LA MAISON DE LA DIACONIE, « LA BELLE PORTE » A ) LA CHARTE DE LA MAISON DE LA DIACONIE, « LA BELLE PORTE » (novembre 2015) Le site du 63 rue des Ponts est reconnu par l’Evêque de Nancy et de Toul comme la « Maison de la diaconie de Nancy », nommée « la Belle Porte ». Celle-ci renouvelle la vocation d’un lieu où l’Eglise manifeste sa proximité avec les plus pauvres, et y accomplit l’une des trois missions fondamentales, à savoir le service. Ce lieu s’inscrit aussi dans la feuille de route diocésaine qui invite à « servir la vie des hommes » : le service diaconal de l’Eglise commence par l’attention qu’elle prête à ce qui fait la vie des hommes, à leurs souffrances, à leurs espoirs, à leurs joies, à leurs recherches, à leurs projets » (30.03.08). 1. Finalités de la Belle Porte. Sous la responsabilité et l’impulsion du responsable, nommé par l’Evêque, promouvoir, développer, soutenir, fédérer le service de la fraternité à travers les initiatives les plus diverses et leur inscription dans le quotidien le plus ordinaire : Travailler à favoriser des initiatives nouvelles inter-associations. Avec les autres acteurs de la solidarité, dans leur plus grande diversité, être réactif à des événements ou phénomènes nouveaux. Expérimenter la solidarité et développer des projets. Penser et apporter des éléments d’analyse de la solidarité dans le monde d’aujourd’hui. Permettre aux associations partenaires présentes au 63, notamment le Secours Catholique, de vivre cette mission sur place avec des lieux propres et d’autres partagés, en s’enracinant dans une vision plus large de leurs objectifs. Veiller, avec les différentes communautés du Diocèse de Nancy, à faire vivre et à diffuser la dynamique Diaconia 2013 : le service du développement intégral de tout homme avec l’aide du Christ. 2. Vie de la Belle Porte Ensemble 1 Des hommes, des femmes, des enfants, dans toute leur diversité, se retrouvent pour partager l’ordinaire de leurs histoires et donner corps à l’esprit de fraternité. Tous sont naturellement invités, selon des modalités appropriées, à participer à la vie de la Belle Porte. Le partenariat avec des associations qui vivent tout ou partie de leurs charismes sur place, le monde associatif, confessionnel ou non, les différents acteurs du diocèse, notamment l’église saint Sébastien, permettent à la Belle Porte de ne pas être autoréférentielle. Aller au devant Se porter à la rencontre de personnes qui vivent de solitude et de pauvreté qui font de leur avenir un horizon sans promesse. Proposer de participer aux échanges qui donnent de la consistance à la vie fraternelle et spirituelle. Dépasser concrètement héritages, croyances, langages limités et reconnaître l’appel du Christ dans chaque personne, considérée comme citoyen, frère ou sœur en humanité. 3. Fonctionnement de la Belle Porte * Le responsable est nommé par l’Evêque ; il est garant du respect de la Charte promulguée et devra rendre compte annuellement de sa mission et de la vie de cette Maison de la diaconie. * La gestion de la vie de la Belle Porte est confiée à une équipe d’animation présidée par le responsable. B) La maison de la diaconie, un lieu de rencontres, d’échanges, de concertation entre mouvements et associations… Faciliter la concertation et le soutien mutuel au sein du diocèse de Nancy et de Toul entre les acteurs de la solidarité : conseil Famille et société, mouvements et organismes catholiques, congrégations religieuses, … Tous les mouvements ou associations qui ont laissé des traces de leur existence et de leur action sur le chemin de la miséricorde en l’église St Sébastien : Secours Catholique, CCFD, Pax Christi, Aumônerie des prisons, Arche touloise, Société St Vincent de Paul, Tabgha, Claire Amitié, Foi et Lumière, AGAPA, Amitié espérance, Relais lumière espérance, PPH, ACAT AED , aumônerie des établissements de santé, aumônerie quatre horizons, Fraternité du cœur ouvert de Jésus, Hospitalité Notre Dame de Lourdes, Lourdes Cancer Espérance, Ordre de Malte, Habitat et Humanisme Lorraine, Pastorale des Personnes Sourdes et Malentendantes… A la lecture de cette charte, nous retenons la nécessité de rencontres interassociatives pour mieux nous connaître et partager ce que nous faisons les uns et les autres au service de la fraternité et de la diaconie. Ensemble, nous pourrons mieux être réactifs à des « événements ou phénomènes nouveaux ». 