E. Sédimentation post-rift sur la marge européenne
Pendant l’accrétion océanique, se dépose sur la marge européenne, des sédiments de type marnes et
calcaires plus ou moins pélagiques en fonction de la profondeur de l’océan. Le domaine dauphinois
présente une sédimentation moins profonde que le domaine piémontais avec des sédiments qui
après métamorphisme donneront les schistes lustrés. La zone briançonnaise présente une exception
à cette règle de l’approfondissement croissant vers l’Est puisque l’analyse de sa sédimentation fait
état d’une faible tranche d’eau (colonne stratigraphique condensée). Le briançonnais constituait
donc au Jurassique et au Crétacé un haut-fond (DOC. 10).
Parmi ces faciès sédimentaires, isolons trois ensembles remarquables pour leur importance lors de la
formation des Alpes :
- Au Tithonien (dernier étage du Jurassique autrefois appelé le Portlandien), se forme un calcaire
pélagique très compact qui actuellement dans le paysage constitue une barre calcaire
proéminente : barre calcaire tithonique.
- Au Crétacé moyen, se développe une sédimentation récifal formant un calcaire compacte : le
calcaire Urgonien. Cette barre est également spectaculaire dans l’analyse des paysage des
Chaînes Subalpines Septentrionales (Vercors, Chartreuse par exemple).
- Les flyschs à Helminthoïdes du Crétacé supérieur constituent une succession de dépôts de
turbidites et attestent du début de fermeture du bassin par subduction (dépôts de type prisme
d’accrétion).
Le DOC. 11 présente un modèle conceptuel retraçant l’évolution de la région alpine depuis le Trias
jusqu’au Jurassique.
IV. La disparition de l'océan alpin
A. Par subduction océanique
1. Les marqueurs de la subduction
La carte géologique de Gap au 1/250000 permet l'étude du métamorphisme de la région (un travail
équivalent peut être réalisé à partir de la nouvelle édition de la carte de France au 1/106, B.R.G.M.,
1996). En effet, contrairement au Chenaillet, les gabbros du Queyras et du Mont Viso sont très
métamorphisées (DOC. 12), (ainsi que 13 et 14).
- Métagabbros du Queyras : autour des pyroxènes se trouve une auréole de glaucophane,
amphibole caractéristique du faciès "schistes bleus". Dans ces gabbros, lawsonite et jadéite sont
aussi présentes. Cette paragenèse permet de retrouver les conditions de pression et température à
partir du diagramme présentant les domaines de stabilité de ces minéraux (diagramme P,T ;
DOC. 13): 300°C pour une pression de l'ordre d'un Gpa (environ 35 km de profondeur). Ces
conditions correspondent à un gradient métamorphique de type franciscain BT et HP: le gabbro
a été rapidement amené en profondeur sans augmentation importante de température. C'est un
contexte de subduction.
- Au mont Viso, plus à l'Est, on trouve un métagabbro à omphacite, grenat, zoïsite, jadéite et
glaucophane: le diagramme P,T correspondant (DOC. 14) permet de caractériser cette
paragenèse dans le faciès éclogite (1,5 Gpa ou 50 km et 450°C) donc un enfouissement plus
important de ces gabbros.
Le métamorphisme croissant d'ouest en est indique la polarité de la subduction (DOC. 15).
La découverte de coésite (Massif Cristallin Interne de Dora-Maira), variété polymorphe du quartz,
semble signer la présence de croûte continentale à plus de 100 km de profondeur.
Ceci s'expliquerait par une subduction de la croûte continentale qui, très mince à cet endroit
(bordure de marge), aurait suivi la plaque océanique plongeante.
La remontée très rapide subie par ces roches traduirait un phénomène d'expansion.
La présence d'un magmatisme calco-alcalin de faible extension et daté de - 30 à - 40 Ma, est un
marqueur d'une subduction à faible pente: on pense que l'océan alpin n'était pas très large, environ
un millier de kilomètres.