textes - Français LJP

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Françoise Morvan et André Markowicz
Notes sur « La Mouette »
En russe, le mot « tchaïka » (la mouette) contient le verbe « tchaïat’ », espérer vaguement. La
mouette, c’est l’illusion, la déception, l’essor, la désillusion, le fait d’être tourné vers le futur et
d’attendre l’irréel, ou de regarder vers le passé et d’attendre que ce passé découvre un espoir d’y
voir une réconciliation possible.
La traduction du titre est donc un échec. À quoi la mouette peut-elle faire penser en français ? Aux
bains de mer ? En tout cas, pas à l’espoir fragile : la mouette serait plutôt perçue comme un oiseau
solide, joyeux, une forme banale et familière de goéland, sans la poésie du large qui lui reste
associée. La fragilité de l’oiseau de mer déplacé vers l’eau douce d’un immense lac est-elle
perceptible ? Ce n’est pas même certain, et c’est pourtant à cette condition que peut être rendue
sensible l’allusion à la mort d’Ophélie qui donne sa profondeur au personnage de Nina. En
français, jusqu’au XIIIe siècle, le nom de la mouette, c’était la mauve, terme qui s’est conservé en
Haute-Bretagne jusqu’au XIXe siècle et qui a aussi donné mauviette. Ç’aurait encore été l’occasion
d’une sorte d’étrange faux-sens imposé, car ce qui importe, ce qui a incité Tchékhov, en plus du
nom, à choisir cet oiseau, c’est que la mouette est blanche ; lorsqu’on la voit, au deuxième acte,
elle fait une tache blanche et, tout à la fin, lorsque Chamraiev en parle, puis l’apporte, c’est comme
le fantôme de cette blancheur qui revient.
Blanche ? Mais il y a plusieurs sortes de mouettes, et qui changent d’apparence selon la saison. Or,
puisqu’elle se rencontre à l’intérieur des terres, sans doute s’agit-il d’une mouette rieuse qui, en
été, porte un capuchon brun sombre. Et rappelons que la voix de la mouette rieuse est
particulièrement discordante : kouarr, kriièh, kouêk. Bec et pattes rouges, capuchon de pénitent,
couacs ricanants... Tréplev jette le corps de la mouette aux pieds de Nina en disant : « J’ai eu la
bassesse de tuer cette mouette. » J’ai eu la bassesse, cela signifie : j’ai fait exprès de tirer cet oiseau –
un oiseau non comestible ; donc, pour rien, ou peut-être parce qu’il lui faisait penser à Nina. Et,
du coup, à lui-même, puisque c’est lui qu’il dit vouloir tuer, et qu’il tuera. Ou à ses espoirs, à cause
du nom de l’oiseau. Il n’est pas certain que l’allusion soit si claire qu’il peut sembler, ni si
favorable à Nina... « Cette mouette-là, visiblement, c’est un symbole », dit-elle après l’avoir
ramassée, mais le symbole de quoi, elle aime autant ne pas le savoir et elle pose la mouette à côté
d’elle : c’est tout de même plus propre que de la laisser dans le passage. Toute la fin de l’acte se
passe avec cette mouette, là, sur le banc, ce qui fait que Trigorine ne peut pas s’asseoir. Il parle, il
parle, et quand il s’approche, attiré par Nina, il découvre qu’elle est assise à côté d’une mouette.
Métonymie. « Le sujet d’une petite nouvelle... C’est un bel oiseau », dit-il. Et tout s’arrête là.
Mais, en fait, non. Il y a une lacune dans la pièce, une petite scène qui est reconstituée après.
Trigorine quitte Nina, rentre dans la maison, puisque Arkadina l’appelle, mais il revient prendre la
mouette. « Nous avons quelque chose à vous ici, dit Chamraïev, un jour Constantin Gavrilytch
avait tiré une mouette et vous m’aviez demandé de vous la faire empailler. » Donc Trigorine est
revenu chercher la mouette et a demandé à Chamraïev de la lui faire empailler, ou Chamraïev est
passé, a pris la mouette et Trigorine s’est dit que ça pouvait faire joli dans un salon, ou que ça
pouvait faire un souvenir, en tous cas, il a eu envie de l’avoir et de la garder – pour momifier le
temps, pour donner un sens à cette mort en pure perte, pour l’avoir à soi, pour faire du sentiment
de la beauté un objet décoratif. « Le sujet d’une petite nouvelle... » Trigorine est un littérateur. Le
temps mort, le temps non joué pendant lequel il est entré dans la maison et s’est dit que ça serait
bien de l’empailler reste là, sous la forme de la mouette empaillée qu’on sort de l’armoire. Le crâne
de Yorick, mis au rancart, une image de la pièce, création de mots faite sans raison pour une
éternité périssable. L’écriture comme récupération et comme fossilisation.
On retrouve dans la correspondance de Tchékhov la scène qu’il a réinterprétée. Le 8 avril 1892,
Tchékhov et Lévitan vont à la chasse. Lévitan blesse un oiseau qui tombe à ses pieds. « Un nez très
long, de grands yeux noirs, une robe sompteuse. Et ce regard – tout étonné. Qu’est-ce qu’on
pouvait faire ? Lévitan grimace, il ferme les yeux et il me demande, d’une voix tremblante : “ Mon
vieux, flanque-lui un coup de crosse sur le crâne... ” Moi, je lui dis : “ Je ne peux pas.” Lui, il
continue à hausser les épaules d’un air nerveux, d’agiter la tête, et il insiste. Et la bécassine,
toujours le même regard étonné. Il a fallu obéir à Lévitan et la tuer. Ça a fait un être magnifique,
plein d’amour, de moins sur cette terre, et deux idiots qui sont rentrés dîner. » Les réactions de
Tchékhov et de Lévitan laissent mieux percevoir à quel point les réactions de Tréplev, de Nina, de
Trigorine sont tissées d’indifférence. L’un tue, l’autre repousse, l’autre fait empailler... Tchékhov a
changé l’oiseau des bois en oiseau de l’eau, à cause de la blancheur, du nom évocateur de la
destinée de Nina et de l’allusion à la blanche Ophélie mais aussi parce que cette blancheur est un
point d’opacité absolue. Personne n’y voit rien que son indifférence.
*
Medvédenko ne dit pas : « Je ne trouve en vous qu’indifférence » mais : « Je ne trouve en vous
qu’indifférentisme. » Si Tchékhov avait voulu parler d’indifférence, il aurait employé le mot «
ravnodouchié ». Or, Medvédenko, l’instituteur, emploie « indiferentism », un mot calqué sur le
français, donc plus bizarre encore en russe, un mot en -isme qui a une allure pédante. L’échec de
Medvédenko y est inscrit d’avance. Le mot n’est pas seulement important parce qu’il est à l’image
de Medvédenko (dont le nom évoque l’ours), gauche, lourdaud, emprunté. Il est important parce
qu’il sert à Medvédenko à mettre en scène sa tragédie : l’indifférence de Macha, l’impossibilité où
il est de la toucher, il se la représente comme un cas, il la rend abstraite, la met à distance pour
l’exposer lucidement. L’effort d’élucidation est une variation sur le thème de la représentation.