2 En attendant vos réactions et souhaits, vos propositions, je vous souhaite dès à présent votre collaboration pour donner toute son ampleur au ministère diaconal de notre Eglise. Vers un conseil nancéien de la solidarité qui se réunirait deux ou trois fois par an ? Je suis à votre disposition pour en parler et recueillir votre réflexion et votre souhait quant à ce que nous pouvons faire ensemble. Bien avec vous Claude SCHOCKERT C) Extraits de la charte nationale de la solidarité « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire . (Gaudium et Spes). Le Conseil national de la Solidarité et les institutions qui le composent ont pensé qu’il serait utile de reformuler cette charte, vingt-cinq ans après la première, compte tenu des évolutions advenues dans le monde, notre société et l’Église, en ces cinquante ans ayant suivi le Concile. Ils y sont poussés par les fruits de la démarche et du rassemblement de Lourdes 2013 "Diaconia 2013 - Servons la fraternité", ainsi que par le souci fortement exprimé par le pape François d’une « Église pauvre pour les pauvres ». I - Issue de l’amour du Père et inspirée par l’Esprit Saint, la diaconie de l’Église est enracinée dans celle du Christ. Dès les débuts de son ministère public, Jésus proclame que l’Esprit Saint est sur lui et qu’il est envoyé par le Père pour « annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Lc 4,18). Après l’envoi en mission des soixante-douze disciples, « Jésus exulte de joie sous l’action de l’Esprit Saint et dit : "Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits" » (Lc 10,21). Il proclame aussi qu’il « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45). Et, après le dernier repas, il dit à ses apôtres : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22,27). Le Concile Vatican II l’a rappelé avec force : l’attitude de l’Église, dans sa proximité des pauvres et de tous ceux qui sont dans le besoin, s’enracine dans l’attitude du Christ Serviteur. 3 L’Église a donc conscience de poursuivre l’œuvre du Christ1, sa "diaconie», c’est-à-dire son attitude de service. Comme le souligne le pape François, « Les pauvres ont une place de choix dans le cœur de Dieu, au point que lui-même "s’est fait pauvre" (2 Co 8, 9). Pour l’Église, l’option pour les pauvres est une catégorie théologique …/… Dieu leur accorde sa "première miséricorde". Cette préférence divine a des conséquences dans la vie de foi de tous les chrétiens, appelés à avoir "les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus" (Ph 2,5). …/… Je désire une Église pauvre pour les pauvres. Ils ont beaucoup à nous enseigner. En plus de participer au sensus fidei, par leurs propres souffrances ils connaissent le Christ souffrant. Il est nécessaire que tous nous nous laissions évangéliser par eux. La nouvelle évangélisation est une invitation à reconnaître la force salvifique de leurs existences, et à les mettre au centre du cheminement de l’Église. Nous sommes appelés à découvrir le Christ en eux, à prêter notre voix à leurs causes, mais aussi à être leurs amis, à les écouter, à les comprendre et à accueillir la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux »2. II - L’Église est étroitement solidaire de l’ensemble de la famille humaine.3 Voici quelques enjeux et défis auxquels doit répondre l’engagement de l’Église au service de la solidarité. - Le sentiment d’interdépendance est accentué par la mondialisation et les enjeux de la préservation de la planète, notre « maison commune ». Si les personnes et les peuples éprouvent davantage le sentiment de faire partie d’une même famille, ils expérimentent aussi un sentiment de dépendance les uns vis-à-vis des autres. Les catholiques, qui se réjouissent de cette universalité, doivent aussi contribuer à la rendre vivable. La France et l’Europe peuvent jouer un rôle moteur dans ce vivre-ensemble. Malgré les obstacles qu’il ne faut pas sous-estimer, l’esprit de solidarité peut aider à passer de la mondialisation subie à la mondialisation assumée dans une démarche d’humanisation. La responsabilité des générations présentes est largement engagée vis-à-vis générations futures. Dans l’encyclique « Laudato Si » sur l’écologie intégrale, le pape François a insisté sur « l’intime relation entre les pauvres et la fragilité de la planète, la conviction que tout est lié dans le monde, la critique du nouveau paradigme et des formes de pouvoir qui dérivent de la technologie, la grave responsabilité de la politique internationale et locale, la culture du déchet et la proposition d’un nouveau style de vie » (n° 16). Il rappelle qu’il n’y a pas « deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solutions requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature » (n° 139). 