Facultés universitaires Saint-Louis à Bruxelles Facultés de philosophie et lettres Deuxième candidature en histoire INTRODUCTION HISTORIQUE AUX INSTITUTIONS DE LA BELGIQUE Professeur : Jean-Marie Cauchies PLAN ET RESUME DU COURS Mathieu Roger Année académique 2003-2004 0 Introduction historique aux institutions de la Belgique Introduction. a. L’histoire de Belgique dans les programmes universitaires. Ce cours est un cours traditionnel d’histoire de Belgique depuis l’époque romaine jusqu’en 1994. Il n’est plus donné sous cette forme qu’à l’UCL et aux FUSL. L’histoire de Belgique est enseignée ailleurs sous d’autres formes. L’enseignement s’adapte au cadre de la Belgique fédérale. A l’ULB le cours est divisé en 2 parties : l’une couvrant la période du Moyen-Age et des Temps modernes l’autre les XIXe et XXe siècles. Ces cours sont donnés par deux titulaires différents. Ce cours ne sera pas du belgicanisme pur et dur, ni une entreprise de démolition. Nous étudierons l’évolution historique de ces territoires et donc l’histoire des territoires constituant aujourd’hui la Belgique telle que nous la connaissons. b. Aperçu historiographique. Jetons un coup d’œil aux historiens ayant écrit l’histoire des territoires qui formeront la Belgique. Le premier est Jules César. Depuis quand s’est-on penché sur l’histoire de la Belgique ? A partir de l’époque française, c’est-à-dire à peu près deux siècles, lorsque la Belgique commence à prendre corps. Avant on se contentait d’écrire sur les différentes provinces (Brabant, Flandre,…) Le premier auteur à avoir écrit une histoire de Belgique est Léon DEWEZ (°fin XVIIIe - + 1834). Il a connu l’époque autrichienne, la Révolution, l’annexion à la France, le Royaume des Pays-Bas et finalement l’Indépendance. Il était fonctionnaire et a laissé quelques précis. On note une évolution dans son écriture. Sa sensibilité évolue en fonction des différents pouvoirs en Belgique. Il a eu le mérite de dire qu’il fallait remonter jusqu’aux Romains et resituer les choses dans la longue durée. Il lui a donné une ancienneté qu’on ne lui reconnaissait pas. Beaucoup d’histoire de Belgique sont marquées de déterminisme, de patriotisme après la Révolution. On est dans le mouvement du romantisme. Mouvement qui se combine bien avec la pensée nationaliste. L’auteur pivot des histoires de Belgique est Henri PIRENNE (°1862 - + 1935). Son œuvre monumentale de niveau universitaire est l’Histoire de Belgique, commencée à la fin du XIXe siècle, une série d’éditions s’en suivit dont une illustrée. C’est irréalisable de nos jours. Pirenne fut formé à Liège et enseigna à Gand où il format l’école historique gantoise. Il n’a jamais dit que la Belgique existait depuis toujours. Il a recherché les éléments historiques qui donnait une unité culturelle et sociale (pas politique : l’unité politique ne date que de 1830). Il a montré en quoi l’histoire de la Belgique est une sorte d’histoire de l’Occident en plus ptit. « Microcosme de l’Occident ». Cela est indéniable. La Belgique possède un contact étroit avec l’Est, le Sud, l’Angleterre (point de vue économique). L’histoire belge est pénétrée par les influences venant de ces 3 directions. Il n’a non plus nié que de grandes disparités culturelles existaient, dues aux deux grandes ethnies caractérisée par leurs langues respectives. Les intérêts des belges n’ont pas toujours été les mêmes. Pirenne a donc dégagé des éléments de synthèse. La grande difficulté qu’il rencontra concerne la principauté de Liège. Elle est difficile à intégrer. Elle a ses propres chapitres dans son œuvre. 1 Pirenne a donné lieu à toute une école et a aussi eu une influence chez des ‘écrivains d’histoire’. Parmi eux, la conception de Pirenne a pu prévaloir. Après la Seconde Guerre Mondiale, il fallait souligner la cohésion. C’est pourquoi on assista au succès d’une idée pirénienne de l’histoire belge. A sa mort une nouvelle tendance apparut. On assiste à la structuration politique et idéologique du Mouvement Flamand. Plusieurs auteurs mettent sur pied une Geschiedenis Van Vlaanderen de niveau universitaire en 1936. Cela relève d’une historiographie nationale flamande. Plusieurs de ces auteurs ayant collaboré pendant la guerre, cet ouvrage fut discrédité. Après la guerre, on assiste à l’exaltation de la Belgique. Dans les années 50, une nouvelle option apparaît : c’est l’approche historiographique prenant en compte la Belgique et les Pays-Bas d’aujourd’hui (zone formant les Anciens Pays-Bas). Cette approche est appelée Grandnéerlandaise. Entre 1949 et 1958, les 12 volumes de l’Algemene geschiendenis der Nerderlanden sont donc publiés. Des historiens francophones y ont aussi participé. Cette édition sera refondue, réécrite entre 1977 et 1983, des illustrations y seront apportées. Cette œuvre met l’accent sur les nouveaux acquis de la recherche. Elle est moins événementielle. Le processus de fédéralisation commençant en 1970, l’historiographie s’en trouve modifiée. Des ouvrages centrés sur la Flandre, la Wallonie (et Bruxelles) commence à apparaître. Pour la Wallonie ceci est neuf : en 1973, donc 37 ans après la Flandre, une Histoire de Wallonie de 500 pages sort. C’est le premier travail global digne de ce nom. Ses intentions se veulent scientifiques, il s’agit, comme autrefois Pirenne, trouver les intérêts communs. La Wallonie est appelée aussi province romane belge. Cette histoire fut suivie par ,entre 1977 et 1981, La Wallonie, le pays et les hommes en 6 volumes. Cet ouvrage a l’ambition d’être une encyclopédie de la Wallonie. Il ne concerne pas seulement l’histoire ( le 1er volume concerne la période des origines à 1830 et le second la période de 1830 à 1970). La Flandre aussi produit : à la fin des années 50 : Flandria Nostra, qui est une encyclopédie de la Flandre et pas une synthèse d’histoire avec les précédentes. Entre 1972 et 1976, le 15 volumes, dont 3 consacrés à l’histoire, de Twintig eeuwen Vlaanderen paraissent. Finalement dans les années 80 une Histoire de la Flandre des origines à nos jours paraît en français et en néerlandais. Elle intègre Bruxelles. Elle n’est pas très développée mais c’est une bonne initiative. L’approche de l’histoire de Belgique a toujours été conditionnée par l’esprit du temps. c. Le nom de ‘Belgique’. Considérons le nom de Belgique. Vers 1900 : un historien de Liège, Godefroid KURTH nous dit : « Belges, avec les grecs c’est le plus ancien nom de peuple que l’on retrouve dans l’histoire ». Mais les belges ne se sont pas toujours appelés comme çà. C’est un mot à éclipse. Le premier illustre nom à l’avoir employer est Jules César : « de tous les peuples de la Gaule, les belges sont les plus braves ». Il voulait dire les plus sauvages, les plus violents. A cet instant ce mot ne désigne pas le territoire. Il faut attendre l’administration des provinces romaines avec la Gallia (s’étendant du Rhin jusqu’à la Méditerranée). Après elle fut subdivisée. La Gallia Belgica fit son apparition. Belgica est utilisé comme adjectif dans le vocabulaire administratif romain. Le terme tombe en désuétude à la chute de l’Empire Romain. Il faut attendre le Xe siècle pour le voir réapparaître, 5 à 6 siècles plus tard. Après Charlemagne, la féodalité s’installe. Belgica désigne assez vaguement la zone entre l’Escaut et le Rhin : la Lotharingie. Ce sont des 2 intellectuels qui parle de Belgica, les gens d’Eglise car leur approche terminologique est proche de celle de Rome par l’utilisation du latin. C’est une réminiscence vague. Au XVe et XVIe siècles, les différents territoires sont sous une même autorité. On cherche des dénominateurs communs aux principautés. On se souvient de Belgica grâce aux humanistes. Le terme reste utilisé par un petit nombre. Un autre terme apparaît : Belgium, Belgia. Cette réapparition est due à un besoin. Un pas décisif est franchi au XVIIe et XVIIIe siècles. Le mot Belgique redevient alors un terme administratif. Nous sommes à l’époque sous domination autrichienne. Ceux parlent de « nos provinces Belgique ». Cela reste’ un adjectif pour qualifier des hommes et des terres. Lors de l’annexion française le terme belge devient courant pour désigner les habitants de ces régions. En 1830, le mot Belgique devient un substantif. Le mot belge devient, lui, un qualificatif. Première partie : Des origines romaines au rassemblement territorial. 1ère section – Les fondements géopolitiques. Chapitre 1 – La Belgique romaine A. Organisation administrative. En 57 A.C.N., le général Jules César intervient en Gaule à la demande de tribus de la région de la Champagne (Reims) pour les défendre des assauts de peuplades germaniques. Il conquiert donc le nord de la Gaule. Ce qui se révèle assez difficile, plusieurs années seront nécessaires. Contrairement à ce que certains dire par la suite il n’y eut pas de génocide. Les romains organisent ensuite ce qu’ils ont conquis. Après César, vient l’Empire avec un souverain absolu. Cet empire est très centralisé. La Gaule est organisée en 4 provinces : -. Gaule Narbonnaise -. Gaule Aquitaine -. Gaule Lyonnaise -. Gaule Belgique : elle ne correspond pas tout à fait à la Belgique actuelle. Elle est beaucoup plus étendue à l’époque, au nord de la Seine et de la Marne (voir doc.1). La capitale de la Belgica est Reims. Pourquoi Reims ? Parce qu’il n’y avait pas encore de vraies villes dans le nord de la Gaule. Et la capitale se doit d’avoir des commodités. De plus Reims était déjà fidèle à Rome avant les conquêtes. Au Bas-Empire (fin IIIe – début Ve siècle), la population augmente. La Gallia Belgica est un ensemble de 4 provinces au Ive siècle : -. Belgique I supérieure avec pour capitale Trèves sur la Moselle. -. Belgique II inférieure avec pour capitale Reims. -. Germanie I supérieure avec pour capitale Mayence sur le Rhin. -. Germanie II inférieure avec pour capitale Cologne sur le Rhin également. Aucune de ces capitales n’est aujourd’hui sur le sol belge. Pour la Germanie I, aucun centimètre carré de son territoire n’a à voir avec la Belgique actuelle. 3 Le concept Belgica est beaucoup plus large qu’aujourd’hui. Les provinces romaines étaient divisées elles-mêmes en civitates (sg civitas). Au total 17 civitates couvraient la Belgica prise dans sa totalité. Cinq de celles-ci concerne notre territoire actuel. Du côté de l’Yser, la cité des Morins avec pour centre de gravité Thérouanne (nord de la France, détruite par Charles Quint) Dans les environs de l’Escaut, la cité des Ménapiens (Flandre orientale et occidentale) avec pour centre Cassel. Plus à l’est, c’est la cité des Nerviens (Hainaut, Anvers et Brabant) avec pour chef-lieu Bavay (en France, près du Hainaut). Encore plus à l’est, la cité des Tongres (Limbourg, Liège, Louvain, Luxembourg) avec pour centre de gravité Tongres (en Belgique) Et finalement à l’extrémité sud-est, la cité des Trévires avec pour centre Trèves (en Allemagne). Les lieux de commandement ne se trouve pas en Belgique actuelle à part Tongres. Deux centres vont changer à cause de l’insécurité croissante. Cela a un effet sur l’utilisation du réseau routier. On recourt plus aux voies navigables. Deux localités sur routes cèdent donc leurs places à deux localités sur fleuves. Cambrai sur l’Escaut est préféré à Bavay et Tournai sur l’Escaut aussi remplace Cassel. B. ‘Villes’ et routes. Les routes sont introduites par les romains. Avant on était face à une économie rurale avec des sentiers. Pour ce qui est des villes deux localités sur le territoire peuvent être désignées comme telles. C’est Tongres et Tournai. Ne pas être une ville ne signifie pas être un trou perdu. Tongres et cela dès le Ier et IIe siècles regroupent beaucoup de constructions en dur. Il y a un rempart de 5 a 6 mètres de haut. La périphérie représentait 4 à 5 kilomètres. Il y a des fossés et des portes. C’est déjà une ville dans le Haut-Empire. Qu’est-ce qu’un Vicus (pl.vici) ? C’est un bourg, une localité plus grande qu’un village mais plus petit qu’une ville. Il y en a eu beaucoup. Pour exemple : Arlon et sa position stratégique sur une butte, Namur au confluent de deux rivières (Meuse et Sambre) tout comme Gand entre l’Escaut et la Lys. Il y a des vici à caractères routiers sous forme de relais, des vici à caractères artisanaux (fer, terre, …), des vici à caractères commerciaux ou encore des vici à caractères religieux. Mais la Belgique reste peu urbanisée. Les routes sont d’excellente qualité. Il faudra attendre le XVIIe siècle pour revoir une telle qualité. Il y a une série de grandes voies depuis Rome. Le nœud routier pour les Gaules se situe à Lyon. Sur le territoire de la Belgique on note un axe important qui part de la Manche à Boulogne qui passe par Bavay, puis Tongres traverse la Meuse pour rejoindre Cologne. Ce tracé est parallèle à celui de l’autoroute de Wallonie. Ces chaussées sont pavées. Bavay est connu pour avoir été le point de départ d’une douzaine de chaussées. Les romains ont développés un vrai réseau de chaussées, la Belgique en a donc bénéficié. Ce sont de vraies infrastructures routières. L’insécurité ira grandissant par la suite favorisant l’utilisation des fleuves. Sur ces routes il y avait des vici tous les 25, 30 kilomètres. La Belgique romaine reste une région rurale. Les villae romaines y prédominent. 4 Durant toute son histoire romaine, la Belgique a connu 2 siècles de paix (pax romana). Ce qui constitue la plus longue période de son histoire. Dès la moitié du IIIe siècle on aperçoit des mouvements. L’archéologie montre qu’on se met à fortifier et à construire des postes militaires. On se protège. Fin IIIe et début IVe siècles on abandonne des sites moins sûrs. La population se concentre dans les bourgs. Le long de la route vers Cologne, on construit des fortins en pierre et/ou en bois. Les incursions germaniques se multiplient. On assista à une acclimatation de certains groupes germains à nos régions. Rome tolère peu à peu leur installation. Il y a deux méthodes d’acclimatation : les lètes ou les fédérés. Les lètes : ce sont des petits groupes de germains que les romains installent dans l’Empire. On leur confie des tâches militaires et aussi économiques (profil de l’agriculteur-soldat). Ce sont des auxiliaires de l’armée romaine. Au départ çà a dû être des prisonniers. Ils jouissent d’une large liberté : ils gardent leur chef, leurs coutumes,… mais travaillent pour le compte de l’Etat Romain. Ils ont une fonction de garde. C’est la preuve que les Romains ont dû mal à se débrouiller seuls. Les fédérés : des traités sont passés entre peuplades germaniques de frontières et les romains. Ils reçoivent des avantages en échange de leur assurance à tenir la frontière pour empêcher les incursions. Ils traitent d’égal à égal avec les romains. C’est le début d’une pénétration lente des Francs qui déferleront au Ve siècle. B. Transition (IIIe – Ve s.) Cette transition va couvrir le Ve siècle. En 476, le dernier empereur romain est déposé par un chef barbare. C’est une date non significative pour notre histoire. En 406, c’est le grand déferlement des germains en Gaule. On parle alors d’invasion germanique, les historiens aujourd’hui penchent plutôt pour le terme de migration. Il est inutile de chercher une date, cette transition était préparée depuis longtemps. Mayence sera détruite. La Belgique actuelle a été assez épargnée des destructions. Cologne et Trèves ont elles-aussi évités la destruction. Ce qui peut expliqué l’absence de destructions dans nos régions est peut être la résistance des lètes. Une royauté franque s’installe chez nous au Ve siècle. CLOVIS va soumettre la Gaule, c’est la figure de proue des Mérovingiens (Ve – moitié VIIIe siècle). Dans cette Gaule mérovingienne, la Belgique est marginalisée. Le père de Clovis, Childéric s’est installé à Tournai un moment. La notion de capitale ne convient pas à la mentalité franque. Il leur manque une administration rigoureuse. Clovis se trouvera sur la Seine à Paris. Les résidences des rois mérovingiens seront à Paris, Reims et Metz. Chapitre 2 – La Belgique franque A. Organisation administrative. L’apport des francs fut une nouvelle organisation territoriale. Il n’y aura plus de provinces, ni de civitates. Le territoire se retrouve divisé en pagi (sg. pagus) (voir doc.II). Le mot pays en 5 dérivera. Leurs limites sont quasiment impossibles à montrer. Il y a un grand nombre de pagi. Observons leurs noms : 4. Région d’Ypres : Flandrensis 16. Escaut / Lys : Gandensis 14. Tornasensis 18. Bracbantinsis 26. Falminna 27. Arduenna Ces noms s’intégreront par la suite dans notre géographie. Certains ne nous évoquent rien aujourd’hui comme le 23. Lommacensis. Certains pagi ne signifient plus rien de nos jours. On observe un éclatement des pagi en opposition avec la centralisation des provinces romaines. Un certain nombre de ces pagi seront à la base de certaines principautés féodales. Ellesmêmes seront les ancêtres de nos provinces. A la tête de ces pagi se trouvaient les comes (comtes), amis du chef. Après les Mérovingiens , la seconde dynastie franque apparaît : les carolingiens. B. Evangélisation et géographie ecclésiastique. Le christianisme n’a pas pénétré tout de suite dans nos régions. Cela commence seulement à partir du IVe siècle avec le premier indice d’une organisation ecclésiastique en Belgique signalée par la présence d’un évêque à Tongres. Cette œuvre d’évangélisation est favorisée par des rois mérovingiens dont Clovis ainsi que par des missionnaires. Et à partir du VIIe siècle, il y a une augmentation du nombre de monastères. Il y eut quelques grands évangélisateurs comme Saint Amand en Flandre. Il venait d’Aquitaine. D’autres vinrent d’Irlande. A Gand on assiste à la fondation de deux grands monastères. Pour ce qui est de l’organisation du territoire l’Eglise, récupère les cadres romains. La division en provinces et civitates est récupérée. Les anciennes civitates deviennent des diocèses, et donc un lieu où se trouve un évêque. A l’époque c’est le diocèse qui est la cellule de base de l’Eglise (aujourd’hui c’est la paroisse). Dans les capitales de provinces on trouve un archevêque. Ce qui fait que les provinces deviennent des archevêchés. Un évêque siège à Tongres et un autre à Tournai. Il n’y a pas d’archevêque sur notre territoire. Au VIIe siècle, l’évêque de Tongres s’installe à Maastricht (ville fluviale) qui le lieu de franchissement de la Meuse. Cette organisation ecclésiastique ne subira pas de modification avant la moitié du XVIe siècle. C. Partages successoraux. Partages mérovingiens : Ces partages s’applique à toute la Gaule. C’est un système successoral propre aux Francs. Le royaume est partagé entre les fils du mort. Même le territoire de la Belgique sera divisé entre plusieurs rois. Le territoire est répartis entre deux royautés franques : 6 D’un côté le royaume d’Austrasie (est) basé sur le Rhin et de l’autre côté le royaume de Neustrie (ouest) basé sur la Seine. Cette limite entre les deux divise la Belgique entre les Ménapiens et les Nerviens, l’Eglise ayant gardé les divisions romaines. Partages carolingiens : Charlemagne centralise (enfin plutôt Pépin le Bref) l’unité de la Gaule. Il se fait couronné empereur en 800. Cet empire ne dure qu’un temps. 