100ng/mL pour un individu sain contre non détecté à
1000ng/mL pour un patient malade) [4]. Par ailleurs il a
été avancé que le phénomène de mort cellulaire par
nécrose serait plus fréquent dans le cas de cellules
tumorales ayant pour résultat la présence d’ADN plus
fragmentés [5,6]. Ainsi l’analyse de la qualité de l’ADN
total circulant à travers sa concentration et le contrôle de
son intégrité est susceptible d’être utilisé comme
biomarqueur du cancer [7]. Une autre stratégie consiste à
cibler la surexpression de marqueurs spécifiques comme
le miARN21 dans le cas du cancer du pancréas. Les
miARNs sont une classe de courts nucléotides (19-25 nt)
simple brins de type ARN non codant jouant un rôle de
régulation dans divers mécanismes cellulaires à travers la
dégradation ou la répression des ARNs messagers
(ARNm) [8].
Le verrou principal de cette approche est la faible
concentration et la large répartition en taille des ADNs ou
ARNs circulants dans les fluides biologiques, notamment
le sang. Notre but est de développer un laboratoire sur
puce permettant l’analyse des ANs circulants. L’intérêt
des laboratoires sur puce réside dans le fait qu’ils
permettent la multiplication des étapes technologiques sur
un même dispositif. La miniaturisation des étapes permet
la consommation de faibles volumes d’échantillon dans le
cas de canaux microfluidiques. Idéalement ils permettent
la réduction du temps et des coûts d’analyse. De plus leur
taille facilite le transport et leur utilisation ne nécessite
pas la présence d’opérateur qualifié ce qui en fait de bons
candidats pour le diagnostic direct au chevet du patient
[9]. La technologie que nous avons développée repose sur
un brevet déposé par le LAAS-CNRS [10]. Elle permet la
manipulation des ANs chargés sous l’action combinée
d’une actuation hydrodynamique et d’un champ
électrique agissant dans des directions opposées [11].
Ainsi nous avons réalisé la concentration et la séparation
en taille de molécules de type ANs avec des
performances intéressantes en terme de facteur
d’enrichissement (x1000/min), de résolution en taille (20-
50000 nucléotides), de sensibilité (1pg/mL) et de temps
d’acquisition (quelques minutes). L’analyse de la qualité
de l’ADN est faite par comparaison avec un marqueur de
taille placé dans les mêmes conditions opératoires que
l’échantillon et servant de référence de taille et de
concentration. La détection de mutations spécifiques est
réalisée à l’aide de sondes de type balise moléculaires.
Les balises moléculaires sont des séquences
nucléotidiques simples brins (15-30 nt) capables de
s’hybrider avec une cible. En absence de cible sa
structure en forme de tête d’épingle maintient à proximité
un fluorochrome et un suppresseur de fluorescence,
placés à ses extrémités respectives. En présence de la
cible, l’hybridation provoque l’ouverture de la structure
et la restauration de la fluorescence [12].
Dans cette étude nous présentons une approche
intégrée de laboratoire sur puce compatible avec des
échantillons biologiques complexes tel que le plasma
sanguin. Notre système combine la préparation de
l’échantillon et la détection de biomarqueurs cancéreux
pour fournir aux médecins un outil de diagnostic fiable,
performant, à bas coût et prêt à l’emploi.
2. Matériels et méthodes
Les puces sont fabriquées en salle blanche par gravure
plasma après photolithographie. Un canal de 16µm de
profondeur permet d’acheminer rapidement la solution
vers une seconde partie de 2µm de profondeur où la
séparation à lieu. La constriction a une largeur de 2µm au
centre du canal. Un oxyde humide de 400nm est déposé
sur le silicium pour isoler électriquement les canaux. Les
canaux sont scellés par soudure anodique avec un wafer
en verre pour l’observation microscopique.
Les images sont réalisées avec un microscope à
épifluorescence (Zeiss) équipé d’une caméra ANDOR
iXon-885. La pression est délivrée par un contrôleur
MFCS (Fluigent) et le champ électrique par un délivreur
de tension DC.
Pour la préparation du marqueur de taille 100bp, 6µL
de 100bp ladder plus à 500ng/6µL (Ozyme) est incubé
avec 2µL de Yoyo-1 à 100µM (Thermofisher) dans
992µL de tampon Tris-Borate-EDTA (TBE) 1X dans
lequel on a dilué du Polyvinylpyrrolidone 1,3M Da
(Sigma) à 5% en masse et du Dithiothreitol (Sigma) à 2%
en masse. Toutes les solutions sont filtrées à 0,22µm.
Pour la préparation du plasma, des échantillons sont
fournis par le CHU de Toulouse après centrifugation d’un
échantillon sanguin à 872g pendant 10 minutes et
congelés à -20°C. Après décongélation nous réalisons
une deuxième centrifugation à 16000g pendant 15
minutes pour enlever les restes de plaquettes et de débris
cellulaires. Le plasma est alors dilué à 10% dans du
TBE1X, PVP5%. Le marquage de l’ADN plasmatique
est réalisé avec du SybrGold 1X (Thermofisher).
Les plasmides linéarisés ont pour taille respectives
466bp, 799bp et 1512bp. Ils nous ont été fournis par
l’équipe de Vincent Dion de l’Université de Lausanne.
Leur concentration a été mesurée au Nanodrop à
80ng/µL.
Les balises moléculaires sont conçues à partir d’un
programme développé au sein du LAAS-CNRS par
Marie Brut. Les séquences des sondes et des cibles sont
synthétisées par Eurogentec. Les mesures de fluorescence
en température sont réalisées avec un spectrofluorimètre
d’Edinburgh Instruments.
3. Résultats
3.1. Concentration et séparation des acides
nucléiques
La séparation des acides nucléiques est une étape
récurrente pour la quasi-totalité des opérations de
biologie moléculaire liée à ces derniers. Si plusieurs
techniques de séparation existent en laboratoire, elle est
principalement effectuée en routine par électrophorèse
pour vérifier la distribution en taille des ANs à n’importe
quelle étape du processus opératoire. Traditionnellement
l’électrophorèse est réalisée sur gel d’agarose ou
d’acrylamide. L’application d’un courant permet la
migration des molécules chargées négativement. Le gel
sert de matrice rendant la mobilité des ANs dépendante
de leur taille et permet la séparation. [13]. La technique
d’électrophorèse est devenue plus performante avec son
application au format capillaire. Elle consiste à remplir
des capillaires d’environ 100 µm de diamètre avec des