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Elise CONAN
Camilo GOMEZ
Le développement de l’Inde depuis les années 1950.
Le 26 janvier 1950 la république indienne est proclamée et le pays qui jusque
là était sous la tutelle britannique, devient maître de sa politique de développement.
De 1950 à aujourd’hui, le développement de l’Inde a été indéniable, mais confronté à
de nombreux obstacles à commencer par le poids démographique: dans 30 ans, la
population indienne dépassera celle de la Chine. L’augmentation rapide de la
population complique le développement indien (lourds investissements
démographiques, scolarisation, santé, soutien aux familles les plus pauvres…) et
l’exemple indien montre que si la croissance démographique stimule le
développement, elle peut, au-delà d’un certain rythme, l’handicaper. Le
développement du pays s’est effectué à différentes échelles spatiales et dans
plusieurs secteurs différents, au fil des politiques des gouvernements. La question
est de savoir quels ont été les facteurs, les modes et les conséquences de ce
développement?
L’analyse portera dans un premier temps de 1947 aux années 1970, lorsque
l’Inde s’adapte à un nouveau régime politique et choisit une politique autocentrée sur
elle-même ; puis sur l’essor du secteur industriel et des services jusque dans les
années 1990 ; avant de finir avec l’intégration de l’Inde dans un phénomène mondial,
des années 1990 à aujourd’hui.
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I. 1947-1970 : La voie indienne à distance du monde, un développement
autocentré.
A. La plus grande démocratie du monde.
Le 15 août 1947, l’indépendance du Pakistan et de l’Inde est proclamée, un
régime démocratique se met alors en place en Inde. Bien qu’il s’agisse d’un régime
récent, on parle communément de « la plus grande démocratie du monde »,
comment expliquer cette expression ?
Une démocratie est un régime politique dans lequel le peuple exerce sa
souveraineté lui-même, a priori sans privilèges ni exclusions. Promulguée le 26
janvier 1950, la Constitution donne naissance à la « République souveraine et
démocratique » de l'Inde, dont elle affirme le caractère laïque et la vocation sociale.
Si l’Inde est une démocratie, cela s’explique en grande partie par le legs britannique.
En effet, les dirigeants du congrès sont le produit d’une éducation « à l’anglaise » et
Londres avait de plus en plus permis à des indiens de participer à la gestion de
l’Empire. L’Inde préserve d’autant plus ces héritages britanniques, qu’elle a obtenu
l’indépendance non par les armes mais par la négociation.
Cette constitution se dote donc d’instituions directement inspirées du régime
parlementaire anglais : elle garantie la séparation des pouvoirs, et si le président de
la République a essentiellement un rôle honorifique, le premier ministre quant à lui
jouit pleinement de l’exécutif. Le suffrage universel est masculin et féminin, les
élections sont libres et régulières (le président est élu tous les cinq ans par un
collège électoral, et c’est celui-ci qui nomme le premier ministre.) Les contre-pouvoirs
sont également présents puisque la liberté de presse est respectée et la législation
garantit les principaux droits civils et politiques.
Néanmoins, force est de constater qu’il existe encore de nombreux obstacles
à la pleine garantie de la démocratie : en effet, l’action des syndicats est peu étendue
et amène peu de progrès, la corruption est très présente et l’application de la
législation laisse encore trop souvent désirer. Par ailleurs, la moitié de la population
est analphabète et vote comme le notaire influent ce qui bien évidemment fausse les
votes.
Maintenir une relative stabilité politique dans une telle diversité humaine
semble donc être difficile mais les gouvernements indiens l’ont tant bien que mal
réussi depuis l’indépendance de 1947, comme en témoignent les avancées
démocratiques ainsi que le fait qu’un intouchable est été élu président de la
République, que l’école et les postes administratifs deviennent de plus en plus
accessibles…
B. Un développement autocentré qui privilégie l’industrie.
La taille du pays et l’abondance en ressources naturelles lui permettent
d’envisager un appareil économique complet tourné vers le marché local, d’autant
que des bases industrielles existent déjà. Dans les années 1950/1960, la politique de
développement privilégie donc une industrialisation soutenue par la protection
douanière. Les économistes indiens s’appuient sur des exemples soviétique et
mexicain entre autres, afin de mettre en place un « tissu industriel » qui suppose une
concentration sur les industries de base, ainsi qu’une protection des autres branches
contre la concurrence étrangère. Nehru s’engage dans cette voie dès 1955.