Chacun essaye de rendre visible à autrui la vérité qu’il vient d’entrevoir à l’instant. Mais la
représentation échoue. Medvédenko s’est piégé. Le mot « indifférentisme » est une tragédie sans
fond – minuscule et sans fond comme la pièce de Tréplev.
*
Lorsque Tréplev parle du théâtre, il dit : « Il faut peindre la vie non pas telle qu’elle est, ni telle
qu’elle doit être, mais telle qu’elle se représente en rêve. » Il ne dit pas : « Telle qu’elle se présente
ou telle qu’elle apparaît, mais telle qu’elle se représente. »
C’est lui qui énonce les thèmes essentiels de la pièce mais on ne s’en rend jamais compte et la
représention qu’il donne, comme preuve à l’appui, est un échec. On ne comprend pas au juste ce
que ça représente. « Tel un prisonnier jeté dans le vide d’un puits profond, j’ignore où je suis et ce
qui m’attend. Une chose seule ne m’est pas cachée, c’est que dans cette lutte opiniâtre et cruelle
contre le diable, source des forces matérielles, il m’est échu de vaincre et qu’alors la matière et
l’esprit se fondront dans une harmonie grandiose et que s’accomplira le règne de la volonté
universelle. » Liberté et volonté se disent de la même façon en russe, mais, si l’on traduit par
liberté, on perd l’allusion à Schopenhauer. Or l’une des clés de la pièce (il n’est pas indifférent que
ce soit chaque fois Tréplev qui invite à la chercher), c’est Le Monde comme volonté et comme
représentation. Une fois saisie la manière dont chaque réplique vise à manifester un vouloir vivre
qui essaie d’apparaître sans jamais pouvoir se rendre visible aux yeux d’autrui, toute la pièce prend
une signification nouvelle, et surtout à partir de la tentative manquée de Tréplev. Mais, manquée,
elle ne l’est pas totalement, pas plus que le reste : vouloir mettre en scène la volonté universelle est
absurde, mais non moins absurde que d’empailler des oiseaux morts, et les petites nouvelles de
Trigorine qui attirent l’amour des foules ne sont pas moins fausses que les terribles tentatives de
Tréplev pour ne pas exploiter les conventions du genre. La pièce est nulle, la représentation est
manquée ; mais, là est la difficulté, elle a su faire passer une émotion qui explique peut-être aussi
qu’elle ait été insupportable à Arkadina, maîtresse des conventions au théâtre. « Je ne sais pas,
peut-être que je n’y comprends rien ou que je suis devenu fou, mais la pièce m’a plu. Il y a quelque
chose là-dedans. Quand cette petite parlait de la solitude et puis, quand les yeux rouges du diable
sont apparus, moi, d’émotion, j’en avais les mains qui tremblaient. » C’est dit par Dorn, que rien
n’émeut habituellement. Il se passe donc quelque chose, qui provoque un refus de la part des
autres. Toute la pièce, depuis la première réplique, est construite sur ce même schéma : une
volonté d’élucidation, un élan pour en donner à autrui la représentation et une rupture de la part
d’autrui, un refus de voir.
L’échange entre Medvédenko et Macha, à l’ouverture de la pièce, est une répétition de l’échec de
Tréplev :
Medvédenko – D’où vient que vous soyez toujours en noir ?
Macha – Je suis en deuil de ma vie. Je ne connais pas le bonheur.
Medvédenko – D’où cela vient-il ? Je ne comprends pas...
Macha joue son malheur : elle ne dit pas « je ne suis pas heureuse » mais « je ne connais pas le
bonheur », parce qu’elle expose la situation qui est la sienne, elle en donne la représentation, de
même qu’elle joue le triste Hamlet toujours en noir, mais sans personne qui la voie.
*
Tous les débats sur le théâtre, sur l’art, ont lieu sur fond de lac, comme si l’eau était un miroir,
mais un miroir sans tain. Et la conscience d’autrui est comme un miroir sans tain. On essaie d’être
vu, on essaie d’être englobé, compris, mais le reflet ne fait que glisser. L’un des mots clés de la
pièce, qui passe de Sorine à tous les personnages, c’est « ça se comprend ». Dans un de ses
moments de lucidité, Sorine revoit toute sa vie à partir de sa manière de mal parler : « Quand
j’étais jeune, dans le temps, j’ai voulu devenir un homme de plume – et ça ne s’est pas fait ; j’ai
voulu parler avec distinction, et j’ai parlé comme un cochon (se singeant lui-même) : “ Et tout, et
tout ça, et comme qui dirait, et machin, et pas chose ”... et les notes de synthèse à faire, qui n’en
finissaient pas, j’en attrapais des suées ; j’ai voulu me marier – je ne me suis pas marié ; j’ai
toujours voulu vivre en ville – et, voilà, je finis ma vie à la campagne, et tout. » Il ne finit pas ses
phrases, il ne sait pas finir, ça se comprend : lui qui est prisonnier du domaine, il laisse les portes
ouvertes ; c’est une manière de s’enfuir. L’inachèvement, l’indifférenciation – une manière aussi
de ne pas mettre de limites entre les autres et soi. Et de rappeler ce vouloir-vivre... Le Monde comme
volonté et comme représentation... Mais Dorn coupe court : « Se dire mécontent de la vie à soixantedeux ans, accordez que c’est un manque de courage. » Sorine se défend : « Comprenez ça, on a
envie de vivre ! » Une injonction faite au nom d’un « on » indifférencié... l’une des plus étonnantes
variations sur le thème, dans une pièce qui en compte près de quarante, le motif glissant de l’un à
l’autre... L’ouverture et la fermeture, l’affirmation et la négation, si on les cherche dans les mots
des uns et des autres, toute la pièce peut se jouer selon un mode qui ne semble jamais avoir été
envisagé. Un théâtre d’ombres. C’est la raison pour laquelle Tchékhov avait construit la pièce sur
ces apparitions, ces fantômes, ces blancheurs flottantes qu’on lui a demandé de supprimer comme
on lui a demandé d’enlever ces répétitions, ces phrases mal dites...
