Silicon Graphics Indy "It's an Unix System. I know it !" Les chips Pentium n'ont toujours pas atteint le stade de la production en série, le bus PCI n'est toujours qu'une belle promesse, les systèmes d'exploitation 32 bits pour PC ont encore de belles maladies de jeunesse. Pendant ce temps, Silicon Graphics, la visionnaire, nous mijote à prix sacrifiés une station Indy qui ferait pâlir de honte n'importe quelle machine Macintosh ou PC. En pleine JurassicParkmania, SGI frappe décidément fort. Silicon s'est taillée une excellente réputation dans la niche des stations graphiques haut de gamme. Célèbre pour sa gamme Indigo, affichant sa suprématie dans le domaine de l'image de synthèse 3D, Silicon Graphics ajoute à son catalogue Indy, une nouvelle station d'entrée de gamme. Indy hérite de toutes les qualités technologiques de ses grandes soeurs. Elle accueille en son sein le processeur MIPS R4000. Pendant que le superscalaire Pentium plafonne à 66 MHz, le superpipeline R4000 prend son envol à 100 MHz en interne et 50 MHz en externe. Processeur RISC 64 bits (72 bits si l'on tient compte de la parité) , compatible vers le bas avec les anciennes versions 32 bits, little ou big endian sur demande, 32 registres internes, le R4000 se distingue encore par son haut niveau d'intégration, associant CPU, MMU, FPU et deux caches de 8 KB sur un même chip. Le R4000 se décline en une version PC (Primary Cache) affichant 34 Specmarks ou SC (Secondary Cache d'1 MB !) atteignant 59 Specmarks. Le Pentium n'a qu'à bien se tenir. Le système CPU est relié au gestionnaire mémoire par un bus de données et adresses de 64 bits garantissant un taux de transfert de 267 MBytes par seconde. Il coiffe donc sur le poteau la norme Intel pour le bus PCI 2.0 «limitée» à 264 MB/sec. GIO, le bus I/O maison, tolère également les mêmes 64 bits et le même taux de transfert : 33 fois la vitesse du bus ISA, 8 fois la vitesse du bus EISA. Le transfert de grande quantité d'informations vidéo est enfin réalisable. La mémoire, d'origine fixée à 16 MB, peut être étendue à 256 MB par barrettes SIMM de 8 MB. Pendant ce temps, les machines IBM à base de Pentium et PCI attendent l'arrivée des barrettes 32 MB pour être gonflées à 128 MB. Indy-ISDN ? Poursuivons notre exploration du côté du panneau arrière. Devinez ce que nous allons y trouver ? Deux ports séries ? Oui, c'était facile. Un port parallèle ? Oui, facile aussi mais celui-ci a son propre buffer FIFO et monte à 1 MB/sec. Un port SCSI ? Oui, une interface SCSI-2 pour deux périphériques internes et cinq externes. Un port Ethernet ? Raté, il y en a deux: AUI et 10BASE-T. Une sortie Audio ? Vous voulez rire. Un véritable studio digital avec deux chips CODEC, une entrée micro, une sortie haut-parleur, 4 canaux séparés et échantillonnage sur 24 bits à 50 kHz contre 44 kHz pour un vulgaire CD audio. Non, ce n'est pas tout. Un connecteur RJ45 cache un accès de base ISDN ( 2 canaux B de 64 Kbits/sec et un canal D de 16 Kbits/seconde) supportant le Point-to-Point Protocol (PPP). Le PPP permet la prolongation d'une liaison TCP/IP à travers les canaux B du réseau numérique. Cyberspace ? Fin du fin, un connecteur pour lunettes 3D attend les aspirants cybernautes. En guise de cerise sur le gâteau, l'Indy est livrée d'origine avec IndyCam, une petite caméra digitale couleurs qui se loge sur le haut de l'écran. La petite caméra n'a l'air de rien mais connectée directement au port vidéo d'Indy, elle fournit 30 images par seconde de 512 sur 492 pixels et sur 8 bits couleurs. Ses performances lui permettent donc d'être à la hauteur dans des applications aussi gourmandes que de la vidéoconférence. Elle peut aussi être utilisée pour digitaliser des images qui sont ensuite attachées à du courrier électronique. L'Indy accepte des images en provenance de la caméra, d'un port NTSC, PAL ou du connecteur S-video. Et comme il peut afficher 32 millions de pixels en moins d'une seconde ( c'est-à-dire 24 images de 1280 sur 1024 pixels ), l'animation digitale ne lui fait pas peur. J'allais