fluviale, maritime, et par le réseau de voies romaines qui sillonnent l'Europe. C'est la dissémination, à
l'échelle d'un continent, de la civilisation romaine.
Ce faisant, une nouvelle dimension apparaît. La ville de Rome a de plus en plus de difficultés à imposer
sa domination sur la totalité de l'empire. Une tendance à l'autonomie des villes et des provinces apparaît.
Des révoltes d'esclaves secouent l'empire. En même temps, aux frontières, s'exerce la pression des
peuples barbares, venus d'Europe centrale, d'Asie… A la fin du 4ème siècle de notre ère, l'Empire romain,
miné pas ses contradictions internes, finit par s'effondrer, sous la poussée des barbares qui l'envahissent.
Les liens centralisés des diverses provinces et villes de l'Empire avec Rome disparaissent. Les
envahisseurs s'installent sur les ruines de l'empire romain, et de cette situation nouvelle va naître la
société féodale.
Il s'agit, à l'origine, de la juxtaposition de petits territoires ayant à leur tête un seigneur. Chacun de ces
seigneurs exploite, sous la forme du servage, le travail des paysans. Il existe, entre les seigneurs, une
hiérarchie complexe, vassaux et suzerains. Le premier est " sujet " du second, qui, en échange, lui doit
protection. L'église catholique qui s'est développée au cours des derniers siècles de l'Empire romain,
constitue un élément essentiel de cette structure. Elle est organisée selon la hiérarchie féodale et exploite,
elle aussi, des serfs. Les serfs constituent la catégorie sociale la plus basse de la société féodale. Ils
cultivent les terres du seigneur - auxquelles ils sont attachés -, qui leur droit protection, et ils disposent de
terres qu'ils cultivent pour assurer leur propre subsistance et celle de leur famille. L'histoire de la société
féodale est marquée par les luttes des seigneurs entre eux pour étendre leur pouvoir, processus de
centralisation qui aboutira à l'apparition des royaumes européens. Au sommet de la pyramide féodale
apparaît alors un roi régnant " selon son bon plaisir " sur l'ensemble de ses sujets.
Dans cette société basée sur le travail agricole, les villes, héritées de l'empire romain, ont d'abord connu
un déclin. Elles vont renaître, d'autres vont apparaître, grâce au développement des corporations de
fabricants et de marchands, des habitants des " bourgs ", les " bourgeois ".
Dans l'antiquité, déjà, les échanges de marchandises entre les villes étaient assurés par des marchands. Ils
utilisaient pour cela une invention qui est, dans le cadre des sociétés de classe, indispensable aux
échanges : la monnaie. La monnaie n'a, en tant que telle, aucune faculté à produire de la richesse. Elle va
en acquérir dans le cadre des échanges commerciaux " inégaux ", méthode qui consiste, pour les
marchands, à acheter des marchandises dans des lieux où elles sont bon marché parce que faciles à
produire, pour les vendre dans des lieux où elle sont chères, parce que difficiles à produire.
Ces différences de productivité du travail sont essentiellement dues aux circonstances géographiques qui
font que telle région, par exemple, est propice à la culture du blé, alors que telle autre est propice à
l'élevage, à la culture de la vigne ou à la production de tissus. De l'impossibilité des échanges directs entre
les producteurs, à cause des distances et des difficultés de déplacement, naît pour les marchands le moyen
de s'approprier une part du surproduit de travail des paysans et de transformer ces richesses en capital.
Ce phénomène, déjà présent dans les sociétés antiques, trouve un terrain propice à son développement
dans la société féodale. Les nobles et les évêques bénéficient des progrès de l'agriculture, dus à la
stabilisation progressive de la société féodale. Ils peuvent ainsi acheter au prix fort des produits de luxe
(épices, soieries), que les marchands se procurent à bas prix, en Orient, en Inde ou en Asie. Ainsi vont
s'enrichir les bourgeois du Moyen age.
Cette bourgeoisie, au fur et à mesure que ses richesses s'accroissent, prend conscience de ses intérêts
particuliers de classe, et va tenter de se tailler une place sociale et politique à la hauteur de son importance
économique. Dans un premier temps, elle obtiendra, par la force, des législations particulières, des
chartes, pour les villes. Puis, la Renaissance, les mouvements de réforme religieuse, seront une nouvelle
expression de cette révolte. L'invention de l'imprimerie, en 1450, sera un vecteur très important de la
circulation des idées subversives.
A la même époque, les routes de l'Orient sont coupées par le développement de l'Empire ottoman et les
sources d'enrichissement des capitalistes européens se tarissent. Mais le capital qu'ils ont déjà accumulé
va leur permettre de financer de grandes expéditions maritimes, rendues plus sûres par quelques
inventions, comme la boussole et le gouvernail d'étambot. De nouvelles routes maritimes vers les Indes
sont ouvertes autour de l'Afrique ; puis en 1492, Christophe Colomb découvre l'Amérique. C'est le départ
d'une nouvelle possibilité d'enrichissement, à plus grande échelle : au commerce " inégal " s'ajoute la
traite des noirs, le pillage des richesses naturelles des pays conquis au profit du capitalisme marchand et
financier européen.