*
On lui a conseillé aussi d’enlever ces récurrences dont on ne voyait pas l’utilité : par exemple, les
interventions de l’instituteur Medvédenko perpétuellement soucieux de comparer, d’évaluer, de
donner la mesure des choses. À quoi bon ces interventions ridicules dans le domaine des poids et
mesures ? Dès le début, Medvédenko évalue – c’est même lui qui ouvre la pièce sur ce thème : «
Votre père, il n’est pas riche peut-être mais il n’est pas dans le besoin. Ma vie, à moi, elle est
beaucoup plus dure que la vôtre. Je touche en tout et pour tout vingt-trois roubles par mois, làdessus encore on me retient ma retraite... » Étrange thème inaugural. « Ce n’est pas une question
d’argent », dit Macha, et Medvédenko pourrait peut-être se rattraper, changer de sujet, mais non, il
insiste. « Ça, c’est la théorie, mais dans la pratique, voilà ce que ça donne : ma mère, plus deux
sœurs, plus le petit frère, plus moi, et, comme salaire, en tout et pour tout, vingt-trois roubles...
Hier, on envoie prendre de la farine, on cherche le sac, à gauche, à droite, c’est des mendiants qui
l’ont volé. Quinze kopecks qu’il a fallu donner pour un sac neuf. Rame, tiens, débrouille-toi. » Et
de poursuivre imperturbablement son évaluation de la situation : « Le mal d’amour me pousse
hors de chez moi, chaque jour je fais six verstes à pied pour venir ici, plus six verstes pour rentrer,
et je ne trouve en vous qu’indifférentisme. » Dès la première scène, tout est dit. Macha ne l’aime
pas ; plus il parle de ses économies de bouts de chandelle, plus il l’ennuie ; ses soucis sont
primaires, son instruction est primaire, il est lourd, il ennuie tout le monde.
On demande à Tchékhov d’abréger : il abrège. La version revue de La Mouette est plus courte, plus
elliptique ; il reste le début et la fin du rôle de Medvédenko, qui ne sert plus guère que de
repoussoir à Macha. Tout y est encore, bien sûr, sauf que dans la version primitive de La Mouette,
Medvédenko revient à chaque acte. Ainsi, à l’acte III : « Le maître d’école de Téliatievo a fait une
affaire en achetant son foin. Neuf kopecks les sept kilos, livré à domicile. Et moi, la semaine
dernière, onze. Voilà, rame, tiens, débrouille-toi. » Puis, à l’acte IV : « À l’étranger, combien ça
coûte, une rame de papier pour écrire ? » Question stupide : question inutile ? Tchékhov ne
gardera que la dernière réplique : « C’est que j’en ai six, maintenant, à la maison. Et la farine, elle
est à soixante-dix le sac de seize. » À quoi Dorn réplique : « Rame, tiens, débrouille-toi », reprenant
pour finir les propres paroles de Medvédenko qui n’a plus qu’à repartir, faire ses six verstes, après
avoir, une dernière fois, rejoué la scène inaugurale.
Or, quand, recherchant les variantes de La Mouette pour la mise en scène d’Alain Françon, nous
avons reconstitué le texte du manuscrit de censure (donc la version originale de la pièce), nous
avons eu l’impression de voir surgir, non pas vraiment une autre pièce, mais une pièce sous la
pièce. Nous étions loin de nous douter, au début, de l’intérêt de cette pièce plus longue, plus
complexe, où le rôle de Medvédenko, pour s’en tenir à ce simple exemple, importait par sa
manière de rejouer la même scène, avec variations, sans jamais pouvoir sortir de son rôle. Dans
une pièce comme La Mouette portant sur le théâtre et, plus largement, sur la représentation, ces
inclusions de scènes microscopiques ne sont pas seulement des bouffonneries justifiant le sous-titre
de « comédie » ; elles ne visent pas seulement non plus à étoffer le personnage, lui donner une
épaisseur lourdaude qui le rende pathétique, bien que tout cela soit vrai également ; elles ont une
fonction qui nous a semblé essentielle dans la structure de la pièce, comme la reprise en écho de la
pièce de Tréplev, jouée trois fois dans la version première de La Mouette.
Pourquoi trois fois ? En regard des règles académiques, pour rien, car la pièce de Tréplev est une
pièce stupide, ennuyeuse, étrangère aux règles dramaturgiques, qui ne vise qu’à montrer qu’il n’a
pas plus de talent que Nina. On peut la répéter une fois, pour s’en moquer, comme le fait Nina, à
la demande de Macha, au second acte : « Ça a tellement peu d’intérêt... », mais une troisième fois,
tout à la fin, dans quel but ? Montrer que la nostalgie peut rendre plaisants même les pires
souvenirs ? Inutile pour si peu de ralentir l’action. On a demandé à Tchékhov de couper, il a
coupé. De toute façon, dès lors que les reprises en écho des scènes répétées étaient supprimées,
mieux valait s’en tenir à une épure, une version stylisée. Et cette version stylisée était plus facile,
plus rassurante aussi, esthétiquement plus satisfaisante. On comprend que la version définitive,
revue et corrigée, ait fait oublier la version première, qui avait provoqué les rires et déchaîné les
critiques.
[...]
Juin 2001
http://www.russie.net/litterature/gogol.htm
http://www.russie.net/litterature/dostoievski.htm
Hegel
Georg Wilhem Friedrich Hegel naît à Stuttgart le 27 août 1770, d'un père petit
fonctionnaire. Il meurt le 13 novembre 1831 du choléra à 61 ans. L'Esthétique, la
Philosophie de la religion et la philosophie de l'histoire seront publiés après sa mort.
Hegel a construit un immense système ordonnant à la fois toutes les
connaissances de l'époque et les systèmes de ses prédécesseurs. Grand philosophe
de l'histoire l'approche de sa pensée n'est guère aisée. Représentant de l'idéalisme,
il influencera profondément la philosophie de ses successeurs.
Les sources de sa pensée.
Hegel reprend l'Idée platonicienne, mais prise dans un sens nouveau, dynamisme
de l'Esprit se réalisant dans le monde et dans l'histoire des hommes.
Il est influencé par Kant (dont il veut dépasser le formalisme) et par Schelling (qu'il
critique).
Apport conceptuel.
Résumer la philosophie de Hegel, c'est prendre un double risque : soit dénaturer sa
pensée par excès de simplification, soit la rendre incompréhensible au néophyte par
souci d'être complet. C'est qu'il s'agit là d'une pensée difficile ! Nous nous
contenterons, par conséquent, de souligner quelques aspects essentiels, ce qu'il est
important de connaître pour le candidat au baccalauréat littéraire.
Hegel fait sien tout le savoir de son temps. La philosophie doit penser la totalité du
réel et celle de Hegel se veut un système c'est-à-dire un ensemble organisé de
concepts dont tous les éléments sont interdépendants.
La dialectique.
