Selon ce qui a été dit tout à l’heure, l’éthique au sein du couple pourrait donc se résumer à
vouloir pour son conjoint, et faire pour lui, le bien qu’on veut pour soi-même et ne pas vouloir
pour son conjoint, donc ne pas lui faire, ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous fasse.
D8 : quelques conditions d’une pratique éthique au sein du couple
A partir du moment où l’on considère que la pratique de l’éthique constitue le socle du travail
de perfectionnement de l’humanité en l’homme, cela signifie que ce travail d’ordre éthique au
sein du couple ne peut généralement pas se réduire à la seule pratique plus ou moins intuitive
de quelques principes hérités de l’éducation, mais qu’il doit faire, et peut faire, l’objet d’une
attention plus soutenue. Sinon, le risque, c’est de voir la routine ravager peu à peu même les
bonnes dispositions éthiques de départ. C’est un processus qu’il s’agit d’installer
progressivement en soi.
Je donnerai quelques illustrations de ce travail éthique dans le cadre de la vie familiale, mais il
paraîtra je crois évident que les conditions ici énoncées sont valables de manière générale
dans tous les contextes de la vie sociale.
Dans le modèle d’Elahi, pour avoir l’efficacité maximale, c’est-à-dire pour favoriser au mieux
le développement de l’humanité en l’homme, cette pratique de l’éthique doit répondre à
quelques conditions parmi lesquelles :
La nature de l’intention. L’intention doit être d’accomplir ce travail éthique avec son
conjoint en ayant pour ligne d’horizon, ce qu’on pourrait appeler la noblesse d’âme,
autre manière d’appeler ce qui est transcendant en nous. Pour se diriger vers cet
horizon il s’agit d’apprendre à agir de manière désintéressée.
Par ailleurs, l’intention ne doit pas être de corriger l’éthique du conjoint, mais sa
propre éthique. Or, l’expérience montre que le glissement, pour ne pas dire le
plongeon, de l’un à l’autre est facile et fréquent.
l’itérativité : pour qu’un principe éthique devienne une seconde nature, une vertu, il
s’agit de le pratiquer sur le long terme. Supposons que dans un couple, l’un des
conjoints ait une tendance, plus ou moins consciente, à faire des remarques qui
rabaissent ou blessent l’autre. Ce n’est pas en se forçant une seule fois à ne pas le faire
qu’il parviendra à vaincre en lui cette tendance installée, mais en s’y efforçant
longuement, avec probablement un certain nombre d’échecs à la clé.
l’intégralité : quand on décide de pratiquer un principe éthique envers son conjoint, et
qu’on fait des efforts pour ça, il arrive à certains moments que ses réactions génèrent
en nous une forme d’amertume. Il s’agit d’accepter, et même d’avaler, cette réaction
comme partie intégrante du travail éthique.
Supposons par exemple qu’ayant découvert, par hasard, que mon conjoint a une
activité professionnelle, ou une retraite, aussi prenante, voire plus, que la mienne, je
décide de m’efforcer à participer plus aux travaux ménagers pour le soulager. Il est
probable qu’au début, j’aurai tendance à le faire remarquer à mon partenaire et à
rechercher ses remerciements pour la moindre poubelle descendue ou le moindre
passage d’aspirateur. Et il est fort possible qu’il y a bien des cas où mon attente sera
totalement ignorée. Je ne dois pas m’en offusquer et poursuivre mes efforts si je
souhaite développer mon altruisme et mon sens de l’équité, car derrière cet exemple
un peu trivial, c’est bien quelque chose de cet ordre qui se joue.