1 Gaudium et Spes, n°3-2. 2 Pape François, Exhortation apostolique La joie de l’Évangile [Evangeleii gaudium], 24 novembre 2013, n°197-198. 3 Cf. le titre du n°1 de Gaudium et Spes . 4 Une coordination ou une régulation des actions s’impose donc dans les domaines politique, économique, culturel et scientifique, ainsi qu’au cœur des politiques migratoires. Si au plan mondial la misère recule globalement, les inégalités se creusent et sont plus intensément ressenties par les populations. Sous les diverses latitudes, les spécialistes s’accordent pour constater les limites ou même la faillite des modèles économiques et financiers dominants. Sources de grandes violences, les inégalités structurelles, qui atteignent une large proportion de la population, nécessitent des choix politiques et économiques, inspirés par la solidarité et le service du plus fragile. La pensée sociale de l’Église, qui fait de la solidarité une vertu chrétienne, prend sa place dans ces débats. De nombreuses voix dénoncent l’augmentation des phénomènes d’exclusion en France. Les écarts se creusent entre ceux qui vivent au sein du système et ceux qui sont marginalisés, tant en monde urbain qu’en monde rural. - Dans un monde interconnecté marqué par la sécularisation et la diversité des cultures, la question du sens et de la dimension spirituelle se pose plus que jamais. L’esprit de solidarité peut favoriser le partage de convictions qui permettraient un meilleur vivre-ensemble. L’apprentissage de la vie fraternelle évite l’accentuation des phénomènes de repli identitaire, avec leurs conséquences violentes. L’Église, experte en humanité et témoin de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, participe à cet échange de propositions. Avec les responsables d’autres religions représentant d’autres courants spirituels, elle veille à ce que la référence religieuse ne soit pas instrumentalisée… mais serve véritablement à relier les êtres humains. Dans la société française, riche d’une grande diversité de cultures, cette variété peut être vécue comme une chance et non comme une menace. Les débats sur les questions de sens ouvrent à un esprit de solidarité, favorisant l’adhésion à des valeurs communes. -Dans un monde où la vie associative se développe et prend sa juste place pour promouvoir la solidarité, l’Église apporte sa contribution, tant en France que dans le monde. Ces associations nouent dans la société des partenariats qui dépassent les frontières ; elles promeuvent des espaces nouveaux où s’élaborent des modèles alternatifs de développement. En France, la diversité du tissu associatif constitue une richesse. Par ailleurs, de nouveaux types de partenariats voient le jour entre les acteurs privés et l’autorité publique, sans que celle-ci soit déchargée des responsabilités collectives qui lui incombent. L’action éducative doit, elle aussi, donner toute sa place à la solidarité, et notamment permettre aux plus jeunes d’expérimenter la richesse d’un comportement solidaire. III/ l’Église continue l’œuvre du Christ, venu pour servir. Le pape Benoît XVI, dans son encyclique Dieu est Amour, écrivait : « La nature profonde de l’Église s’exprime dans une triple tâche : annonce de la Parole de Dieu (kerygmamartyria), célébration des sacrements (leitourgia), service de la charité (diakonia). Ce sont trois tâches qui s’appellent l’une l’autre et qui ne peuvent être séparées l’une de l’autre. La charité n’est pas pour l’Église une sorte d’activité d’assistance sociale qu’on pourrait aussi laisser à d’autres, mais elle appartient à sa nature, elle est une expression de son essence elle5 même, à laquelle elle ne peut renoncer. »4 Dans son Motu proprio du 11 novembre 2012, il précisait : « Le service de la charité est une dimension constitutive de la mission de l’Église et il constitue une expression de son essence-même, à laquelle elle ne peut renoncer ; tous les fidèles ont le droit et le devoir de s’engager personnellement pour vivre du commandement nouveau que le Christ nous a laissé. L’Église est appelée, également dans sa dimension communautaire, à l’exercice de la diakonia de la charité : depuis les communautés locales jusqu’aux Églises particulières et à l’Église universelle. » C’est pourquoi nous affirmons quelques convictions fortes, qui sont le bien commun de toute l’Église : Nous sommes une seule famille humaine. La lutte pour la dignité de chaque personne et de tous les peuples concerne au premier chef les chrétiens et l’Église tout entière. Les communautés chrétiennes doivent être