COLLOQUE RINOS (Réseau Intégration Nord Sud)
Montréal , 2-3 Juin 2005
3. Résultats
L’application du ‘Diamant de Porter’ aux secteurs des fruits et légumes et à celui de la pêche
a permis de mettre en évidence les points faibles et les points forts des deux secteurs. Les
points forts du secteur des fruits et légumes maghrébins sont, d’une part, une main d’œuvre
‘bon marché’ et d’autre part un climat méditerranéen idéal pour de telles cultures. Les autres
éléments du ‘Diamant de Porter’ ne sont pas en faveur des pays de l’UMA pour rendre les
deux secteurs compétitifs.
Dans le secteur de la pêche, on signale surtout comme point fort, l’abondance des
ressources halieutiques dans les côtes maghrébines. Les autres éléments du Diamant de Porter
ne sont pas en faveur de la croissance de la compétitivité de ce secteur.
La compétitivité des deux secteurs a eu les mêmes origines : alimenter le marché
européen en produits frais (fruits et légumes) et faire exploiter le secteur de la pêche par les
opérateurs étrangers. Ce qui revient à dire que la compétitivité des deux secteurs,
contrairement à l’approche de Porter, ne revient pas à la demande nationale, qui, selon Porter
conditionne la compétitivité d’un secteur. Les industries de transformation des deux secteurs
sont minimes et elles sont concentrées sur quelques produits dont l’écoulement est facilité par
le marché de l’UE. A part les industries des olives, des tomates, des jus, des sardines et
quelques autres espèces de poisson, l’exportation des produits frais représente la majorité des
exportations.
Au Maghreb, on ne peut proprement évoquer une rivalité intérieure, car d’une part, les
exportateurs des fruits et légumes, surtout marocains, partagent un quota ‘rente’ vers l’UE.
L’essentiel de leur travail est de défendre ce quota ainsi que le partage des parts des
exportations. Cette pratique n’a pas favorisé la naissance d’une rivalité dans le secteur.
Le secteur de la pêche connaît à son tour une grande pression; des joint-ventures, des
sociétés mixtes (entre société maghrébine et européenne) pour que les sociétés maghrébines
capitalisent l’effet des expériences. Mais le poids des sociétés nationales est faible. Comme
dans le secteur des fruits et légumes, la plupart des exportations se font à l’état frais.
Le dernier constat qui va dans le sens de Porter est que la coopération dans le secteur
des pêches a déréglementé la compétitivité locale. Les sociétés mixtes et les joints-ventures,
avec un pouvoir minime des opérateurs locaux ont joué en défaveur de ces derniers.
Probablement que c’est la raison principale de la faiblesse de l’industrie locale dans le secteur
des pêches.
En effet, La comparaison de la position compétitive du Maroc (principal producteur et
exportateur au Maghreb) et celle de l’Espagne, considérée comme son principal rival a révélé
les tendances lourdes du risque d’un désaccord politique entre ces deux pays si un accord
portant sur l’ouverture du marché de l’UE pour les fruits et légumes du Maroc d’une part et
l’ouverture de l’espace maritime du Maroc pour la flotte espagnol d’autre part n‘est pas
trouvé (Abidar, 2000). N’ayant pas trouvé cet accord, ces deux pays sont rentrés dans une
crise politique jusqu’au nouveau changement du gouvernement en Espagne.
4. Conclusions
Comme les intérêts à la fois économiques et sociales de l’Europe (surtout l’Espagne)
dans les eaux territoriales du Maroc sont gigantesques, et d’autre part l’importance du marché
de l’UE pour le Maroc ; le troc politique ‘Fruits et légumes contre poisson’ ne peut continuer
que sous d’autres formes. Les prochaines négociations entre les deux parties doivent
déboucher sur un compromis. Ce compromis doit tenir en compte deux éléments principaux :
On précise que les résultats de ce travail datent de 2000, avant la crise politique vécu entre le Maroc et
l’Espagne. Le scénario de la crise a été prévu par cette étude.