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CHAP. VIII A L’OUEST , UNE EUROPE EN CONSTRUCTION (1945- fin des années 80)
L’idée d’une unification de l’Europe est ancienne. D’abord elle fût réalisée par différents impérialismes, par la force
(ex : Rome, Napoléon, Hitler). Mais progressivement, une unification libre des nations s’est réalisée après la 2e GM,
d’abord à l’Ouest.
Doc p. 151 : à l’origine, cette construction a pour but de bâtir une paix durable et de retrouver la prospérité dans les
démocraties libérales de l’Europe de l’Ouest. Cette volonté politique débouche sur une construction progressive, par
étapes, aboutissant à une intégration limitée à l’économie, les Etats ne parvenant pas à se mettre d’accord dans les
autres domaines. La construction européenne est irrégulière (cf chrono p. 150) : elle alterne avancées et blocages.
Pb : Comment la construction européenne participe-t-elle au relèvement de l’Europe de l’Ouest ? Dans quelle
mesure les objectifs initiaux évoluent-ils ?
I- 1945-1954 : les débuts de la construction
1) Un contexte favorable
Au lendemain de la guerre, les initiatives se développent pour reconstruire une Europe ruinée sur de nouvelles bases.
Réconcilier les pays européens pour imposer la paix. Doc 4 p. 155 : L’idée d’une Europe unie réapparaît dans le
milieu des résistants, à la fin de la guerre. La prise de conscience du cataclysme occasionné et la nécessité de
retrouver une stabilité politique et économique font naître l’idée d’une fédération européenne (association d’Etats
partageant leur souveraineté et la déléguant à un gouvernement commun), remettant en cause le modèle de l’Etat-nation (cf P.
154). Cette idée est portée par un certain nombre d’hommes cf 1 p. 158, issus pour la plupart de la démocratie
chrétienne (courant politique qui cherche à promouvoir, dans une société démocratique et pluraliste, une politique conforme au
message de l’Eglise chrétienne. Il représente une 3e voie entre socialisme et capitalisme). Ces « pères fondateurs », tels les
français Jean Monnet et Robert Schuman, l’italien Alcide de Gasperi ou l’allemand Konrad Adenauer, jouent un rôle
décisif.
Ce processus est aussi une réponse à la menace soviétique (expansionnisme vers l’ouest), dans un contexte de mise
en place de la guerre froide (doctrine Truman, plan Marshall et doctrine Jdanov). Cf 1 p. 152 et 2 p. 155 : ainsi
l’Europe de l’Ouest est intégrée au camp libéral grâce au plan Marshall, les pays acceptant cette aide devant se
regrouper au sein de l’OECE (organisation européenne de coopération économique) pour se répartir l’aide et coordonner
leurs politiques. Ainsi, le rapprochement des pays d’Europe occidentale se met en place d’abord sous l’impulsion des
Etats-Unis. 2) Les débuts d’une coopération économique
Le rapprochement des pays européens se concrétise d’abord dans le domaine économique.
La mise en place d’un libéralisme original. La construction s’engage dans une Europe qui s’affirme comme libérale
mais ce libéralisme est original car il repose sur un interventionnisme de l’Etat (ex de la France) : nationalisations
d’après-guerre d’où un accroissement du secteur public, planification, Etat-providence cf 6 p. 163… C’est donc un
libéralisme tempéré par l’action de l’Etat.
La 1ère étape : la création de la CECA (communauté européenne du charbon et de l’acier). Ce sont les français J. Monnet et
R. Schuman qui sont à l’origine de ce projet. Doc 5 p. 155 : en mai 1950, ils proposent une intégration à partir de 2
secteurs économiques stratégiques pour la reconstruction (charbon et acier). Ces derniers seraient désormais gérés par
un organisme supranational. La supranationalité est une théorie qui suppose l’existence d’institutions européennes placées au
dessus des institutions nationales et dont les décisions s’imposent à chaque Etat-membre. Cette proposition, d’abord limitée au
couple franco-allemand, aboutit en avril 1951 au traité de Paris instaurant la CECA. Ce traité est signé par les 6 Etats
qui se sont ralliés au projet : France, RFA, Italie, Belgique, Pays Bas, Luxembourg. Il établit la libre-circulation des
produits sidérurgiques et du charbon. Il accélère la réconciliation franco-allemande, couple porteur de la construction.
C’est la 1ère initiative vraiment européenne.
3) Les impasses d’une Europe politique et militaire
Peu de temps après la mise en place de l’OTAN (1949), le déclenchement de la guerre de Corée (juin 1950) ainsi que
l’incitation des EU incite les Européens à chercher à créer une défense commune.
Le traité instituant la CED est signé en 1952. La Communauté européenne de défense (CED) est inspirée du plan
Pleven (a occupé différents ministères) qui prévoit une structure militaire rassemblant les forces armées européennes,
y compris de la RFA, sous l’autorité d’une organisation supranationale. Le traité est signé par les gouvernements des
6 en 1952 mais il doit encore être ratifié par les parlements nationaux.
L’échec de la CED. En France, le traité suscite de vifs débats parlementaires : les communistes (cf 4 p. 159 : qui y
voient la possibilité d’une renaissance du militarisme allemand, sous l’impulsion du Kominform) et les gaullistes
(hostiles à la perte de souveraineté) constituent une majorité négative. En août 1954, le traité est rejeté par le
parlement français. La RFA est néanmoins intégrée à l’OTAN en 1955. L’échec de la CED marque le 1er coup d’arrêt
à la construction politique européenne. La question militaire est pour longtemps écartée de l’intégration européenne :
seule l’Europe économique semble réalisable.