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Le second plan quinquennal concentre les fonds publics sur les industries de
base et limite strictement les échanges extérieurs : droits de douanes élevés,
licences d’importations réservées aux secteurs prioritaires, restriction à
l’investissement étranger… L’administration produit une masse énorme de
règlements et de contrôles qui font de l’Inde « l’empire du permis » : les
entrepreneurs doivent solliciter une autorisation pour la moindre décision : accroître
l’activité, importer une machine… Mais cette politique économique autocentrée réduit
l’incitation à l’innovation en interdisant l’accès aux technologies les plus récentes ce
qui fatalement augmente les coûts de revient et donc les prix de vente. Les produits
indiens peu compétitifs, s’exportent mal, ce qui contribue à creuser le déficit de la
balance commerciale, et les producteurs eux-mêmes en tirent peu de profit car les
gains de productivité sont très modestes et le pouvoir d’achat stagne.
C. Réformes agraires et révolution verte.
1) Les réformes agraires au moment de l’indépendance.
En 1947, les trois quarts des actifs travaillent la terre et le nouveau
gouvernement entend freiner l’urbanisation. Il n’a, par conséquent, pas d’autre choix
que d’orchestrer une réforme agraire afin de combattre les injustices les plus criantes
sans confiscation massive ni collectivisation. Ainsi, les prélèvements versés aux
propriétaires par les fermiers ou métayers sont réduis, la superficie des exploitations
est plafonnée.
Cependant, ces réformes sont inégalement appliquées d’un village ou d’une
région à l’autre. Elles ont tout de même permis l’essor d’une paysannerie moyenne,
capable d’investir. D’autant que la réforme fut complétée par une batterie de mesures
destinées à améliorer le sort des ruraux : électrification des villages, développement
de l’irrigation, allègement de la fiscalité…
2) La révolution verte.
Comme on l’a vu, en 1956 a lieu le lancement su Second plan quinquennal qui
donne désormais la priorité à l’industrialisation. L’agriculture est progressivement
mise de côté, or, le pays est déjà le deuxième le plus peuplé du monde ! Fatalement,
le pays connaît une grave crise alimentaire : en 1965 et 1966, le pays subit deux
mauvaises moussons ce qui entraîne non seulement une crise agricole et
alimentaire, mais aussi une crise économique générale. En 1966 l’Inde importe donc
en catastrophe 10 millions de tonnes de céréales pour échapper à la famine ! La
décision est alors prise de lancer la « révolution verte. » La révolution verte c’est
donc l’adoption de nouveaux systèmes techniques, d’un changement de logique de
production et l’acceptation d’une certaine dépendance envers les marchés afin
d’augmenter les rendements par hectare. Pour ce faire, le pays décide d’importer des
semences à haut rendement de blé, et très vite l’Inde produit elle-même ses
VHR (Variétés à Haut Rendement) et doit user d’engrais chimiques, indispensables à
ces VHR. L’irrigation se développe, avec tout un système de barrages (les « temples
de l’Inde moderne »), de puits ; mais aussi l’accès à l’essence. (cf. document1 : photo.)
En 1965 sont aussi lancés deux programmes pour assurer une meilleure
rentabilité à l’agriculture. Le développement agricole devient en effet une priorité, et
non plus la lutte contre la famine : il s’agit à présent de constituer des stocks publics
pour contenir les prix agricoles et prévenir les crises alimentaires, ainsi que pour
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assurer un revenu minimum aux agriculteurs en écoulant leur surplus. Ainsi, La
Commission pour les prix et coûts agricoles est chargée de définir chaque année, en
début de campagne, des « prix de soutien » minimum, et la « Food corporation of
India » qui transporte, stock et distribue les produits agricoles. Par ailleurs, le
gouvernement multiplie les « Primary agricultural cooperative societies » (des crédits
agricoles à court terme qui rencontrent d’importants problèmes de corruption, de
favoritisme…) et des « Primary land development banks » à plus long terme, ainsi
que la nationalisation des banques qui doivent consacrer, en théorie, 17% de leurs
crédits au secteur agricole. La révolution verte c’est donc le passage d’une
agriculture d’autosubsistance à une agriculture de plus en plus commerciale.
Cependant, la révolution verte est accusée de favoriser les classes les plus
aisées mais les conditions étaient déjà inégalitaires : pour se moderniser il fallait
avoir des fonds ! Et il faut noter qu’elle a eu des répercussions favorables : les
pauvres par exemple ont tiré des bénéfices de la révolution. Ils peuvent désormais
compter sur une 2me récolte, sur une hausse des salaires, une réduction de la
différence des salaires entre hommes et femmes… Par ailleurs, les régions
avantagées par la révolution verte sont celles pourvues d’irrigation ou, à un degré
moindre, suffisamment pluvieuses. La révolution verte s’est greffée sur des zones qui
se trouvaient déjà en avance, ce qui a contribué à accentuer es inégalités : les
régions centrales sont donc complètement délaissées.
