PENSEE CATHOLIQUE FACE A LA MONDIALISATION
Ce que l’homme parvient à expliquer rationnellement, par les
sciences par exemple, il le détache par le fait même de l’objet
des croyances religieuses. Ce que la pensée philosophique, au
travers de la théologie, permet de clarifier dans le message révélé
est mûr en quelque sorte pour sa « déchristianisation » et son
« humanisation » par l’homme. La tradition sacrée devient
héritage profane. L’idéal éthique de la Torah repris par
l’Evangile se retrouve ainsi pour une part dans le sens humaniste
de la personne humaine et des « droits de l’homme ».
Par ailleurs ce que dans le message évangélique la théologie
n’est pas parvenue à clarifier par le moyen de la pensée
philosophique grecque, elle l’a déclaré « mystère inaccessible à
la raison » et par là même elle l’a soustrait à toute
« humanisation », car s’il est révélé qu’il y a mystère, le mystère
lui ne révèle rien aussi longtemps qu’il ne dévoile pas son sens.
Cette partie du message évangélique est donc privée de son
efficacité christique. L’efficacité de l’Évangile est donc en
quelque sorte proportionnelle à sa capacité à être « déchris-
tianisé », c’est-à-dire à être dépouillé de ce qui en lui est
révélation de l’homme à lui-même, pour qu’apparaisse la
révélation de Dieu lui-même à l’homme. Pour cela il faut une
prise de conscience réflexive de l’homme par lui-même plus
puissante et plus vraie que la pensée grecque.
Dans sa mission pour une nouvelle évangélisation et en
quelque sorte pour conduire à sa pleine maturité notre
connaissance de Dieu révélé dans le Christ mort et ressuscité,
l’Église doit courir le risque d’offrir à une « déchristianisation
humanisante » le plus profond de ses « mystères », ou plutôt la
vérité centrale et lumineuse de la révélation reçue en Jésus, celle
de la vie divine de trois personnes vivantes : le Père paternel, le
Verbe maternel et l’Esprit Saint de filialité, comme il apparaît
dans le Prologue et les quatre discours de l’évangile johannique
et dans les paraboles des synoptiques.
La nouvelle évangélisation se doit de risquer, en une
rationalité plus complète que la rationalité grecque, qui
maintenant la paralyse, la proclamation d’un Dieu interpersonnel
en lui-même, afin que les hommes s’ouvrent à la Communion
trinitaire et la reconnaissent comme le fondement absolu des
valeurs les plus hautes qu’ils aspirent à pouvoir vivre dans
l’autonomie de leur conscience morale et de leur liberté : valeur
du choix définitif de l’amour humain conjugal et parental dans