oublier le Floptical drive acceptant disquette 21 MB ou disquette standard en provenance d'une machine Unix (cpio, tar), Dos ou Macintosh. Trois composants fournissent à l'Indy une puissance graphique hors du commun : - le Raster Engine pour le traitement des primitives de dessin : points, ligne, bloc - un framebuffer pour la carte graphique de base 8 bits ou la carte optionnelle 24 bits. - un video controller dédicacé envoyant un signal RGB au moniteur. Plumage et ramage ont bénéficié de la même volonté de perfection. Le système d'exploitation est l'IRIX 5.1. Il s'agit d'un Unix System V.4 avec extensions BSD 4.3. Il inclut la couche graphique XWindow X11R5, un OSF/Motif Toolkit 1.2 et une gestion de l'affichage via Display PostScript. IRIX 5.1 est complété par des extensions ou protocoles réseau TCP/IP et NFS (Network File System). Compatible au niveau binaire avec les workstations IRIS 4D, l'Indy dispose ainsi dès sa naissance d'une vaste gamme d'applications graphiques ou scientifiques. Comme si ce n'était pas suffisant, Indy supporte des clients réseau pour Netware ou AppleTalk lui permettant de se relier à des réseaux PC ou Macintosh. Il inclut d'origine Soft PC d'Insignia, le célèbre émulateur MS-DOS acceptant les applications Dos et même Windows. Une version d'évaluation d'un émulateur Macintosh nous prouve qu'il est possible de faire tourner Word et Excel pour Mac sur l'Indy. Silicon Graphics dépasse le concept du Graphical User Interface pour nous proposer Indigo Magic, son Media User Interface masquant totalement la complexité d'Unix. Indigo Magic supporte la couche X Motif classique et inclut, à côté des tristement célèbres calculettes et calendriers, toute une série d'utilitaires non conventionnels : éditeur son, gestionnaire CD et DAT, convertisseur animation QuickTime, courrier électronique multimédia, outils de vidéoconférence, tableau interactif pour travail en workgroups. La documentation est totalement électronique et gérée par un Online Documentation Viewer. Iris Showcase 3.0 permet la génération de documents multimédia interactifs en mixant texte, image bitmap, son digital, image live, objets 3D et animation numérique. Les développeurs pourront passer plusieurs semaines à faire le tour des outils qui leur sont consacrés : compilateur C, C++ et Fortran, CASEVision, l'environnement graphique de développement et les librairies Iris Graphics, Open GL (intégrée dans une future version de Windows NT), les librairies de traitement d'image ou de desktop vidéo. Vous l'aurez senti au ton subjectif de l'article, nous sommes tombé amoureux de cette machine futuriste. Le retour à notre bon vieux PC a été aussi douloureux qu'une rupture sentimentale. Nous avons passé 15 jours vissé à cette bête sans devoir la resetter une seule fois. Seules les émulations DOS et Macintosh paraissent un peu légères. L'interface XWindow est d'une convivialité à toute épreuve. Nos tests plus sérieux de compatibilité binaire avec des applications IRIS 4D se sont avérés probants, le compilateur C a accepté sans sourciller nos différents benchmarks. Les 32 MB de la machine de test n'ont pas toujours suffi à fournir une vitesse de croisière acceptable. Iris Magic est vraiment très gourmand. Et notre disque d'1 GB était déjà complètement bourré avec l'Operating System, l'environnement de développement et quelques démos tirées des 3 CD-Roms accompagnant la machine. Le prix public de l'Indy de base n'est pas encore finalisé mais devrait se situer entre 300 et 350 mille francs. Cher ? Faîtes un peu le compte de ce que vous coûterait un Pentium + bus PCI, 16 MB RAM, 340 MB de disque dur, carte graphique accélératrice, contrôleur SCSI-2, carte active ISDN, système de vidéoconférence, carte sonore haut de gamme, caméra digitale, DOS, Windows et kit de développement ? Une demi-brique au bas mot ? Et ne parlons pas du prix d'un Quadra 840AV signé Apple ! Info produit (!! désolé Hans, j'ai oublié le dossier au bureau. Est ce que tu préfères des pralines ou des orangettes en guise d'excuses ?)