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INTRODUCTION
Comprise entre 13°30 et 16°30 de latitude nord, le delta intérieur du Niger au Mali (DIN)
est un écosystème original situé au cœur du Sahel malien. Il forme une vaste pénéplaine
alluviale de près de 30.000 km2 inondable par les eaux de crue du fleuve Niger et de son
principal affluent le Bani, ainsi que leurs nombreuses ramifications de chenaux qui
alimentent par ailleurs de multiples mares et lacs. Dans les zones d’inondations s’étendent
de vastes savanes ou prairies aquatiques constituées de graminées à tiges flottantes
souvent dénommées bourgou ou bourgoutières, du nom peul pour désigner des
pâturages inondés. Elles se rencontrent ailleurs au Zaïre, au Sénégal, au Niger, en Asie
tropicale, à Madagascar, au Soudan, dans la cuvette du lac Tchad et dans celle de
l’Okavango au Botwana,
L’essentiel de cette zone se situe dans la 5e région administrative du Mali, la région de
Mopti. Grâce à ses vastes prairies naturelles ou « bourgoutières » elle renferme à elle
seule plus de 70 % du potentiel des terres irrigables du Mali (Sada Sy, 1995 cité par
Michèle Adesir, 1999), et abrite environ 50 % du cheptel malien surtout pendant la longue
période sèche qui s’étale sur plus de 8 mois au Sahel, et fait vivre plus de 300.000
personnes du secteur de la pêche.
La diversité de ses ressources explique la diversité des populations, chacune avec sa
spécialisation pour un mode d’exploitation ou l’un des trois systèmes de production (la
pêche, l’agriculture et l’élevage). Traditionnellement chacun de ces systèmes est pris en
charge par un groupe ethnique dominant (la pêche par le bozo, l’élevage par le peul et
l’agriculture par le groupe rimaïbé-marka). Avant les sécheresses des dernières
décennies, l’abondance des ressources avait favorisé la cohabitation harmonieuse de
toutes les communautés socioprofessionnelles en présence. Depuis les épisodes de
sécheresses persistantes, devant ressources de plus en plus limitées sous la péjoration
climatique, chaque ethnie cherche à diversifier sa production au risque d’empiéter sur le
voisin contrairement l’ordre ancien. Les règles de partage et d’exploitation des ressources
clairement établies, suivant la trilogie hiérarchique élevage, pêche, agriculture, pendant la
période de la Dina (1818-1842) ne sont plus respectées. Aujourd’hui, on assiste plutôt à la
prédominance de l’agriculture. Les conflits fonciers entre les différents utilisateurs sont
ainsi devenus fréquents, surtout entre les éleveurs transhumants à la recherche des
fourrages et de l’eau et les agriculteurs occupant pâturages et quelque fois les pistes
d’accès à ces ressources.
1. Potentialités fourragères des bourgoutières
En considérant l’ensemble des associations végétales dans lesquelles le bourgou a le
statut d’herbacée dominante ou codominante, il apparaît que les bourgoutières couvrent
240 000 hectares, soit 8,9 % de la superficie des communes qui les englobent
(Jérôme. M, 2000).Ce sont les parcours les plus productifs du delta intérieur du Niger.
Ils peuvent fournir une biomasse de 35 000 kg de matière sèche à l’hectare. La
production médiane se situe autour de 20 000 kg, ce qui fait d’elles les pâturages les
plus recherchés de l’Afrique de l’Ouest. Une bourgoutière totalise environ 6000 kg de
repousses à l’hectare entre la fin de la pâture d’entrée (que l’on compte sur un mois) et
le mois de juin, avec un taux de consommation de 70 %.(Hiernaux et al 1983)
Si 40 communes sur 51 possèdent une bourgoutière, la superficie occupée par les
bourgoutières varie fortement d’une commune à l’autre. Quatre communes, à savoir