3) J’explique sa signification :
Cette fresque exprime quelques-unes des grandes caractéristiques de la Renaissance et de
l’Humanisme :
- La place centrale de l’Homme et de la connaissance ; en effet, le groupe de personnages, qui
constitue l’élément central de la fresque, représente les grands philosophes (= penseurs et savants)
de l’Antiquité :
en bas à gauche Pythagore (Il a cherché à expliquer le monde à partir d’une théorie des
nombres.)
à sa droite, accoudé sur un bloc d’architecture, Héraclite (Pour lui, tout est perpétuellement en
devenir et en mouvement : « Tout s’écoule. »)
allongé sur les marches, Diogène le Cynique (Il méprise la société et toutes les conventions
sociales.)
au centre, Platon et Aristote : leurs gestes opposés (Platon montre le ciel, Aristote la terre)
indiquent qu’ils sont en désaccord sur la façon de parvenir à la connaissance (Platon pense que
la vérité ne peut pas se trouver dans la réalité que l’on perçoit grâce à nos sens, car elle est
trompeuse, mais dans le monde des « idées » ; Aristote, ancien disciple de Platon à l’Académie,
pense au contraire que la vérité doit se chercher dans la réalité.)
- L’importance de l’héritage gréco-romain, représenté par :
les philosophes antiques
les divinités Apollon (qui représente les arts, et que l’on reconnaît grâce à sa lyre) et Minerve
/Athéna (qui représente l’intelligence et la raison, et que l’on reconnaît grâce à son casque
guerrier et à son égide, peau de chèvre aux vertus protectrices ornée de la tête de Méduse)
les éléments d’architecture romaine : pilastres (supports rectangulaires encastrés dans un mur, à
fonction décorative), voûtes (ouvrages cintrés, c’est-à-dire courbés, recouvrant un espace
construit), plafonds à caissons (compartiments creux disposés de façon géométrique), coupoles
(voûtes hémisphériques couvrant un bâtiment), niches et statues
- L’utilisation de la perspective : perspective géométrique (avec point de fuite et succession des
voûtes de plus en plus petites au fur et à mesure que l’on s’éloigne), renforcée par la perspective
chromatique (utilisation des couleurs : couleurs chaudes ou contrastées réservées aux plans
rapprochés, couleurs froides ou estompées à l’arrière-plan)
- Le rapport entre l’artiste et le pouvoir : les artistes s’affirment désormais, et manifestent leur
reconnaissance aux hommes de pouvoir qui leur permettent d’exercer leur art (mécénat : cf.
Mécène, richissime ami d’Auguste et protecteur des arts) :
Les penseurs antiques sont en effet représentés sous les traits des artistes contemporains de
Raphaël (Héraclite sous les traits de Michel-Ange, Platon sous les traits de Léonard de Vinci, le
peintre grec Apelle sous les traits de Raphaël, à l’extrême droite avec la coiffe sombre) ; de plus la
présence d’Apollon et de Minerve place sur un pied d’égalité les savants antiques et les artistes de
la Renaissance.
Le duc d’Urbino, Federico della Rovere (en blanc à droite de Pythagore), est le neveu de Jules II
et protège les artistes : la fresque est une œuvre à la gloire de Jules II, dont la cour brillante est
comparée aux génies de la Grèce antique
Ainsi, cette œuvre fait l’éloge de la raison païenne qui fit rayonner la Grèce antique (représentée par les
savants grecs), mais aussi de l’art de la Renaissance (représenté par Raphaël et ses contemporains), qui
se met au service de la foi chrétienne (représentée par le neveu du pape, mais aussi par le pape lui-
même, commanditaire de la fresque) : c’est donc la foi chrétienne qui a le dernier mot, ainsi que
l’Humanisme, qui met l’Homme (et ses facultés intellectuelles ) au centre de la Création divine. L. Ghirardi