Ce jeune homme était agile, et le meilleur des chevaliers, il égalait son père en force et
même le surpassait. Il acquit beaucoup de domaines, et réalisa des exploits audacieux et
téméraires.
Dans sa jeunesse, quand une dame noble d’un certain age, -sa marraine- et un habitant du
Gâtinais, furent faussement accusés d'adultère par les ennemis de la dame, qui voulaient
(en prétextant son « crime ») la déposséder de ses biens, il défendit et libéra cette femme en
attaquant résolument son accusateur. Cet acte là le fit aimer tendrement de toute sa famille,
et de tous les nobles qui déploraient un tel affront envers une si noble dame. Ainsi ses terres
se virent elles augmenter autour du château paternel de Chateau-Landon.
Le roi lui donna alors, la vicomté de la ville d'Orléans pour en percevoir les revenus. Plus
tard, devenu le représentant du roi à Tours, il défendit vigoureusement la région contre les
Normands. Deux nobles et prêtres de Tours, Adalaudus et Raino, deux frères de noble
naissance, citoyens d'Orléans, donnèrent à Ingelger, homme de devoir juste et avisé, leur
nièce Aelindis comme épouse, elle reçut d’eux en dot leurs propres domaines avec la
permission du roi et des nobles, biens qu’ils avaient reçu en héritage légitime dans les
environs de Tours et d’Orléans. Leur domaine héréditaire était à Amboise, une petite ville
que jouxtaient les ruines d'un vieux château au sommet d’une colline. Celui-ci avait été
détruit à l’époque par les Normands.
A la demande de ces prêtres, Louis fit reconstruire et fortifier le château pour Ingelgerius.
Ils obtinrent aussi pour lui, la moitié du comté de la ville d’Angers, parce qu'il y avait un autre
comte en Anjou, de l’autre côté de la Mayenne. Mais chaque partie de ce territoire, souffrant
les attaques tantôt des Normands, tantôt des Bretons, avait été réduite à une grande terre en
friche, autour de la ville. Comme le roi et les deux évêques, et les autres prêtres de France
sommés par le roi de mettre une garnison dans la ville, n’en pouvaient plus de défendre
Angers, Ingelger, en la force duquel ils croyaient, prit les armes contre les pillards afin de
défendre la ville et sa région. Il fut fait Comte. Il ne fit rien de moins que ce qui avait été
espéré de lui, mena beaucoup de guerres et remporta de grandes victoires sur l'ennemi.
Pendant longtemps, tant qu’ il vécut, il contint les ardeurs de ceux qui voulaient agrandir
leurs terres, et restaura la paix en Anjou, excepté dans la région d’outre - Mayenne. Il confia
Amboise à Robert, fils de Haimo, un homme puissant qui lui était fidèle. Cet homme
possédait une partie de la forteresse par droit héréditaire, et devint l’homme lige d'Ingelger.
A cette époque Ingelger mourut, et son fils Foulques, surnommé le Rouge, lui succéda. Il
accomplit des exploits qui étaient à l'image de ceux de son père, et même plus grands
encore, contre leurs ennemis.
De Foulques le Roux
A la mort de son père, au temps du Roi Louis le Fainéant, le duc Hugues de Bourgogne fut
nommé et choisi par le conseil commun des Francs pour être le gardien de Charles, fils de
Louis. Celui-ci était toujours en tutelle et incapable de régner sur le royaume, et Louis lui-
même était affaibli par maladie.