Sociologues et courants sociologiques
I. Les précurseurs _______________________________________________________________ 1
A. Montesquieu Charles-Louis de Secondat (1689-1755) _____________________________________ 1
1. La classification des gouvernements ___________________________________________________ 1
2. La diversité des lois et des mœurs _____________________________________________________ 1
B. Comte Auguste (1798-1857) __________________________________________________________ 2
C. Tocqueville Alexis de (1805-1859) _____________________________________________________ 2
1. La conception tocquevillienne de la démocratie __________________________________________ 3
2. Ancien Régime et Révolution Française: rupture ou continuité? _____________________________ 3
D. Marx Karl (1818-1883) ______________________________________________________________ 4
1. Le matérialisme dialectique __________________________________________________________ 5
2. Le matérialisme historique __________________________________________________________ 5
a) Une société est définie par son mode de production _____________________________________ 5
b) Le mode de production détermine les relations sociales __________________________________ 6
3. L'aliénation ______________________________________________________________________ 6
II. Les fondateurs de la sociologie __________________________________________ 7
A. Emile Durkheim (1858-1917) _________________________________________________________ 7
1. La sociologie: science des faits sociaux ________________________________________________ 7
2. Division du travail et lien social ______________________________________________________ 9
3. Les prémisses d'une sociologie de la déviance : le suicide _________________________________ 10
B. M. Weber (1864-1920) ______________________________________________________________ 10
1. Pour une sociologie compréhensive __________________________________________________ 11
2. Typologie des formes d'action _______________________________________________________ 11
3. Relations sociales, communalisation et sociation ________________________________________ 11
4. Typologie des formes de domination _________________________________________________ 12
5. Le processus de rationalisation ______________________________________________________ 12
III. Les débats contemporains _______________________________________________ 13
A. L’individualisme méthodologique de R. Boudon (1934) __________________________________ 13
1. Les principes de l’individualisme méthodologique _______________________________________ 13
2. Le social résulte d’un effet d’agrégation d’actions individuelles ____________________________ 14
B. Le structuralisme constructiviste de P. Bourdieu (1930-2002) _____________________________ 16
1. Habitus et dotation en capital _______________________________________________________ 16
2. Les agents s’opposent dans des champs sociaux _________________________________________ 17
Conclusion : Vers la fin des malentendus… ___________________________________________________ 18
1
Sociologues et courants sociologiques
Cette présentation n’a pas pour ambition d’être exhaustive, mais simplement de présenter
rapidement les principaux auteurs ayant joué un rôle dans la naissance, le développement
et l’institutionnalisation de la sociologie. Dans cette première approche, l’accent a été
volontairement mis sur les principales oppositions méthodologiques et sur la sociologie
française. L’étude des autres courants, et notamment de la sociologie américaine, feront
l’objet de présentations ultérieures.
I. Les précurseurs
Dès le XVIIIème siècle, les travaux de Montesquieu (1689-1755) et plus généralement ceux des philosophes
des Lumières (7: Hobbes, J. J. Rousseau, J. Locke), portent pour partie sur des thèmes qui relèvent
aujourd'hui de la sociologie. Durant tout le XIX' siècle, celle-ci est à la recherche d'une reconnaissance
institutionnelle qu'elle n'obtient qu 'au tournant du XXème avec les travaux des « pères fondateurs » E.
Durkheim (1858-1917) et M. Weber (1864-1920). Elle parvient alors à se doter d'un statut de discipline
scientifique avec un objet et des méthodes spécifiques.
A. Montesquieu Charles-Louis de Secondat (1689-1755)
Considérations sur les causes de la grandeur des romains et de leur décadence (1734)
De l’esprit des lois (1748)
1. La classification des gouvernements
Partisan de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, Montesquieu propose une
classification des gouvernements. Il distingue la monarchie, le despotisme et la république, celle-ci pouvant
être de nature démocratique ou aristocratique. Selon lui, chaque gouvernement se caractérise par sa nature
(structure du pouvoir) et par son principe (les passions humaines qui l'animent).
2. La diversité des lois et des mœurs
Pour Montesquieu, la diversité des lois et des mœurs n'est pas le fruit du hasard. Toute loi a sa raison car elle
est relative à un ou plusieurs éléments de la réalité physique (le terrain et le climat) ou morale.
Du point de vue des causes morales des lois, il distingue celles-ci des manières et des mœurs : « les mœurs et
les manières sont des usages, que les lois n'ont point établis, ou n'ont pas pu ou n'ont pas voulu établir: Il y
a cette différence entre les lois et les mœurs que les lois règlent plus les actions du citoyen et que les mœurs
règlent plus les actions de l'homme. Il y a cette différence entre les mœurs et les manières que les premières
regardent plus la conduite intérieure et les autres l'extérieur ». Les lois sont tributaires des mœurs. Les
mœurs, les manières et le caractère d'un peuple esclave sont une partie de sa servitude; ceux d'un peuple
libre, une partie de sa liberté.
