Introduction historique aux institutions de la Belgique

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Facultés universitaires Saint-Louis
à Bruxelles
Facultés de philosophie et lettres
Deuxième candidature en histoire
INTRODUCTION HISTORIQUE
AUX INSTITUTIONS DE LA BELGIQUE
Professeur : Jean-Marie Cauchies
PLAN ET RESUME DU COURS
Mathieu Roger
Année académique 2003-2004
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Introduction historique aux institutions de la Belgique
Introduction.
a. L’histoire de Belgique dans les programmes universitaires.
Ce cours est un cours traditionnel d’histoire de Belgique depuis l’époque romaine jusqu’en
1994. Il n’est plus donné sous cette forme qu’à l’UCL et aux FUSL. L’histoire de Belgique
est enseignée ailleurs sous d’autres formes. L’enseignement s’adapte au cadre de la Belgique
fédérale. A l’ULB le cours est divisé en 2 parties : l’une couvrant la période du Moyen-Age et
des Temps modernes l’autre les XIXe et XXe siècles. Ces cours sont donnés par deux
titulaires différents. Ce cours ne sera pas du belgicanisme pur et dur, ni une entreprise de
démolition. Nous étudierons l’évolution historique de ces territoires et donc l’histoire des
territoires constituant aujourd’hui la Belgique telle que nous la connaissons.
b. Aperçu historiographique.
Jetons un coup d’œil aux historiens ayant écrit l’histoire des territoires qui formeront la
Belgique. Le premier est Jules César. Depuis quand s’est-on penché sur l’histoire de la
Belgique ? A partir de l’époque française, c’est-à-dire à peu près deux siècles, lorsque la
Belgique commence à prendre corps. Avant on se contentait d’écrire sur les différentes
provinces (Brabant, Flandre,…)
Le premier auteur à avoir écrit une histoire de Belgique est Léon DEWEZ fin XVIIIe - +
1834). Il a connu l’époque autrichienne, la Révolution, l’annexion à la France, le Royaume
des Pays-Bas et finalement l’Indépendance. Il était fonctionnaire et a laissé quelques précis.
On note une évolution dans son écriture. Sa sensibili évolue en fonction des différents
pouvoirs en Belgique. Il a eu le mérite de dire qu’il fallait remonter jusqu’aux Romains et
resituer les choses dans la longue durée. Il lui a donné une ancienneté qu’on ne lui
reconnaissait pas.
Beaucoup d’histoire de Belgique sont marquées de déterminisme, de patriotisme après la
Révolution. On est dans le mouvement du romantisme. Mouvement qui se combine bien avec
la pensée nationaliste.
L’auteur pivot des histoires de Belgique est Henri PIRENNE (°1862 - + 1935). Son œuvre
monumentale de niveau universitaire est l’Histoire de Belgique, commencée à la fin du XIXe
siècle, une série d’éditions s’en suivit dont une illustrée. C’est irréalisable de nos jours.
Pirenne fut formé à Liège et enseigna à Gand il format l’école historique gantoise. Il n’a
jamais dit que la Belgique existait depuis toujours. Il a recherché les éléments historiques qui
donnait une unité culturelle et sociale (pas politique : l’unité politique ne date que de 1830).
Il a montré en quoi l’histoire de la Belgique est une sorte d’histoire de l’Occident en plus ptit.
« Microcosme de l’Occident ». Cela est indéniable. La Belgique possède un contact étroit
avec l’Est, le Sud, l’Angleterre (point de vue économique). L’histoire belge est pénétrée par
les influences venant de ces 3 directions.
Il n’a non plus nié que de grandes disparités culturelles existaient, dues aux deux grandes
ethnies caractérisée par leurs langues respectives. Les intérêts des belges n’ont pas toujours
été les mêmes. Pirenne a donc dégagé des éléments de synthèse. La grande difficulté qu’il
rencontra concerne la principauté de Liège. Elle est difficile à intégrer. Elle a ses propres
chapitres dans son œuvre.
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Pirenne a donné lieu à toute une école et a aussi eu une influence chez des ‘écrivains
d’histoire’. Parmi eux, la conception de Pirenne a pu prévaloir. Après la Seconde Guerre
Mondiale, il fallait souligner la cohésion. C’est pourquoi on assista au succès d’une idée
pirénienne de l’histoire belge.
A sa mort une nouvelle tendance apparut. On assiste à la structuration politique et idéologique
du Mouvement Flamand. Plusieurs auteurs mettent sur pied une Geschiedenis Van
Vlaanderen de niveau universitaire en 1936. Cela relève d’une historiographie nationale
flamande. Plusieurs de ces auteurs ayant collaboré pendant la guerre, cet ouvrage fut
discrédité. Après la guerre, on assiste à l’exaltation de la Belgique.
Dans les années 50, une nouvelle option apparaît : c’est l’approche historiographique prenant
en compte la Belgique et les Pays-Bas d’aujourd’hui (zone formant les Anciens Pays-Bas).