30 ans après sa mort, on le divise. En 843, le Traité de Verdun le divise en 3 parties. Cela a des conséquences importantes pour nos régions. Cela conditionnera l’appartenance future d’une partie de nos territoires à la France et de l’autre au futur Empire. En 887, Charles le Gros rétablit un territoire unique. Ce n’est qu’un feu de paille. C’est le terme à un empire franc unifié. Il éclate. C’est l’ère de la dislocation. Un historien allemand dit : « sous les carolingiens le cœur du Royaume va battre sur la Meuse ». Les ancêtres de Charlemagne étaient des propriétaires terriens ayant des territoires entre la Meuse et le Rhin. Charlemagne est né dans la région de Liège. Le centre de gravité de son Empire sera Aix-la-Chapelle, assez proche de notre frontière. La Belgique devient un centre actif. Il y a une valorisation de l’est de nos régions. ( Chapitre 3 – Un débat : les origines de la frontière linguistique ) 2ème section – L’ère du morcellement et des principautés. Chapitre 4 - La dislocation des IX et Xe siècle A. Destinées de la Lotharingie (887-925) (voir doc.IV) En 814, Charlemagne meurt et entraîne ainsi la fin de l’unité. En 843, Louis le Pieux qui avait réussi à conserver une certaine unité meurt. Comme de coutume chez les francs ses 3 fils se partagent les territoires. C’est le traité de Verdun qui s’en charge. Il met en valeur une rivière l’Escaut. Elle a désormais valeur de frontière. Le traité divise le territoire verticalement en 3 parties : I. Francia Occidentalis : qui revient au fils cadet Charles le Chauve. II. Francia Media : attribuée à l’aîné Lothaire, partie contenant Aix-La-Chapelle. III. Francia Orientalis : partie dirigée par Louis le Germanique. La carte de droite du doc. III montre le territoire divisé après le Traité de Verdun. On observe à l’est de l’Escaut la Flandern qui appartient au territoire I. Le Rhin représente la frontière entre les territoires II et III, tandis que l’Escaut est celle séparant les territoires I et II La Belgique actuelle est répartie entre les territoires I et II. 7 En 855, c’est la mort de Lothaire. On va donc assister au partage de la Francia Media. Partage entre les 3 fils de Lothaire effectué selon des lignes est/ouest. Les différentes parties résultant de celui-ci sont l’Italie, la Bourgogne et la Lotharingie. Lotharingie dirigée par Lothaire II. Ce territoire descend pratiquement jusqu’au Juras. La carte de gauche du doc. III montre les effets du traité de Meersen (petite localité des PaysBas actuels près de Masstricht). En 870, à la mort de Lothaire II, il n’y a pas d’héritiers. Ses deux oncles s’emparent donc de l’héritage. La Meuse sert de ligne de séparation. Les territoires à gauche de celle-ci reviennent à Charles le Chauve qui passe par la même occasion l’Escaut. Les territoires du côté de la rive droite reviennent à Louis le Germanique qui passe ainsi le Rhin. On note de nouveau l’importance des voies d’eau. En 880, le traité de Ribémont clarifie la situation. Louis le Germanique et Charles le Chauve sont morts. Un des fils de Louis le Germanique récupère tout le territoire entre la Meuse et l’Escaut. L’Escaut redevient une frontière. Les descendants de Charles le Chauve sont à l’ouest de l’Escaut. Quelques années plus tard, Charles le Gros parvient à tout reconstituer mais cela tourne à l’échec en 887. C’est l’enterrement définitif de toute volonté de réunifier un royaume franc. La situation à la fin du IXe siècle peut se résumer comme suit : -. A gauche de l’Escaut, on trouve une Flandre relevant du Roi de Paris (Francie Occidentale). Ce roi a des rivaux : les capétiens. -. A droite de l’Escaut, en Lotharingie la situation est instable. Les descendants de Louis le Germanique s’éteignent. C’est un fils bâtard d’un prince carolingien qui exerce le pouvoir en Lotharingie et en Germanie : c’est Arnoul de Carinthie, roi d’Allemagne. Il donnera l’indépendance à la Lotharingie, royaume qu’il confiera à son fils Zwentibold. Son règne fut éphémère (895-900) car il se heurta à la résistance des grands de l’aristocratie. Il mourut au combat contre ces derniers. En 925 (doc. IV), la Lotharingie est absorbée par les ducs de Saxe. Henri Ier y règne, il est aussi roi d’Allemagne. Les limites que nous voyons en l’an 900 vont perdurer pendant 600 ans. L’Escaut va être une frontière entre la France et l’Allemagne. B. Invasions normandes (2ème moitié IXe siècle) Ces normands sont des scandinaves danois, norvégiens qui pillent sur les côtes et plus loin dans les terres en remontant les fleuves de nos régions et en France. Ils remontent ainsi l’Escaut, la Lys, la Meuse. Ils ne sont pas des conquérants, ce sont des gens de passage. Ils viennent, massacrent, pillent, prennent des esclaves et puis repartent. Ce sont des raids, ils ne viennent pas s’implanter. On peut circonscrire ces raids dans une période allant de 843 à 880. Pourquoi en 843 ? Car après le Traité de Verdun, on a assisté à un affaiblissement général dû à cette division. Pourquoi cela prend fin en 880 ? Parce que Arnoul de Carinthie prend le taureau par les cornes, lève une armée et inflige une lourde défaite à ces hordes sur la Dyle à hauteur de Louvain. Ils iront à partir de ce jour chercher ailleurs. 8 Ces ‘invasions’ ont été trop souvent grossies. Ce sont des clercs qui racontèrent ces histoires. Or ils étaient la proie favorite de ces pillards en raison des richesses se trouvant dans les monastères et églises. Ils ont donc eu tendance à exagérer. Il faut toujours considérer l’identité de ceux qui relatent certains faits. Plusieurs localités comme des portus furent tout de même détruites : Anvers, Gand, Namur,… ainsi qu’un nombre de localités qui survivaient depuis la chute de l’Empire romain. Ces invasions normandes eurent une conséquence principale sur nos régions. On prend conscience que les rois ne remplissaient pas leur devoir de défense. Les populations cherchent donc d’autres protecteurs, des personnages locaux qui possèdent une certaine puissance, un lieu fortifié pour pouvoir se réfugier en cas de danger. Ces petits chefs locaux vont apparaître comme les vrais chefs respectés auxquels on obéit. Ils gagnent petit à petit importance. C’est la formation des principautés et des seigneuries. C’est une période où faiblit le pouvoir central On a une impression d’anarchie. C’est vrai pour une part. En effet on constate à l’ouest des rivalités carolingiennes et à l’est on est ballottés puis calmés par les Saxons. Ce jugement d’anarchie est à nuancer car il est porté par des hommes d’une époque où prévaut l’Etat centralisé, l’Etat moderne. Ils sont influencés par la pensée selon laquelle ce qui n’est pas centralisé est anarchie. Il y a certes eu un flottement puis l’apparition des principautés mais pas une anarchie totale. C’est la mise en place d’un nouveau type d’organisation. Le pouvoir va revenir à ceux qui organisent, qui construisent des châteaux. C. Des pagi aux principautés et aux seigneuries Il faut observer une distinction entre la France et la Flandre. Le processus est différent en fonction de la région où l’on se trouve. -. Pour la Flandre, c’est le cas le plus simple, car elle n’est composée que d’un territoire : le Comté de Flandre. Un homme au rôle crucial surgit entre Bruges et la mer, c’est Baudouin Bras de Fer. Il défend les gens contre les Normands grâce à de petits châteaux. Il rassemble plusieurs pagi sous son autorité, pas seulement le Flandriensis. Il rassemble la Flandre. Il ravit alors la fille de Charles le Chauve, Judith, et l’épouse. Charles le Chauve est en colère contre un de ses fonctionnaires, comte puis passe l’éponge. Baudouin a une descendance contenant du sang carolingien. Le comte de Flandre descendra de Charlemagne. Baudouin II lui succède est peaufine l’organisation. La Flandre devient une petite principauté avec quelques institutions. Lui et ses descendants construisent encore des châteaux pour marquer le territoire. On observe là les deux piliers principaux du pouvoir princier au Moyen-Age : le château et la justice. Celui qui rend la justice et qui a un château possède du pouvoir. Le comte de Flandre est vassal du Roi de France mais n’en fera souvent qu’à sa guise. -. En Lotharingie c’est différent. Il y a un certain retard, il y a plusieurs principautés mais le pouvoir et contrôle royal resteront grands. En 962, le titre impérial abandonné depuis 887 est rendu à Otton Ier. C’est la création du Saint Empire. Il était déjà roi de Germanie. En 953, il constitue la Lotharingie en duché. Une portion de l’Empire est donc confiée à un duc. Ce duc est un homme de confiance, c’est le frère d’Otton Ier, Brumon, archevêque de Cologne, le plus grand prélat d’Allemagne. Vers 959, on assiste à la scission de la Lotharingie en deux duchés : la Haute Lotharingie (qui donnera la Lorraine) et la Basse Lotharingie. Le nord porte le nom de 9 Lothier, ce mot désigne la région entre l’Escaut et le Rhin. Cette politique n’aura pas atteint le but visé : on voulait atteindre un plus grand contrôle. Or les échelons se multiplient et le nombre d’intermédiaires augmente. A la longue le duché de Lotharingie se morcelle (IXe siècle). Vers 1100, le Lothier existe encore sur papier mais en fait c’est un ensemble de principautés. ( Chapitre 5 - L’essor des villes ) Chapitre 6 – Les principautés médiévales : rapports de forces (XIe – XIVe s.) A. Esquisse géographique (cartes) (voir doc.V) Ce document montre les Pays-Bas du sud en 1300. Ce n’est pas le début des principautés. Cette évolution est déjà largement achevée. On voit à cette époque une image durable se graver. Comté de Flandre : On note que la Flandre déborde un peu sur la rive droite de l’Escaut : Alost et Grammont. Pourquoi ? Car durant la 1ère moitié du XIe siècle les comtes de Flandre expansionnistes s’emparèrent du territoire limité par l’Escaut et la Dendre. Cette zone porte alors le nom de Flandre impériale car en ce qui concerne cette région le comte de Flandre est vassal de l’empereur. Il joue le jeu de la double vassalité. Comté d’Artois : Région située au sud de la Flandre ne faisant pas partie de la Belgique actuelle. A l’origine ce comté faisait partie de celui de la Flandre. Sa capitale est Arras, et le comté contient la cité de Thérouanne. Tournai et Tournaisis : Sud de Tournai : C’est un cas particulier. Ce n’est pas une principauté mais une ville, cité avec un territoire. Elle est le siège d’un évêché, ce qui lui donne un statut particulier. Ce n’est pas un prince-évêque qui dirige la ville. Elle a échappé à la main-mise de la Flandre et du Hainaut. Cela restera une ville royale jusqu’au XVIe siècle. Elle a pour seigneur le roi de Paris. Ce maître lointain lui offre des privilèges mais parfois il prend à son encontre des mesures disciplinaires. Ils jouissent tout de même d’une grande autonomie. C’est un cas unique en Belgique de petite république communale. Territoire contesté entre Flandre et Hainaut aujourd’hui situé en France. Comté de Hainaut : Dominés par des princes d’empire, il s’étend sur des régions aujourd’hui belges en françaises. Ce Comté est issu du développement du pagus Hainoensis (la Haine étant une rivière). Ce pagus est centré sur Mons. Son développement est comparable à celui de la Flandre malgré un certain retard. Au XIe siècle il s’étendra presque jusqu’aux portes de Bruxelles au nord et jusque la région de Chimay au sud. 10 Duché de Brabant : Il s’étend bien plus au nord que le Brabant actuel. Il regroupe Bruxelles, Louvain, Anvers, Nivelles, Tirlemont et même une partie des Pays-Bas actuels avec S-Hertogenbosch. Ici nous sommes face à un duché. Pourquoi ? Jusqu’au XIIe siècle c’étaient les Comtes de Louvain qui gouvernaient. Vers 1100, un de ces comtes est appelé à remplir la charge de duc de Lothier (titre non héréditaire, désigné par l’empereur). La famille a conservé le titre et l’ont appliqué à leurs propres concessions. Ce duché s’est restreint et accru, il perd en effet la Flandre Impériale et acquiert le contrôle des abbayes de Gembloux et de Nivelles. Anvers est sous leur contrôle, ce qui représente un enjeu militaire et économique considérable. Enclave de Malines : C’est une seigneurie qui possède un statut propre. Elle n’est pas indépendante, mais plutôt une annexe à la Flandre. Le phénomène des enclaves complique les choses. Comté de Namur : Ce Comté a fait les frais du développement de ses voisins. Il a l’air écrasé mais garde une position intéressante car comporte le confluent de la Meuse et de la Sambre. Son histoire est assez fluctuante. Au XIIe siècle le Comté de Namur rassemble sans annexer une grande zone dans la province actuelle du Luxembourg. Limbourg situé à l’est de Liège : Principauté de Liège : Ce nom fut transplanté au XIXe siècle pour nommer la province actuelle. C’est à l’époque la région située entre Liège et Verviers. C’est une porte vers le Rhin. C’est un Comté. Mais comme dans le cas du Brabant le titre de duché a été appliqué par la suite. Peu avant 1300, les ducs du Brabant se sont emparés du Limbourg. C’est un cas à part. Ce territoire est très découpé. Il possède beaucoup d’enclaves. Le chef est un ecclésiastique, un évêque portant en même temps le titre de prince. Cela a été voulu par l’empereur (politique de contrôle des princes laïques). Ce prince-évêque est à Liège depuis le XIIIe siècle. Au nord de Liège avec le Comté de Looz : Il eut une existence comparable aux autres régions. Il disparaît au XIVe siècle. C’est le seul moment où l’on assiste à une annexion pur et simple. Des problèmes de succession (le Comte de Looz n’ayant pas eu d’enfant) provoquant sa chute. Principauté ecclésiastique de Stavelot-Malmédy : Stavelot et Malmédy possèdent chacun une abbaye dirigée par le même abbé. Etant donné la proximité des deux villes cet abbé porte le titre de prince. Il a toutefois moins d’impact que celui de Liège. 11 Luxembourg : c’est un agglomérat de petits territoires. Au XIVe siècle, le Luxembourg s’est constitué en un tout, un duché. Un comte devenu duc car la famille de Luxembourg régnait sur l’Empire. Le comté fut donc érigé en duché. Dans cette évolution, ce morcellement, le critère linguistique ne joue absolument aucun rôle. Il n’y a pas de bases culturelles à ces divisions. A part Looz et Namur, tous les comtés et duchés sont bilingues. Le Limbourg est même trilingue. B. Comté de Flandre Au centre du dispositif des forces en présence, on retrouve le Prince. Roi de France (pour la Flandre) / Empereur et duc (pour la Lotharingie) P Noblesse Clergé Villes Le Comté de Flandre et ses structures sont en place dès le Xe siècle. Il consiste dans le rassemblement de plusieurs pagi sous l’autorité d’un prince territorial. Ce rassemblement comporte le Comté d’Artois. Les comtes vont axer leur pouvoir sur les régions les plus riches. Au Xe siècle, le centre de gravité est la région de Lille. C’est là que se trouvent les terres les plus riches ainsi que la densité de population la plus élevée. De grandes abbayes s’y trouvent : Saint Bertin à Lille et Saint Omer près de Thérouanne, ainsi que Saint Vaast à Arras et Saint Amand dans la localité portant le même nom. Ce sont des centres économiques et culturels. Ce comté est donc centré sur sa partie sud de culture romane plutôt que sur le nord de la langue thiois. A deux reprises le Comté de Flandre a été rogné : 1. Dans le dernières années du XIIe siècle, l’Artois est cédé au Roi de France. Il est rattaché au domaine du roi. Vers 1200, le Comté de Flandre est plus thiois que roman. Le centre de gravité se déplace vers le nord. 2. Au début du XIVe siècle, plus précisément en 1302 on assiste à la Bataille des Eperons d’Or. Mais en 1312, le Comté de Flandre concède la Flandre gallicante, de langue française. Il perd la région de Lille (voir doc.V : sud de la corde nouée) Le Comté devient exclusivement de langue thiois. Cinquante ans plus tard le Comté de Flandre le récupérera. Mais on assiste cependant à un déplacement du centre de décision vers le nord et des villes comme Ypres, Gand et Bruges. Le Comté de Flandre reste une principauté étendue à double culture. 