vigilantes quant à la dimension internationale de leur diaconie, et tout particulièrement à la façon dont elles vivent la solidarité avec les Églises locales et la société civile des pays les plus pauvres. La solidarité avec les pauvres et avec toutes celles et ceux qui souffrent est une mission de toute vie chrétienne et donc de toutes les communautés. Elles sont aidées en cela par des services d’Église, ainsi que des mouvements et associations, qui leur apportent compétence et expérience. Ce souci ne s’arrête pas aux communautés chrétiennes. La solidarité et la fraternité doivent également se déployer dans les champs économique et politique, afin qu’en agissant sur les causes de la pauvreté et des injustices, la société se transforme. La doctrine sociale de l’Église constitue la référence en la matière. Les pauvres ont une place de choix dans le cœur de Dieu. Ils ont toute leur place dans nos communautés chrétiennes. Ce qui implique « une nouvelle imagination de la charité »5 pour que les pauvres s’y sentent chez eux, prennent la parole, deviennent pleinement acteurs et y trouvent une liturgie qui leur parle. La démarche de diaconie entend articuler "faire pour", "faire avec" et "faire à partir de". Si le "faire pour" est à l’origine de bien des démarches de solidarité, la fraternité ne saurait ni se montrer condescendante ni prétendre savoir mieux que l’autre ce dont il a besoin. La démarche d’évangélisation porte en son cœur l’attitude de Jésus envers les pauvres et tous ceux des périphéries et socialement en marge. En vivant la diaconie, l’Église évangélise et se laisse évangéliser. L’action des baptisés dans le domaine de la solidarité est une annonce de la Bonne Nouvelle; elle les invite à enraciner leur action dans l’écoute de la Parole de Dieu et, lorsque c’est possible, à partager cette Parole avec ceux qu’ils servent 6. 4 Benoît XVI, Encyclique Dieu est amour [Deus Caritas est], 25 décembre 2005, n° 25.a. 5 Jean-Paul II, Lettre apostolique Au début du nouveau millénaire [Novo millennio ineunte], 6 janvier 2001, n°50. 6 6 Le Secours Catholique - Caritas France, le CCFD - Terre solidaire ont été créés par l’épiscopat et ont reçu de lui leur mission comme services d’Eglise. Du fait de ce statut particulier, les Evêques veillent à ce que dans les diocèses et les paroisses, ils trouvent un cadre favorable à l’exercice de leurs missions. Mouvements, associations de fidèles et instituts religieux Il appartient à chaque mouvement, association de fidèles ou institut religieux, de déterminer comment son charisme propre intègre concrètement la dimension du service de la charité, de la fraternité et de la solidarité, en particulier avec les pauvres. Faciliter la concertation et le soutien mutuel au sein de l’Eglise de France entre les acteurs de la solidarité : délégués diocésains à la solidarité et à la diaconie, services nationaux membres de la solidarité, conseil Famille et société, Justice et paix, mouvements et organismes catholiques, congrégations religieuses, services de la CEF… Animer le réseau des acteurs de la solidarité, accompagner et évaluer les expérimentations et les initiatives nouvelles, permettre le partage des expériences d’organisation diocésaine de la diaconie, Etre une instance de veille et de proposition en matière de solidarité et de service de la vie des hommes. Puisse cette charte de la solidarité et de la diaconie aider nos communautés et notre diocèse à vivre l’invitation du pape François dans son exhortation apostolique La joie de l’Évangile : « L’Église a reconnu que l’exigence d’écouter ce cri [des pauvres ] vient de l’œuvre libératrice de la grâce elle-même en chacun de nous ; il ne s’agit donc pas d’une mission réservée seulement à quelques-uns : l’Église guidée par l’Évangile de la miséricorde et par l’amour de l’homme, entend la clameur pour la justice et veut y répondre de toutes ses forces ". Dans ce cadre, on comprend la demande de Jésus à ses disciples : "Donnez-leur vous-mêmes à manger" (Mc 6,37), ce qui implique autant la coopération pour résoudre les causes structurelles de la pauvreté et promouvoir le développement intégral des pauvres, que les gestes simples et quotidiens de solidarité devant les misères très concrètes que nous rencontrons.» (n°188). « Le chrétien sait quand le temps est venu de parler de Dieu et quand il est juste de Le taire et ne laisser parler que l’amour. Il sait que Dieu est amour et qu’il se rend présent précisément dans les moments où rien d’autre n’est fait sinon qu’aimer. » Encyclique Dieu est amour n°31 7