La dialectique est la marche de la pensée procédant par contradictions surmontées
en allant de l'affirmation à la négation et de la négation à la négation de la négation (on
dit parfois : thèse, antithèse, synthèse). Le devenir s'opère par dépassements
successifs des contradictions. Dépasser, ici, c'est nier mais en conservant, sans
anéantir. Par exemple, la fleur nie le bouton mais en même temps le conserve
puisqu'elle en est le prolongement. De même le fruit nie la fleur tout en la
conservant. Chaque terme nié est intégré. Les termes opposés ne sont pas isolés
mais en échange permanent l'un avec l'autre. Le négatif est créateur.
Un des premiers films que je vis à l'époque (années 1950) était un moyen
métrage avec Laurel & Hardy qui s'appellait Œil pour Œil. Ce film montrait les
avatars de deux vendeurs de sapins de noël à la sauvette confrontés à un
belliqueux client (l'éternel James Finlayson) auquel les deux compères essayent
de vendre sans succès un conifère… Evidemment c'est rapidement l'escalade !
Les deux acolytes commencent par démolir la maison tandis que James
Finlayson met leur sapin puis leur voiture en pièces… Ces films noir et blanc
muets distribués par FILM OFFICE étaient montés sur des bobines
métalliques de 15, 30 ou 60m et procuraient ainsi quelques minutes de
bonheur, reconductibles à volonté ! C'est en hommage à ces deux grands
acteurs du comique burlesque et aux inoubliables souvenirs qu'ils ont laissé
dans le cœur de millions de spectateurs que j'ai décidé de réaliser cette
modeste page. J'espère qu'elle réveillera également chez vous quelques bons
souvenirs… Clément
http://www.stiring.net/laurel/page4.html
Burlesque adj. et n. m.
Comique outré, reposant sur l'extravagance des situations.
Le burlesque est un genre littéraire ou un style dont le comique naissait du contraste entre le sujet
qui se voulait noble, et le style familier et amusant dans lequel il était traité autrement dit il s'agit
d'une parodie populaire d'un personnage, d'une situation, d'un genre noble.
Ce genre était très à la mode au milieu du XVIIe siècle. Le burlesque s'oppose au genre héroïcomique.
Plus généralement, le mot peut désigner ce qui est ridicule, absurde (des habits ou des idées
burlesques).
Dans le domaine du cinéma, le mot désigne un film caractérisé par une succession rapide de gags
visuels.
Vodka
Pays traditionnellement consommateurs de vodka.
La vodka (du polonais : wódka, russe : водка, bulgare :водка) est une boisson alcoolisée incolore
de 40 degrés. L'origine de cette eau-de-vie se situerait en Russie ou enPologne1 selon les sources.
Il s'agit la plupart du temps d'une eau-de-vie de céréales, plus rarement de pomme de terre, mais
d'autres matières premières peuvent être utilisées2.
Elle est devenue l'alcool national de nombreux pays (Russie, Pologne, Ukraine, Finlande, etc.)3.
Entre quatre et cinq millemarques de vodka sont présentes sur le marché. Aujourd'hui, on produit de
la vodka dans de nombreux pays, à la fois dans les pays traditionnellement producteurs, mais aussi
dans la plupart des pays consommateurs d'alcool.
Roulette russe
La roulette russe est un jeu de hasard potentiellement mortel consistant à mettre
une cartouche dans le barillet d'un révolver, à tourner ce dernier de manière aléatoire (assez vite
pour qu'on ne puisse pas suivre l'emplacement de la chambre chargée), puis à pointer le revolver
sur sa tempe avant d'actionner la détente. Si la chambre placée dans l'axe du canon contient une
cartouche, elle est alors percutée, et le joueur perd (il mourra ou sera grièvementblessé). Dans le
cas contraire, la partie continue. Un joueur ne peut gagner que par forfait (volontairement déclaré ou
par la force des choses).
Par extension, cette expression désigne une décision importante, voire vitale, prise avec beaucoup
de risques.
Charlotte russe
La charlotte russe est un dessert inventé par le cuisinier français Marie-Antoine Carême. Il fut
appelé aussi « charlotte à la parisienne »
Histoire
Le plat fut nommé ainsi en l'honneur de Alexandre Ier de Russie.
La recette est celle d'une charlotte classique, avec des boudoirs, fourrée de crème bavaroise.
La charlotte russe fut aussi un plat populaire à New-York dans les années 30 à 50. Il était vendu
dans les magasins de confiseries et les luncheonettes. Il est composé d'une tasse en papier remplie
d'une part de gâteau et de crème fouettée couronnée d'une moitié de cerise au marasquin.
Le rire ne doit pas être mis à l’index !
Christian Massas, Directeur artistique de la Cie Amédée Bricolo
Par Gilles Dumont, Par Johanne Brien
Vous êtes clown et vous dirigez la Compagnie Amédée Bricolo. Pouvez-vous nous présenter votre
compagnie ?
Nous revendiquons un spectacle populaire, un théâtre burlesque. Dans notre travail, nous cherchons à
trouver une euphorie proche de l’humour joyeux de notre enfance. C’est une optique que nous avons
choisie il y a presque 30 ans. Nous rencontrons un public très vaste et réunissons toutes les générations
sur un rire commun. Nous nous considérons un peu comme des chercheurs. Avec notre travail, nous
souhaitons surprendre et étonner le public. Nous considérons que rassembler un public hétérogène
autour d’une même forme artistique est une action très forte. Nous avons d’ailleurs pour principale
ambition d’aller vers les 96% de français qui ne vont pas au théâtre.
Quelle place donnez-vous au rire dans le spectacle vivant ?
Le rire doit avoir toute sa place dans le spectacle vivant à côté des autres formes théâtrales. Aujourd’hui,
je considère que ce n’est plus le cas. Le rire au théâtre est attaqué. Je constate une mise à l’index de
l’humour de la part de gens qui ont le pouvoir culturel en France. Autrement dit, le rire devient suspect !
Au 15 ou au 16ème siècle, en régentant l’ordre les choses, l’Eglise a elle aussi rendu le rire suspect. Elle
en a fait un pêché. Aujourd’hui, la norme est imposée par les penseurs politiques.
Certaines personnes nous disent qu’avec le rire, l’humour, nous tentons de distraire les gens et de les
éloigner des préoccupations graves de notre monde. Pourtant, un homme équilibré a besoin de rire, tout
comme il a besoin de pleurer. Ne considérons pas la tragédie comme la seule émotion que puisse
ressentir un homme. Je veux citer Meyerhold, grand praticien et théoricien du théâtre des années 20 et 30
en URSS qui a écrit : “quand le théâtre oublie l’acteur comique populaire, il oublie l’essence même de la
théâtralité”. Molière a eu également toutes les peines du monde à imposer son travail face aux censeurs
religieux de son époque. Nous avons choisi de défendre le sourire, le partage et le rire qui nous semblent
être très importants pour l’humanité. Il ne s’agit pas de devenir inconscient, ni de manquer de lucidité,
mais de montrer qu’avec le rire nous pouvons mieux aborder les problèmes actuels.
