L’ORIENTALISME au XIXe siècle
L’ORIENTALISME AU XIXÈME SIÈCLE ARTICLE PUBLIÉ LE 20/06/2012 Par Clémentine
Kruse
L’orientalisme est un mouvement artistique, notamment présent dans la littérature et la peinture,
qui prend son essor en Occident au XIXème siècle. Le mouvement, et l’intérêt des artistes
occidentaux pour l’Orient, ne date pas du XIXème siècle : déjà dans les Lettres persanes,
ouvrage de Montesquieu publié en 1721, se faisait sentir cet attrait pour l’Orient et les
possibilités artistiques que ce monde relativement mal connu offraient.
Cependant au XIXème siècle, l’Orient devient une question centrale dans la politique des
grandes puissances européennes : l’expansion coloniale de celles-ci ainsi que la
Question d’orient, qui traverse tout le siècle, font que l’on s’intéresse à des régions
auparavant peu connues. De plus, l’amélioration des moyens de transport, et notamment
l’arrivée du bateau à vapeur, permettent à de nombreux peintres et écrivains de se rendre
eux-mêmes en Orient : les récits de voyage deviennent un genre littéraire à part entière.
Entre fantasme romantique et véritables études ethnographiques, les œuvres d’art
imprégnées d’orientalisme sont nombreuses au XIXème siècle, et illustrent une vision
occidentale de l’Orient, découvert par les artistes européens.
L’essor de l’orientalisme au XIXème siècle : des causes historiques
L’essor de l’orientalisme au XIXème siècle, comme mouvement artistique, est lié aux
bouleversements politiques que connaît l’Orient tout au long du siècle, avec l’expansion du
colonialisme européen et le lent effondrement de l’Empire ottoman. Lors de l’expédition
d’Egypte (1798-1801) des artistes accompagnent le général Bonaparte. Celui-ci souhaitait que
l’expédition d’Egypte ne soit pas une simple campagne militaire, mais une véritable expédition
culturelle et scientifique. Ainsi, le baron Vivant Denon (1747-1825), considéré comme l’un des
fondateurs de l’orientalisme, accompagne Bonaparte en Egypte où il fait de nombreux croquis
des sites archéologiques visités. Son ouvrage, Voyage dans la basse et la haute Egypte, publié
en 1802, est l’un des premiers d’une longue série de récits de voyage en Orient par des artistes
européens, et notamment français, peintres ou écrivains.
La guerre d’indépendance grecque, qui débute en 1821, mobilise fortement l’opinion publique
européenne, en raison de la place que la Grèce, et notamment la civilisation grecque antique,
occupe dans l’imaginaire européen. Cette guerre mobilise également les artistes européens :
l’épisode du massacre de Chios (1822) est resté célèbre en raison du tableau d’Eugène
Delacroix (1798-1863), intitulé Scène des massacres de Scio, qui fut exposé au Salon, à Paris,
en 1824. D’autres artistes, tel que l’écrivain Victor Hugo (1802-1885) dans son recueil de
poèmes intitulé les Orientales (1829), évoquèrent dans leur œuvre ce massacre. La guerre
d’indépendance grecque fut également marquée par l’engagement du poète britannique Lord
Byron (1788-1824) aux côtés des insurgés grecs, guerre d’indépendance durant laquelle il
trouva la mort, ayant contracté une fièvre qui lui fut fatale.
L’expansion coloniale en Orient est également l’un des facteurs historique de l’essor de
l’orientalisme en Occident. Ainsi, l’expédition française en Algérie, en 1830, décidée par
Charles X plus pour des raisons de politique intérieure – il souhaitait mettre fin à la crise
politique qui menaçait de le faire chuter – qu’une réelle volonté d’expansion coloniale, entraine
un essor considérable d’œuvres ayant pour thème l’Algérie. Lorsque l’installation durable de la
présence française en Algérie est décidée, les œuvres se multiplient, avec notamment celles de
Delacroix à l’instar des Femmes d’Alger (1834), qui se veulent moins imprégnées de
l’imaginaire oriental et plus réalistes.
Au tournant du siècle, l’Orient semble désormais accessible aux artistes occidentaux, en
majorité français ou britanniques, et l’esthétique orientaliste, qui a pris désormais un essor
considérable, influence ainsi la littérature et la peinture occidentales.