12 -. Le prince et son suzerain Les relations avec le roi de France ne sont pas toujours simples. Du point de vue du droit, l’héritage du Traité de Verdun veut que ce Comté soit un fief du Roi. Une des obligations veut donc que chaque nouveau comte doit prêter l’hommage au Roi. Par cet acte il reconnaît qu’il n’est pas propriétaire de ces terres. Certains comtes le feront d’autres non. Le Roi de France a le droit d’intervenir. Il le peut par deux moyens : 1. Par les armes : il y aura à plusieurs reprises une guerre entre les deux parties. Plusieurs révoltes eurent lieu. Le roi alterna défaites et victoires. La plus notoire de ses défaites eut lieu à la Bataille des Eperons d’Or en 1302, lorsque les fils du Comte prisonnier à Paris accompagnés par les sujets flamands vinrent à bout de la cavalerie française. 2. Par la justice : il peut y avoir une intervention au Parlement de Paris qui est la Cour suprême du royaume. Avant la justice était rendue par le roi. C’est pourquoi le Comte voudra l’indépendance judiciaire. C’est un enjeu capital. Il n’y aura pas de vainqueur définitif à ce problème. -. Le prince et la noblesse Les rapports avec la noblesse sont aussi difficiles. Celle-ci est abondante et forte au Xe et XIe siècle. Le Comté possède de grandes familles aussi estimables que celle du comte en personne. Elles se sont constituées en seigneuries et jouissent quasiment d’une complète autonomie. Certains se hissent au rang de Comté (pas dans la Belgique actuelle mais le sud du comté le fera). L’objectif des comtes de Flandre sera d’intégrés ces seigneuries dans le Comté pour qu’ils deviennent leurs vassaux. Ce fut une réussite, au XIe siècle il parvient à les juguler. Il contrôle mieux le terrain en concédant de nouvelles seigneuries à certains vassaux vraiment fidèles. Il met sur pied un réseau de fidèles seigneurs. Mais il faut aussi autre chose : il y a deux moyens pour être le maître : 1. Mesures de paix : mises en place en collaboration étroite avec l’Eglise à partir du XIe siècle. Ils édictent des règles et lèvent des tribunaux pour éviter les guerres privées sous peine de sanctions du Comté et de sanctions canoniques (redoutées). 2. Dans la seconde moitié du XIIe siècle, Philippe d’Alsace, comte de Flandre, crée les baillis. Ces ont les premiers fonctionnaires comtaux. La Flandre est en avance sur la France. Le bailli est un officier comtal qui a en charge toutes les charges publiques : juge, police, administrateur,… Il fait régner la loi du Comte dans une circonspection. Ils sont d’origine plus modeste et doivent leur poste au Comte. C’est une relation de fonctionnalité. On n’est pas bailli de père en fils. On est nommé, c’est la naissance de la fonction publique en Flandre. -. Le prince et le clergé -. Clergé séculier : -. Clergé régulier : ce sont les évêques, sur toute la Flandre il n’y en a que deux : A Thérouanne et à Arras. A partir de 1200, il n’y en a plus en Flandre. Ils se trouvent à l’extérieur. ce sont les abbayes. Elles entretiennent d’excellents rapports avec le Comte. Les comtes font des abbayes des composantes du pouvoir. Ils s’imposent comme étant leurs protecteurs : les Avoués. Un avoué est 13 un grand personnage laïque protégeant et contrôlant les abbayes (comparable à ce qui se passait dans les royaumes francs). Ils interviennent pour ce qui est des revenus, des désignations, des élections,… En contrepartie les abbayes ont des avantages, les abbés siégeant à la Cour. -. Le prince et les villes Elles donnent du fil à retordre au Comte de Flandre. La Flandre est fort urbanisée, elle compte quelques ports, et la densité de ses villes est élevée : au Bas Moyen-Age, Bruges compte 20.000 habitants et Gand 40.000. Elles représentent une énorme puissance économique, elles connaîtront leur apogée au XIIIe siècle. Ces villes réclament une participation politique. Le XIIIe et XIVe siècles sont difficiles pour les Comtes de Flandre. Une série d’affrontements les opposent aux villes. Il y eut plusieurs révoltes de villes flamandes. Déjà au XIe siècle elles avaient imposé leur candidat au comté. Comment malgré tout le Comté de Flandre a-t-il sauvegardé son pouvoir ? Si on globalise ces rapports on peut comprendre. Quand les villes et le Comte sont en lutte armée, les gens des villes vont se dire que plus haut hiérarchiquement il y le roi. Ils vont dénigrer le Comte auprès du roi. C’est une aubaine pour le roi. S’ensuit une série d’alliances entre certaines villes et le roi contre le Comte. En 1302, c’est l’inverse le Comte s’allie aux villes. Ces alliances sont changeantes. Les villes intentent des procès contre le comte à Paris. Pourquoi ne se sont-elles pas imposées ? Le Comte est fort des faiblesses des villes. Au XIVe siècle, on a même voulu le tuer. Mais les villes ont manqué de solidarité. Il y a là aussi des jeux de bascules, de rapports de forces. Bruges et Gand étaient rivales. En plus, au XIIIe siècle c’est l’apogée de ces villes, mais à partir du XIVe siècle on entame un certain déclin. La draperie flamande connaît des difficultés. Elles compensent donc le point de vue économique par la voie politique. Ne parvenant pas à s’unir ils n’atteindront pas de suprématie. De plus ces villes sont odieuses, elles oppriment les gens des campagnes qui leur font concurrence sur la marché des draps. Ils sont vraiment tyrannisés. C. Principautés lotharingiennes Pour ces principautés l’espace est une pluralité de territoires. Ce qui se passe en Flandre au Xe siècle avec l’affirmation des seigneuries, ne sera atteint en Lotharingie qu’au XIIe siècle. D’abord il y a eu les ducs de Saxe qui devinrent roi de Germanie et finalement empereur. Les princes lotharingiens ont usés de plusieurs bases pour justifier leurs pouvoirs : par exemple par des droits fonciers (basés sur la possession des territoires) et droits banaux (ban, pouvoir sur les hommes). Deux facteurs sont prédominants : le tenue de cour de justice et les châteaux. Pour ce qui est de la justice la question qui se pose est : Où doit-on être juger ? Le tribunal suprême est celui de l’empereur ou du duc. Mais le duc n’en a pas et l’empereur est trop loin. A partir de la seconde moitié du XIIe siècle la cour impériale n’intervient plus. Chaque cour seigneuriale possède la sienne. Pour ce qui est des châteaux leur importance est énorme. Les princes les construisent euxmêmes ou font main-basse sur ceux-ci. Ils vont aller jusqu’à imposer aux vassaux de leur remettre un château. En plus, il faut demander pour pouvoir en construire un nouveau. Pour exemple de leur importance, prenons le Comté de Luxembourg (duché au XIVe siècle) de formation tardive. Un acte de 992 mentionne l’existence d’un comte à Luxembourg, encore 14 délégué de l’empereur, ce n’est pas un prince territorial. Un acte de 1083 fait lui mention d’un comte de Luxembourg. Qu’est-ce qui a changé ? Le comte a un château, y vit. Sa cour y siège. Celui qui rend la justice et possède un château peut jouer le rôle de formateur d’une principauté. Ils utilisent le terme de Terra, territoire homogène où s’exerce un pouvoir. -. Le prince, l’empereur et le duc Les interventions impériales ne sont pas rares pendant le Xe, XIe et la première moitié du XIIe siècles. Chaque nouveau comte doit lui rendre hommage. L’empereur lui donne de l’autorité. Il donne aussi des privilèges ou en confirme. Le duc de Lotharingie n’est pas toujours choisi dans la même famille. Le duc de Lothier appartient à l’aristocratie. Plusieurs ducs furent issus de la famille Dardenne. Le plus connu duc de Lothier est Godefroid de Bouillon. Il n’est pas célèbre par cette fonction. Le duc de Lothier exerce des prérogatives sur ses terres à lui. Il n’en a pas chez les princes territoriaux. C’est l’histoire d’une autorité mise en échec. Il n’y a plus d’intermédiaires entre l’empereur et ces princes. La fonction ducale était une arme à double tranchant pour l’empereur. Il essaiera de trouver un représentant privilégié dans le prince-évêque de Liège (pas d’hérédité dans ce titre). Même si ils ont été de bons collaborateurs, depuis le XIe siècle l’empereur ne peut plus nommer des évêques. Périodiquement l’empereur réunit la Diète : réunion des princes. Ils viennent ou ne viennent pas. A part les princes-évêques de Liège peu y vont sans intérêts. Parfois certains princes vont au couronnement du roi des germains à Aixla-Chapelle. Un comte de Flandre s’y rendra aussi au début du XIVe siècle. Après 1150, il n’y a plus de ducs de Lothier. Les princes territoriaux montent en importance. Les interventions impériales diminuent de plus en plus. -. Le prince et la noblesse Il y a assez bien de familles nobles. Leur situation est la même partout. Le Hainaut possède de grandes familles et une grande tradition féodale, ce qui est comparable avec le sud de la Flandre. Il existe différents moyens pour contrôler la noblesse : 1. Contrôle par les armes : le prince montre aux seigneurs qui est le maître. Ca ne marche pas toujours. Durant la seconde moitié du XIIe siècle les princes multiplient les châteaux, tout comme le prince-évêque de Liège et le prince-abbé de Stavelot-Malmédy. 2. Politique matrimoniale : le but est de s’allier par le sang aux grandes familles nobles. Cela peut apporter de gros héritages. Ca ne marche pas toujours. 3. Procédure : le but est d’alors faire un procès qui coûte cher. Cela ruine le petit seigneur qui abandonne. Les Comtes de Namur utilisèrent beaucoup ce système. 4. Introduire dans la noblesse de nouvelles familles pour faire balancer les forces. On les crée en leur donnant des charges anoblissantes. Ces nouveaux nobles sont traités de parvenus par les vieilles familles. Le prince, par ce biais, met des balises, des gens à lui. Cette méthode est très utilisée par les ducs de Brabant (7 nouvelles familles en 25 ans). 5. Revendication de souveraineté : méthode subtile. Le prince se dit souverain, ce qui est faux. Normalement c’est l’empereur mais il ne fait plus peur. Ce titre lui donne beaucoup de pouvoirs : une autorité sur les hommes et sur les choses. Sa justice s’applique à tous. Le prince, en prétendant cela, peut prendre des mesures de paix. 15 Le comté de Hainaut le fait avec sa Charte pénale du Hainaut. Cela se produit plus tardivement qu’en Flandre. Le prince se pose en véritable « monarque ». -. Le prince et le clergé -. Clergé séculier : un seul évêque pour tous le Lothier : c’est celui de Liège. Les autres zones dépendent d’évêques de l’étranger. -. Clergé régulier : il y a beaucoup d’abbayes, la même politique que celle de Flandre est menée : l’Avouerie. Ils disent qu’ils le font par dénégation de l’empereur. Le duc de Brabant va jusqu’à se dire être le summus. Pour mieux contrôler les vieilles maisons religieuses ils vont créer de nouvelles abbayes dont ils sont les fondateurs. Ce sont des abbayes d’ordres nouveaux : cisterciens et prémontrés. Le duc de Brabant, durant la première moitié du XIIe siècle, crée l’abbaye cistercienne de Villers-La-Ville. Pour ce qui est de l’ordre des Prémontrés l’abbaye de Tongerlo est fondée dans le nord du Brabant. Le comte de Chiny fonde l’abbaye d’Orval. -. Le prince et les villes Il y eut des luttes terribles à Liège. Mis à part celles-ci les rapports princes-villes dans le Lothier furent plutôt calmes. Pourquoi ? Car l’urbanisation s’est faite tardivement. Anvers, Louvain, Bruxelles ne se développent que plus tard (Bruxelles au XVe siècle). Mons et Namur n’étaient encore que de gros bourgs. Les princes-évêques étaient parfois de vrais despotes. La discussion dans le Lothier était de mise. Par exemple entre les villes et les ducs du Brabant. Il y aura des révoltes mais rien de systématique. Un des axes de la politique est la création de nouvelles villes. Celles-ci deviennent des points d’appui par rapport aux autres villes. Par exemple Ath est créé par un comte du Hainaut au XIIe siècle pour servir de sentinelle face à la Flandre. C’est une ville neuve, un oppidum novum (place forte neuve). Il y aura des villes morts-nés, ratées, qui ne restent que de gros villages. La population dans ces dernières était plus importante au XIVe siècle que de nos jours. Cette pluralité de territoires qui ne prendra fin que dans une certaine mesure quand elles seront rétablies sous une seule autorité. 3ème section – Les facteurs d’un rassemblement Chapitre VII – Les principautés « belges » sur la scène internationale (XIVe – début XVe s.) A. L’avènement de dynasties étrangères. Des circonstances dynastiques opèrent un classement des principautés belges sur la scène internationale. Elles tombent toutes dans les mains de grandes familles européennes. Ce rassemblement est rassemblé au XIVe siècle par l’arrivée de grandes familles. Les 16 précédentes s’éteignent peu à peu. Trois grandes familles surgissent, les voici par ordre chronologique : -. Wittelsbach (ducs de Bavière). Ils arrivent en Hainaut, Hollande et Zélande. -. Luxembourg. Ils sont à la tête du Luxembourg, de l’Allemagne et de Bohème. Leur capitale est Prague. -. Valois (ducs de Bourgogne). Dans les années 1330, en Hainaut, la Comtesse Marguerite épouse un Wittelsbach, Louis IV, qui sera par la suite empereur. Leurs descendants dirigeront le Hainaut pendant un siècle. Les Luxembourg – Bohème sont représenté par Wencelslas qui avait épousé Jeanne de Brabant. En 1356, ils avaient fait leur Joyeuse Entrée, il était duc de Brabant par alliance. Ils n’auront pas de descendants, Jeanne continua seule. L’union la plus prolifique eut lieu en 1369 quand l’héritière du Comté de Flandre, Marguerite de Maele épouse Philippe le Hardi, fils cadet du roi de France, duc de Bourgogne. En 1384, Louis de Maele meurt, Marguerite et Philippe deviennent alors Comtesse et Comte de Flandre. Ce mariage offrent des discussions : -. en 1369, Louis de Maele accepte si on lui rend la Flandre francophone -. En 1366, Louis de Maele avait exigé une part de l’héritage brabançon. Les politiques matrimoniales se développent. Les ducs de Bourgogne les poursuivent pour gagner les héritages des Wittelsbach et des Luxembourg – Bohème. B. Unions personnelles : ‘un’ prince et des ‘pays’. Ces unions personnelles sont des unions de territoires mais par la personne. C’est différent d’une annexion où un territoire englobe un autre . Exemple d’annexion : Le comté de Looz par Liège. Un exemple d’union personnelle est celle du duché de Brabant avec celui de Limbourg. Les deux sont restés spécifiques mais unis. C’est une pratique assez répandue dans notre époque féodale. Entre la fin du XIIe siècle et la fin du XIIIe siècle il y avait eu union personnelle entre la Flandre et la Hainaut par mariage entre héritiers respectifs. Elle sera rompue suite à des embrouilles entre et dans les familles, c’est le roi de France qui y mettra fin. Ces unions personnelles posent des problèmes juridiquement. Cela peut se défaire. Un autre exemple est celui de l’union qui pendant 25 ans a réunis le Comté de Flandre à celui de Namur. La Flandre avait acheté ce comté et ce comté l’avait offert à un de ses fils. Une autre encore unit le Hainaut et la Hollande. Dans ces unions personnelles, il y a un prince et des pays. Une fois en possession de plusieurs territoires les princes essaient de faire des modèles communs, de rationaliser. C. Phénomènes de centralisation. Quels sont-ils ? Les premières manifestations de centralisation ne sont pas complètes. Cela reste empirique, se fait à tâtons et se base sur les faits. Il y a moins d’esprit systématique. Elles se font dans 3 secteurs : chancellerie, conseil et gouvernement, finances. 17 1. Premier secteur : chancellerie, administration. Pendant le mariage (30 ans) de Wenceslas et Jeanne, celui-ci a essayé de mettre au point une chancellerie commune entre le Brabant et le Luxembourg. C’est un embryon. Dans celui-ci, on observe aussi bien des fonctionnaires brabançons que luxembourgeois, ainsi qu’un seul sceau. A la mort de Wenceslas, l’union personnelle est rompue. 2. Second secteur : conseil. Les Wittelsbach gouvernent la Hollande, la Zélande et le Hainaut. Ils tentent alors de mettre sur pied un conseil commun où siègeraient des gens du sud et des gens du nord. Ils ont aussi voulu que ceux du sud participent aux discussions concernant le nord et inversement. Il n’y avait pas de siège fixe, il suivait le Comte. Cela fonctionne quand même sur une base commune. 