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Père Patrick Les fruits des Sacrements
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de tout son Corps mystique qu’il s’assume dans l’éternité dans la Jérusalem céleste par mode
de charité et par mode de grâce : grâce et charité ne faisant qu’un forment la gloire.
Ce passage du sacrement (donc du temps de l’Eglise) à la gloire est la responsabilité du chrétien.
Notre responsabilité est d’actuer aujourd’hui sur cette terre, dans le temps et l’espace, ce passage du
temps de l’Eglise, de la présence de Jésus ressuscité, du point de vue de l’assomption, à ce point de
vue du retour du Christ et de la Jérusalem céleste, un seul Corps mystiquement glorieux.
Quand nous communions, Jésus ressuscité d’entre les morts est réellement présent, et partout où il
est réellement présent per modum sacramenti, nous y sommes aussi physiquement, localement,
réellement : cette bi-location catholique, universelle, traverse tous les temps et tous les lieux qui ont
été le temps et le lieu de l’Eucharistie, tous les lieux où Jésus par mode de sacrement a donné la
grâce, et nous sommes avec lui source conjointe de toutes les grâces qui sont sorties de Jésus par le
mode de sacrement. Cette grâce est inouïe, mais ce n’est pas le but du sacrement, ce n’est qu’un
moyen, ce n’est pas notre responsabilité.
Notre responsabilité est de coopérer. Puisque notre âme chrétienne est l’épouse de Jésus Epoux,
Jésus s’efface, pour que ce soit à nous, dans notre responsabilité chrétienne d’amour, de permettre
ce passage de l’application de toutes les gloires du Christ au monde. Quand Jésus disparaît
après la communion, s’épanouit en nous, par mode de grâce, la présence réelle de tous les chrétiens
et de tous les membres du corps mystique de Jésus, de tous les temps et de tous les lieux, qu’il porte
dans son éternité glorieuse où il glorifie tous ses membres : tous les saints du ciel, tous les saints de
l’Eglise souffrante, tous les saints de l’Eglise militante, l’Immaculée Conception, le Verbe de Dieu
qui fait l’unité parce que c’est dans le Verbe de Dieu que subsistent mystiquement tous ses
membres en une seule hypostase.
Tout le corps mystique de Jésus est présent de manière vivante en nous. Or la vie est réelle.
C’est donc une présence réelle de tout le corps mystique : tous les saints dans la vision béatifique
sont présents en nous après le passage de la Res au fruit du sacrement de l’Eucharistie. Notre corps
physique est l’enveloppe du corps spirituel de la Jérusalem céleste : c’est la finalité du
sacrement si nous vivons le sacrement dans l’amour.
Voilà un très beau moyen de s’habituer à devenir un homme nouveau, en étant très attentif à ce qui
se passe.
Beaucoup communient en disant : « Jésus je t’aime, je te donne tout, je fais une super action de
grâce », et en arrêtant là après la communion, ils ne font pas l’essentiel, rendant l’Eucharistie
presque stérile. En eux cependant, si l’action de grâce est faite avec beaucoup d’amour, la charité a
augmenté ; et puisqu’ils ont reçu, même sans amour, la présence réelle de Jésus, il y a forcément
une augmentation de la grâce. Mais c’est pitoyable à côté du passage de la grâce à la gloire.
Le fruit est la paix, l’unité dans la charité de tout le corps mystique, d’où vient l’œcuménisme,
la paix entre tous ceux qui vivent du Christ de manière vivante. L’œcuménisme vient de cette
responsabilité surnaturelle de ce qui se passe quand le sacrement disparaît et qu’il se mue en
présence vivante du corps mystique et glorieux de Jésus. L’application dans le temps de l’efficacité
et de la fécondité surnaturelle du sacrement vient de notre attention d’amour surnaturel dans cet
instant-là. Nous sommes des chrétiens responsables.
Il faut se rappeler que les dons de Dieu sont sans repentance, donc la présence réelle substantielle de
Jésus (per modum substantiae) dans notre corps assoiffé du ciel, assoiffé de grâce, assoiffé de
gloire, assoiffé de la louange et du service de Dieu, laisse la place à la présence vivante du Christ
sacramentel, et cette présence réelle vivante demeure. Nous pouvons donc quelques heures après, le
soir, le lendemain, revivre de ce passage, nous ré-enraciner dans la Présence réelle par rapport au
Christ qui a été reçu dans l’Eucharistie, et reprendre à pleines mains cette présence vivante pour la
presser dans le pressoir du fruit eucharistique, et lui faire donner son fruit.