Doc. 6. – WIDUKIND DE CORVEY,
Histoire des Saxons
, 46-49 (trad. GIRAUD & TOCK, p. 65-67) :
« Le roi, lorsqu’il vit qu’approchait tout le poids du combat, adressa à ses hommes des paroles
d’encouragement : “[…] Jusqu’à ce jour, en effet, utilisant avec gloire vos bras infatigables et vos
armes toujours invaincues, je fus vainqueur en tous lieux hors de mon empire. Devrais-je
aujourd’hui prendre la fuite sur ma propre terre et en mon royaume ? Je sais que nous sommes
dominés par le nombre, mais non par la valeur et non par les armes. Nous savons fort bien, en
effet, qu’ils sont pour la plupart dépourvus d’armes et, ce qui est nous est d’un très grand
réconfort, de l’aide de Dieu. Il serait honteux que les maîtres de presque toute l’Europe cèdent à
leurs ennemis […]” Après avoir ainsi parlé, prenant son bouclier et la sainte lance, il tourna le
premier son cheval contre les ennemis, accomplissant son rôle de très courageux combattant et
d’excellent commandant. Les plus audacieux des ennemis résistèrent d’abord, puis, lorsqu’ils
virent que leurs alliés prenaient la fuite, furent paralysés et écrasés par les nôtres auxquels ils
étaient mêlés […]
« Couvert de gloire par son fameux triomphe [du Lechfeld], le roi fut appelé par l’armée “père de la
patrie et empereur”. Il fit célébrer de dignes louanges à la divinité suprême dans toutes les églises
et annoncer la victoire à sa sainte mère par des messagers. Revenu vainqueur en Saxe au milieu de
la joie et d’une allégresse extrême, il fut reçu par son peuple avec grand empressement. En effet,
depuis deux cents ans, aucun roi avant lui n’avait joui d’une telle victoire. »
Doc. 7. – Lettre d’Eudes, comte de Blois, au roi Robert rédigée par FULBERT DE CHARTRES
vers 1023-1024 (citée par MAZEL, p. 66) :
« Je m’étonne que, de ton côté, avec une pareille précipitation, sans que la cause ait été discutée,
tu me juges indigne de ton fief. Car, si l’on considère la nature du fief que tu m’as donné, il est
certain qu’il fait partie non de ton fisc, mais des biens qui, avec ta faveur, me viennent de mes
ancêtres par droit héréditaire ; si l’on considère la valeur du service, tu sais comment, tant que
j’eus ta faveur, je t’ai servi à la cour, à l’ost et à l’étranger. Et si, depuis que tu as détourné de moi
ta faveur et que tu as tenté de m’enlever le fief que tu m’avais donné, j’ai commis à ton égard, en
me défendant et en défendant mon fief, des actes de nature à te déplaire, je l’ai fait harcelé
d’injures et sous l’empire de la nécessité. […] Cette querelle qui nous divise, en même temps
qu’elle m’est pénible, t’enlève à toi-même, seigneur, ce qui constitue la racine et le fruit de ton
office, je veux dire la justice et la paix. »
Doc. 8. – Anonyme [disciple d’Yves de Chartres, 1111/1112],
Défense du pape Pascal II
(trad.
Augustin FLICHE, La querelle des investitures, Paris, 1946, p. 178) :
« Celui qui entre dans la maison de Dieu par la main du roi et se trouve ainsi chargé d’administrer
une église est entraîné par là dans l’hérésie. Nous lisons que le Fils de Dieu, maître de la Vérité, a
dit et proclamé : “Je suis la porte” [Jean, 10, 9]. Aussi celui qui n’entre pas dans la maison de Dieu
par le Christ y pénètre-t-il, au su de tout le monde, comme un voleur et un larron. En
conséquence, la main du roi n’est pas la concession de la loi. On lit dans les lois divines et
humaines que le pouvoir d’investir des évêchés ou de disposer de quelque chose dans l’Église
n’est accordé ni aux empereurs, ni aux rois, ni à aucun prince. »
Doc. 9 – Évangéliaire d’Otton III, copié et enluminé à l’abbaye de Reichenau, v. 998–1001
(Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm. 4453, folios 23v–24r) :
À voir par exemple à l’adresse suivante :
http://librairies.slu.edu/archives/digcoll/manuscripta08/socialorder.html01
Inscriptions au-dessus des quatre figures féminines : Sclavinia, Germania, Gallia, Roma (pays des
Slaves, Germanie, Gaule, Rome).