epidemiologie des cancers

Epidémiologie des Cancers - Docteur J. OTTO – 25/11/2004
EPIDEMIOLOGIE DES CANCERS
Docteur Josiane OTTO
I – GENERALITES SUR L'EPIDEMIOLOGIE EN CANCEROLOGIE
A – EPIDEMIOLOGIE DESCRIPTIVE.
1 – Définition
2 – Principaux indices utilisés en cancérologie
3 – Source des données
B - EPIDEMIOLOGIE ANALYTIQUE
1 – Définition
2 – Principaux types d'enquêtes utilisées en cancérologie
II - EPIDEMIOLOGIE DESCRIPTIVE EN CANCEROLOGIE
A - PLACE DU CANCER DANS LA MORTALITE
1 - En France
2 – En Europe
B - MORTALITE POUR LES PRINCIPALES LOCALISATIONS DE CANCER EN FRANCE
C – INCIDENCE POUR LES PRINCIPALES LOCALISATIONS DE CANCER EN FRANCE
D – DISCUSSION
E – INCIDENCE AU NIVEAU MONDIAL
III – FACTEURS DE RISQUES
1 – Liste des cancérigènes identifiés
2 – Evaluation du risque
3 – Le tabac (cf cours spécifique)
4 – L'alcool
5 – L'alimentation
6 – Virus et parasites
7 – Facteurs génétiques (cf cours spécifiques)
8 – Expositions professionnelles

Epidémiologie des Cancers - Docteur J. OTTO – 25/11/2004
INTRODUCTION
L'épidémiologie est une discipline très importante de la cancérologie. En effet, elle
permet d'une part d'émettre des hypothèses étiologiques, d'autre part d'analyser
l'existence d'une relation de causalité entre un facteur suspecté et une localisation
cancéreuse. Elle joue donc un rôle fondamental dans le choix des actions de dépistage
et de prévention puis dans l'évaluation de l'efficacité des mesures prises.
Les différentes localisations cancéreuses, voire les divers types histologiques pour une
même localisation sont des maladies tout à fait différentes sous l'angle étiologique. Les
données épidémiologiques spécifiques concernant chaque localisation seront
développées dans le cours de cancérologie correspondant.
Dans ce cours seront abordés trois principaux points :
- principales données de l'épidémiologie utilisées en cancérologie
- épidémiologie descriptive en cancérologie
- généralités sur les facteurs de risque en cancérologie.
I – GENERALITES SUR L'EPIDEMIOLOGIE EN CANCEROLOGIE
En cancérologie deux branches de l'épidémiologie jouent un rôle important :
- l'épidémiologie descriptive
- l'épidémiologie analytique
A – Epidémiologie descriptive.
1 – Définition.
Elle étudie la fréquence et la répartition des maladies dans la population. Elle établit
différents taux . Les plus utilisés en cancérologie sont l’incidence et la mortalité. Elle
observe leur variation en fonction de différents paramètres (âge, sexe, facteur
géographique … etc) ainsi que leur évolution dans le temps. A partir de ces données,
elle permet d'émettre des hypothèses sur le(s) facteur (s) étiologique (s).

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2 – Principaux indices utilisés en cancérologie
2-1 Taux d'incidence
C'est le rapport entre le nombre de nouveaux cas diagnostiqués pour une maladie
donnée et l'effectif total de la population soumis au risque de survenue de cette
maladie dans une zone géographique donnée et pour une période définie, le plus
souvent une année.
2-2 Taux de mortalité
C'est le même rapport en remplaçant le nombre de cas observés par le nombre de
décès dus à la maladie en cause.
2-3 Notion de « Taux standardisé » ou taux comparatif
Les taux brut ne permettent pas la comparaison entre deux populations. En effet
compte tenu de l’augmentation rapide du risque de cancer avec l’âge, le taux brut
(nombre total de cas ou de décès, tous âges confondus) pour 100 000 personnes et par
an est fortement influencé par la distribution de l’âge dans la population étudiée.
Même si deux populations avaient des taux spécifiques de l’âge identiques, le taux brut
serait plus élevé dans la population moyenne la plus âgée.
Pour pouvoir faire des comparaisons on va utiliser des taux pondérés
proportionnellement à la distribution de l’âge dans la population. Ces taux ainsi
obtenus sont dits « standardisés sur l’âge »
Trois populations standards ont été définies par l'organisation mondiale de la santé :
les populations européenne, mondiale et africaine.

