FORMATION ET INSERTION PROFESSIONNELLE DES CHANTEURS
DOCUMENT REMIS LE 24 SEPTEMBRE 2001
La réalité semble confirmer ce problème d'image puisque, même pour des
ouvrages français (a priori plus faciles à distribuer avec des chanteurs de langue
française), les directeurs d’opéra et les chefs d'orchestre donnent très
fréquemment leur préférence à des chanteurs non-français. On peut par exemple
relever qu'il n'y aura que peu de français dans la distribution des Troyens de
Berlioz, prévus au Châtelet en 2003 sous la direction de J.E. Gardiner ; et que
pour les quatre productions d’ouvrages français programmés en 2002 et 2003 au
Metropolitan de New York, un seul chanteur français sera engagé (R. Alagna), qui
n'a d'ailleurs pas été formé dans le système français. On aurait pu également citer
quelques distributions d'ouvrages français à l'Opéra de Paris.
Du côté des chœurs et des ensembles, la situation n'est guère différente. Tout en
affirmant que le niveau moyen constaté est meilleur que dix ou vingt ans
auparavant, les responsables de chœurs et d'ensembles consultés nous ont tous fait
part des problèmes qu'ils rencontrent pour trouver les chanteurs dont ils ont
besoin, et ce d'autant plus si le recrutement se déroule hors de l'Ile de France.
Cette fois, c'est la difficulté des chanteurs à s'insérer dans un ensemble qui est
relevée (liée, selon nos interlocuteurs, à un problème de formation) et la
survivance d'une prévention contre l'activité de chanteur tuttiste
(qu'ils rattachent
là encore à un problème de formation, mais aussi à un problème de statut et de
niveau de rémunération
des chanteurs tuttistes).
c) Des circonstances propres au paysage lyrique français
Considérons également, pour compléter ce tableau, des circonstances propres au
paysage lyrique français.
Il y a dans notre pays 26 maisons d'opéra
conservant des moyens de production,
toutes ne disposant pas d'un chœur permanent. La logique de production,
généralisée en France depuis les années 70 - qualifiée de "stagione"
-, fait
presque exclusivement appel à des chanteurs invités, et donc ne nécessite plus les
troupes permanentes de chanteurs qui, auparavant, assuraient l'essentiel des
distributions.
Nous avons préféré utiliser le terme de "tuttiste" à celui de "choriste" dans ce rapport. Le terme
de "tuttiste", auquel répond celui de "soliste", nous semble en effet mieux adapté à la diversité des
situations musicales rencontrés par les chanteurs professionnels.
Quoique l'organisation du travail soit différente (par exemple, les temps de répétition sont
généralement plus courts pour les chanteurs que pour les instrumentistes des orchestres) on peut
avancer que les chanteurs tuttistes membres de formations permanentes (chœurs d'opéra, de radio)
reçoivent un salaire de 10 à 15% inférieur à celui des instrumentistes travaillant dans les mêmes
établissements.
Soit par ordre décroissant de budget (chiffres 99 - source : DMDTS - ministère de la culture) :
Paris, Lyon, Strasbourg, Marseille, Nice, Toulouse, Bordeaux, Montpellier, Nantes, Nancy,
Avignon, Metz, Tours, Rennes, Angers, Rouen, Caen, Saint-Etienne, Besançon, Massy, Toulon,
Limoges, Tourcoing, Reims, Dijon, auxquels s'ajoute Lille, en projet.
"Stagione" s'oppose à "répertoire". Le fonctionnement en stagione (saison) repose sur des
productions dont les représentations sont généralement accolées les unes aux autres et qui ne
donnent pas lieu à des reprises sans nouvelles répétitions. Le fonctionnement en répertoire, qui
s'appuie sur l'emploi d'une troupe de chanteurs, permet à un théâtre lyrique donné le maintien de
plusieurs dizaines de titres à son répertoire, la reprise d'un titre ne donnant pas forcément lieu à de
nouvelles répétitions. A signaler cependant que le fonctionnement actuel de l'Opéra-Bastille se
situe à mi-chemin entre ces deux logiques, grâce notamment aux moyens financiers et techniques
disponibles (plusieurs lieux de répétitions, en particulier); toutefois ce fonctionnement ne fait pas
appel à une troupe.