Comment expliquez-vous cette situation ?
L’image du spectacle d’humour se dégrade et un amalgame est fait. C’est vrai que toute une catégorie de
rire s’appuie sur la méchanceté, la moquerie ou bien encore sur un rire “ciblé”. Il ne faut pas pour autant
mettre tous les rires dans le même panier. Personnellement, les histoires belges, les histoires sur les
homosexuels, les noirs ou les arabes ne m’ont jamais fait rire. Le rire télévisuel tel que nous le
connaissons peut lui aussi expliquer ce phénomène. Il divise le public en le ciblant. Les saucissonneurs de
l’audimat ont créé des produits qui correspondent à des tranches d’âge précises.
Actuellement, le rire et l’humour sont une façon de donner aux gens ce qu’ils ont envie de voir ou
d’entendre, de céder à la facilité et d’être démagogique. Il n’y a plus alors ni le plaisir ni le risque de la
rencontre entre l’artiste et les spectateurs. C’est une messe pour les croyants. Si j’étais curé, je voudrais
plutôt réussir à faire la messe pour les non-croyants. Notre travail devient ainsi plus exaltant lorsque nous
nous produisons dans des villes où nous sommes inconnus du public. Nous avons tout à faire et tout à
créer avec la mécanique du burlesque. Nous gagnons notre public par surprise, en lui faisant découvrir
notre univers et notre humour. Nous ne sommes pas très connus, mais nous découvrons, avec bonheur,
qu’à chacune de nos représentations, il est possible de réunir un public d’âge et de condition différents.
Aujourd’hui, il est temps de trouver un rire médium qui rassemble le public et non qui le divise.
Vous ressentez le besoin d’affirmer votre choix ?
Il est arrivé qu’on me dise que le rire au théâtre n’intéressait pas et que les gens en avaient assez de rire. Il
y a un amalgame qui est fait et qui est dangereux. Nous avons souvent le sentiment que certaines
personnes considèrent le comique comme du sous-spectacle, du sous-art. Nous ne faisons pas que du
théâtre burlesque, nous avons également des spectacles sur des rires intérieurs, des rires muets, des rires
graves. Nous avons un spectacle sur la mort “Nécromédie” qui est un burlesque sérieux où l’on peut rire
aux éclats et puis d’un seul coup se serrer les viscères. Nous devons prouver par notre travail que nous
apportons un rire salvateur, un rire neuf. Dans le programme culturel d’une saison, d’une ville, je pense
qu’il est possible de présenter 30% de spectacles d’humour. Le rire apporte une espérance et ne doit pas
être vécu de façon culpabilisante. C’est à nous de prouver notre utilité par notre travail.
http://www.amedee-bricolo.org
http://www.webthea.com/actualites/article.php3?id_article=671
Kim Yaroshevskaya
Originaire d'URSS, elle émigre au Québec au début des années
1950. Dès lors, elle entreprend une carrière de comédienne qui l'amène à jouer différents
rôles dans les émissions pour enfants «L'Île au trésor» (1954-1957), «Fafoin» (1954),
«Owata» (1956), et «La Lanterne magique» (1957). C'est toutefois «Fanfreluche», qui
apparaît en 1968, qui en fait une vedette de la télévision pour enfants. Conteuse douée, on
la retrouvera plus tard dans «Passe-Partout». Elle joue également au théâtre dans plusieurs
pièces dont «Le chemin de la Mecque», en 1990, à la Place des Arts, «Six personnages en
quête d'auteur», en 1993, au Théâtre du Nouveau-Monde, et dans «Le malentendu», en
1994, au même endroit. Elle lance en 1995 le disque «Contes de Fanfreluche» et récidive
en 1999 avec «Pierre et le Loup» de Prokofiev.
Fanfreluche (Kim Yaroshevskaya) est une poupée assise dans une grande chaise. À chaque
émission, elle lit dans son grand livre de contes. Lorsqu'elle n'est pas d'accord avec le déroulement
des histoires, elle entre dans l'histoire et change les choses comme elle le désire. Avec Fanfreluche,
nous entrons dans un monde fantastique où la tout est possible.
Kim Yaroshevskaya a aussi jouée Grand-mère dans Passe-Partout. Dans les histoires, notons la
présence de Jean Besré, Marc Favreau, Hubert Gagnon, Jean-Marie Lemieux, Élizabeth Lesieur,
Albert Millaire, Christine Olivier, Marcel Sabourin et François Tassé.
Synopsis écrit par Nicolas Roberge
Formation des noms russes
En Russie et dans la plupart des pays de l'ex-URSS, le patronyme (отчество, mot dérivé
de отец qui signifiepère), dérivé du nom du père, figure obligatoirement, en plus du prénom et du
nom de famille, sur les actes de naissance et les pièces d'identité. Il est placé entre le prénom et le
nom de famille1. Les mots « monsieur » et « madame » étant pratiquement inusités en russe, il est
d'usage, pour exprimer le respect, de s'adresser à son interlocuteur en employant son prénom et
son patronyme (mais pas son nom de famille). Ainsi, pour s'adresser àVladimir Poutine, on ne dira
pas : « Monsieur Poutine » mais « Vladimir Vladimirovitch ». (Vladimirovitch étant son patronyme.)
Pour les hommes, le patronyme se forme du prénom du père auquel est ajouté le
suffixe ovitch (ович) ou evitch(евич).
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Fiodor Dostoïevski dont le père se nommait Mikhaïl (Михаил) a pour nom complet :
Fiodor MikhaïlovitchDostoïevski (Фëдор Михайлович Достоевский).
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Alexandre Pouchkine dont le père s'appelait Sergueï (Сергей) а pour nom complet :
AlexandreSergueïevitch Pouchkine (Александр Сергеевич Пушкин).

Lénine (son vrai nom était Oulianov) dont le père s'appelait Ilia (Илья) а pour nom complet :
Vladimir IlitchOulianov (Lénine) (Владимир Ильич Ульянов (Ленин)).
Pour les femmes, le patronyme est formé du prénom du père auquel est ajouté le
suffixe ovna (овна), ou evna(евна).
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Marina Alekseïeva dont le père se nomme Anatole (Анатолий) a pour nom complet :
Marina AnatolievnaAlekseïeva (Марина Анатольевна Алексеева).

Nina Gorlanova (nom du père : Viktor) se nomme quant à elle : Nina Viktorovna Gorlanova
(Нина Викторовна Горланова).