3. Troisième secteur : finances. Au XIIIe siècle on avait une longue union entre Flandre et Hainaut. Au milieu du XIIIe siècle, la Comtesse tente de mettre sur pied un système d’officiers, de gestion commun. En Flandre , ce qui était le solde de leurs récoltes devait être rapporter à Mons. Des initiatives peuvent rassembler des territoires non unis. Par exemple, en 1945, une union monétaire existe entre le Luxembourg et la Belgique. Cette idée n’était pas neuve. Au MoyenAge, au XIVe siècle, on a eu deux essais d’unions monétaires entre le Brabant et le Hainaut alors qu’ils n’avaient pas le même prince. Cà ne durât pas car la fluctuation à l’époque était énorme. Nos provinces à la fin du XIVe siècle étaient déjà préparées à un rassemblement. Que font l’empereur et le roi de France ? Position des ducs de Bourgogne face au roi : On pourrait penser que çà aller car logique car on est face à des logiques familiales. C’est faux. La branche de Bourgogne qui prend de l’ampleur va être confrontée à la branche aînée qui a le trône de France. La Paix des XXV est de courte durée. En 1382, sous Louis de Maele, l’armée royale française est venue mater la révolte car Philippe le Hardi est déjà co-héritier. L’intervention royale est très utile. L’empereur : Louis IV Wittelsbach sera empereur peu de temps. Le frère de Wenceslas de Luxembourg, Charles IV sera empereur , il était le beau-frère de la duchesse de Brabant, il possède des liens de famille avec les Valois. Entretiennent-ils de bonnes relations ? Elles tendent pratiquement vers 0. Malgré les liens dynastiques étroits entre l’empereur et les familles dans nos provinces, il y aura peu d’interventions impériales. Les interventions de Charles IV sont incohérentes car il n’a pas les moyens. Par exemple il permet l’annexion du Comté de Looz par Liège alors que Looz aurait du revenir à l’empereur. Le pouvoir impérial est devenu vain. 18 Chapitre VIII – « Constitutions » et assemblées représentatives Nous étudierons dans ce chapitre la question de balances entre les forces. Qu’est-ce qui va régler les poids respectifs de ces forces ? A. Des « constitutions » au XIVe siècle ? « Constitution » : certains historiens disent que nos provinces au XIVe siècle sont pourvues de constitutions. D’autres par contre disent que l’emploi de ce terme est abusif. A Rome ce terme désignait un ensemble de lois définies par l’empereur, des textes d’intérêt général. Aujourd’hui son utilisation est courante partout dans le monde. Mais qu’est-ce qu’une constitution ? La traduction néerlandaise est beaucoup plus évocatrice : Belgische Grondwet : c’est donc une loi de base, fondamentale. On parle d’ailleurs, non pas de constitution mais bien de loi fondamentale jusqu’en 1830. C’est un texte légal posant les fondements d’un système. Y en a-t-il dans les principautés du XIVe siècle ? Il y a deux opinions divergentes. L’une veut que oui. Cette opinion triomphe au XIXe siècle dans le jeune royaume où la pratique de l’histoire est marquée par différents mouvements comme le romantisme, qui apporte beaucoup de rêves, on dit alors que nos ancêtres ont du avoir des constitutions. Au XIXe siècle triomphe aussi le libéralisme (1860-1870) qui domine chez les bourgeois, pour eux nos ancêtres ont toujours eu cette envie d’indépendance, et obtenus donc des constitutions de la part des princes. Cette vision est très légère et ne tient pas compte de facteurs majeurs. Les textes qui ont été pris pour des constitutions ont souvent eu une existence précaire, même ceux qui ont duré. Depuis le vote de la Constitution belge en février 1831, elle n’a presque pas changée. Les textes du XIVe siècle n’ont eux pas été votés et souvent remis en cause. Ces textes sont des textes de circonstances particulières. Ce sont des textes de compromis entre les pouvoirs (gouvernant – gouvernés). Comment dénommaient-ils ces textes à l’époque ? Ils n’utilisaient pas le terme constitution. Ils se servaient d’un mot passe-partout au Moyen-Age : charte (carta). Plus intéressante est la dénomination utilisée dans le Brabant : ‘Landcharter’ terme de langue thioise. Ceci désigne une charte pour tout un pays, duché. Duché de Brabant : Ce duché dispose d’un des textes les plus importants de notre histoire. Il date de 1356, c’est la Joyeuse Entrée. Parlons de ses prémisses. La dynastie des ducs de Brabant (et donc des comtes de Louvain) a connu au XIIIe siècle des difficultés successorales. Des problèmes de régence surgirent donc. En 1356, le duc de Brabant ne laissera que des filles derrière lui. S’en suivit une série de compromis et de discussions. En 1248, c’est la fin du règne de Henri II, il délivre une charte : son testament. Il négocie avec ses sujets dans ce texte des garanties financières : le duc s’engagera à réduire les dépenses publiques, de plus pour recevoir une aide financière il faudra d’abord un accord entre noblesse et clergé. A sa mort, Henri III lui succède (1261). Ce dernier fait tout pour que son fils Jean Ier lui succède. Il prend donc une série d’engagements : si des injustices sont commises le duc réparera financièrement, pour ce qui est de la justice, une bonne justice doit être accordée aux Brabançons, et les sentences respectées. Henri III meurt et son fils Jean Ier lui succède. Jean II lui succédera. 19 A la veille de la succession de Jean II, ce dernier concède une charte importante en 1312 : c’est la Charte de Kortenberg. Kortenberg est une résidence ducale. Il n’y a pas que des garanties dans celle-ci. Une institution est mise sur pied : commission, conseil de Kortenberg (raad). Celui-ci est composé de 14 personnes, 4 de la noblesse et 10 représentants des villes. Son objectif est de montré les infractions commise par des employés ducaux. Cela ouvre la porte à des protestations auprès du duc. En 1314, Jean III est obligé de négocier, il accorde 2 chartes le même jour : la Charte Wallonne et la Charte Flamande (dénomination qui n’a pas de sens). Elles se complètent. Ce sont des mesures de contrôle financier. Les finances de Jean III sont mises sous tutelle et on assure une garantie quant aux privilèges des sujets et des dettes du duc. Sous Jean III (qui meurt en 1355), ce conseil marche et organise des enquêtes. Il y a des procédures de contrôle. Le point culminant est la Joyeuse Entrée de 1356. Jean III ne laisse que des filles. L’aînée Jeanne est mariée au duc de Luxembourg Wenceslas, la seconde au Comte de Flandre et la troisième au duc de Gueldre. Ce sont des bons mariages mais ils engendreront des problèmes. En 1355, Jean III négocie avec les villes. Selon toute logique, Jeanne hériterait mais Wenceslas est dépensier. Les Brabançons ont peur que le duché soit démembré. Les négociations aboutissent en 1355. Dès le 3 janvier 1356, Jeanne et Wenceslas font leur Joyeuse Entrée et accorde ce jour une landcharter comprenant 10 articles. Ce texte fut préparé par Jean III En voici les grandes lignes : 1. L’intégrité du territoire Brabant – Limbourg doit être sauvegardée. Pas de division ni séparation. Le Limbourg appartient au Brabant depuis Jean Ier. 2. L’obligation de ne confier dans le duché des fonctions ducales qu’à des natifs du duché. 3. Garanties monétaires : de grands privilèges, les chartes du Brabant doivent se trouver dans un coffre. Pour l’ouvrir trois clefs seront nécessaire : une sera à Bruxelles, une à Louvain, une au couple ducal. C’est une précaution pour qu’on ne les fassent pas disparaître. 4. Droit de résistance (aussi présent dans la Grande Charte en Angleterre) : si le duc ne respecte rien , une révolte légale est permise. Cette clause sera invoquée par la suite. La Joyeuse Entrée est abolie dès le mois d’août 1356. La sœur de Jeanne, Marguerite et son mari le comte de Flandre, Louis de Maele, veulent une part de l’héritage. La Flandre envahit le Brabant et gagne. Ils cassent la Joyeuse Entrée. Ils va y avoir des négociations et ils vont se retirer. La Joyeuse Entrée est remise en place alors. Cela nous montre la précarité du texte. Chaque nouveau duc quand il arrivera au pouvoir fera une Joyeuse Entrée. C’est un texte vivant car il sera encore juré au XVIIIe siècle. Parler de constitution est abusif car la Joyeuse Entrée ne règle pas tout. Il en est de même dans d’autres principautés mais cela n’aura nulle part le même caractère durable qu’en Brabant. Le Brabant a toujours sut 20 éviter les conflits graves entre ducs et sujets. Ce n’est pas comme à Liège. Liège : 1316. Un texte est octroyé par le prince-évêque, c’est la Paix de Fexhe. Fexhe est une localité de Hesbaye. A Liège, on est face à une situation de guerre, les sujets se sont révoltés. La paix est arrachée par la force des armes. Le prince-évêque était très autoritaire, presque un potentat, un tyran. Il possède une certaine marque germanique. Ils sont à la fois prince et clerc, ils sont doublement puissants. Liège est la scène de conflits politico-sociaux. Dans ce texte on trouve les mêmes choses que dans ceux de Brabant. Mais on note une disposition particulière : la possibilité de modifier les règles coutumières de la ville seulement si on parvient à un accord entre le prince-évêque et les Etats du pays de Liège. C’est la consécration du niveau de participation juridique. Après 1316, cette Paix de Fexhe sera complétée par la Paix des XXII (comparable à la charte de Kortenberg). Elle crée une commission de 22 personnes chargés de surveiller et de juger les officiers du prince (pas le prince lui-même). C’est le tribunal des XXII. Le prince ne peut être jugé que par l’empereur. La composition de ce tribunal : 14 bourgeois représentants des villes, 4 nobles, 4 ecclésiastiques. Ces ecclésiastiques sont tous chanoines du chapitre de Saint Lambert de Liège. Ce sont les électeurs du prince-évêque. Comté de Flandre : Ils n’ont pas été dépourvus de chartes même si la force était plus vite utilisée. Dès le XIIe siècle les villes avaient beaucoup de pouvoir. On était face à des chartes plus particulières, communales, privilégiant certaines villes. Ce sont les Keures : mot présent partout où le thiois est parlé. Il désigne les chartes locales. En 1379, on assiste au premier mouvement d’ensemble. C’est la Paix des XXV. C’est le premier texte applicable à toute la Flandre. Il survient après un rude conflit entre Louis de Maele et Gand alliée à certains sujets. C’est la création d’une commission de 25 membres qui ne contient ni clercs, ni nobles, mais rien que des gens des villes : 8 de Bruges, 8 d’Ypres et 9 de Gand. C’est la même inspiration que Kortenberg : on vise la surveillance des actes des officiers. La Paix des XXV est ignorée par les historiens car à peine signée la guerre recommence avant de finir finalement avec l’alliance de Louis de Maele avec l’armée française. La révolte gantoise est matée. C’est un texte mort-né , ce n’est pas une constitution flamande mais cela va dans le sens des textes du XIVe siècle. Hainaut : Il n’y a pas de textes similaires à ceux vus pour les régions précédentes. Ils possèdent une autre manière de procéder. C’est une tradition ancrée de serments inauguraux qui remonte au XIIe siècle. Le nouveau comte de Hainaut doit aller dans certaines villes déterminées, dans un certain ordre donné, et il doit à certains lieux précisés prononcer des serments selon certaines formules. Au début cela ne se fait que de manière orale mais par la suite on les 21 retranscrira. A Mons par exemple il s’adresse à tous le Comté. A d’autres endroits, il s’adresse tantôt à tel groupe de personnes, à des villes, tantôt à des communautés religieuses. A Mons il fait serment à la ville et à l’Etat. Il s’adresse aux communautés religieuses car il est leur protecteur (avouerie). Il n’y a pas de landcharter en Hainaut. Que jure-t-il ? Les mêmes choses que dans les autres régions. Mais il se réfère à certains textes pour les privilèges particuliers de certaines villes et communautés et aussi à des textes plus vieux. En 1200, Baudouin VI avait concédé la Charte féodale et la Charte pénale du Comté de Hainaut. Le Hainaut est un pays féodal qui contient peu de villes. Parler de constitution au XIVe siècle n’est pas adéquat. D’où l’utilisation de guillemets. Ce sont des textes applicables à tout un pays mais ils répondent à certaines circonstances. B. Naissance et essor des assemblées d’états. Des délégués siègent à ces assemblées pour que la voix du peuple, Vox populi, s’exprime. Ce ne sont que les forces significatives qui vont parler (villes, nobles, clergé). Les seigneurs (villes) sont censés parler pour les paysans (habitants des villes). La notion de représentation est très relative. Il n’y a pas de date précise pour cette création : XIIIe siècle – XVe siècle. C’est assez tardif. En Angleterre la Parlement date du XIIIe siècle. Flandre : C’est elle la plus précoce. Dès le XIIe siècle, on remarque l’affirmation des villes dans une vie politique active. En 1127, les villes imposent leur candidat au trône de Flandre, mais n’ont pas encore d’organisation représentative. Au XIIIe siècle apparaît une organisation un peu plus structurée de la représentation. On a des textes parlant de scabini flandriae. Ce sont les échevins des grandes villes qui se réunissent périodiquement pour parfois faire pression sur le Comte. Cette assemblée est une extension de la cour du Comte. Il ne le fais toujours de bon cœur. Ils parlent de politique générale : accomplissement des traités et frappe de la monnaie. Au XIVe siècle, on a vraiment une assemblée : Les Membres des Villes (3 villes), ce sont les : Leden Van Vlaanderen. Les 3 villes sont Gand, Ypres et Bruges. Elles sont censées représenter tout le Comté. Un 4e y est ajouté : les Francs de Bruges (différents de la ville elle-même). C’est la circonscription autour de Bruges, elle est très peuplée. C’est un correctif car semi-rural. Qui l’a introduit ? Soit le Comte pour diminuer le pouvoir des villes, soit les 3 membres eux-mêmes. On assiste à un développement de la représentation. Au XVe siècle, c’est une représentation à géométrie variable. Les Membres et les Etats de Flandre (Staten Van Vlaanderen). Les Membres en sont le noyau. Il y a d’autres membres, d’autres villes, la noblesse. Brabant : C’est plus simple pour le Brabant. Au XIIIe siècle, on est pas encore loin. Cela apparaît plus tard qu’en Flandre. Au XIVe siècle on assiste à la structuration des Etats (Staten) de Brabant. Etats pas dans le sens territorial, ce mot désigne une situation, une catégorie, un ordre dans la société. Il n’y a pas de date précise mais la Joyeuse Entrée a joué un grand rôle. Dans le dernier quart du XIVe siècle le Conseil de Kortenberg disparaît après 75 ans d’existence. Le 22 très long règne de Jeanne de Brabant est contrôlé par les Etats. Hainaut : Comparable au Brabant. Au XIVe siècle les Etats du Hainaut prennent leur essor. Ce n’est pas le même rapport qu’en Brabant. Le poids des villes et moins importants à part Valenciennes. Mons est très petit à l’époque. Namur : Comté assez secondaire. C’est seulement au XIVe siècle que les Etats de Namur fonctionnent vraiment. A part Namur il n’y a pas de villes digne de ce nom. Luxembourg : Pays tout à fait rural, à part la ville de Luxembourg qui était une place fortifiée. Au XVe siècle, on a les Etats de Luxembourg. Ici c’est la noblesse qui donne le ton. Limbourg : Depuis la fin du XIIIe siècle, c’est une dépendance du Brabant. Il n’y a pas de villes. Il y a des représentants des communautés paysannes. On observe des variantes sociologiques en fonction du pays. Liège : La Paix de Fexhe induit un certain comportement vis-à-vis des règles coutumières. Au XIIIe siècle c’est comparable avec la Flandre, les villes sont capables de se liguer proposant des exigences communes. C’est une principauté épiscopale donc le clergé à son mot à dire , il y a une cathédrale. Il y a beaucoup de collégiales : par conséquent les chapitres de chanoines qui peuvent s’allier face au prince-évêque. Ce sont les villes, clercs et noblesse qui sont agissants. Dès le XIVe siècle, ce sont les Etats de Liège. Lorsque l’Etat et le princeévêques et ses ministres siègent ensemble. Ils constituent ensemble le Sens du peuple. C’est l’intelligence du pays. Esprit de la Paix de Fexhe : collaboration et souveraineté. C’est une co-souveraineté : les autres parties que le princeévêque ont quelque chose à dire, surtout le clergé : rien que la chapitre Saint Lambert représente un poids énorme. C. « Régime représentatif » dans les anciens Pays-Bas et la Belgique indépendante. Il arrive que l’on dise que ces assemblées d’état sont la préfiguration de notre Parlement. C’est à la fois correct et faux. Vrai dans le sens que c’est un régime représentatif. Faux dans le sens où il reste de grandes différences : aujourd’hui le Parlement et les autres assemblées sont élues par les citoyens, l’ensemble de la population. L’électorat est très large. Et soumis à quelques réglementations. L’électeur s’exprime à titre individuel et les élus sont élus à titre individuels. Avec les Assemblées d’Etat c’est collectif, ce sont les délégués des villes. Ils sont désignés collectivement au sein des ordres. C’est une représentation par ordre et collective. 23 Aujourd’hui, la représentation représente tout le monde au niveau où il est élu. Il ne faut pas donner de ces assemblées représentatives l’image de la victoire de la démocratie sur la tyrannie (prince). Ce sont des balivernes. C’est une question de participation, ils sont obligés de s’entendre. Les assemblées ne sont pas un contre-pouvoir. Deuxième partie : Les Pays-Bas aux Temps Modernes : Bourgogne, Espagne, Autriche. 