Conseil mondial pour la Nature
(World Council for Nature)
Communiqué 30 avril 2015
Eolien : le grand carnage que l’on cache aux Français
Selon l’ADEME (France) chaque éolienne ne tue en moyenne qu’entre 0,4 et 1,2
oiseaux par an.
Aux Etats Unis, les chiffres récents : 573.000 oiseaux et 888.000 chauves-souris par an, soit
près de 15 oiseaux et 23 chauves-souris par éolienne. Cela fait de 12 à 37 fois plus que
les estimations de l’ADEME.
En Allemagne, l’ornithologue Bernd Koop avait estimé la mortalité annuelle entre 60.000 et
100.000 oiseaux par Gigawatt de capacité éolienne installée,soit environ 100 fois plus que
ce qu’affirme l’ADEME.
Espagne : Ayant fait une requête basée sur le droit à l’information en matière
environnementale (Convention d’Aarhus), la SEO (Sociedad Española de Ornitología). a
obtenu les copies de 136 études de suivi de centrales éoliennes, études que le
gouvernement espagnol avait archivées sans les publier. Après les avoir analysées, ses
chercheurs ont estimé la mortalité suivante: les 18.000 éoliennes d’Espagne tueraient en
moyenne entre 6 et 18 millions d’oiseaux et de chauves-souris par an. Cela reviendrait à une
mortalité de 100 à 300 oiseaux et 200 à 600 chauves-souris par éolienne et par an.
Ces chiffres rejoignent les premières estimations d’il y a une vingtaine d’années. par an
atteignaient 309 en Allemagne et 895 en Suède” On est donc extrêmement loin des 0,4 à
1,2 oiseaux de l’ADEME.
Que s’est-il donc passé entre 1993 et 2015?
De puissants intérêts politico-financiers se sont entendus pour tromper notre perception de
la mortalité due aux éoliennes. Pour réussir cette mystification, il était essentiel d’obtenir la
coopération des ONG ornithologiques à coup de donations et de contrats multiples: études
d’impact, suivis sur la mortalité avienne une fois le projet construit, études ornithologiques
variées… L’industrie éolienne est rapidement devenue le principal employeur
d’ornithologues de l’Union européenne.
En Espagne, Iberdrola (équivalent à EDF) et Banco Triodos (la banque des énergies
renouvelables) faisaient des donations à SEO-Birdlife s’élevant à près de 25% de son
budget. C’est du reste cela qui a causé un mouvement de dissension parmi ses
adhérents, mouvement qui s’est finalement traduit par le départ du Directeur général,
Alejandro Sánchez, en 2010 (5). Moins de deux années plus tard, cette société
ornithologique publiait la vérité sur la mortalité éolienne en Espagne (3). Ce rapport n’a été ni
publié, ni même mentionné par les autres sociétés ornithologiques dans les pays où l’éolien
domine la politique énergétique. Quelle meilleure preuve pourrait-on donner de la
collusion qui existe entre intérêts éoliens et ornithologie?
Une moyenne de 200 oiseaux morts par éolienne et par an, ce n’est pourtant pas
exagéré: cela fait moins d’un oiseau par 24h.
Or il faut savoir que la plupart des oiseaux migrateurs (les passereaux) effectuent les
longs déplacements de nuit, pour éviter la surchauffe corporelle (ils battent des ailes très
rapidement tout au long du voyage). Et les nuits sans lune, ils ne voient des éoliennes que le
feu de position de la nacelle, tandis les pales fauchent l'air dans l’obscurité jusqu’à 30, 40 ou
50 mètres tout autour…
Mais il n’y a pas que des accidents de nuit, d’autant que beaucoup d’espèces ailées sont
attirées par les éoliennes. Ceci met leur vie en danger, car les pales atteignent des
vitesses de près de 300 km/h à leur extrémité. Il s’agit d’abord des hirondelles, martinets et
autres oiseaux qui chassent les insectes, eux-mêmes attirés par les éoliennes, a constaté le
professeur Ahlén. Il s’agit aussi des rapaces, attirés par les oiseaux morts ou blessés qui
gisent sous les éoliennes, ou par les mulots et lapins qui vivent à leurs pieds. Ces rongeurs
trouvent en effet de quoi se nourrir dans ces espaces ouverts où poussent les graminées;
d’autre part, la terre rendue meuble par les travaux de fondation leur permet de creuser leurs
terriers plus facilement Perchés sur les pales à l’arrêt ou sur les nacelles, les rapaces ont
une vue dominante sur cet exceptionnel territoire de chasse. Et comme les éoliennes se
voient de très loin, ceux d’entre eux qui ont déjà chassé avec succès parmi ces machines
sont bien entendu attirés par elles, car elles sont devenues pour ces oiseaux un indice
annonçant une chasse fructueuse. Et plus ils fréquentent les sites éoliens, plus ils ont de
chances de se faire frapper par une pale, dont ils jugent mal la vitesse.