Cette approche est appelée Grandnéerlandaise. Entre 1949 et 1958, les 12 volumes de
l’Algemene geschiendenis der Nerderlanden sont donc publiés. Des historiens francophones y
ont aussi participé. Cette édition sera refondue, réécrite entre 1977 et 1983, des illustrations y
seront apportées. Cette œuvre met l’accent sur les nouveaux acquis de la recherche. Elle est
moins événementielle.
Le processus de fédéralisation commençant en 1970, l’historiographie s’en trouve modifiée.
Des ouvrages centrés sur la Flandre, la Wallonie (et Bruxelles) commence à apparaître. Pour
la Wallonie ceci est neuf : en 1973, donc 37 ans après la Flandre, une Histoire de Wallonie de
500 pages sort. C’est le premier travail global digne de ce nom. Ses intentions se veulent
scientifiques, il s’agit, comme autrefois Pirenne, trouver les intérêts communs. La Wallonie
est appelée aussi province romane belge. Cette histoire fut suivie par ,entre 1977 et 1981, La
Wallonie, le pays et les hommes en 6 volumes. Cet ouvrage a l’ambition d’être une
encyclopédie de la Wallonie. Il ne concerne pas seulement l’histoire ( le 1er volume concerne
la période des origines à 1830 et le second la période de 1830 à 1970).
La Flandre aussi produit : à la fin des années 50 : Flandria Nostra, qui est une encyclopédie
de la Flandre et pas une synthèse d’histoire avec les précédentes. Entre 1972 et 1976, le 15
volumes, dont 3 consacrés à l’histoire, de Twintig eeuwen Vlaanderen paraissent. Finalement
dans les années 80 une Histoire de la Flandre des origines à nos jours paraît en français et en
néerlandais. Elle intègre Bruxelles. Elle n’est pas très développée mais c’est une bonne
initiative.
L’approche de l’histoire de Belgique a toujours été conditionnée par l’esprit du temps.
c. Le nom de ‘Belgique’.
Considérons le nom de Belgique. Vers 1900 : un historien de Liège, Godefroid KURTH nous
dit : « Belges, avec les grecs c’est le plus ancien nom de peuple que l’on retrouve dans
l’histoire ». Mais les belges ne se sont pas toujours appelés comme çà. C’est un mot à éclipse.
Le premier illustre nom à l’avoir employer est Jules César : « de tous les peuples de la Gaule,
les belges sont les plus braves ». Il voulait dire les plus sauvages, les plus violents. A cet
instant ce mot ne désigne pas le territoire. Il faut attendre l’administration des provinces
romaines avec la Gallia (s’étendant du Rhin jusqu’à la Méditerranée). Après elle fut
subdivisée. La Gallia Belgica fit son apparition. Belgica est utilisé comme adjectif dans le
vocabulaire administratif romain.
Le terme tombe en désuétude à la chute de l’Empire Romain. Il faut attendre le Xe siècle pour
le voir réapparaître, 5 à 6 siècles plus tard. Après Charlemagne, la féodalité s’installe. Belgica
désigne assez vaguement la zone entre l’Escaut et le Rhin : la Lotharingie. Ce sont des
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intellectuels qui parle de Belgica, les gens d’Eglise car leur approche terminologique est
proche de celle de Rome par l’utilisation du latin. C’est une réminiscence vague.
Au XVe et XVIe siècles, les différents territoires sont sous une même autorité. On cherche
des dénominateurs communs aux principautés. On se souvient de Belgica grâce aux
humanistes. Le terme reste utilisé par un petit nombre. Un autre terme apparaît : Belgium,
Belgia. Cette réapparition est due à un besoin.
Un pas cisif est franchi au XVIIe et XVIIIe siècles. Le mot Belgique redevient alors un
terme administratif. Nous sommes à l’époque sous domination autrichienne. Ceux parlent de
« nos provinces Belgique ». Cela reste’ un adjectif pour qualifier des hommes et des terres.
Lors de l’annexion française le terme belge devient courant pour désigner les habitants de ces
régions. En 1830, le mot Belgique devient un substantif. Le mot belge devient, lui, un
qualificatif.
Première partie : Des origines romaines au rassemblement territorial.
1ère section Les fondements géopolitiques.
Chapitre 1 La Belgique romaine
A. Organisation administrative.
En 57 A.C.N., le général Jules César intervient en Gaule à la demande de tribus de la région
de la Champagne (Reims) pour les fendre des assauts de peuplades germaniques. Il
conquiert donc le nord de la Gaule. Ce qui se révèle assez difficile, plusieurs années seront
nécessaires. Contrairement à ce que certains dire par la suite il n’y eut pas de génocide.
Les romains organisent ensuite ce qu’ils ont conquis. Après César, vient l’Empire avec un
souverain absolu. Cet empire est très centralisé.