1ère section – Entre centralisation et particularismes : un équilibre malaisé Chapitre 1 – Le rassemblement territorial au XVe siècle. A. Les ducs de Bourgogne. En 1384, Louis de Maele s’éteint. Marguerite de Maele et Philippe le Hardi règnent. Ils ont plusieurs enfants. Ceux-ci font des mariages avec l’Autriche, la Savoie,… Ils ont une visée européenne et une vraie stratégie matrimoniale. Philippe le Hardi (+ 1404) * Jean Sans Peur Hérite et gouverne la Flandre et l’Artois Il est assassiné en 1419 Marguerite de Maele (+ 1405) Antoine hérite du Brabant – Limbourg Marguerite de Bourgogne épouse Guillaume IV de Hainaut Ce sont quelques uns de leurs enfants, pas tous. Vers 1404-1405, la duchesse Jeanne meurt sans descendance. La plus proche parente est Marguerite de Maele. Les Brabançons ne veulent pas le même prince que les flamands, Jean Sans Peur. Antoine est donc d’abord gouverneur puis duc de Brabant et de Limbourg. Marguerite épouse le Comte de Hainaut, Guillaume IV (Wittelsbach de Bavière. A Liège, le prince-évêque est le frère de Guillaume IV. C’est une politique destinée à rapprocher les principautés. Le hasard décide du rassemblement. Philippe le Bon (+ 1467) Il arrive à mettre en œuvre tous les moyens possibles pour gouverner tous les Pays-Bas. Il démarre avec le Comté de Namur. Il la racheté à un comte endetté sans descendance. Ce dernier reste comte de Namur à viager. Il garde le titre et perçoit les revenus. En 1419, il gouverne la Flandre et l’Artois. En 1421, Namur, il en devient comte en 1429. Guillaume IV n’a eu qu’une fille, Jacqueline de Bavière. Jacqueline de Bavière 24 Jacqueline de Bavière est incompétente. Elle a eu 4 maris. Elle donne une impression de désordre. Elle n’a toutefois aucune descendance de ces 4 unions. Qui est le plus proche parent ? Le cousin germain, Philippe le Bon. En 1427, il la force à le reconnaître gouverneur du Hainaut (ainsi que la Hollande et la Zélande). Il est reconnut par les Etats du Hainaut comme régent. Jacqueline reste comtesse en titre. En 1433, il la force à abdiquer à cause de son quatrième mariage. Il devient comte de Hainaut, Hollande et Zélande. Antoine a deux fils qui meurent tous deux jeunes. Jean IV Philippe En 1433, à la mort du duc Philippe, c’est Philippe le Bon, avec l’accord des Etats, qui devient duc de Brabant. Il doit donc jurer une Joyeuse Entrée. Il faut un peu plus de temps pour le Luxembourg, dirigé par la duchesse Elizabeth, tante de Philippe le Bon car mariée à Antoine autrefois. Elle a des dettes. Philippe le bon achète des droits sur le Luxembourg. C’est une duchesse engagiste, elle n’est pas propriétaire. Philippe le Bon acquiert des droits mais à la mort d’Elizabeth, il faut une guerre contre des princes allemands héritiers pour le gagner. En 1443, la ville de Luxembourg tombe entre ses mains. Sur le territoire de la Belgique actuelle, il ne lui manque que deux choses : -. Tournai (française). La ville n’est pas étrangère à Philippe le Bon. Il a un lien par le chef du conseil ducal qui est aussi évêque de Tournai. -. Liège. Il a placé un neveu, Louis de Bourbon, sur le trône de Liège. A Utrecht, il a mis un de ses fils bâtard. La principauté épiscopale de Cambrai (Empire) est dirigée par l’oncle de Philippe le Bon, demi-frère de Jean Sans Peur. Charles –Quint acquit Tournai. Charles le Hardi, dit le Téméraire, succède à Philippe le Bon. Son règne est court, seulement 10 ans. Charles le Téméraire (+ 1477) Il entre en conflit avec le roi de France. Déjà Philippe le Bon avait soutenu les Anglais. Sous Charles le Hardi, prince guerrier, la guerre est ouverte. Il fait des conquêtes comme la Gueldre (terre impériale), des terres d’Alsace, la Lorraine (il fait le raccord entre Pays-Bas et Bourgogne). Il a des ambitions impériales. Il meurt en assiégeant Nancy, capitale de Lorraine. Il ne laisse qu’une fille, Marie de Bourgogne dans une situation de guerre. Les gens sont mécontents. Toutes ces conquêtes seront perdues. Mais rien de ce que Philippe le Bon avait acquis ne fut perdu. Tous ces territoires avaient visiblement acquis une cohérence. Pourtant tous les éléments étaient réunis pour sa dislocation. C’est une belle réalisation d’union personnelle. 25 B. Union personnelle à grande échelle. Les historiens pour la qualifier utilisent différents termes : les Pays-Bas Bourguignons, L’Etat Bourguignon ou les Etats Bourguignons. Doit-on employer le pluriel ou le singulier ? On est réticent à utiliser le singulier. Il y avait certes une cohérence mais il était tôt pour parler d’un Etat. Les gens entendaient restés eux-mêmes. Le pluriel est plus prudent. Cette union personnelle ne va pas se limiter à une seule personne. Ils ont essayé de trouver des structures communes. L’étape bourguignonne est une forme d’état fédéral d’avant la lettre. Au singulier, il faut faire attention car quand on dit le pays, la patrie, c’est le pays où on est dont on parle. Un brabançon dira qu’il est du pays de Brabant et pas du pays bourguignon. Il n’y a pas encore d’Etat fédéral mais il existent des éléments fédérateurs. C’est une réalité juridique jusqu’au XVIIIe siècle et la fin de l’Ancien Régime. Les Pays-Bas n’ont jamais eu de nom de baptême commun. 1. Ducs de Bourgogne (1er titre) 2. Ducs de Lothier 3. Réalités : Ducs de Brabant, de … 4. Comtés. 5. Seigneuries Ils ont une titulature. Chaque région est désignée par son nom. Il n’y a pas de nom commun. C’est un ensemble de pays sans nom. C. Les intentions politiques des ducs. L’autre question qui se pose est la suivante : Les ducs de Bourgogne ont-ils été conscients de la portée de leur œuvre ? Pendant le XIXe siècle, on en était sûr. Il y a des idées très variées. : 1. Les ducs de Bourgogne ont été chanceux. C’est la Chance, ils ont eu une manne de successions. Le destin les a aidés mais n’a pas tout fait. 2. Les ducs de Bourgogne ont fondé une préfiguration de l’Etat belge. C’est la position d’Henri Pirenne. 3. Pour comprendre leur œuvre il faut sortir des Pays-Bas. Il faut l’apprécier à la lumière de leur politique étrangère. Paul Bonenfant, professeur à l’ULB dit que les Bourguignons sont issus de la royauté française. Ils sont donc restés des princes français. Leur objectif est d’occuper en France une place de choix. Ils veulent tirer les ficelles du pouvoir. Philippe le Hardi et surtout Jean Sans Peur ont fait cela. Ce dernier était le vrai maître de la France. Philippe le Bon avait encore cet objectif. Il lui fallait une bonne assise (Pays-Bas) pour arriver à cela. 26 4. Il ne faut pas seulement regarder vers la France mais aussi vers l’Empire. Charles le Hardi a eu des ambitions impériales. Il pouvait se passer du Luxembourg mais c’était une voie de pénétration dans l’Empire. Il n’a pas été loin de réussir, l’empereur étant élu. Ses conquêtes marquent une volonté de pénétrer dans l’Empire. Il existe d’autres interprétations. Le rassemblement territorial ne prend toute sa perspective qu’en le regardant par rapport à l’Europe entière. Chapitre 2 – La centralisation bourguignonne. A. Maintien des institutions ‘provinciales’. Charles le Hardi (1467-1477) et surtout Philippe le Bon sont des rassembleurs par excellence. Ils possèdent un atout structurel et institutionnel : çà fonctionnait déjà à peu près partout avec les mêmes institutions. Il s’agit d’institutions ‘provinciales’. Comment les provinces étaientelles gouvernées ? Il y avait un conseil par principautés. C’est la composante politique du pouvoir du prince. La composante domestique du pouvoir du prince était l’hôtel. Ce conseil a toujours eu une double fonction principale : -. Administrative et gouvernementale. -. Cour de justice. Le conseil était le tribunal du prince. Chacune de nos principautés va conserver son conseil. Il n’y a pas de grands changements à ce niveau. Ces conseils sont restreints car c’est au plus haut niveau que se prennent les plus grandes discutions. Il y avait aussi des charges administratives, des offices. C’est presque partout pareil. Ce sont des officiers de justice qui jouent le rôle de policier, percepteur, formateur de contingents militaires, administrateur. En général, il y avait un chef de l’administration des officiers : le souverain bailli en Flandre, le Grand bailli de Hainaut. Il y a aussi des officiers de recettes : les receveurs (rentmeesters). Ils sont responsables de la gestion domaniale, c’est le quotidien de la gestion. Là aussi existe un petit organigramme : un receveur est plus important que les autres : le receveur général. On retrouve aussi des assemblées d’états, représentatives, avec des nuances on y retrouve les mêmes composantes en tout lieu : clergé, noblesse, villes. Les ducs de Bourgogne ont jouit de ces similitudes. B. Mise en place d’institutions centrales. Comment vont-ils chapeauter cela ? Ils vont créer des fonctions, des institutions centrales. Ce sont des créations car elles n’existaient pas. On assiste au développement des fonctionnaires, professionnels car ils ont pour la plupart reçu une formation professionnelle 27 (droit). En 1425, on crée l’université de Louvain. Avant cette date on partait étudier en France et en Italie. Cà favorise le recrutement des personnes. Quelles sont ces principales institutions centrales ? Fonctions personnelles. Le duc (depuis Philippe le Hardi) a un bras droit. : le chancelier (premier ministre), comme on est face à une pluralité de territoires, il a beaucoup de poids. C’est le regardeur sur tout. On a une succession de chanceliers de grand prestige. A côté du chancelier, il y a un conseil pour tout le territoire. Quel est son nom ? -. Conseil ambulatoire (pas de siège fixe, suit le duc). -. Conseil aulique (conseil de la cour. Aula = cour). -. Conseil de gouvernement (expression la plus moderne). Toutes les décisions s’y prennent quand elles concernent l’ensemble des pays. Il est au-dessus de tous les autres conseils. Institution spécifique pour la Justice. On la crée dans le courant de 1430-1440. Elle acquiert une certaine indépendance. On l’appelle : Le Grand Conseil de Justice. C’est une institution qui n’a pas d’acte de naissance. Il n’y a pas d’acte fondateur, c’est dans les faits. Au sein du conseil du gouvernement certains conseillers s’occupaient de la Justice. Ceux-ci se sont spécialisés dans l’activité judiciaire. Au moment où tous les Pays-Bas (excepté le Luxembourg) sont réunis on note cette marque de spécialisation. Le progrès vient aussi du point de vue des procédures. Le Grand Conseil de Justice prend de l’ampleur. Il juge les affaires du duc, les affaires des grands, et les affaires que le duc veut bien juger. Ce sont les affaires de première instance. Il s’affirme aussi comme cour d’appel pour les cours des autres principautés. Les Brabançons ont veillé, eux, à ce qu’il n’y ait pas d’appel possible dans cette principauté. Perception de l’argent. Des structures adéquates sont mises en place. On crée une fonction supérieure à toutes les autres fonctions financières : Receveur général de toutes les finances. Il n’a pas une vue d’ensemble sur toutes les finances. Mais çà signifie qu’il a juridiction partout. Les ducs de Bourgogne ont mis sur pied 3 chambres des Comptes par secteurs géographiques : Sous Philippe le Hardi : Lille : pour la Flandre et l’Artois. Sous Antoine (XVe siècle) : Bruxelles : Brabant-Limbourg. Sous Philippe le Bon : La Haye : Hollande et Zélande. Les autres comtés s’y sont rattachés par la suite. Le Hainaut et Namur à la Chambre de Lille et le Luxembourg à celle de Bruxelles. Etats généraux. Développement de ceux-ci pour l’ensemble des principautés. Il n’y a pas d’acte de naissance. Il y a des doutes sur la date mais en 1560, c’est certain qu’ils existent. On trouve ensemble des Flamands, des Brabançons, des Luxembourgeois,… sur les mêmes bancs. Il faut noter que les Etats Généraux ne sont pas un Parlement au sens où nous l’entendons. Ils sont définis par territoires et par ordres. 28 Les questions qu’ils débattent sont de deux ordres : -. Fiscalité et monnaie. Pour ce qui est de la fiscalité, on discute des impôts de circonstances levés pour l’ensemble des territoires (pour financer une guerre, un mariage,…) C’est différent des Etats provinciaux. Pour ce qui est de la monnaie est le cœur du souci permanent. Les ducs voulaient une uniformisation du système monétaire. Mais pour cela il fallait l’accord des sujets. Pour ce qui est des décrets le duc les leur communiquait. Les Etats généraux n’étaient pas une assemblée qui délibérait politiquement. Ils n’existent pas seul. Ils n’ont pas le droit d’initiative, le duc les convoque lui-même. A Liège, ils participaient à la construction du droit avec l’accord du prince. C. Renforcement de la centralisation et réactions. Charles le Hardi est un centralisateur convaincu. Il a une vision monarchique. Il transforme le Grand Conseil de Justice en le déplaçant et nommant Parlement de Malines. Ce parlement naît en 1473, un texte le crée. Le terme Parlement est utilisé pour faire enrager le roi de France. C’est une forme de défi. Malines représente un choix politique. Ce n’est ni le Brabant, ni la Flandre. C’est une seigneurie individuelle. Le duc y est seigneur. C’est un endroit politiquement neutre. Ses méthodes sont celle d’une hyper-centralisation judiciaire. C’est aussi une cour de Cassation, ce qui est plus fort qu’une cour d’appel. Il pratique les évocations. C’est une procédure par laquelle un tribunal supérieur dépossède d’un procès un tribunal inférieur avant qu’il ait proclamer sa sentence. Cà ne plaît pas. On considère çà comme un abus de droit. Pour Charles le Hardi, c’est une façon d’affirmer sa souveraineté. Il fond les 3 chambres en une seule Chambre des Comptes à Malines. Il veut établir une capitale. Il y crée aussi d’autres institutions pour les finances. Cà ne sera qu’éphémère. Cà commence en 1473 et fini en 1477 avec sa mort. On constate tout de suite des mouvements de protestation dans ces Etats (la situation est de plus en plus difficile). On ne met pas en question la duchesse, les Bourguignons mais bien les moyens. En 1477, c’est la réaction contre les méthodes du duc Charles. Marie va renoncer aux réformes de son frère. En 1477, elle accorde à l’ensemble des Pays-Bas le ‘Grand Privilège’. Le pouvoir fait machine arrière. On en revient à la situation d’avant Charles le Hardi (comme pour ses conquêtes). Au XIXe siècle on a dit que 1477 était une explosion de particularismes. C’est faux. C’est un mouvement anti-centraliste. Il conteste l’autoritarisme des dernières années. 1477 restaure une forme de l’ égalité. Les Etats Généraux jouent un rôle politique. Il n’y a pas de remise en cause des structures bourguignonnes, on veut juste rappeler à la duchesse qu’on dirige en fonction de différents usages (‘constitutions’). Chapitre 3 – Les premiers Habsbourg : les Pays-Bas dans l’Europe (1482-1555). A. Qualification de la période. C’est une période difficile à qualifier. Evacuons certaines hésitations. Certaines dénominations sont dépassées : 29 -. Première période autrichienne. Implique une seconde qui a lieu au XVIIIe siècle. La première n’a pas de raison d’être. Marie de Bourgogne a épousé Maximilien de Habsbourg, archiduc d’Autriche. En 1477, alors que son père, Frédéric III est empereur. Ce n’est pas une période autrichienne, on a que le prince en commun. -. Période habsbourgeoise. Dynastiquement correct mais alors on peut dire qu’elle va durer très longtemps avec les Habsbourg d’Autriche et ensuite ceux d’Espagne. Qualifions-là de période bourguignonne qui continue jusque Charles Quint. Cette période va de 1482, date de mort de Marie de Bourgogne, jusqu’en 1555, date d’abdication de Charles Quint. Maximilien évite qu’on soit envahis par la France. Marie de Bourgogne se tue en tombant de cheval. Philippe le Beau est trop jeune. Le régent désignée est Maximilien, il n’est pas l’héritier. Le nom change mais pas le sang. Philippe le Beau est le père de Charles Quint. On aura encore une régence avec ce dernier. Après Charles Quint on entre dans la période espagnole. Avant la mot Bourgogne désignait nos régions par glissement car en 1477, la Bourgogne était conquise par la France. Le terme Bourgogne devient une réalité dynastique. L’expression Pays-Bas prend son sens avec Maximilien (Tyrol : pays d’en haut). Une autre façon de dénommer l’ensemble de nos régions est le mot Flandre. Pourquoi ? Car il y a rayonnement économique de cette région, connue de toute l’Europe, surtout du côté méditerranéen. Les Pays-Bas ont une perspective dimension européenne. Entre 1482 et début de Charles Quint, c’est une période où on situe les Pays-Bas dans l’Europe. Elles fournissent à l’Europe Charles Quint. Cette période souvent oubliée mérite une réhabilitation. Ce sont 25 années décisives, une période charnière. B. Philippe le Beau (1494-1506). Le temps de la régence (1482-1494) La mort de Marie de Bourgogne est inattendue. Maximilien de Habsbourg est autrichien, il sera empereur d’Allemagne. Cet ‘allemand’ se trouve transplanté dans une culture politique très différente. En plus il ne connaît pas la langue. Il a une conception assez carrée de la politique (ressemble à Charles le Hardi). C’est un homme de poigne qui a sauvé l’intégrité du territoire. Il est face à l’hostilité des ancêtres et des villes. C’est une tradition de troubles au prince bien plus vieille que les bourguignons. Les villes ont peur pour leur autonomie, prospérité. Elles compensent la perte de pouvoir économique par du pouvoir politique. Maximilien se heurte aux villes même au Brabant et à Namur (plus calmes d’habitude). Ainsi qu’au Luxembourg (jamais bien intégré). Cette contestation se fait parfois révolte armée. Ils affirment la légitimité : « Nous avons notre prince naturel (légitime) ». C’est Philippe le Beau, pas Maximilien. Il y a pression pour qu’il reçoive une éducation bourguignonne. Il est emmené à Gand sans son père sous le contrôle des Etats. Maximilien ne se heurte pas à une contestation générale. Des villes lui sont favorables : Malines, Anvers et certaines principautés lui sont plutôt favorables : le Hainaut par exemple. Maximilien est élu roi des Romains (futur empereur). Les Pays-Bas ne sont pas encore pacifiés, c’est une situation de guerre civile. Il a extrait son fils du contrôle gantois. Ils sont tous deux à Malines. En 1488, à Bruges, il veut calmer les foules mais se fait piéger et 30 enfermer dans une épicerie pendant plusieurs mois. Il a frôlé la mort. Les Etats généraux jouent un rôle important, il négocie sa libération. Et ne laisse pas passer l’affront, des troupes de son père rappellent à l’ordre les Brugeois. Ces 10 années n’apparaissent pas comme quelque chose de clair qui se construit. C’est le combat entre la centralisation ici accentuée par le fait que c’est un étranger et les particularismes. Au début de 1490, c’est l’éclaircie. Il y a pacification par la force des Pays-Bas. Les dernières poches de résistance sont réduites. Il conclut avec Charles VIII, roi de France, un traité de paix. C’est un bol d’air à respirer. Frédéric III meurt en 1493 et Maximilien succède à son père comme empereur. Règne de Philippe le Beau (1494-1506) Maximilien remet le gouvernement entre les mains de Philippe le Beau qui vient de fêter ses 16 ans. Il conserve néanmoins un pouvoir d’influence sur les Pays-Bas. Le gouvernement personnel de Philippe le beau dure de 1494 à 1506. C’est une situation plus claire, une période de paix. Aucun événement militaire n’aura lieu dans les Pays-Bas durant cette époque. C’est un temps propice à penser à autre chose, à des questions de gouvernement. 