3) Des réformes agricoles récentes.
Par la suite, de nouvelles réformes agraires vont avoir lieue : la « révolution
blanche », celle du lait, a permis à l’Inde d’être depuis 2000 le premier producteur
mondial de lait. Elle n’a pas été opérée de la même manière que la révolution verte
mais par le développement d’un dense réseau de coopératives. Puis la révolution
jaune, celle des oléagineux, à lieue dans les années 1990 et permet la production
de doubler en moins de 10 ans grâce à des méthodes modernes.
Sur le plan agricole, l’Inde est aujourd’hui la 4ème puissance agricole mondiale
derrière la Chine, la Russie et les USA. Elle occupe le 1er rang pour certaines
productions : elle est le 1er exportateur de thé et d’épices, le 2nd pour le riz, le 7ème
pour le blé… (cf. document2 : La productivité agricole, de 1950 à la fin des années 1990) La
surface du pays est à 60% cultivée, et plus de la moitié des actifs sont dans
l’agriculture. L’activité agricole influence donc pour beaucoup la vie nationale,
d’autant plus que nombre d’industries et de services en dépendent également :
fabrication de matériel agricole, d’engrais chimiques, industries agroalimentaires…
Or, si l’agriculture a une telle importance dans l’économie indienne, une mauvaise
mousson peut entraîner une chute de l’économie tout entière, et la nécessité de
réformes sur le plan politique (comme ce fut le cas en 1991.)
Par ailleurs, les légumes sont mal transportés ce qui engendre une importante
perte de produits, l’agriculture intensive est un énorme inconvénient en terme de
développement durable, et le coût de soutien à l’agriculture est devenu exorbitant.
Ces éléments conduisent le gouvernement à envisager une nouvelle révolution
agricole, avec les OGM et l’insertion améliorée du pays dans les marchés agricoles
mondiaux.
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II. L’émergence et le développement de l’industrie, des années 1950 à
aujourd’hui.
Aujourd’hui, le secteur industriel représente 29.1% du PIB, quand l’agriculture en
réalise 17.2% et les services 53.7%.. (cf. documents 3 et 4 et 5 : répartition sectorielle des
activités économiques.) Le textile, les produits chimiques, la nourriture, l’acier, les
équipements, le ciment, le pétrole… sont autant de secteurs exploités par les
industries indiennes. Cette dernière s’est développée à partir des années 1950, et
aujourd’hui des industries informatiques de pointe très modernes côtoient des
industries archaïques où le rouet à filer et le métier à tisser manuel sont encore
d’usage !
A. Les débuts de l’industrie.
1) Un territoire doté de matières premières.
L’industrialisation indienne est en partie basée sur la richesse de matières
premières. Près de Calcutta par exemple, se trouvent d’importantes ressources
minières (charbon, minerai de fer, pétrole…) La richesse du sud -notamment en
pétrole- permet au pays d’être le cinquième producteur mondial. D’autre part, des
ressources naturelles moins visibles dans l’espace mais plus importantes en termes
d’emplois donne lieu à des industries. C’est le cas de l’industrie textile fondée sur le
coton du Tamil Nadu et d’Andhra Pradesh, et de l’industrie sucrière.
2) L’héritage de la colonisation.
Les principales régions industrielles se trouvent - par un effet de littoralisation-
autour des grands comptoirs britanniques, ce qui est révélateur de l’impact de la
colonisation. Bombay, Calcutta et Maudras - à moindre mesure - étant des villes
portuaires, ont profité de la transformation des matières premières sur place et de
réseaux rapidement efficaces. Un certain capitalisme commercial et financier plus
qu’industriel a ainsi pu se développer sous la colonisation, qui représentera une des
bases de l’économie de l’Inde indépendante.
Cette littoralisation a eu un fort impact, notamment celui de créer d’importantes
disparités entre les régions. La Grande Bretagne a ainsi amené un certain
capitalisme qui n’existait pas alors dans une Inde plutôt tournée vers un
traditionalisme et un conservatisme. Au moment de l’Indépendance en 1947 l’Inde a
pour but d’atteindre l’autosuffisance. Ceci n’est possible qu’à travers une politique
d’industrie.
B. Les petites entreprises favorisées.
L’Etat joue un rôle primordial dans l’essor de l’industrie. En effet, une
planification à la Soviétique est engagée, ainsi que plusieurs plans pour permettre à
l’industrie de se développer, l’objectif étant d’industrialiser toute l’Inde en dispersant
les entreprises. C’est ainsi qu’une grande majorité de petites entreprises
apparaissent, favorisées par une politique de prêts avantageux. Mais leur cas est
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