D’ailleurs, nous les humains ne sommes guère plus perspicaces : qui aurait dit à vue
d'oeil qu’une pale d’éolienne tourne à près de 300km/h en son extrémité? (par vents de 45
km/h ou davantage). Il faut prendre un papier et un crayon pour le découvrir… Voici ce que
cela donne pour une ENERCON de 2,3 MW, modèle E-70: 71m (diamètre) x 3,14 =
circonférence de 223m x 21,5 révolutions par minute (vents >45
km/h) = 4.794m parcourus par la pointe de chaque pale en une minute x 60 minutes =
287.640m parcourus en une heure, soit 287km/h. Il est peu étonnant, par conséquent,
qu’autant d’oiseaux de toutes sortes se fassent surprendre, et tuer (ou grièvement blesser).
Les rapaces, en particulier, sont décimés par les éoliennes. Or il faut savoir que
ces oiseaux de proie sont très utiles pour contrôler certaines populations d’animaux (rats et
mulots, pilleurs de nids comme les pies, les corbeaux etc.). Ils éliminent aussi les animaux
malades ou morts, évitant des épidémies et contribuant ainsi à la bonne santé de
nombreuses espèces. Leur rôle est important pour le maintien des équilibres naturels, de la
biodiversité et des écosystèmes.
Or une toute nouvelle étude approuvée par des pairs avertit que les éoliennes sont en
partie responsables de la disparition de certaines espèces de rapaces dans le sud de
l'Europe. L'une d'elles, le Vautour percnoptère, voit sa population d'adultes reproducteurs
décliner de 3-4% par an (8). Or ces spectaculaires “voiliers” sont déjà très peu nombreux en
Europe, où l'on dépense des millions pour les protéger ou même les réintroduire.
La réalité contraste donc avec les multiples études d'impact où l'on lit très souvent que
les rapaces "évitent" les éoliennes. Il y a là une tromperie éhontée. D’ailleurs, s’ils les
évitaient, pourquoi seraient-ils tués en si grand nombre ?
La déferlante éolienne est facilitée par de considérables apports de fonds publics,
provenant (en France) d’une taxe de 15% sur les factures d’électricité (CSPE). Ces milliards
d’euros permettent d’aplanir tous les obstacles, de passer outre toutes les législations de
protection de la nature. Parcs naturels régionaux, routes de migrations des oiseaux et
des chauves-souris, territoires vitaux d’espèces prioritaires en danger d’extinction
(comme le sont par exemple en France les aigles de Bonelli), rien ne leur résiste.
A peu près tous les ornithologues se taisent, et la voix de ceux qui se risquent à parler
est étouffée par le brouhaha de la propagande pro-éolienne. On n’entend qu’un seul son de
cloche: celui des bureaux d'études, dont le ton est donné par les promoteurs qui les
emploient.
Les préfets, qui donnent le feu vert aux projets éoliens, et les fonctionnaires qui
étudient les dossiers, ont rarement d’autres données sous la main que l'étude d’impact
préparée pas ces consultants si peu objectifs. J’en ai lu une bonne centaine au cours de ces
12 dernières années, et aucune ne concluait que l’impact sur l’environnement serait
inacceptable, même lorsque le projet devait être implanté dans une réserve naturelle
protégée, ou menaçait une espèce en danger d’extinction. Aucune d’entre elles n’était
honnête, sans oublis ni erreurs, exempte de manipulations.