Nadejda Allilouïeva dont le père se nomme Sergueï (Сергей) a pour nom complet :
Nadejda SergueïevnaAllilouïeva (Надежда Сергеевна Аллилуева).
Un certain nombre de noms russes tels qu'Ivanov ou Petrov ont une origine patronymique mais ne
sont pas des patronymes ; il s'agit de noms de famille qui, comme dans les langues scandinaves, se
sont formés à partir de patronymes. Il est ainsi possible pour un Russe de s'appeler Ivan Ivanovitch
Ivanov, Ivan étant le prénom,Ivanovitch le patronyme (fils d'Ivan) et Ivanov le nom de famille (formé
dans le passé d'après un patronyme).
source : Wikipédia (consulté le 22 mai 2016)
Littérature russe
La littérature en langue russe proprement dite naît au cours du XVIIe siècle, tout d'abord avec la
poésie et le théâtre, mais très tôt naît une très riche tradition romanesque.
Tchekhov et Tolstoï, 1901
De grands auteurs russes apparaissent au XIXe siècle d'abord avec le romantisme, au début du
siècle qui voit l'éclosion d'une génération talentueuse avec surtout Alexandre Pouchkine, Mikhaïl
Lermontov. La suite du « siècle d'or de la littérature russe » produit de grands romanciers
comme Nicolas Gogol, Fiodor Dostoïevski, Ivan Tourgueniev,Léon Tolstoï ; la fin du siècle est
marquée par la figure du dramaturgeAnton Tchekhov.
Au tournant du XXe siècle, un nouvel élan littéraire est porté par la poésie symboliste puis futuriste,
associé à une intense activité théorique mais il se heurte vite à la persécution soviétique. Le siècle
est cependant riche de poètes comme Sergueï Essénine et Vladimir Maïakovski et de romanciers
comme Maxime Gorki, Boris Pasternak, Mikhaïl Cholokhov ouMikhaïl Boulgakov. La répression
stalinienne frappe particulièrement de nombreux écrivains, comme Vassili Grossman, Varlam
Chalamov ouAlexandre Soljenitsyne, qui dénoncent le système totalitaire soviétique.
Depuis la chute de l'Empire soviétique et la disparition du régime communiste, une nouvelle
littérature russe naît progressivement dans les années 1990.
Le héros traditionnel de ces ouvrages est généralement un noble russe entreprenant, courageux,
audacieux, et attiré par l’occident: idéal de l’homme nouveau, pour l’élite. Un exemple en est
l’Histoire du marin russe Vassili Kariotsky et de la belle reine Iraklia de la terre Florentine. L’aventure
se passe à l’étranger, dans le ton du merveilleux (il devient roi de la terre florentine et épouse la
reine). Le choix d'un marin comme héros dénote une certaine modernité (la flotte russe existe
depuis très peu).
Le XIXe siècle
Le romantisme, au début du XIXe siècle voit l'éclosion d'une génération talentueuse avec Vassili
Joukovski mais surtout Alexandre Pouchkine, Mikhaïl Lermontov et Fiodor Tiouttchev.
Nicolas Gogol par Otto Friedrich von Möller, 1840.
Fiodor Dostoïevski par Vassili Perov, 1872.
Ce siècle sera le siècle d'or de la littérature russe et plus particulièrement du roman avec Fiodor
Dostoïevski, Nicolas Gogol, Ivan Gontcharov,Nicolaï Leskov, Mikhaïl Saltykov-Chtchédrine, Léon
Tolstoï, Ivan Tourgueniev...
La littérature russe est beaucoup influencée dès cette époque par la littérature occidentale, comme
le démontre Stefan Zweig dans son essai :Trois maîtres, Dostoïevski, Balzac, Dickens6 ainsi que
Michel Cadot dansLa Russie entre Orient et Occident7.
Parallèlement, les autres domaines littéraires se développent aussi avec le fabuliste Ivan Krylov, les
poètes Evguéni Baratynski, Konstantin Batyouchkov, Alexandre Nekrassov, Alexis Tolstoï, Fiodor
Tiouttchev etAfanassi Fet, le collectif satirique Kosma Prioutkov. Anton Tchekhovdéveloppe à la fois
une œuvre théâtrale essentielle, mais aussi tout un registre d'histoires très courtes qui en fait un des
auteurs russophone les plus marquants.
Union des républiques socialistes soviétiques
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
L'Union des républiques socialistes soviétiques, ou l'Union soviétique, ou URSS, était un État qui
exista de 1922 jusqu'à sa dissolution en 1991. L'URSS s'étendait de la mer Baltique à la mer Noire
et à l'océan Pacifique, c'est-à-dire toute la partie nord de l'Eurasie, et reprenait à peu près le
territoire de l'ancienne Russie impériale, à l'exception notable de la Pologne et de la Finlande.
Le territoire de l'URSS varia dans le temps, et était composé, avant sa dissolution, de 15
"républiques". La Russie était, de loin, la plus importante de ces républiques, tant du point de vue
de sa surface que de sa population et est actuellement considérée comme l'héritière de l'URSS du
point de vue diplomatique.
La formation de l'URSS fut le résultat de la révolution russe de 1917, qui mit fin au règne du Tsar
Nicolas II.
L'organisation politique du pays était définie par le seul parti autorisé, le Parti Communiste de
l'Union Soviétique. Le capitalisme d'État fut le régime qui caractérisa le pays de sa naissance à sa
dissolution.
Géographie de l'URSS
Durant son existence, l'URSS était sans doute le pays/empire le plus étendu que le monde ait
jamais connu (22 402 200 km²). C'était également l'un des pays les plus variés, avec plus de 100
ethnies différentes présentes sur son territoire.
La population totale était estimée à 288 millions en 1990. L'Union soviétique était si étendue que,
même après son effondrement, la Russie - qui succéda à l'URSS - demeure le pays le plus étendu
du monde (devant le Canada), et reste un pays très diversifié, avec des minorités telles que les
Tatares, les Oudmourtes et bien d'autres ethnies non russes.
Histoire de l'URSS
La Révolution russe et l'entre-deux guerres
Des révolutions à la guerre civile (1917-1921)
Depuis le XIXe siècle, la Russie tsariste connaissait une agitation révolutionnaire qui allait en
s'aggravant après 1905 et la défaite russe dans le cadre de la Guerre russo-japonaise. L'agitation
politique culmina en 1917 suite aux pénuries causées par la Première Guerre mondiale et aboutit à
la chute du gouvernement impérial et à l'abdication de Nicolas II en mars 1917 suite à la
Révolution de février.
Malgré la mise en place d'un gouvernement à visées démocratiques, l'agitation ne s'arrêta pas. Les
bolchéviques, parti révolutionnaire représentant les soviets et mené par Lénine renversèrent le
gouvernement provisoire lors de la Révolution d'octobre1917.
