
 
spécification  et  d’activation  des  ressources  qui  les  fondent  exigent  en  même  temps 
qu’elles s’insèrent dans des dispositifs collectifs où le contrat, formel ou informel est 
fondamental. Les coordinations, le respect de règles du jeu, la définition même de ces 
règles fondent ces constructions nécessairement collectives. La ressource activée et 
spécifiée  constitue  un  bien  collectif,  un  bien  commun  voire  un  bien  public,  la 
territorialité qu’elle construit également (SIQO par exemple). 
— celle des savoirs partagés, la question paysagère ou de la gestion environnementale 
portant fondamentalement celle de la prise en compte des savoirs et de l’expérience de 
l’ « habitant » ce qui amène à interroger les rapports entre ces savoirs locaux et ceux 
de l’expert et du scientifique, et pose la question des savoirs partagés. Autant derrière 
les savoirs scientifiques que vernaculaires, la construction des discours et des identités 
qui s’y trouvent associées tentent d’authentifier « l’originalité » (au sens qualitatif et 
quantitatif, situé et temporalisé à travers  l’ancienneté ou  l’exclusivité  de la  présence 
par  exemple)  à  travers  un  ensemble  de  signes  et  d’artefacts  qui  interfèrent  dans  la 
rencontre entre naturel et symbolique, matériel et immatériel en fondant un ensemble 
de procédures de conformation des habitants par les scientifiques et des scientifiques 
par  les  habitants  dans  l’interprétation  de  la  réalité  géographique.  Tel  espace  sans 
signification devient paysage-ressource du fait d’un nouvel éclairage sociétal à travers 
les chaînes de la recherche qui vont de l’interrogation de l’habitant (temps 1) sur son 
savoir  vernaculaire  aux  chercheurs  qui  en  tirent  des  conclusions  plus  ou  moins 
objectivantes (temps 2) et reconstruit in fine de part sa légitimité l’objectité ré-évoqué 
par l’habitant (temps 3). Tel espace anomique devient environnement de qualité du fait 
d’un  dispositif  sociétal  de  mise  en  valeur  spécifique  et  dès  lors  spécifié  (textes, 
normes) 
 
Ces deux entrées sont également pertinentes dans la théorisation de l’action.  
— Elles  amènent  à  interroger  les  sciences  de  l’espace  dans  leurs  fondements  :  les 
configurations spatiales, les  topologies, la question  des échelles, de l’exhaustif et  de 
l’échantillonné ; 
— Elles posent la question des délimitations, d'une géographie “maniaque du découpage 
et de la limite” (Retaillé 2008) : forme de discrimination qui rassure les ingénieurs et 
décideurs territoriaux là où le rapport des sociétés à leur environnement fait plus appel 
au "fondu enchaîné", aux réarrangements permanents. 
— Elles  situent  les  enjeux  au  carrefour  de  la  science  territoriale  (social, 
environnemental),  sollicitée  pour  produire  des  indicateurs,  et  interrogent  sur 
l’utilisation  des  méthodes,  des  représentations  et  des  données,  quantitatives  ou 
qualitatives, en lien avec la question de l’objectivation des productions de la science.  
 
La ressource  offre  une ouverture distincte  sur  l’interaction  entre matériel  et  immatériel. Un 
élément naturel ou un certain potentiel, ne devient  ressource que  par  l’usage qu’en  font  les 
sociétés humaines et la valeur qu’elles lui donnent. Sans nier la part de naturalité de certaines 
ressources  qui  permet  de  donner  une  place  aux  matérialités  paysagères  et  aux  processus 
biophysiques  de  l'environnement,  ni  l’actualité  des  enjeux  liés  à  leur  utilisation  optimale, 
notamment  dans  la  perspective  de  leur  exploitation  durable,  la  notion  de  ressource, 
mobilisable  sur  un  territoire  donné,  peut  être  étendue  à  d’autres  domaines :  ressources 
humaines,  ressources  touristiques,  ressources  financières…  Dans  une  telle  perspective,  la 
ressource fait signe et est une construction éminemment sociale, fondée sur des usages, des 
pratiques et des représentations sociales à un moment donné et il ne peut exister de modèle de 
gestion générique applicable partout.