2
B. Comte Auguste (1798-1857)
Cours de philosophie positive (1830-1842)
Système de politique positive (1851-1854)
Si A. Comte (1798-1857) est le premier à avoir utilisé le terme de « sociologie, on le considère aujourd'hui
surtout comme le père du positivisme.
A l'origine, il s'agit pour lui d'apporter des solutions à ce qui lui semble être une grande crise de société que
traverse le monde occidental au début du XIX. siècle.
Il propose pour cela d'instituer un nouvel ordre social fondé, non sur des croyances d'ordre théologique, mais
sur les acquis de la philosophie positive. Selon A. Comte, le positivisme peut être appréhendé à partir de
deux règles élémentaires: « observer les faits à l'écart de tout jugement de valeur et énoncer des lois ». Tout
en récusant les analyses de type métaphysique, il jette les bases d'une démarche scientifique dans les sciences
de la société. La physique sociale qui devient par la suite« sociologie » s'inscrit dans ce cadre: elle est la
science positive de l'unité humaine et sociale. Elle se décompose en deux sciences majeures: la dynamique
sociale qui se destine à « l'explication directe des lois fondamentales des divers aspects du développement
humain » et la statique sociale qui consiste en « l'étude des conditions d'existence d'une société quelconque ».
Sa volonté d'analyse globale de la société le conduit à procéder du général au particulier. Il considère que
l'objet premier de la sociologie est de rendre compte de l'évolution des sociétés (dynamique sociale) afin de
pouvoir, dans un second temps, comprendre les fondements de l'ordre social (statique sociale) (Voir chapitre
Changement social).
Bien qu'étant considéré comme un des fondateurs de la pensée sociologique, A. Comte a été à de nombreuses
reprises critiqué pour l'aspect téléologique et moraliste de son œuvre. En outre, la sociologie comtiste est
fortement simplificatrice sur le plan épistémologique : sa volonté légitime de vérification empirique la
conduit à énoncer des lois qui se veulent universelles et immuables.
C. Tocqueville Alexis de (1805-1859)
De la démocratie en Amérique (1835-1840)
L’Ancien Régime et la Révolution (1856)
« Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies : ils sentent le besoin
d’être conduits et l’envie de rester libres. Ne pouvant détruire ni l’un ni l’autre de ces instincts
contraires, ils s’efforcent de les satisfaire à la fois tous les deux. Ils imaginent un pouvoir unique,
tutélaire, tout puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du
peuple. Cela leur donne quelque relâche. Ils se consolent d’être en tutelle, en songeant qu’ils ont eux-
mêmes choisis leurs tuteurs. Chaque individu souffre qu’on l’attache, parce qu’il voit que ce n’est pas un
homme ni une classe, mais le peuple lui-même qui tient le bout de la chaîne.
Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y
rentrent. » De la démocratie en Amérique
« L’égalité, en effet, produit deux tendances : l’une mène les hommes directement à l’indépendance et
peut les pousser tout à coup jusqu’à l’anarchie, l’autre les conduit par un chemin plus long, plus secret
mais plus sûr, vers la servitude. » De la démocratie en Amérique
Les travaux de A. de Tocqueville (1805-1859) ont été tardivement considérés comme relevant de 1'analyse
sociologique. Il propose une méthode de recherche, novatrice pour 1'époque, fondée notamment sur un
recueil de données à partir d'enquêtes orales. Cela lui permet de construire des typologies et ainsi d'aboutir à
des analyses comparatives des phénomènes sociaux.
3
1. La conception tocquevillienne de la démocratie
Durant son séjour aux États-Unis, A. de Tocqueville s'interroge sur les fondements de la démocratie. Selon
lui, celle-ci ne doit pas seulement être entendue dans son sens étymologique et politique (pouvoir du peuple)
mais aussi et surtout dans un sens social: elle correspond à un processus historique permettant l'égalisation
des conditions qui se traduit par :
l'instauration d'une égalité de droit.
Une mobilité sociale potentielle
Une forte aspiration des individus à l'égalité.
Toutefois, l'égalisation des conditions n'implique pas pour autant la disparition de fait des différentes formes
d'inégalités de nature économique ou sociale. Selon A de Tocqueville, le principe démocratique entraîne
chez les individus « une sorte d'égalité imaginaire en dépit de l'inégalité réelle de leur condition ».
La tendance à l'égalisation des conditions qu'il considère comme inéluctable présente à ses yeux un danger. Il
constate que ce processus s' accompagne d'une montée de l'individualisme « repli sur soi ») ce qui contribue
d'une part à affaiblir la cohésion sociale et d'autre part incite l'individu à se soumettre à la volonté du plus
grand nombre.