La jeune république bolchévique décida de se sortir de la Première Guerre mondiale en concluant
une paix séparée avec l'Allemagne. Un armistice conclu en décembre 1917 aboutit au traité de
Brest-Litovsk en mars 1918 qui consacrait en pratique la défaite de la Russie qui cédait au
vainqueur la majeure partie de l'Ukraine, la Biélorussie, les Pays baltes et la Pologne (la majorité
des territoires cédés seront récupérés après la défaite allemande, sauf les Pays baltes et la Pologne).
Le communisme de guerre (1918-1921)
Pour faire face aux problèmes posés par la guerre civile et l'offensive militaire de pays étrangers
(Allemagne, Angleterre, France), et afin d'assurer l'approvisionnement des villes et de l'armée,
Lénine décrète le "communisme de guerre", dont les mesures essentielles sont :
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Nationalisation des industries et du commerce
Production planifiée de manière centralisée par le gouvernement
Stricte discipline pour les travailleurs (les grévistes pouvaient être fusillés)
Travail obligatoire des paysans
Interdiction de l'entreprise privée
Réquisition de la production agricole au-delà du minimum vital pour les paysans
Rationnement et centralisation de la distribution de nourriture
Les éléments de la dictature communiste se mettent aussi en place à cette époque
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Création de l'Armée rouge : recrutés d'abord sur la base du volontariat, les soldats subissent
ensuite la conscription.
Mise en place d'une police politique et de tribunaux d'exception, chargés d'arrêter et de
juger les ennemis du communisme, les Blancs
Le parti communiste devient peu à peu parti unique
La censure de la presse et de la radio, qui tombent dans les mains du parti
La IIIe Internationale (ou Komintern) devient l'instrument du pouvoir communiste. Les
partis communistes étrangers doivent être inféodés à Moscou et obéir aveuglément. Les
révolutions de 1919 en Allemagne et en Hongrie, ainsi queles grèves dans la plupart des
pays européens font penser aux soviétiques que la Révolution devient mondiale. Mais
l'écrasement des Spartakistes et la démission de Bela Kun mettent fin à ces espoirs.
Grâce au communisme de guerre, Lénine et le parti communiste parviennent à se maintenir au
pouvoir. Ils remportent la guerre civile et le danger d'une restauration monarchique est écarté.
La police politique
La survie de l'État dépendait beaucoup d'une surveillance de ses citoyens par la police politique.
Dès 1917, la Tcheka fut fondée, pour prendre ensuite les noms de GPU (Guépéou), OGPU, MVD
(Ministerstvo Vnutrennih Del), NKVD (Narodnyi Komissariat Vnutrennih Del), puis finalement KGB
(Komitet Gosudarstvennoi Bezopasnosti). La police politique était chargée de liquider les "poux" et
autres "agents capitaliste" avec des méthodes expéditives. Elle était aussi chargée de la traque des
dissidents, de leur expulsion du parti et de leur jugement pour activités contre-révolutionnaires.
Les soviets
Le Parti Communiste de l'Union Soviétique (PCUS) devint rapidement le seul parti légal. Le pays
était théoriquement gouverné par des soviets élus démocratiquement au niveau régional et local.
Néanmoins, en pratique, chaque niveau de gouvernement était dirigé par la branche
correspondante du parti communiste (nomenklatura). La plus haute autorité législative était le
Soviet suprême. Le plus haut organe exécutif était le Politburo.
La NEP (1921-1929)
Après la guerre civile (1921) et les nationalisations, le pays se trouve dans une situation humaine et
économique désastreuse. La famine sévit (5 millions de morts) et les paysans se soulèvent contre les
réquisitions. Lénine décide alors d'abandonner les nationalisations dans l'agriculture, et met en
œuvre la NEP ou Nouvelle Politique Économique, d'essence capitaliste (celle-ci donnant droit à
une propriété privée). Les réquisitions sont remplacées par un impôt en nature peu élevé.
La Russie était encore une société essentiellement agraire avec une base industrielle encore faible et
ne correspondait donc pas aux critères permettant le socialisme. La NEP devait également rassurer
les pays occidentaux capitalistes.
La NEP atteint les résultats escomptés en permettant à l'économie de se relever des résultats
désastreux de la guerre. La famine rampante disparut virtuellement et la classe paysanne s'enrichit.
La succession de Lénine (1922-1929)
Dès 1922, la santé de Lénine décline suite à des attaques cérébrales. La lutte pour le pouvoir
opposa principalement Staline et Trotsky notamment au sujet de la NEP. Le pouvoir se trouva peu
à peu concentré dans les mains de Joseph Staline qui écarta Léon Trotski qui finit par être exilé. Il
fut assassiné par un agent stalinien au Mexique en 1940.
Après avoir réussi à éliminer toute opposition au sein du parti, Staline devint le dirigeant suprême
de l'Union soviétique de 1929 à 1953, année de sa mort. Du point de vue politique, ce fut une
période de dictature totalitaire.
Abandon de la NEP
Staline ne forgea pas immédiatement sa doctrine au sujet de la NEP. Sans doute est-il exact de dire
que ses changements d'opinion tenaient plus de la tactique politique que de la doctrine, ce qui lui
permit de se débarasser des uns et des autres.
Staline finit par se forger une doctrine qui excluait l'économie de marché tout en se concentrant
sur le développement économique et industriel du pays.
À partir de 1929, Staline décide de supprimer la propriété privée dans les campagnes : le bétail, les
outils, les terres doivent être mises en commun. Les moyens de production agricole sont regroupés
dans les kolkhozes ou dans des sovkhozes.
L'industrialisation de l'URSS
La Russie du début du XXe siècle était encore très rurale et agricole. Staline voulait développer
l'industrie lourde et faire de l'URSS une puissance économique majeure.
Les moyens utilisés sont ceux d'une économie planifiée et centralisée et d'une organisation
politique totalitaire.
Selon certaines estimations, 127 000 travailleurs payèrent de leur vie la mise en place du premier
plan quinquennal (de 1928 à 1932). Par ailleurs, l'allocation prioritaire des ressources à l'industrie,
combinée à la diminution de la productivité agricole, provoqua de nouvelles famines. Le plan
quinquennal fut cependant "bouclé" en 4 ans. De 1928 à 1932, la production d'acier avait triplé,
celle de charbon avait doublé.
Bilan de la politique économique en 1939
En dix ans, l'URSS a accompli un bond remarquable du point de vue industrialisation au
détriment de la production insuffisante de biens de consommation et d'un niveau de vie médiocre
de la population. Certains estiment que sans cette industrialisation forcée, l'histoire de la seconde
guerre mondiale aurait été différente.
la dictature de Staline (1929-1953)
Staline mît en place un système totalitaire sur lequel il régnait en despote absolu et reposant sur
deux piliers : la propagande, mettant en œuvre une véritable culte de la personnalité (il était appelé
le "petit père des peuples") et la répression, s'appuyant notamment sur Le NKVD, police politique
toute-puissante.