1500 est une date charnière : des événements changent le cours des choses. On peut diviser le règne de Philippe le Beau en 2 périodes : -. Première période : période bourguignonne, nationale, belge. Politique belge de Philippe le Beau. -. Seconde période : période habsbourgeoise caractérisée par la fibre paternelle de Philippe le Beau qui est mise en avant. C’est une politique européenne. Il va pêcher des éléments vers l’Empire, il aurait pu être élu roi des Romains si il n’était pas mort jeune. Il se retrouve plongé dans les intérêts espagnols par son mariage. En 1496, c’est son mariage lointain qui aura de grandes conséquences sur les destinées de la dynastie. Il marie l’infante Jeanne, fille d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon. Ferdinand d’Aragon et Isabelle forment une union personnelle. A ce moment personne ne pense que Jeanne héritera un jour de ses parents, en effet elle était cinquième dans l’ordre de succession. Pourquoi ce mariage a-t-il lieu ? Il a été préparé depuis longtemps, cette alliance a été préparée par Maximilien. C’est en rapport avec la politique de Charles le Hardi où il y avait déjà eu des traités entre Bourgogne et l’Aragon. Cela fait partie des politiques de relation entre les Pays-Bas et l’Espagne. Les intentions de cette politique sont de prendre la France en tenaille. La politique des Pays-Bas avant ce mariage est une politique de paix, politique appliquée aux pays voisins : France : Maximilien voudrait bien récupérer la Bourgogne mais Philippe le Beau va refuser de s’engager avec Maximilien contre la France. Pourtant l’occasion eut été bonne. En effet en 1494 c’est le début des guerres d’Italie. Le roi de France Charles VII part pour l’Italie. Il y a un froid entre Philippe le Beau et Maximilien. De plus en 1498, Philippe le Beau conclut avec Louis XII le traité de Paris qui renforce la paix. Dans celui-ci il renonce à la Bourgogne et opte pour la neutralité. Maximilien s’adresse aux Etats Généraux pour qu’ils fassent changer Philippe le Beau de politique. Mais les Etats Généraux refusent cela. 31 Duché de Gueldre : C’est depuis longtemps un objet de friction. Maximilien y tient et veut la soumettre. Philippe le Beau refuse de faire la guerre au duc de Gueldre. Il conclut une trêve avec celui-ci et Philippe le Beau autorise des troupes françaises à traverser les Pays-Bas pour aider le duc de Gueldre. Il veut la neutralité jusqu’au bout. Angleterre : Il existe entre les Pays-Bas et l’Angleterre des contentieux économiques notamment au sujet des draps. Philippe le Beau négocie avec Henri VII un traité d’entre court en 1496. Celui-ci règle les échanges économiques entre les deux pays. C’est assez étrange pour l’époque car d’habitude on était très protectionniste, ici c’est un traité très libéral. Ce dernier fut très bien accepté par la population qui l’appelle « Intercursus Magnus ». En définitif les rapports les moins bons sont encore ceux entretenus avec l’empereur Maximilien. Maximilien échoue même du côté du pape. Rien ne laisse présager la suite. En 1500, c’est le tournant. Entre 1496 et 1500, une série de décès frappe la Cour Espagnole. Tous les héritiers meurent. Jeanne devient héritière des territoires de ses parents. Les perspectives se modifient alors. Les Pays-Bas passent petit à petit au second rang. Ce phénomène peut être discuté mais il est indubitable que les possibilités d’héritages changent la donne. Philippe le Beau et Jeanne partent pour l’Espagne à la fin 1501 pour faire la connaissance de ses beaux-parents et se faire reconnaître par les cortes. Ce premier voyage dure presque 2 ans (1501-1503). Il va après cela faire un tour en Europe Occidentale. Il négocie en France avec Louis XII, il se rend à Innsbruck près de son père pour des conversations diplomatiques. Il rencontre différents princes allemands car il pense aussi un jour se faire élire empereur. Le roi Louis XII va l’amener à faire des concessions. Le bilan du voyage est très positif. Son coup de maître est de réussir à arriver à des accords triangulaires entre lui, l’empereur et Louis XII. Philippe le Beau prend davantage compte des perspectives dynastiques. L’événement déterminant surgit en 1504 avec la mort de la reine Isabelle. Ferdinand ne règne pas. C’est Jeanne qui règne et Philippe qui devient roi de Castille. Les perspectives s’accomplissent. Ses politiques s’infléchissent. Il part pour l’Espagne. Mais avant de partir il entreprend une campagne militaire contre la Gueldre en 1505. C’est Charles Quint qui finira cette guerre. Mais sous Philippe le Beau une trêve sera négociée. Philippe le Beau raisonne maintenant comme un Habsbourg. Il cède de plus en plus de terrain à la France, il se fait vraiment allié de celle-ci. Il ne veut pas se faire attaquer tant qu’il est en Espagne. Il y aussi l’Angleterre qui intervient quand au début 1506 Philippe le Beau ne va plus en Espagne par la France. Il embarque donc mais une tempête l’oblige à se réfugier en Angleterre. Henri VII lui impose un nouveau traité d’entre court qui est appelé dans les PaysBas « Intercursus Malus ». Les anglais sont favorisés et des taxes sont imposées. Il débarque en Espagne face à une situation politique scabreuse. Ferdinand d’Aragon le prend pour un intrus. La Castille et l’Aragon restent deux blocs différents. Philippe le Beau apparaît pour la Castille comme un rempart à Ferdinand d’Aragon. A cela s’ajoute les problèmes de sa femme, son surnom de Jeanne la Folle est mérité. 32 Un événement inattendu arrive. En septembre 1506, Philippe le Beau meurt sûrement de mort naturelle. C’est une catastrophe pour la dynastie. Charles Quint est l’héritier mais est agé de 6 ans (né en 1500). A la mort du duc on n’est pas confronté aux mêmes troubles qu’en 1482. Mais aux Pays-Bas une chose joue en faveur des intérêts dynastiques. Maximilien désigne à la tête des Pays-Bas la sœur de Philippe le Beau, Marguerite d’Autriche. C’est une princesse très populaire et a eu une vie assez malheureuse, elle a été deux fois veuve. Elle consacre toute son énergie au gouvernement des Pays-Bas. C’est la personne providentielle. 1506 ne marque pas une rupture. Cette princesse qui devient gouvernante dirigera dans une perspective bourguignonne. Charles Quint renforce les Pays-Bas sur la scène européenne. Il va formaliser cette situation européenne. Il donnera un statut aux Pays-Bas dans la ligne de l’œuvre des ducs de Bourgogne mais en allant plus loin. Philippe le Beau n’était pas qu’un prince de liaison dans cette période intermédiaire. C. Charles Quint (jusqu’en 1555). Il a mené à bien ce que la mort avait empêché à son père. Il est le premier à détenir l’Aragon et la Castille. Il est élu à la tête de l’Empire. Il a des possessions en Italie et en Amérique. C’est un souverain de dimension mondiale. Du point de vue territorial il va étendre les Pays-Bas. En Belgique il va achever le rassemblement territorial des bourguignons en mettant la main sur Tournai et la Tournaisis (1521). Tournai était autrefois une ville royale et n’avait jamais été possédée par les princes bourguignons. Le rassemblement territorial des Pays-Bas est accompli. On définit le statut des Pays-Bas. Et cela par 4 grands textes établis lors de 4 grandes dates. Sur le point de vue du droit il y a toujours les liens féodaux, l’est de l’Escaut avec l’Empereur et l’ouest de l’Escaut avec le roi de France. Charles Quint va avoir des problèmes pour briser le lien féodal. 1526. Traité de Madrid : La guerre a repris avec la France de François Ier. Ce dernier est prisonnier à Madrid, Charles Quint lui impose ce traité. Un des points de celui-ci est la rupture du lien féodal de la Flandre vis-à-vis de la France. La Flandre cesse d’être un fief de la couronne française. La situation de Verdun pour la Flandre prend alors fin. On y confirme aussi la possession de Tournai. 1529. Traité de Cambrai : Ce traité confirme la rupture définitive entre Tournai et le Roi de France. De l’autre côté de l’Escaut, Charles Quint est son propre vassal car il est aussi empereur. Il veille à ce que l’appartenance à l’Empire ne soit en boulet à tirer. 33 1548. Transaction d’Augsbourg : C’est le fruit d’une négociation avec la diète. Il forme les cercles de Bourgogne, l’Empire étant alors une multitude de petits états. Il accomplit un regroupement administratif en cercles (à peu près 10). Un des cercles est constitué dans cette transaction : c’est le cercle de Bourgogne. Il comprend les Pays-Bas, la Flandre, l’Artois, Tournai. Les territoires de l’ouest de l’Escaut passent dans l’Empire. L’Escaut n’est plus une frontière. Un autre cercle nous concernent : c’est le cercle de Westphalie qui contient les principautés épiscopales de Liège et de Stavelot-Malmédy. Le cercle de Bourgogne a un statut privilégié il n’est pas soumis aux lois d’Empire et tribunaux d’Empire. Mais les territoires sont astreints à payer l’impôt. Ces derniers sont peu nombreux car la puissance fiscale est détenue par le prince territorial. C’est l’indépendance judiciaire et législative. Les Pays-Bas jouissent d’une autonomie totale. Quand les Pays-Bas se révolteront contre Philippe II, fils de Charles Quint, les Etats Généraux iront voir l’empereur Rodolphe II qui s’en mêlera pas. Le problème des règles de successions ne doivent pas être oubliées. Chaque principauté est une entité de droit public. Les règles de succession ne sont pas identiques. On aurait pu assister à une dislocation des Pays-Bas. Charles Quint a veillé à ce que cela n’arrive pas. Ce n’est pas une négociation mais une décision à sens unique. Charles Quint aurait voulu constituer les Pays-Bas en royaume. Il n’a pas réussi. A défaut il a au moins unifier les règles de succession dans nos principautés : ce sera la règle successorale par primogéniture, masculinité et représentation qui sera de mise. 1549. Pragmatique Sanction : Primogéniture : l’héritier sera l’aîné. Privilège de masculinité : les femmes ne sont pas exclues mais la priorité est aux hommes. Représentation : Y X Z A Famille où Y est l’aîné et donc héritier. Il meurt avant son père. A à le pas sur son oncle Z car A représente son père décédé. Un très bel exemple est arrivé en France avec Louis XIV. Louis XV était son arrière-petit fils. C’est un cas à peu près unique. L’œuvre de Charles Quint est statutaire. Sur le plan intérieur on peut envisager les choses sous 2 angles : 1. On peut dire qu’il a tout fait du point de vue institutionnel. 2. On peut dire qu’il a utilisé ce qu’il y avait déjà. 34 En fait il a formalisé des choses qui existaient déjà. Il y a toujours des Chambres des comptes. Le Grand Conseil s’est ré-établit à Malines. Le Conseil de Malines ne sera pas compétent dans le Brabant et le Hainaut. Il faut s’attarder sur les conseils de Charles Quint. Par une loi de 1531, il crée 3 conseils : -. Conseil d’Etat. -. Conseil Privé. -. Conseil des Finances. Ils existaient déjà moins formellement sous les ducs de Bourgogne. Maintenant on assiste à une spécialisation des conseillers. Philippe le Beau et Charles Quint sont voyageurs et emmènent une partie de leurs conseillers. Ce sont des commissions spécialisées en pratique. En 1531, Charles Quint décide d’appeler un chat, un chat. 1. Le conseil d’état : il s’occupe des grandes affaires diplomatiques, celles de guerres, paix et gouvernements. On y trouve des grands nobles. La tradition féodale est très bien assise. 2. Le conseil privé : il prépare les lois, s’occupe de l’administration et parfois juge. Il est le rival du Grand Conseil de Malines. Il s’occupe des Affaires Intérieures et juge surtout les affaires concernant directement le prince. Ce sont surtout des gens de robe, des diplômés et des intellectuels. Les 3 conseils sont appelés conseils collatéraux. Ils voisinent mais ne se dérangent pas. On observe le spécificité des conseils mais il y a aussi des parcelles. Les conseils sont très perméables, poreux. On trouve des juristes au Conseil d’Etat. La nouveauté est que Philippe le Beau se faisant souvent absent (au moins 3 ans) et Charles Quint vivant après sa majorité comme une éternel voyageur, une nouvelle personne va occuper une position clé : gouverneur ou gouvernante. C’est comparable avec un statut de vice-roi. Une véritable gouvernante fut Marguerite d’Autriche, d’ailleurs après sa régence Charles Quint la reprit comme gouvernante. A sa mort il la remplacée par Marie de Hongrie, sa sœur. Le gouverneur ou gouvernante est un prince du sang. Cela fonctionnera jusqu’au XVIIIe siècle. La fonction de chancelier disparaît sous Charles Quint. Le dernier qui détînt ce titre mourut en 1530. Le chancelier a porté le titre de chancelier de Bourgogne (alors que c’est chancelier des Pays-Bas) pourtant Charles Quint ne récupèrera pas la Bourgogne. 2ème section – Autoritarisme et rupture. Chapitre IV – Réformes et ‘révolution’ au XVIe siècle. La période des réformes religieuses et de la Révolution des Pays-Bas est courte, seulement 50 ans. Les réformes religieuses on touché les Pays-Bas, ce fut d’abord la réforme protestante suivie de la réforme catholique. Il faut évacuer l’idée toute faite selon laquelle le Sud des Pays-as était catholique et le nord protestant. Certains y voient la cause de leur séparation. Le protestantisme n’est pas précoce. Ce processus est arrivé du sud mais a échoué dans le sud. Quand le nord est passé au protestantisme le sud s’est recatholicisé. La conséquence fut que les protestants du sud émigrèrent pour le nord. C’est tout un potentiel économique qui a été perdu pour le sud au profit du nord. Le protestantisme n’a pas commencé où l’on croit. L’arrivée par le sud est normale car le calvinisme a été conçu à l’usage des français. Le Hainaut, la Flandre et la Brabant ont donc été vite touchés. Les grands appuis du 35 protestantisme sont Tournai, Valenciennes (capitale économique du Hainaut), Gand et Anvers. Le protestantisme a plus touché les villes que les campagnes. Les provinces de culture thioise ont été beaucoup plus touchées. Quel est le type de protestantisme qui apparaît ? Premièrement ce sont les luthériens. Au début de 1520 ils apparaissent entre autres à Anvers (ville de commerce avec présence de marchands allemands). C’est aussi u ne ville d’intellectuels et un grand centre d’imprimerie. Il existait une frange de l’humanisme à la pensée luthérienne, ils voulaient l’impression de la Bible. En 1523, à Bruxelles, on exécute par le feu deux moines de Saint Augustin (communauté luthérienne pour hérésie, ce sont les premières victimes. Cà ne sera pas un phénomène de masse, Charles Quint va prendre des mesures. La seconde vague sont les anabaptistes à partir de 1530. Ces derniers sont même pourchassés en terre protestante. C’est un courant protestant à forte connotation sociale. Il veut l’abolition des couches sociales. Ils n’ont pas besoin des Ecritures et de prêtres. Ce courant trouve une écoute dans les classes populaires. On est pas forcer de lire la Bible pour acquérir le Salut. C’est une vision très révolutionnaire. Son développement se fait plutôt à la campagne près de l’Escaut car la répression y est moins forte. A partir de 1540, c’est le calvinisme qui apparaît. Et ce d’abord dans les villes et puis à la fin du règne de Charles Quint dans les campagnes. Il y a très peu de protestants dans la noblesse et l’aristocratie. Le calvinisme a des implications politiques très fortes. Calvin associe l’Eglise et l’Etat. Le pasteur dirige le peuple. Cette collusion va avoir un impact sur les autorités. Très vite, elles réagissent. En 1520 et 1521 les premiers édits réprimant l’hérésie apparaissent. Ce sont des mesures de sanctions, de censures, de défense de débattre publiquement sur la foi. Sous Charles Quint les tribunaux d’Inquisition (remontant au XIIIe siècle) sont en place. Il existe plusieurs types de tribunaux d’Inquisition. Certains relèvent du pape, des évêques. Mais une Inquisition Impériale va aussi exister. Ce sont surtout les anabaptistes qui sont pourchassés. La peine de mort est applicable mais non utilisée par l’Eglise. Le prononcé et appliqué des peines de sang est fait par un tribunal civil. Une autre peine très lourde est la confiscation des biens. La justice est très répressive. La Réforme Catholique n’est cependant pas que de la répression. C’est un effort de régénération, les critiques protestantes étaient justifiées. L’effort catholique s’articule autour du Concile de Trente (20 ans). Dans les Pays-Bas il y a deux concrétisations : 1. Redécoupage des évêchés des Pays-Bas. 2. Enseignement. Avant la géographie ecclésiastique était basée sur la géographie civile romaine. Les civitates représentait les diocèses. Les évêques étaient à l’étranger. Tournai reste étranger jusqu’en 1520 quand Charles Quint la reprend. Les archevêques étaient aussi des étrangers. La Réforme avait pour but de faire coïncider les limites des évêchés avec les limites politiques des Pays-Bas. 1559 marque la phase la plus novatrice dans l’organisation de l’Eglise. On crée 3 sièges d’archevêques : Utrecht, Cambrai et Malines. 