La Gaule est organisée en 4 provinces :
-. Gaule Narbonnaise
-. Gaule Aquitaine
-. Gaule Lyonnaise
-. Gaule Belgique : elle ne correspond pas tout à fait à la Belgique actuelle. Elle est
beaucoup plus étendue à l’époque, au nord de la Seine et de la
Marne (voir doc.1).
La capitale de la Belgica est Reims. Pourquoi Reims ? Parce qu’il n’y avait pas encore de
vraies villes dans le nord de la Gaule. Et la capitale se doit d’avoir des commodités. De plus
Reims était déjà fidèle à Rome avant les conquêtes.
Au Bas-Empire (fin IIIe début Ve siècle), la population augmente. La Gallia Belgica est un
ensemble de 4 provinces au Ive siècle :
-. Belgique I supérieure avec pour capitale Trèves sur la Moselle.
-. Belgique II inférieure avec pour capitale Reims.
-. Germanie I supérieure avec pour capitale Mayence sur le Rhin.
-. Germanie II inférieure avec pour capitale Cologne sur le Rhin également.
Aucune de ces capitales n’est aujourd’hui sur le sol belge. Pour la Germanie I, aucun
centimètre carré de son territoire n’a à voir avec la Belgique actuelle.
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Le concept Belgica est beaucoup plus large qu’aujourd’hui.
Les provinces romaines étaient divisées elles-mêmes en civitates (sg civitas). Au total 17
civitates couvraient la Belgica prise dans sa totalité. Cinq de celles-ci concerne notre territoire
actuel.
Du côté de l’Yser, la cité des Morins avec pour centre de gravité Thérouanne (nord de la
France, détruite par Charles Quint)
Dans les environs de l’Escaut, la cité des Ménapiens (Flandre orientale et occidentale) avec
pour centre Cassel.
Plus à l’est, c’est la cité des Nerviens (Hainaut, Anvers et Brabant) avec pour chef-lieu Bavay
(en France, près du Hainaut).
Encore plus à l’est, la cité des Tongres (Limbourg, Liège, Louvain, Luxembourg) avec pour
centre de gravité Tongres (en Belgique)
Et finalement à l’extrémité sud-est, la cité des Trévires avec pour centre Trèves (en
Allemagne).
Les lieux de commandement ne se trouve pas en Belgique actuelle à part Tongres. Deux
centres vont changer à cause de l’insécurité croissante. Cela a un effet sur l’utilisation du
réseau routier. On recourt plus aux voies navigables. Deux localités sur routes cèdent donc
leurs places à deux localités sur fleuves. Cambrai sur l’Escaut est préféré à Bavay et Tournai
sur l’Escaut aussi remplace Cassel.
B. ‘Villes’ et routes.
Les routes sont introduites par les romains. Avant on était face à une économie rurale avec des
sentiers.
Pour ce qui est des villes deux localités sur le territoire peuvent être désignées comme telles.
C’est Tongres et Tournai. Ne pas être une ville ne signifie pas être un trou perdu.
Tongres et cela dès le Ier et IIe siècles regroupent beaucoup de constructions en dur. Il y a un
rempart de 5 a 6 mètres de haut. La périphérie représentait 4 à 5 kilomètres. Il y a des fossés
et des portes. C’est déjà une ville dans le Haut-Empire.
Qu’est-ce qu’un Vicus (pl.vici) ?
C’est un bourg, une localité plus grande qu’un village mais plus petit qu’une ville. Il y
en a eu beaucoup. Pour exemple : Arlon et sa position stratégique sur une butte, Namur au
confluent de deux rivières (Meuse et Sambre) tout comme Gand entre l’Escaut et la Lys. Il y a
des vici à caractères routiers sous forme de relais, des vici à caractères artisanaux (fer, terre,
…), des vici à caractères commerciaux ou encore des vici à caractères religieux. Mais la
Belgique reste peu urbanisée.
Les routes sont d’excellente qualité. Il faudra attendre le XVIIe siècle pour revoir une telle
qualité. Il y a une série de grandes voies depuis Rome. Le nœud routier pour les Gaules se
situe à Lyon. Sur le territoire de la Belgique on note un axe important qui part de la Manche à
Boulogne qui passe par Bavay, puis Tongres traverse la Meuse pour rejoindre Cologne. Ce
tracé est parallèle à celui de l’autoroute de Wallonie.
Ces chaussées sont pavées. Bavay est connu pour avoir été le point de départ d’une douzaine
de chaussées. Les romains ont développés un vrai réseau de chaussées, la Belgique en a donc
bénéficié. Ce sont de vraies infrastructures routières. L’insécurité ira grandissant par la suite
favorisant l’utilisation des fleuves. Sur ces routes il y avait des vici tous les 25, 30 kilomètres.
La Belgique romaine reste une région rurale. Les villae romaines y prédominent.
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