Pour faire «passer» les projets éoliens à très fort impact sur les espèces protégées,
les consultants suggèrent en général d'appliquer certains procédés visant à la réduction des
risques, ou encore ils proposent des formules de «compensation» pour la faune sauvage.
Mais il faut savoir qu’aucun de ces procédés, aucune de ces formules n’a prouvé son
efficacité, bien au contraire. Le président de la LPO lui-même l’a reconnu.
Dans certains pays, dont les Etats Unis, l’Etat délivre maintenant des permis aux
propriétaires d’éoliennes afin que leurs machines puissent continuer à massacrer des
espèces protégées sans qu’ils puissent être inquiétés par la Justice. Ces impopulaires
«take permits» (permis de "prélèvement"). Or les USA, pionniers de l’éolien, ont plus de 30
ans d’expérience dans ce domaine: ils ont tout essayé pour
réduire la mortalité.
Autre exemple : une mesure souvent proposée pour réduire la mortalité des chauves-
souris est de ne laisser tourner les pales que lorsque la vitesse du vent dépasse les 6 mètres
par seconde (22 kmh).
Première constatation : la réduction promise de 90% de la mortalité n’a pas été
vérifiée. Aucune centrale éolienne n’a mis cette mesure en pratique et n’en a publié les
résultats.
Deuxième constatation : on néglige les 10% (ou 20, 30, ou 50%?) de mortalité
résiduelle comme s’il était acceptable de tuer de 1,2 millions (ou 6 millions?) de
chauves-souris par an au lieu de 12 millions (chiffres applicables à l’Espagne, et
bientôt à la France).
Troisième constatation : la mise en pratique d’une telle mesure ne serait pas
vérifiable. Qui, en effet, s’occuperait de vérifier à tout moment, pendant 25 ans, que le
propriétaire bride bien les pales de ses éoliennes tel que prévu, réduisant ainsi son
revenu? Il faudrait une équipe d’inspecteurs pour le faire. Mais qui les paierait? Et qui
s’assurerait que l’exploitant des éoliennes n’aura pas réussi à leur faire fermer les yeux à
force de faveurs? L’éolien a déjà occasionné assez de corruption comme cela...
Les chauves-souris, selon une étude publiée par le département du Lot, constituent
le groupe faunistique ayant la plus forte valeur patrimoniale» (12). Ces espèces, très
utiles à l’homme, sont toutes en déclin; et elles ne peuvent se récupérer que très
lentement, chaque femelle n’élevant pour la plupart qu’un petit par an. Beaucoup sont
classées comme menacées d’extinction. Sans elles les agriculteurs, l’industrie forestière et
l’Office national des forêts devraient employer davantage de pesticides pour éliminer les
insectes qui attaquent arbres et cultures. Cela entraînerait des effets regrettables sur les prix,
et sur la santé des citoyens.
Or ces petits mammifères sont tués en masse par les éoliennes, qui les attirent.
L’effet cumulatif de plus de dix mille d’éoliennes sur tout le territoire français sera
considérable, de l’ordre de 4 à 12 millions de chauves-souris tuées par an lorsque la
France aura, comme l’Espagne, 18.000 de ces "pièges écologiques". Ces machines tuent en
effet près de deux fois plus de chauves-souris que d’oiseaux: environ 400 par éolienne et par
an (de l’ordre de une par nuit).
La situation est grave, ne serait-ce que dans la mesure où ces espèces sont de
grande utilité pour l’homme. Et puis, sommes nous prêts à vivre dans un monde qui serait
largement dépourvu d’oiseaux? Nous en avons déjà tant perdus (sans parler des papillons) à
cause des insecticides et autres agressions des hommes contre l'environnement...
allons-nous avec cette idéologie "verte", qui détruit la nature plus que jamais et ment
aux citoyens sans ciller?
Quel abominable gâchis font les hommes politiques de notre planète, sous prétexte de
la sauver…
Mark Duchamp
President, World Council for Nature
Tél: +34 693 643 736
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