A partir de ce constat, il se demande si ce progrès de l'égalité est compatible avec l'autre principe
fondamental de la démocratie: l'exercice de la liberté, c'est-à-dire la capacité de résistance de l'individu à
l'égard du pouvoir politique.
Egalité et liberté semblent en fait s'opposer puisque l'individu tend de plus en plus à déléguer son pouvoir
souverain à une autorité despotique et par conséquent à ne plus user de sa liberté politique: «
l'individualisme est un sentiment réfléchi (...) qui dispose chaque citoyen à s'isoler de la masse de ses
semblables (...) de telle sorte que, après s'être créer une petite société à son usage, il abandonne
volontiers la grande société à elle même » (A. de Tocqueville).
2. Ancien Régime et Révolution Française: rupture ou continuité?
Dans L'Ancien Régime et la Révolution, A. de Tocqueville montre que la Révolution de 1789 ne constitue
nullement une rupture dans 1 'Histoire de France. Selon lui, l'Ancien Régime s'inscrit déjà dans le processus
d'égalisation des conditions qui s'explique par deux évolutions complémentaires.
Sur le plan institutionnel d'une part, la France pré-révolutionnaire est marquée par la remise en cause
progressive du pouvoir de la noblesse par l'État (on assiste par exemple à un accroissement du pou- voir des
intendants aux dépens des Seigneurs). Sur le plan des valeurs d'autre part, A. de Tocqueville rend compte de
la montée de l'individualisme sociologique qui place l'individu-citoyen et avec lui le concept d'égalité au
centre des préoccupations morales et politiques (J.J. Rousseau: Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les
hommes).
C'est la convergence de ces deux logiques qui rend de plus en plus inacceptable l'inégalité des conditions: «le
désir d'égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l'égalité est plus grande» (A. de Tocqueville). Il
en conclut que le progrès de l'égalité a précédé la Révolution; il en est une des causes et non une de ces
conséquences: « tout ce que la Révolution a fait, se fût fait, je n'en doute pas, sans elle. Elle n'a été qu'un
procédé violent et rapide à l'aide duquel on a adapté l'état politique à l'état social, les faits aux idées, les
lois aux mœurs ».
4
D. Marx Karl (1818-1883)
Thèses sur Feuerbach (1845)
Manifeste du parti communiste (1848)
La lutte des classes en France (1850)
Le dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte (1852)
Le capital (Livre 1) (1867)
La guerre civile en France (1871)
« Qu’est-ce que la société, quelle que soit sa forme ? Le produit de l’action réciproque des
hommes. Les hommes sont-ils libres de choisir telle ou telle forme sociale ? Pas du tout.
Posez un certain état de développement des facultés productives des hommes et vous aurez
telle forme de commerce et de consommation. Posez certains degrés de développement de la
production, du commerce, de la consommation, et vous aurez telle forme de constitution
sociale, telle organisation de la famille, des ordres ou des classes, en un mot telle société
civile. » Lettre à Annenkov (1846)
« Dans la production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports déterminés,
nécessaires, indépendants de leur volonté; ces rapports de production correspondent à un
degré donné du développement de leurs forces productives matérielles. L’ensemble de ces
rapports forme la structure économique de la société, la fondation réelle sur laquelle s’élève
un édifice juridique et politique, et à quoi répondent des formes déterminées de la conscience
sociale. Le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la
vie sociale, politique et intellectuel. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur
existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. A un certain
degré de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en
collision avec les rapports de production existants, ou avec les rapports de propriété au sein
desquels elles s’étaient mues jusqu’alors, et qui n’en sont que l’expression juridique. Hier
encore formes de développement des forces productives, ces conditions se changent en
lourdes entraves. Alors commence une ère de révolution sociale. »
Critique de l’économie politique
Avant-Propos (1859)
« Lorsque dans le cours du développement, les antagonismes de classes auront disparu et que
toute la production sera concentrée entre les mains des individus associés, le pouvoir public
perdra son caractère politique. Le pouvoir politique, au sens strict du terme, est le pouvoir
organisé d’une classe pour l’oppression d’une autre. Si, dans la lutte contre la bourgeoisie, le
prolétariat est forcé de s’unir en une classe; si, par une révolution, il se constitue en classe
dominante et, comme telle, abolit violemment les anciens rapports de production - c’est alors
qu’il abolit en même temps que ce système de production les conditions d’existence de
l’antagonisme des classes; c’est alors qu’il abolit les classes en général et, par même, sa
propre domination en tant que classe. L’ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses
conflits de classes, fait place à une association le libre épanouissement de chacun est la
condition du libre épanouissement de tous. » Manifeste du parti communiste
« Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes,
autrement dit la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la
puissance dominante spirituelle. L’idéologie allemande
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