36 Il y a donc trois archevêques étendant leur autorité sur les Pays-Bas. A part pour ce qui est du sud du Luxembourg (dépend de Trêves) et de Liège. Ce n’est pas une rupture totale avec le Moyen-Age. Mais Reims n’a plus rien à voir avec nous. La répartition des ressorts prend en compte le côté linguistique. Malines s’occupe du territoire thiois du sud des Pays-Bas. Cambrai quant à lui prend en compte le territoire roman du sud des Pays-Bas. On crée de nouveaux évêchés. Pour le nord 4 : Ypres, Bruges, Gand et Anvers. Il n’y avait jamais eu d’évêques en Flandre. Pour le sud on ne touche pas à celui de Tournai et on en crée un à Namur. Une partie du territoire roman continue de dépendre de Liège. Il n’y a pas de coïncidence parfaite mais de gros efforts sont fournis. La Réforme Catholique répond à une certaine logique. Il y a pourtant pas mal de mécontentement car une intention politique de Philippe II se profile. Il l’avait sanctionné mais pas inventé. Il y voit une manière de contrôler les assemblées d’état. Où trouver les moyens pour les nouveaux évêques ? On leur affecte les revenus de quelques abbayes. Les évêques sont placés à la tête de celles-ci. On les y incorporent. Les abbés des monastères siégeaient avant aux états. Maintenant c’est l’évêque mais celui-ci est nommé par Philippe II. Philippe II a donc le pouvoir sur les états. Des initiatives sont prises dans le domaine de l’enseignement. On crée des écoles dominicales (se tiennent le dimanche). Pour contrer les protestants, il faut propager la doctrine catholique romaine. Il faut donc instruire les gens (enfants et adultes). On leur donne des rudiments d’instruction religieuse. Pour bien diffuser une religion il faut que les prêtres soient compétents, on va donc les former. On met sur pied des séminaires assurant la formation intellectuelle et spirituelle (années 1565). On crée une seconde université (la première était celle de Louvain depuis 1425) en Flandre de langue française à Douai. On veut par là attirer des étudiants venant du sud. C’est le pendant de Louvain. En Belgique la Réforme Catholique se conclut par un succès au prix d’une grande émigration. Il y a moins de protestants et seulement auprès des frontières. Les protestants devront attendre La fin du XVIIIe siècle pour avoir des droits. Jusque là pourtant il n’y aura plus de persécutions organisées. Le terme de révolution (revolvere : retournement) est dangereux à utiliser. Est-il opportun ? Dans les Pays-Bas la révolution commence en 1566 et prend fin entre 1579 et 1585 pour les Pays-Bas du sud. Pour le nord elle ne fait que commencer, on peut l’arrêter en 1609 : Trêve entre le nord et le sud qui durera jusqu’en 1621. La vraie fin se situe en 1648 avec le traité de Westphalie. C’est la fin de la guerre des Trente Ans. C’est la fin diplomatique avec la reconnaissance des Provinces Unies. Les historiens néerlandais appelle cela la guerre de 80 ans : Tachtig jaren oorlog. 37 Prémices : Philippe II n’est pas resté longtemps chez nous. 1549 marque la date de son départ définitif. Il a placé sa demi-sœur : Marguerite de Parme comme gouvernante. C’est une charge délicate. La situation est difficile : son frère lui laisse peu de marge de décision mais elle ne décide pas spécialement pour lui. Les espagnols l’appellent le Roi Prudent : El rey prudente. De plus Marguerite de Parme est flanquée d’un chien de garde : Granvelle. Ce dernier est originaire de la Franche-Comté. Officiellement il est conseiller du roi, mais il est aussi titulaire de la charge de premier archevêque de Malines. Il est l’œil du souverain. Il se rend impopulaire et sera rappelé par Philippe II. Mais ce problème dépasse Granvelle. Avant 1560, la monarchie s’aliène la sympathie des grands nobles. Ils sont tenus à l’écart des grandes décisions. Le trio d’aristocrates le plus connus est : Guillaume d’Orange dit le Taciturne, le Comte d’Egmont et le Comte de Horne. Ces deux derniers furent exécutés sur la place de Bruxelles. En 1564, Granvelle tombe en disgrâce. Le trio a toujours essayé de mettre la main sur les conseils du gouvernement. Entre 1565 et 1566 on espère arriver à une pacification. On voit catholiques et protestants discuter et essayer de faire cause commune pour défendre les libertés. Le roi n’est plus un bourguignon, il ne respecte plus les traditions. En 1560, le pouvoir modifie la liberté religieuse mais la foi catholique reste la seule foi officielle. Tout çà va être en août 1566 avec le début des événements. C’est le déclenchement de l’iconoclasme. Des prédicateurs calvinistes intégristes stimulent les campagnes contre le pouvoir. Cela commence près de Ypres. Les gens s’attaquent aux églises, détruisent les statues. Cà tourne à l’émeute, la fureur s’étend très vite. Le même mois Gand et Tournai sont touchées. Malines et Anvers en seront également victime. Cela se développe aussi vers le nord. L’ensemble des Pays-Bas est touché. C’est une marque du fanatisme et d’une impatience politique. Ce n’est pas le fait des protestants, ce mouvement est désavoué par les luthériens et certains calvinistes. La présence protestante est importante : Anvers compte à l’époque 90.000 habitants dont 20.000 protestants (13.000 calvinistes, 4.000 luthériens, 2.000 anabaptistes), Mons compte 2.000 protestants pour 15.000 habitants. Le pouvoir réagit de façon très rigoureuse. En août 1567, il envoie le duc d’Albe (grand d’Espagne) dans les Pays-Bas avec des troupes redoutées. Il a les pleins pouvoirs sur 10.000 soldats espagnols. On estime à 3 millions la population dans les Pays-Bas. Pendant l’ère du duc d’Albe 90.000 soldats seront présent. Il assujettit les trois conseils et crée une institution très répressive : Le Conseil des Troubles. Il n’y siège que des conseillers espagnols. C’est un conseil arbitraire contre les hérétiques et perturbateurs. Il va prononcer plus de 10.000 condamnations en quelques années, dont quelques 1100 condamnations à mort. De nombreux bannissements seront prononcés, ainsi que 9.000 jugements par contumace. Beaucoup de persécutés se réfugieront dans des états allemands passés au protestantisme. On se dirige aussi vers le nord car il y a moins de répression. En 1568, Egmont et Horne sont décapités. La politique fiscale est dure : de nouveaux impôts contraignants sont proclamés sans l’accord des états. Le duc d’Albe a pacifié les Pays-Bas mais par la force. A la fin des années 1560 et au début des années 1570 la situation se calme. Marguerite de Parme a laissé la place au duc d’Albe. Les troubles reprennent en 1572, c’est la deuxième grande phase de la Révolution des PaysBas. Ce n’est plus dans le sud mais dans le nord. Le prince d’Orange s’y est réfugié. Les protestants y persécutent les catholiques dans plusieurs villes. Guillaume d’Orange se livre à un jeu trouble. Il soutient mes protestants car çà lui convient. Il envoie des troupes et contrôle 38 des villes du sud comme Malines, Louvain et Mons. Ce n’est pas seulement une question de religion. En France en août 1572, c’est le massacre de la Saint-Barthélemy : les chefs protestants français alliés aux Pays-Bas sont massacrés. Dans les Pays-Bas les troupes espagnoles reprennent le dessus. En 1473, Philippe II rappelle le duc d’Albe. Plusieurs années suivantes furent chahutées. Plusieurs gouverneurs généraux se succèdent. On entre dans une phase guerrière avec une incontestable vacance du pouvoir. Le Conseil d’Etat joue un rôle dynamisant car il détient l’autorité politique. Les Etats Généraux connaissent alors leur apogée et mènent même des troupes. Guillaume d’Orange n’est pas considéré par tous comme un libérateur. Les espagnols se font aussi menaçants. En novembre 1576 on signe un acte : « La Pacification de Gand ». Son application ne fut qu’éphémère. C’est une réconciliation où les assemblées d’état ont joué un grand rôle. Celleci arrive en même temps que la Furie Espagnole à Anvers où un saccage tue 7.000 personnes. La pacification prévoyait une amnistie de la part du roi ainsi qu’une liberté de circulation, de commerce et de culte. Mais ce dernier seulement dans les provinces du nord. Ce n’est pas permis au sud mais là on ne poursuit plus les gens. Les sujets promettent d’obéir mais le roi doit retirer ses troupes. On va quand même assister à une rechute. Pourquoi ? En 1576, on est entré dans une toute nouvelle phase. Jusque là on ne se battait que pour la liberté, c’était une insurrection nationale. En 1576, çà devient une guerre civile : le sud catholique affronte le nord jusqu’au boutiste protestant. Guillaume d’Orange ne cherchait pas la Pacification. Entre 1576 et 1589, c’est la guerre civile. A partir de 1577, on met sur pied des gouvernements révolutionnaires calvinistes dans quelques villes de type républicain. Par exemple à Gand, Ypres, Courtrai, Malines et Anvers. En 1578, le gouverneur général, prince du sang, son demi-frère se nomme Don Juan d’Autriche. Il s’est illustré dans la guerre navale contre les Turcs. Il vainquit l’armée des Etats généraux et tint bien deux provinces : le Namurois et le Luxembourg. Il meurt victime d’une épidémie. Il ne parvient pas à organiser la reconquête. En 1579, une lassitude générale s’installe. Dans le sud si on veut aller jusqu’au bout on tombe sous Guillaume d’Orange ou on choisit la négociation avec le roi. C’est la voie diplomatique qui sera choisie et ce pour ne pas courir à l’anarchie et à la destruction de la religion traditionnelle. Un groupe, les mal-contents se développe contre Guillaume d’Orange. On demande au nouveau gouverneur, Alexandre Farnèse, neveu de Philippe II, fils de Marguerite de Parme de négocier. C’est la rupture avec le nord, c’est un point crucial. 3ème section – La ‘Belgique autrichienne’. La Belgique autrichienne dure de 1713 à 1789, c’est une période de paix. La seule phase guerrière à déplorer étant le territoire conquis par les français lors de la guerre de Succession d’Autriche. Mais celle-ci n’aura pas le même impact que les précédentes guerres de Louis XIV. Les troupes françaises se retireront en 1748. C’est le moment du renversement des alliances. Marie-Thérèse se rapproche des français : le couple Habsbourg – Bourbon face à l’émergence de la Prusse qui se rapproche, elle, de la Grande-Bretagne. Après 1748, nous ne souffrirons plus de guerres européennes. Pour ce qui est de la conjoncture économique, elle est à la hausse entre 1740 et 1750. C’est l’ère de la croissance. 39 Chapitre VII – Le XVIIIe siècle et ses progrès. B. Les institutions sous les Habsbourg. Entre 1713 et 1715, plusieurs traités les font passer aux Habsbourg d’Autriche. Quel va être le statut des Pays-Bas ? Cela reste une union personnelle, un ensemble de territoires héréditaires. Le cercle de Bourgogne continue d’exister comme nom. Les traités de 1713-1715 stipule comme une contrainte que les propriétaires des territoires devront maintenir leur intégrité. Ils doivent aussi s’engager à respecter les traditions des pays. On veut éviter l’installation d’un système politique autoritaire. Il y a tout de même des contraintes. Pendant la guerre de Succession d’Espagne, Charles VI avait bénéficié de l’appui des anglais et des hollandais. Les hollandais en profitent. Le traité de la Barrière en 1716 organise une ligne de forteresses de Ypres à Luxembourg. Ces places fortes possèdent des garnisons hollandaises. Charles VI en reconnaissance est tenu de les payer. Les provinces ne s’en chargent pas. Cette ligne n’arrêtera pas les troupes françaises de Louis XVI. Après cette guerre on voudra s’en débarrasser. Mais ils ne veulent pas s’en aller. . C’est Joseph II qui les fera partir. Les forteresses lui appartenait, il les démantèle mais ils restent quand même. Un hiver glacial les fera partir. Le XVIIIe siècle autrichien a tout de même bonne presse dans notre historiographie. MarieThérèse en particulier. Elle avait pourtant envisagé de céder les Pays-Bas aux Français, puis au duc de Bavière. Les Pays-Bas fut pour les Habsbourg d’Autriche un cadeau empoisonné. Ils apparaissent comme monnaie d’échange possible. Mais les Habsbourg ont quand même bien organisé les Pays-Bas. Des administrateurs de haut-vol furent envoyés dans ces régions. Il y a une grosse différence entre le XVIIIe siècle et le XVIIe siècle. On note une application d’une véritable science du gouvernement. Elle prend un nom : le caméralisme. C’est une véritable organisation, sous les espagnols c’était l’incertitude. Un des faits majeurs est que la Belgique se voit dotée d’une capitale au XVIIIe siècle : Bruxelles. C’est le fait du gouvernement centralisateur autrichien. L’essentiel des institutions va à Bruxelles. Le gouverneur y réside. Une cour s’y développe. Bruxelles s’est francisée. Il y a un gouverneur général pour les Pays-Bas, c’est la sœur de Charles VI, Marie-Thérèse. Elle va nommer son beau-frère : Charles de Lorraine. Il fut veuf très jeune et fait partie de la famille impériale par alliance. Il est de culture française. Sous Joseph II ce sera MarieChristine et Albert de Saxe. Le souci de la Cour de Vienne est la limitation du rôle du gouvernant. La personne clé est le ministre plénipotentiaire qui est le représentant du pouvoir de la cour de Vienne. Il y en a eu une série : des médiocres et de très bons. Les relations de celui-ci avec le gouverneur ne furent pas toujours bonnes. Il reste un secrétaire d’état et de guerre. Qu’en est-il des conseils collatéraux ? Philippe V avait fondu ces conseils. Philippe VI fait la même chose. Il les fond en un Conseil d’Etat. Cà ne dure pas longtemps. Les trois conseils sont rétablis. Le Conseil d’Etat garde une position symbolique. Le Conseil privé fait les nominations. On peut citer le Comte de Nancy, président du Conseil Privé comme très grand homme. Le Conseil des Finances a beaucoup d’importance. 40 L’expérience de Philippe V n’a pas été oubliée. En 1787, Joseph II va fusionner les trois conseils collatéraux en un Conseil du gouvernement général : c’est l’apogée de la centralisation. A sa tête on trouve le ministre plénipotentiaire. Cette réforme sera très mal acceptée. On rencontre un certain nombre de commissions : les jointes. Par exemple il y aura une jointe des eaux usées, une autre pour les terres contestées. Une autre jointe très importante est la jointe des administrations et des affaires de subsides. Elle existera 25 ans. Elle a une résonance car elle est chargée de contrôler et chapeauter les dépenses publiques. C’est la concrétisation de la notion de tutelle du gouvernement sur les niveaux de pouvoirs inférieurs : provinces et communes. On va dresser un bilan de tous ces chiffres. En matière de justice il n’y a rien de bien changé. En 1787, Joseph II va vouloir supprimer les cours existantes, il veut tout abolir pour les remplacer par un seul ordre de tribunaux. Mais cette réforme judiciaire provoquera beaucoup de remous. Une chose avait changé en 1787, les conseils provinciaux avaient obtenu un contrôle beaucoup plus grand. On va reprendre le modèle espagnol et on crée le Conseil Suprême des Pays-Bas à Vienne. On y trouve des belges mais aussi des étrangers. En 1757, ce conseil est supprimé par Marie-Thérèse. Ce n’est pas un retour en arrière. Les compétences de ce conseil sont transférées à la chancellerie. C’est une plus grande centralisation. En 1787, Joseph II va recréer des charges d’intendants et une nouvelle division du territoire va avoir lieu. C’est une division en cercles pour briser les anciens regroupements. C’est une réforme avortée les intendants ont eu deux mois d’existence. C. Les innovations matérielles. L’économie adopte des caractères qu’on ne lui connaissait pas. C’est une véritable économie nationale. Le territoire des Pays-Bas devient un marché à part entière avec ses instruments, outils et règles. On est face à une économie de type capitaliste et non plus une économie de subsistance. Les investissements sont possibles. On pense à la Révolution Industrielle. Les Pays-Bas sont très vite touchés par celle-ci. Le secteur primaire, l’agriculture, emploie la majorité des gens. C’est le domaine qui est le centre du développement de l’activité. Les progrès marquent le monde rural (c’est différent du XVIe siècle). Le monde rural devient le pivot de l’essor économique de la seconde moitié du XVIIIe siècle. La Belgique connaît une agriculture commerciable. Pour la première fois, la Belgique produit pour exporter. On n’importe plus. Les productions sont diverses : traditionnelles : céréales pamifiables ou fourragères ou nouvelles : pommes de terre. Elles existent déjà au XVIIe siècle mais à un petit niveau. Au XVIIIe siècle c’est la culture extensive, un sol moins riche suffit à apporter une grande quantité nutritive. Le rythme de développement des campagnes est plus intense que celui des villes. Des industries peuvent s’installer à la campagne : par exemple pour ce qui est du textile. La toile de lin est faite à la campagne. La mécanisation apparaît. On note l’apparition de foyers nouveaux. La région de Herve et Verviers s’affirment, c’est une des grandes zones de production européenne de textile. 