Jusqu’à cette stridente petite musique.
Dans un premier temps je n’y fis pas attention.
Il s’agissait d’une simple sonnerie de téléphone, comme on peut en entendre tous les jours,
toutes les heures, trop souvent.
Mais celle-ci, particulièrement sonore, persistait.
Si bien qu’au bout d’un temps, j’ai tourné la tête, afin de détecter le propriétaire du portable,
et de lui lancer un de ces regards courtois, mais perçant, en signe d’agacement.
L’assourdissante ritournelle provenait d’un sac à main, que la coupable vidait frénétiquement,
rouge à lèvres et poudrier dans une main, trousseau de clé dans une autre, à la recherche
désespérée de son précieux, qui s’excitait de plus belle.
Bien, l’affaire a l’air de suivre son cours ;
Elle va le trouver, l’éteindre, et s’affaisser légèrement dans son siège pour se faire oublier des
autres passagers.
Je retourne à mon chapitre.
Il n’en fut rien:
« -Oui, allô, ah c’est toi! Non, non, tu me déranges pas, je suis dans le bus-là ».
Au moins, elle l’a remarqué…
« – Tu vas bien dis ? … mmm.. ah oui, ah ben oui… M’enfin dis, il va pas commencer non
plus! »
Probablement dure de la feuille, Madame y mettait du coffre.
Ou bien voulait-elle faire profiter tout le 95 de son captivant dialogue?
(Dans ce cas, je lui aurais suggéré de mettre le haut parleur. Bah, tant qu’on y est…)
Bizarrement, une retenue bienséante m’empêchait d’interrompre la commère pour lui
demander de mettre la sourdine.