : Dégradation enzymatique. Les lysosomes du cytoplasme migrent vers le phagosome et fusionnent avec celui-ci. Les enzymes contenues dans le lysosome pénètrent dans le phagosome et dégradent les composants de la particule. La phagocytose est un moyen de défense contre les « agressions » extérieures. Cette activité peut également s’exercer contre certains produits ou déchets de notre propre organisme, y compris vis-à-vis de cellules mortes, sénescentes, anormales. Toute modification est susceptible de ne pas être reconnue par nos propres cellules et entraîner la phagocytose. L’anticorps se fixe sur l’antigène et le complexe est détruit. Le rôle du macrophage dans ce processus se situe à plusieurs niveaux. Le macrophage est capable de phagocyter des matériels porteurs de sites antigéniques, de les isoler ou de les modifier par action de ses enzymes, et de les présenter aux cellules qui synthétisent les anticorps (lymphocytes). 2°) Les lymphocytes La famille des lymphocytes regroupe des cellules mononucléées responsables de la réponse immunitaire. En microscopie photonique, les lymphocytes sont des cellules arrondies de 10 à 12µm de diamètre. En microscopie électronique, les organites intracytoplasmiques (RE granuleux, Golgi, mitochondries) sont peu développés. Deux populations peuvent être distinguées au sein de la famille des lymphocytes : les T et les B lymphocytes. Elles ont la même origine à partir de cellules souches situées dans la moelle osseuse. a) Les T lymphocytes Lorsque les processus de différenciation commencent, la cellule se multiplie et acquiert des caractéristiques générales de lymphocytes. Ces cellules engagées dans la lignée T lymphocytaire migrent par voie sanguine dans le thymus où elles achèvent leur maturation (lymphocytes thymo-dépendants). Au terme d’un processus de sélection cellulaire (apoptose) qui élimine les cellules capables de se lier aux protéines du CMH. Cette différenciation est caractérisée par l’apparition de marqueurs de différenciation CD2 et CD3 communs à tous les T lymphocytes. Les T lymphocytes auxiliaires sont porteurs d’un marqueur spécifique CD4. Ce type est capable de reconnaître les protéines du CMH II. Lorsque ce type de lymphocyte est stimulé, il synthétise les cytokines qui agissent en favorisant la prolifération, la maturation et l’activité des autres cellules impliquées dans la réponse immunitaire (B lymphocytes, plasmocytes, macrophages). Les T lymphocytes cytotoxiques sont porteurs d’un marqueur spécifique CD8. Ce type est capable de reconnaître les protéines du CMH I. Ces lymphocytes sont responsables de la lyse cellulaire. Les lymphocytes T8 synthétisent de la perforine qui vide la cellule infectée. b) Les B lymphocytes Leur différenciation et leur maturation se fait entièrement dans la moelle osseuse. Le B lymphocyte acquiert à sa surface des récepteurs spécifiques capables de reconnaître et de se lier à un type d’antigène. Ce récepteur fixé dans la membrane est du même type que les anticorps. Lorsqu’un B lymphocyte fixe à sa surface l’antigène correspondant, il s’active et se transforme en immunoblaste B puis en plasmocyte. C’est le plasmocyte qui synthétise les anticorps spécifiques de l’antigène. 3°) Les plasmocytes Ils représentent le dernier stade de maturation des B lymphocytes stimulés par des antigènes. La chromatine est à disposition périphérique. Le cytoplasme est large. La zone juxta-nucléaire est l’archoplasme (zone de Golgi en MET). La chromatine est périphérique. La réaction immunitaire Si l’antigène est exogène, il s’agit d’une substance étrangère à l’organisme. Lorsqu’un B lymphocyte rencontre ce type d’antigène et qu’il possède le récepteur correspondant, il fixe puis phagocyte cet antigène. Les produits de dégradation sont le plus souvent représentés par de petits peptides. Ces petits fragments protéiques peuvent être considérés comme de nouveaux antigènes et sont fixés sur les protéines du CMH II présentes à la face interne de la vésicule de phagocytose. La vésicule migre alors vers la surface de la cellule et migre avec la membrane plasmique. Les antigènes liés aux protéines du CMH II sont alors exprimés à la surface du B lymphocyte ce qui stimule les T lymphocytes auxiliaires. Le T lymphocyte auxiliaire peut reconnaître les protéines du CMH II de son propre organisme, mais quand ces protéines sont associées à un antigène, la capacité de reconnaissance est modifiée et le T lymphocyte se lie avec la cellule de présentation de l’antigène. Les T lymphocytes sécrètent des cytokines qui stimulent le B lymphocyte qui prolifère et se différencie en plasmocyte. Les anticorps se fixent sur les antigènes et le complexe est phagocyté. Si l’antigène est endogène, ce peut être une protéine anormale ou une cellule infectée par un virus associée aux protéines du CMH I. Lorsqu’une cellule possède à sa surface une protéine ou un fragment de protéine endogène associée aux protéines du CMH I, elle est reconnue comme étrangère par les T lymphocytes cytotoxiques qui se lient à cette cellule et la détruisent. 