sérieux. Les Américains ne s'y intéressent pas. Cela s'explique : les États-Unis d'Amérique seraient une nation
exceptionnelle, selon leur mythe fondateur.
Cet exceptionnalisme américain constitue le fond commun de la politique étrangère de Clinton et de Trump.
Mais c'est son usage qui diffère. Si Clinton cherche à l'exporter même militairement aux autres peuples; Trump
cherche, en revanche, à le présenter comme un privilège réservé au seul peuple américain. Autrement dit, si
Clinton est internationaliste, Trump, lui, est nationaliste. En cela réside la distinction fondamentale et la clé de
voûte pour comprendre la politique étrangère des deux candidats.
L'internationalisme d'Hillary Clinton
Hillary Clinton est une libérale internationaliste et humanitariste. Son parcours politique coïncide avec les
interventions humanitaires dont l'objectif est de sauver les peuples des tyrans. Elle prône ainsi un discours de
droits humains qu'on peut situer dans la même lignée politique que celle du président Jimmy Carter pour qui
«les droits de l'Homme sont l'âme de la politique étrangère américaine».
Le mode opératoire de cette politique est de supporter les mouvements sociaux, les droits de l'Homme, de la
femme et des minorités afin de provoquer les régimes considérés par les Etats-Unis comme dictatoriaux, et
toute réaction répressive de leur part sera mise à l'index politiquement et médiatiquement afin de faire
pression, d'obtenir des concessions, mais aussi afin d'encourager la population à se révolter contre eux. Cela
peut aller jusqu'à l'intervention militaire.
Mais contrairement à Carter, qui a exercé sa fonction présidentielle à une époque difficile dans un monde
bipolaire en plein guerre froide, et avec un droit international rigide et souverainiste, Clinton se trouve
aujourd'hui dans un monde unipolaire où les Etats-Unis sont la seule hyperpuissance mondiale, et avec un droit
international plus souple où intervenir en matière de violations des droits humains est une obligation, et parfois
même l'intervention militaire se trouve être un devoir. C'est cette alliance des droits de l'Homme et de
l'hyperpuissance militaire qui caractérise la politique étrangère de Clinton.
Ce discours humanitaire est adoptée par Hillary Clinton dès sa jeunesse, depuis son engagement contre la
guerre de Vietnam, et s'est davantage développé dans les années 1990 connues comme étant «l'ère de
l'humanitaire» et dans le début des années 2000 marquant avec les attaques du 11-Septembre le «Nouvel Ordre
Mondial». Cela coïncide avec deux décennies durant lesquelles le droit international a connu des mutations
permettant de légitimer l'intervention militaire dans et/ou contre des États souverains pour des motifs de
légitime défense, même préventive et contre des organisations non-étatiques, ou encore de protection de
personnes en danger, fussent-elles un peuple menacé par ses gouvernants.
Hillary Clinton a toujours milité pour cette cause, au pouvoir comme dans l'opposition, en Yougoslavie, en
Irak, en Libye ou encore en Syrie, contre des gouvernements dont la politique est souvent hostile aux intérêts
américains et israéliens, et proche de ceux de la Russie. En conséquence, ces interventions humanitaires ont
permis à la fois d'affaiblir la Russie et de renforcer les intérêts des États-Unis et d'Israël.
Tous ces éléments parmi d'autres ont conduit Diana Johnstone, universitaire américaine et journaliste politique,
à constater dans son livre critique ‘‘La Reine du Chaos'' (2015) que la politique étrangère d'Hillary Clinton se
situe à la croisée des chemins de deux doctrines : celle de Zbigniew Brzezinski et celle des néo-conservateurs.
Zbigniew Brzezenski était le conseiller de Carter dont Hillary Clinton descend en droite ligne politique. Dans
son livre majeur : ‘‘Le Grand échiquier : L'Amérique et le reste du monde'' (1997), il prône l'idée selon
laquelle : Pour la paix mondiale, une seule superpuissance devrait dominer. Pour ce faire, il faudrait alors
affaiblir toutes les forces concurrentes, faute de pouvoir les soumettre.