Selon certaines estimations, entre 1921 et 1954, 3,7 millions de personnes furent condamnées
pour des crimes contre-révolutionnaires; parmi eux, 600 000 furent condamnés à mort, 2,4
millions emprisonnés ou envoyés dans des camps de travail (les Goulags), et 800 000 condamnés à
l'expatriation.
Pendant la Deuxième guerre, les négociations entre les Alliés aboutissent à la mise en place de
deux zones d'influences, suivant les accords de Yalta et de Potsdam. La ligne frontière séparant cet
ensemble de pays de l'Europe occidentale, et dénommée par les occidentaux Rideau de fer, est par
la suite le théâtre de la Guerre froide
Après la mort de Staline en mars 1953, Nikita Khrouchtchev devint Premier Secrétaire du Comité
Central du Parti. S'ensuivirent de nouvelles mesures de démocratisation de la vie publique, la
libération de dissidents, et la mise en place d'une économie plus favorable aux biens de
consommation par rapport aux plans quinquennaux précédents.
Léonid Brejnev
Suite au départ de Khrouchtchev, Brejnev devient premier secrétaire du parti, et le régime
soviétique se durcit à nouveau, la police politique (le KGB), dirigée par Iouri Andropov retrouvant
la plus grande partie du pouvoir dont elle avait joui sous Staline, cependant sans les excès les plus
terribles.
Une des crises les plus graves de l'époque de Brejnev fut celle du Printemps de Prague en 1968,
lorsque les tentatives de la Tchécoslovaquie d'introduire un "socialisme à visage humain" finit par
être réprimée par l'Armée rouge, sans toutefois les excès de la répression de la révolution
hongroise.
L'inter-règne, Mikhaïl Gorbatchev et la chute de l'empire
En 1985, Mikhaïl Gorbatchev, un énergique dirigeant de 53 ans, devint Premier Secrétaire du
Parti. Gorbatchev obtint le Prix Nobel de la paix pour ces efforts en 1990. Cette époque fut
marquée par la chute du Mur de Berlin.
En novembre 1991, le Président Russe Boris Eltsine publia un décret qui interdisait le Parti
Communiste d'Union Soviétique sur le territoire de la république de Russie. Le 8 décembre 1991,
les chefs de la Russie, de l'Ukraine et de la Belarus publièrent une déclaration selon laquelle
l'Union Soviétique était dissoute et remplacée par la Communauté des États indépendants (CEI).
Le 25 décembre 1991, Gorbatchev remit sa démission en tant que président de l'Union Soviétique
et remit ses pouvoirs à Boris Eltsine. Le jour suivant, l'Union Soviétique était officiellement
dissoute.
Quelques bilans
L'entre deux guerre et l'après guerre furent des périodes de croissance économique importante que
l'on peut, pour une bonne part, attribuer au mariage de la planification et du travail forcé.
En 1983, une enquête non-conformiste -- le rapport de Novosibirsk aboutissait à la conclusion
suivante : « Qui pourrait déclencher une guerre contre nous, alors que, dans douze ou quinze ans, nous
aurons disparu en tant qu'État souverain ? ... Un État dont plus de la moitié de la population adulte est
constituée d'alcooliques et d'ivrognes n'est pas capable d'assurer sa défense... »
Bilan sanitaire et social en 1989
Cette situation économique et sociale de la population est tirée du livre de Françoise Thom Le
moment Gorbatchev (édition Pluriel-Hachette 1989, 280 pages) dont les données proviennent
entièrement de sources soviétiques.
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40% des familles vivent avec moins de 100 roubles par mois (50 francs au change libre) soit
9,68 € valeur 2002.
Une famille soviétique moyenne consacre 59% de ses revenus à l'achat de denrées
alimentaires, pour l'essentiel des denrées de survie et la plupart du temps de mauvaise
qualité et surdosées en engrais et en pesticides. Il faut faire bouillir la « crème fraîche » pour
éviter les intoxications, le saucisson verdit à la lumière, il y a pénurie de fruits et de
légumes. Selon les régions, des carences vitaminiques graves touchent 20 à 60% de la
population.
15% de la population n'a pas de logement, 35% disposent de moins de 9 m² et 17% vivent
en appartement communautaire, en foyer ou en meublé.
Un tiers des villes souffrent d'une pénurie en eau, 42 villes connaissent d'importantes
pénuries de chauffage, 300 villes sont dépourvues de canalisations, la moitié des écoles du
pays ne sont ni chauffées, ni alimentées en eau courante, 80% des maladies infantiles ont
pour cause l'insalubrité de l'eau, 7% des habitations rurales disposent du gaz.
Le taux de divorce est de 34,7%, 90% des enfants des orphelinats ont été abandonnés par
leurs parents pour cause de pauvreté, le pays pratique onze millions d'avortements par an.
4,8% des bébés n'atteignent pas l'âge d'un an (0,76% en France à la même époque). Dans
certaines régions, comme l'Ouzbékistan où le taux de mortalité réel est supérieur à 18%,
certaines naissances ne sont enregistrées que lorsque les chances de survie du bébé sont
suffisamment établies après la première année. Le taux des naissances de prématurés est de
20%, 5% des bébés présentent des malformations génétiques graves et 2,5% sont victimes
de paralysie cérébrale en raison de traumatismes subis à la naissance.
L'espérance de vie officielle est de 65 ans pour les hommes et de 67 ans pour les femmes.
En moyenne, chaque année entre 1965 et 1985, 1 million de personnes sont mortes du
cancer du poumon, 1 million de tuberculose et presque autant d'hépatite B, de malaria, de
choléra et du typhus. Les maladies dites infantiles (rougeole, scarlatine et coqueluche) sont
aussi la cause de très nombreux décès d'enfants et même d'adultes. Quarante millions de
personnes (30% de la population active) sont considérés comme « cliniquement
alcooliques ».
4% du budget national est consacré à la Santé, mais sur ce budget 50% est réservé à la IVe
Direction du ministère, qui ne traitent que les personnes appartenant à la Nomenklatura
communiste. 30% des hôpitaux publics n'ont pas de canalisations et 35% n'ont pas l'eau
chaude. De façon générale, les hôpitaux sont très sales et sont des foyers d'infection. Leurs
services manquent de draps, de vaisselle, de thermomètre et même de fil pour les
chirurgiens. Le temps d'attente pour une opération dépasse souvent les huit mois. La
qualité des soins et du service dépendent des pots-de-vin versés au personnel soignant.
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