4°) Les mastocytes Ce sont des cellules peu abondantes dans l’organisme, ovoïdes, mononucléées et présentes de façon habituellement dispersée. En microscopie photonique, on voit dans le cytoplasme de très nombreuses granulations arrondies, de densité et de taille variable, très chromatiques et présentant une métachromasie avec les colorants bleus basiques. En microscopie électronique, ces granulations apparaissent très hétérogènes dans leur forme et dans leur contenu. Les mastocytes contiennent : - de l’héparine et de l’acide hyaluronique (glycosaminoglycanes responsables de la métachromasie) - de l’histamine - des enzymes protéolytiques Ils synthétisent également de nombreuses cytokines. Les mastocytes expriment à la surface extérieure de leur membrane cytoplasmique des récepteurs au fragment Fc des immunoglobulines de type E. L’activité des mastocytes se traduit par la libération du contenu de ses grains dans l’espace péricellulaire. Cela entraîne leur dégranulation. Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de cette dégranulation : - exposition excessive à la chaleur, aux rayonnements ultraviolets, aux rayonnements X et à certains produits chimiques - certains antigènes (allergènes) sont capables de stimuler la production des IgE qui se lient aux récepteurs des mastocytes ; la fixation de l’allergène sur l’IgE correspondante entraîne la libération du contenu des grains et les facteurs de type cytokine ; il en résulte une vasodilatation locale, un afflux d’éosinophiles et un effet anticoagulant local - lorsque les mastocytes sont en très grand nombre dans un tissu, leur dégranulation brutale et simultanée peut être à l’origine d’une réaction allergique (asthme) 5°) Les adipocytes et les tissus adipeux L’adipocyte est une cellule dont la fonction est de synthétiser, de stocker et de relarguer les lipides. Il existe deux types d’adipocytes correspondant à deux types de tissu adipeux ou graisses : les adipocytes blancs et les adipocytes bruns. a) L’adipocyte blanc C’est une cellule sphérique, très volumineuse de 100µm de diamètre, caractérisée par une vacuole lipidique qui occupe presque la totalité du volume de la cellule. Le noyau est refoulé en périphérie, aplati et plaqué contre la membrane plasmique. Le cytoplasme est réduit à une fine couronne. Il contient un appareil de Golgi, du RE lisse, du RE granuleux et des mitochondries. Les techniques histologiques usuelles de préparation entraînent la dissolution des graisses ce qui explique que la vacuole apparaît optiquement vide. L’adipocyte est capable de faire la synthèse des lipides à partir d’acides gras. Le stockage des lipides dans la vacuole de l’adipocyte se fait sous forme de triglycérides associés à un pigment caroténoïde (jaunâtre). L’hydrolyse des triglycérides se fait par deux lipases. Les lipases sont présentent de façon inactive et sont activées par l’adrénaline et la noradrénaline. L’adipocyte blanc est aussi une cellule endocrine et auto/paracrine. Il sécrète la leptine qui se comporte comme une hormone de la satiété par une action au niveau hypothalamique. Les adipocytes peuvent se présenter sous forme isolée mais dans le tissu adipeux ils sont regroupés en formant des lobules. b) L’adipocyte brun Il se rencontre essentiellement chez les mammifères hibernants. Dans l’espèce humaine, il n’est présent que chez le fœtus et le nouveau-né. L’adipocyte brun se caractérise par un noyau central, un cytoplasme rempli de petites vacuoles serrées les unes contre les autres, et de nombreuses mitochondries. L’adipocyte brun est fortement impliqué dans les mécanismes de thermorégulation. 