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3 – Source des données.
3-1 Les données d’incidence sont estimées à partir de registres. Un registre est une
structure épidémiologique qui réalise l’enregistrement continu et exhaustif des cas
d’une pathologie donnée. Ces registres fournissent des données essentielles sur la
description des pathologies, les taux de référence nationale et dans la zone surveillée
sur les variations temporelles et spatiales. A partir de ces données des études visant à
améliorer la connaissance de la pathologie enregistrée peuvent être effectuées (analyse
des facteurs de risque, antécédents médicaux, exposition environnementale …). Ces
données permettent également l’évaluation de la prise en charge (dépistage, soins et
suivi). Ces registres jouent donc plusieurs rôles : surveillance, recherche et évaluation.
En France, un certain nombre de départements ou régions ont mis en place depuis
1975 des registres de cancer intéressants l'ensemble des localisations pour certains, une
localisation donnée pour d'autres. Les sources d'informations utilisées sont diverses :
laboratoires d'anatomo-pathologie, médecins en secteur privé ou publiques,
administrations. L’ensemble de ces registres couvre environ 12% de la population
française. Ils en existent une vingtaine en 2003 :
Registres généraux : Calvados, Doubs, Hérault, Isère, Manche, Bas-rhin, Haut-rhin, Somme, Tarn,
Vendée-Loire atlantique
Registres spécialisés : Bretagne (pédiatrie), Calvados (digestif), Loire-atlantique (colon-sein),
Champagne-ardennes (thyroïde), Côte d’or (hémopathie), Finistère (digestif), Lorraine (pédiatie),
Maine et Loire (bronche), Nord-Pas de calais (VADS), PACA-corse (pédiatrie), Rhône (sein), Saône
et Loire (digestif)
3.2 Les données de mortalité sont obtenues à partir des certificats de décès. Ils
permettent le dénombrement des cas de cancer selon un certain nombre de paramètres
(âge, sexe, localisation initiale). Ces données sont disponibles annuellement pour
l’ensemble de la population française.

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3-2 Les données de mortalité sont obtenues à partir des certificats de décès. Ils
permettent le dénombrement des cas de cancers selon un certain nombre de paramètres
(âge, sexe, localisation initiale …)
Le nombre de nouveaux cas diagnostiqués en France est estimé à partir des données
d’incidence et de mortalité pour les départements qui possèdent un registre et à partir
des données nationales de mortalité .
C’est à partir d’une part de la relation observée entre l’incidence et la mortalité dans
les régions où existent ces registres et d’autre part des données de mortalité disponible
dans l’ensemble du territoire que l’on estime l’incidence des cancers dans la France
entière par extrapolation selon un modèle mathématique.
B – Epidémiologie analytique
1 – Définition.
Elle étudie l'existence de relation entre un facteur causal suspect et l'apparition d'une
maladie, elle se base sur des enquêtes.
2 – Principaux types d'enquêtes utilisées en cancérologie.
2 – 1 Enquêtes cas-témoins.
Elles comparent les caractéristiques personnelles de sujets ayant un cancer d'une
localisation et d'une histologie donnée (= cas) à celles de sujets indemnes de ce cancer
(= témoins).
Exemple : la première enquête cas-témoins française en cancérologie a été réalisée sur
le cancer du poumon (Schwartz 1957).
2-2 Enquêtes de cohorte.
On recueille un certain nombre d'informations sur les expositions de tous les
sujets appartenant à un groupe défini, et on suit ces sujets. On étudie ensuite
l'incidence du cancer dans chaque sous-groupe défini par les expositions enregistrées.
Exemple : Etude des médecins anglais (Doll et Peto 1976, Doll et Gray 1980) : 40 000
médecins ont été enregistrés en 1951, notamment sur leur consommation de tabac, puis
suivis pendant 20 ans. Cette enquête a largement contribué à mettre en évidence
l'ensemble des effets du tabac sur la santé.