France sont originaires de la région de Kayes, au nord-ouest du pays ; aux Etats-Unis, entre 50% à 60% des
immigrés mexicains proviennent d’un nombre restreint d’Etats situés au centre du pays). Alors que le niveau
de développement de ces régions est comparable à celui d’autres régions voisines.
Le peintre espagnol Miquel Barcelo, vivant au Mali, exprime sa révolte devant les inégalités entre le Nord et
le Sud : « Les choses les plus atroces sont peut-être les moins spectaculaires, comme par exemple la façon
dont l’occident écrase le tiers-monde entre la Banque mondiale, les crédits et le contrôle des matières
premières des pays les plus pauvres du monde. C’est une situation plus cruelle que le colonialisme. Au
moins, durant le colonialisme, les pays du Nord se sentaient obligés de construire des routes et des écoles.
Maintenant ils n’ont aucune obligation. ». Ce qui nous montre bien que les pays du Nord cherchent à
s’enrichir sans tenir compte des pays les plus pauvres.
Le meilleur exemple pour illustrer ses propos sont les agrocarburants (appelés « Essences de la faim »),
même si ce type de carburant ne représente que 2% de la consommation mondiale, la concurrence qu’il
exerce vis-à-vis des usages alimentaires suffit déjà à pousser les prix agricoles vers les sommets. De telles
hausses, si elles étaient progressives et maîtrisées, n’auraient pas cependant que des effets négatifs mais
l’évolution comparée des prix agricoles et des prix des produits manufacturés exportés par les pays
développés se sont dégradés. Le pouvoir d’achat dégagé par les produits agricoles des pays en
développement a été divisé par trois en trente ans. Cette chute a beaucoup contribué à enfoncer de nombreux
pays du Sud, notamment sur le plan de leur dette extérieure. Aussi, la « déforestation sauvage » qui a pour
but de produire la matière première des agrocarburants, a déjà provoqué un désordre écologique majeur en
Indonésie et en Malaisie.
Des impacts similaires à travers l’histoire :
Au début du XXème siècle, les flux économiques s’intensifient entre les Etats. Loin d’entraîner un
développement pour tous, ils renforcent les forts et affaiblissent les faibles.
L’économie reposait sur le charbon et les produits bruts (deux tiers des échanges, aujourd’hui un tiers). Ils
étaient exploités très majoritairement sur le territoire même de quelques pays riches (Grande Bretagne,
Allemagne, France, Etats-Unis). Ce qui n’empêchait pas ces mêmes pays de tenir en tutelle, directe ou
indirecte, économiquement et politiquement, la plupart du reste du monde.
Une similitude frappante, à un siècle de distance : l’intensification des échanges de biens, de services et de
capitaux, ainsi que la multiplication des nouveaux moyens de transport et de communication ne diffusaient
pas directement le développement. Au contraire, ils avaient tendance à renforcer les forts et à affaiblir les
faibles. Seuls certains pays parvenaient à faire du commerce international un tremplin du développement,
mais dans des conditions particulières ; c’est le cas notamment des pays peu peuplés et ayant une forte
immigration européenne.
Autour de 1900, les flux sont en grande augmentation : les exportations de marchandises sont multipliées
par quatre depuis 30 ans et augmentent particulièrement vite au début du XXème siècle. Mais ces flux
commerciaux sont très focalisés. Les riches échangent d’abord entre eux. Selon Paul Bairoch, les
exportations européennes vers les pays soumis (colonisés ou non), ne comptent que pour 3% de la
production du continent.
L’Europe occidentale est de très loin le premier investisseur avec 90% des capitaux investis à l’étranger. Ces
investissements génèrent parfois une forme plus aiguë de dépendance. En effet, de nombreux pays qui
tentent de se développer empruntent parfois à des taux prohibitifs (20% pour les prêts à court terme accordés
dans les années 1870 à l’Empire ottoman par exemple) ; ils connaissent des blocages structurels et
institutionnels ; ils sont coincés et contraints de laisser des groupes bancaires européens contrôler leurs
ressources fiscales, quand ce n’est pas tout le budget. Les pays créanciers n’hésitent pas à user de la manière
forte pour mettre ces pays sous tutelle.