APP/Guide de l’élève/« Maîtres chez nous » : Incursion chez Hydro-Québec 2
Hydroélectricité au Québec : un projet émancipateur
pour les Québécois francophones
On le sait, l’hydroélectricité est la principale source d’énergie des Québécois. Ce qu’on sait peut-être
moins, c’est que l’exploitation de l’hydroélectricité est au cœur de l’affirmation du savoir-faire
technologique des Québécois francophones. Hydro-Québec, société d’État de la province depuis 1944, a
grandement contribué à la Révolution tranquille dans les années 1960. C’est à cette époque que les
mentalités changent au Québec et que les Québécois francophones, qui décrochaient jusqu’alors des
postes de simples exécutants, occupent maintenant des postes de dirigeants, et ce, en imposant sans
ménagement leur langue de travail : le français. Il ne fait aucun doute que le projet de la Manic-Outardes,
amorcé en 1959, reste le symbole de l’éveil du peuple québécois.
Au début des années 1950, Hydro-Québec est une petite société d’État dont les activités se limitent à la
grande région de Montréal. Dans les autres régions du Québec, l’électricité est distribuée par quelques
entreprises privées (la Shawinigan Water and Power et la Quebec Power, par exemple) qui sont plus
occupées à maximiser les profits de leurs actionnaires qu’à collaborer pour desservir l’ensemble des
Québécois en électricité. En 1952, le gouvernement de Maurice Duplessis annonce qu’Hydro-Québec se
dotera de deux nouvelles centrales hydroélectriques, installées sur la Côte-Nord. Toutefois, la réalisation
de ces imposantes constructions est sous la responsabilité d’experts ontariens et américains; en effet, les
Canadiens français de l’époque sont absents du monde de la technologie et ils n’ont pas les
compétences requises pour occuper des postes importants à Hydro-Québec.
Une fois ces deux projets d’importance complétés, les besoins énergétiques au Québec sont comblés, mais
pas pour longtemps. La demande en énergie devient encore plus grande, dans un Québec en train de se bâtir.
Face à ce Québec en expansion, de plus en plus industrialisé, mais en retard du point de vue énergétique, il
devient évident qu’il faut construire de nouveaux ouvrages hydroélectriques pour répondre à la demande en
électricité. En 1959, le premier ministre Daniel Johnson annonce que la production d’électricité au Québec sera
doublée grâce au projet Manic-Outardes, ouvrage dont Hydro-Québec a le plein contrôle. Ce projet sera
l’occasion pour les Québécois francophones d’amorcer un changement de mentalités et de s’affirmer en tant
que spécialistes en technologie. En effet, la société d’État commence à faire confiance à de jeunes ingénieurs
québécois francophones novices, qui commenceront également à occuper des postes de dirigeants,
remplaçant ainsi une génération plus âgée d’anglophones plus expérimentés.
Le vent de changement s’amorce. Le Québec entre dans une décennie
cruciale pour son développement : c’est le début de la Révolution tranquille.
D’une hauteur correspondant à celle d’un édifice de 42 étages, le projet de la
Manic-5 est à l’époque le plus grand barrage à voûtes multiples au monde
(fig. 1) : un défi colossal pour les jeunes ingénieurs québécois francophones!
Pour bon nombre d’entre eux, ce grand chantier est une école où ils
apprendront leur métier. En ce sens, on peut affirmer qu’Hydro-Québec a été
un acteur majeur dans l’émancipation du peuple québécois francophone qui a
compris que, lui aussi, il peut réaliser des prouesses inégalées et multiplier
les premières mondiales. En matière d’hydroélectricité, le génie québécois se
hisse au rang de référence planétaire.
A-t-on raison d’être fiers du génie québécois en matière d’hydroélectricité? Apprécie-t-on à sa juste
valeur la complexité du réseau électrique québécois? Quels sont les enjeux techniques et les
problématiques technologiques rencontrés dans la production, le transport et la distribution de
l’électricité? Plus fondamentalement, comment l’hydroélectricité est-elle produite? Pour quelle raison la
transporte-t-on sur des lignes dites à haute tension? Si elle nous parvient à haute tension, pourquoi
l’électricité qui entre dans nos maisons ne représente-t-elle pas un danger pour les usagers? Pour
répondre à ces questions, il faut comprendre comment l’hydroélectricité est générée, transportée et
distribuée au Québec. À la manière d’une visite guidée chez Hydro-Québec, ce problème vous propose
une incursion dans la société d’État à travers différents thèmes (la génératrice, les lignes de transmission
et le transformateur), laquelle vous permettra de répondre à ces questions qui, en tant que citoyen et
élève en sciences de la nature, qui plus est, sont importantes et pertinentes.
Fig. 1.
Source : Barrage Daniel-Johnson
de Manic 5. Pierre cb. (Wikimedia
Commons)