6°) Les fibres élastiques et les tissus élastiques Les fibres élastiques se caractérisent par leur capacité d’allongement (jusqu’à 50% de leur longueur), avec retour sans dommage à leur position d’équilibre lorsque les forces de traction cessent. Si l’étirement dépasse 50% de la longueur, il y a un risque de déchirement, et les fibres élastiques ne se réparent pas. Elles sont très résistantes à la chaleur, aux acides et aux enzymes. Elles sont spécifiquement dégradées par l’élastase. L’élastase est sécrétée par les macrophages et par certaines cellules de l’utérus. Elles sont électivement colorées par l’orcéine (en brun rouge). Leur regroupement se fait sous forme de lames épaisses. L’élastine est le principal constituant de la fibre élastique. Les molécules (tropoélastine) polymérisent en formant des liaisons covalentes grâce à la lysyl oxydase et son cofacteur, le cuivre. On trouve des tissus élastiques dans les vaisseaux près du cœur, dans la paroi de l’appareil respiratoire, dans le derme, et dans certains ligaments. 7°) Les fibres de réticuline et le tissu réticulaire (ou réticulé) Le tissu réticulaire constitue le tissu conjonctif ou stroma de certains organes hématopoïétiques (ganglions lymphatiques, rate, moelle osseuse). Il est constitué de fibres de réticuline, colorées en brun-noir par les sels d’argent. Les fibres de réticuline dorment un réseau dans lequel circulent les cellules en formation (moelle osseuse). Les fibres de réticuline sont composées de microfibrilles de collagène de type III, associées à des chaînes glucidiques (galactose, mannose, fucose) et des lipides. III) Histologie des tissus conjonctifs A/ Evolution des tissus conjonctifs Les tissus conjonctifs ne sont pas des structures figées ou statiques. Ils subissent des variations en fonction de facteurs évolutifs, hormonaux, mécaniques et environnementaux. Au cours du vieillissement, le tissu conjonctif se modifie. Chez l’adulte puis chez le sujet âgé, la matrice extracellulaire non collagène se déshydrate progressivement. Les échanges se font moins bien. Il en résulte une diminution du renouvellement de cette matrice conjonctive qui devient de plus en plus fibreuse (et les microfibrilles de collagène de plus en plus polymérisées). De nombreux facteurs hormonaux et vitaminiques modifient l’aspect des tissus conjonctifs. Certaines hormones stimulent les synthèses protéiques de collagène et de protéoglycanes alors que d’autres freinent ou inhibent ces synthèses. B/ Principales fonctions des tissus conjonctifs Ils ont un rôle de soutien. Ils ont un rôle dans la formation de la lymphe. La lymphe est un liquide de drainage provenant de la filtration du liquide interstitiel à travers les parois des vaisseaux lymphatiques. Elle circule lentement, de façon constante et unidirectionnelle. Ils ont un rôle nutritionnel. Le tissu conjonctif contient effet des adipocytes qui sont des réservoirs énergétiques. Les tissus conjonctifs communs sont situés entre les cellules des organes ou des épithéliums et les vaisseaux sanguins. Tous les échanges entre ces deux secteurs passeront nécessairement par le tissu conjonctif. Ils ont un rôle dans la défense de l’organisme (macrophages, cellules du système immunitaire). C/ Les membranes basales Ce sont de fines structures associées à certaines cellules (musculaires, neurones, …) qui séparent le pôle basal des épithéliums et le chorion. Autour des cellules musculaires elles portent le nom d’endomysium et autour des neurones on parle d’endonèvre. En microscopie photonique elles sont visibles avec certains colorants comme le PAS (réactif de Schiff). En microscopie électronique elles apparaissent constituées de trois zones : - lame interne (lamina ou lucida) en contact avec la membrane plasmique du pôle basal - lame centrale (lamina densa) - lame réticulée (lamina reticulata) plus épaisse, comportant des myofibrilles On réserve parfois la dénomination de lame basale aux deux premières couches. La membrane basale mesure 10nm à 1µm. Les membranes basales contiennent du collagène de type IV [(α1 IV)2 – α2 IV] situé dans la lame dense. Ce collagène est très glycosylé. Il possède des séquences non enroulées en triple hélice qui lui confèrent sa relative flexibilité. L’association des molécules se fait sous forme de tétramères, elles sont réunies par leurs extrémités N-terminales. Ces tétramères s’associent entre eux par leurs extrémités Cterminales, à l’origine d’un véritable réseau. La laminine est une protéine hétérotrimère αβγ (3 chaînes peptidiques différentes, reliées entre elles par des ponts disulfures) disposée en croix asymétrique avec un bras long de 76nm et trois bras courts de 35nm, les bras étant terminés par des portions globuleuses. La laminine possède des sites de fixation pour le collagène de type IV, l’héparane et la membrane cytoplasmique du pôle basal des cellules épithéliales (qui expriment des récepteurs spécifiques de type intégrine). La membrane jour un rôle : - dans la filtration sélective - dans l’accrochage des épithéliums au chorion - dans la réparation des épithéliums et des tissus