41 1. 2. Zone à cheval sur deux états à la fois sur le duché de Limbourg (Pays-Bas) et sur la principauté de Liège. C’est une zone économique et deux zones politiques. Cela permet à des agriculteurs d’échapper à des contrôles fiscaux. Verviers est un village au XVIIe siècle. Dans un milieu rural, il n’y a pas de contraintes corporatives. Ce secteur jeune se jette dans le train de la mécanisation : on exporte ces produits jusqu’en Extrême-Orient. Il faut mentionner aussi la production houillère. La machine à vapeur facilite l’ouvrage. Il y a deux vieux bassins houillers : Ouest avec Mons et la Vallée de la Haine. Est avec la Basse Meuse entre Liège et Visé. De nouvelles zones se développe comme la région de Charleroi. Charleroi jusque là n’était industriellement rien. Elle se développe au XVIIIe siècle avec le charbon, la métallurgie et aussi le verre. A Liège, il faut noter l’armurerie et la clouterie qui se développent très fort. Les clous était très important pour les chantiers navals. Les Pays-Bas du sud avait été traditionnellement un pays de sidérurgie. La méthode artisanal utilisait du charbon de bois. Elle disparaît et les entreprises descendent dans les vallées. Qu’en est-il du commerce ? 1. On observe un échec conditionné par la politique. L’embouchure de l’Escaut était devenu depuis 1648 un territoire hollandais. Le port d’Anvers décline tant que l’Escaut n’est pas libéré. On cherche à développer Ostende. En 1722, des particuliers obtiennent des fonds pour faire une compagnie. Ils reçoivent des pouvoirs publics des droits de monopole. Des comptoirs sont créés en Inde et en Chine. En 1731, Charles VI la supprime. Pourquoi ? Il avance des arguments politiques : la succession de ces états à Marie-Thérèse. Il y a négociation avec les anglais et les hollandais. On exige la fermeture de la Compagnie d’Ostende. 2. Il y a une mise au point d’une politique de protection douanière. Il faut faciliter l’importation des matières premières. On taxe lourdement les produits faits à l’étranger. On réduit les droits de transports pour les marchands étrangers qui viennent à Ostende. Une vraie politique économique est conçue. 3. Un réseau routier est mis en place. Entre 1713 et 1714 il y a dans les Pays-Bas 60 km de chaussées. En 1794, il y a plus de 2850 km de chaussées. Nos grands axes routiers en sont un héritage. Le climat ambiant a stimulé ces constructions. Cela aura de grandes conséquences sur le transport aussi bien des personnes que des biens. Une circulation plus aisée provoque un nivellement des prix. Chapitre IX – Les révolutions brabançonnes et liégeoises. A. Les réformes de Joseph II. Joseph II avait été associé au pouvoir par sa mère avant son règne. Il est présenté comme un souverain réformateur. L’œuvre de Joseph II s’inscrit dans la ligne de sa mère Marie-Thérèse. Mais elle était populaire et pas Joseph II, elle savait s’y prendre, lui n’avait pas de doigté. Sous Marie-Thérèse, l’idée d’une église d’état s’était développée. L’Eglise doit être un élément de l’Etat. Elle doit relever politiquement des princes. Les hommes d’églises et de 42 communautés doivent être au service de l’Etat. Le secteur de l’enseignement est également visé. Marie-Thérèse a fondé un certain nombre de collèges (collèges thérèsiens) qui font concurrence aux autres tenus par des congrégations. C’est la fondation d’un enseignement public d’Etat officiel. Au début de 1770, la papauté supprime la Compagnie de Jésus. La fermeture de leurs collèges profite aux collèges thérèsiens. On crée une commission nationale des études, c’est à peu près un ministère de l’enseignement avant la lettre. Joseph II est tout sauf prudent. Il règne de 1780 à 1790. C’est un homme pressé. Il est obsédé par la rationalisation : il veut tout mettre en équation, tout organiser en fonction d’un modèle étatique. Il possède pour cela beaucoup de collaborateurs. Certains d’entre eux lui diront qu’on change trop vite. Frédéric II, roi de Prusse, disait de lui qu’il voulait faire le deuxième pas avant d’avoir fini le premier. Un des ministres plénipotentiaires, Charles de Lorraine, savait que les Belges tenaient à leurs particularismes étant donné qu’ils viennent d’une union personnelle. Joseph II est venu (depuis Philippe II çà n’était plus arrivé) dans les Pays-Bas. Il a refusé les grands fastes pour sa venue et a pensé qu’il avait compris les Pays-Bas. Il a dit que les Belges n’avaient pas l’esprit éclairé et que c’était des buveurs de bière. Ses réformes ont commencé très vite et ne sont pas limitées aux Pays-Bas. Il s’est attaqué aux privilèges des aristocrates, aux corporations, au système fiscal,… Quelles sont les réformes ayant touchés les Pays-Bas ? Elles sont nombreuses et se suivent à un rythme soutenu. Dès 1781, il promulgue l’Edit de Tolérance. C’est une loi qui concède une certaine liberté de culte aux autres religions : protestants, juifs,… Les protestants obtiennent pour la première fois la permission de célébrer leur culte en privé. Ensuite on verra des mesures favorables à la liberté de la presse. Il va aussi supprimer les couvents des ordres contemplatifs. Cela entraînera la fermeture de 160 couvents en Belgique. C’est une mesure qui entre dans ses convictions : la religion doit être utile. C’est une conception utilitaire de la foi. Les biens de ces couvents sont attribués à l’Etat pour constituer un fond : la caisse de religion. Juridiquement c’est une spoliation. Mais il n’y a pas d’intentions de détruire la religion. On assiste à la laïcisation de l’état civil. Il veut également une politique d’assistance publique civile. Il va aussi toucher à des institutions fondamentales. En 1786, il supprime les séminaires épiscopaux et les remplace par le Séminaire Général de Louvain. Il veut former de bons fonctionnaires de l’état et de la religion. Il y aura aussi une partie de ce séminaire au Luxembourg pour des raisons géographiques. Les prêtres doivent servir l’état comme ils servent l’Eglise. L’université de Louvain s’opposant à Joseph II sera presque transférée à Bruxelles. Les réformes de 1787 vont faire déborder le vase. A côté de ces réformes sérieuses il y en a tout un nombre de ridicules. Par exemple il s’est mêlé de dire combien il fallait de cierges pour une chaque cérémonie. Il a aussi pris des mesures pour les confréries. Il n’aime pas leur convivialité. Il dit qu’il n’y aura plus qu’une confrérie. Or celles-ci reposaient sur des bases juridiques. Frédéric II dira qu’il passe trop son temps à faire le sacristain : Roi-Sacristain. Le sommet de la rationalité idiote se trouve dans son Edit sur les kermesses. Cela lui valut beaucoup de remarques négatives. Les gens selon lui s’amuse trop. Chaque 43 localité n’aura droit qu’à une kermesse tenue pour tous le même jour de l’année. Le problème se situe au niveau des personnes vivant de cela : forains, jongleurs,… B. La révolution brabançonne. Depuis 1787, la situation se dégrade. Les réformes de 1787 sont très mal perçues : nouveau système de tribunaux, suppression de tous les conseils collatéraux, création des intendants, redécoupage des provinces,… La révolution brabançonne se déroule par définition en 1789. Certains parlent d’une autre petite révolution en 1787 où des gens vont chercher à défendre leurs traditions,… Joseph II est un réformateur mais avant tout un souverain autoritaire. Ce n’est pas un démocrate. C’est un absolutiste éclairé. L’autorité est la sienne et pas celle des corps institués, de l’Eglise,… Joseph II a tout de même des partisans. Il y aura en 1790 dans les campagnes flamandes des mouvements contre-révolutionnaires vite réprimés. La révolution brabançonne fut un échec cinglant car on ne trouva pas de bases communes. Au début de 1787, les mouvements d’humeurs se concrétisent. 1er janvier 1787 : Promulgation des édits sur les conseils et tribunaux. 29 janvier 1787 : Protestation des Etats de Brabant (poids certain). 19 avril 1787 : Les Etats de Brabant refusent de voter les impôts. 20 avril 1787 : Le Conseil de Brabant refuse de fournir des magistrats pour les nouveaux tribunaux. 28 août 1787 : Confirmation du refus de voter l’impôt par les Etats de Brabant. C’est un type d’opposition tout à fait légal. Pendant les deux années suivantes c’est une situation confuse, désagréable, chacun des camps se regardent. Les choses vont encore s’aggraver. 6 juin 1789 : Joseph II suspend l’existence du Conseil de Brabant. Il décide que le Brabant sera sous la juridiction directe du Grand Conseil de Malines. Or la Joyeuse Entrée ne le permettait. 18 juin 1789 : Il supprime la députation des Etats de Brabant. Dorénavant l’impôt sera permanent. De plus il décide de révoquer les privilèges et casse la Joyeuse Entrée. Or celle-ci contient une clause de résistance des sujets. 24 octobre 1789 : « Manifeste du peuple brabançon » (comparable à l’Acte de déchéance de Philippe II). 17 novembre 1789 : Les gouverneurs quittent Bruxelles. 30 novembre 1789 : Déclaration d’indépendance. Après le Brabant, c’est le Hainaut qui a été le plus actif. Le Luxembourg n’y participe pas mais bien la Flandre. 11 janvier 1790 : Signature de création d’un état nouveau : Etats Belgique Unis. Le mot Belgique est toujours un adjectif. La traduction flamande est différente : Verenigde Nederlandse Staten. On ne voit pas le concept belge car le mot Belgique n’avait pas de correspondant courant en Flandre. La Belgique devient une république. C’est un véritable fiasco, on manque de structures et d’originalité. Les belges ont voulu faire du nouveau avec de l’ancien. Au sommet des structures il y a le Congrès (en fait ce sont les Etats Généraux rétablis) qui ne prendra pas beaucoup de décisions car les points de vue sont trop différents. Ils sont issus de courants différents. Il y a deux grandes tendances : les statistes et les Vonckistes. 44 1. Les statistes sont conservateurs et sont prédominants. 2. En référence à l’avocat J-F Vonck, ils sont souvent définis comme démocrates. Ce sont plutôt ceux qui voulaient plus de réformes. Ils regardent vers la France et Paris. Ils y a des affrontements entre les deux mouvements. Pourtant on avait déjà formé une armée de patriotes qui avait repoussé les autrichiens qui ne tarderont pas à revenir. Le thème central du nouvel état est la patrie. On a chassé un souverain étranger. On considère la Joyeuse Entrée comme un privilège national. Il y a extension de certains textes aux autres provinces. Ce système confédéral reste très lâche, et est dépourvu d’idées nouvelles. Un acte du 11 janvier 1790 parle d’union et de confédération. Mais très vite la pagaille s’installe. Des novembre 1790, les Autrichiens reprennent possession des Pays-Bas. Le traité de la Haye du 10 décembre 1790 ramène les provinces belges sous la coupe des Habsbourg d’Autriche en échange d’une promesse ferme de maintien des privilèges. Joseph II est mort. Son frère Léopold II lui succède, il est plus prudent. La situation est plus modérée. Juridiquement la restauration date du mois de décembre. Les édits de Joseph II sont levés. Léopold II prend des engagements vis-à-vis des autres puissances : la Belgique ne doit pas devenir une terre de révolution. La Révolution Française va nous atteindre. En novembre 1792, les français envahissent la Belgique. Une bataille suffit : c’est celle de Jemappes. Les français se présentent comme les libérateurs des belges. Les troupes autrichiennes sont repoussées au Luxembourg. Le gouvernement français est mis en place. Il est impopulaire à cause des réquisitions, un traité d’annexion est prévu. Danton vient à Mons prêcher la parole de la Révolution. Dès mars 1793, il y a une seconde restauration autrichienne consécutive à la bataille de Neerwinden. Cette restauration était souhaitée car c’était moins confus. Léopold II ne pratique pas la répression et les institutions sont rétablies. A l’été 1794, c’est la seconde conquête française avec la bataille de Fleurus au moins de juin. Il leur faudra un an pour avoir aussi le Luxembourg. La seconde restauration nous a évité le régime français de la Terreur. Les français ont changé quand ils reviennent. C’est la fin de l’Ancien Régime il n’y aura pas d’autre restauration. La Belgique vit un an d’occupation militaire. Le 1er octobre 1795 un décret annexe la Belgique à la République Française. Nous devenons français. C. La révolution liégeoise. C’est une révolution contre le prince-évêque. C’est le même parcours qu’en Brabant. A partir du 1er octobre 1795, Liège et la Belgique commence à avoir une histoire commune. Ce parallélisme chronologique n’entraîne pas un parallélisme politique. Liège s’exprime directement à la France. Les deux restaurations du prince-évêque entraîneront une répression beaucoup plus sévère. 45 Troisième partie : La Belgique Contemporaine. 1ère section – Annexion, ‘amalgame’, indépendance. Chapitre 1 – Le régime français : institutions et société (1795 – 1815) A. Institutions. A l’été 1794, c’est la seconde conquête française. Le 1er octobre 1795, un décret d’annexion est fait. Ce n’est plus seulement une occupation. Notre histoire se mêle à l’histoire de France (Période républicaine, Directoire de 1795 à 1799, Consulat de 1799 à 1804, Empire à partir de 1804) En octobre 1797, un traité de l’empereur François II reconnaît l’annexion et par là la perte des Pays-Bas. Quels sont les apports durables du régime français ? 1. Création des provinces et des communes : à l’époque çà s’appelait des départements qui portaient souvent des noms de rivières. Les communes sont un fait nouveau appelons les communautés. Dans l’Ancien Régime elles pouvaient correspondre à des paroisses, seigneuries, beaucoup d’enclaves. Le régime français rationalise. Chaque communauté locale a le statut de commune. Cela devient un statut juridique au regard du droit administratif. 2. L’œuvre de codification est apportée par Napoléon sous l’Empire. Les codes sont élaborés et promulgués très vite (1804-1810). Il y a deux grands principes de base : a. Un même droit pour tous les citoyens pour éviter les complications juridiques des privilèges. b. Le législateur est constitué d’assemblée délibératives. Il n’y a pas diversité des sources du droit. Le droit s’exprime à travers les codes (5) : chronologiquement : Code Civil (Napoléon), Code de procédure civile, Code de commerce, Code pénal , Code d’instruction criminelle. Certains sont encore assez largement utilisés aujourd’hui, les principes fondamentaux ont été gardés (par exemple pour le Code Civil). Napoléon et ses collaborateurs avaient su tenir compte d’un héritage du passé. La Révolution Française prétendait faire table rase du passé. On note tout de même une continuité. Dans les codes, il y a beaucoup d’héritages venant des rois de France. Par exemple le Code de commerce est inspiré des ordonnances de Louis XIV et de Colbert. Concordat : par définition c’est un arrangement entre autorité laïque et autorité ecclésiastique. En 1795 jusqu’en 1801, les rapports entre les deux pôles sont très mauvais. Le régime français est anti-clérical. De plus le pouvoir français est anti-religieux. Cela entraînera des heurts violents et sanglants. Le Directoire prend des mesures religieuses : défense des manifestations du culte hors de l’Eglise. L’Etat civil va être laïcisé (Joseph II l’avait fait momentanément). L’aide sociale devient l’affaire des autorités laïques. Pour ce qui est de l’enseignement, on supprime l’université de Louvain en 1797, et Napoléon mettra une université impériale à Bruxelles. 46 Ce n’est qu’en 1817, qu’une université d’état ne reviendra à Louvain. Elle ne reviendra libre (de confession catholique) que lors de notre indépendance. Les congrégations religieuses sont abolies (Joseph II n’avait supprimé que les ordres contemplatifs). Leurs biens sont nationalisés (Joseph II les avait réorientés). La République va autoriser le divorce qui était interdit jusque là sauf chez les protestants. La dîme ecclésiastique est supprimée. La mesure la plus inacceptable contraint le clergé à prêter serment à la République. Or aux yeux de la République la république est un régime criminel coupable de régicide. Cette mesure contient un discours de haine vis-à-vis de la royauté. Les prêtres qui refusent sont pourchassés. Peu acceptent, ceux-ci seront impopulaires. Il y aura des exils, des mises à mort, des emprisonnements. A Liège il y avait beaucoup de prêtres assermentés. Les autres prêtres sont appelés réfractaires. Dès 1797, l’épiscopat est aboli pour une période de 5 ans. Il n’y aura plus d’évêques pendant cette période. Napoléon ramènera un peu d’ordre dans tout cela. Il dit qu’il doit avoir bon ménage entre laïques et religieux. En juillet 1801, c’est le concordat entre Napoléon et la Pape. C’est une ère nouvelle de relations entre l’état et l’Eglise. Le concordat comporte : 1. Rétablissement d’un culte public, libre et soumis à la réglementation de l’Etat. 2. Eglise reconnaît la République et inversement. 3. Les membres du clergé prêteront un serment aménagé. 4. La hiérarchie ecclésiastique est rétablie dès 1802 (Anvers et Ypres sont quand même supprimé). 5. Les évêques seront nommés par le Premier Consul (Napoléon). C’est une désignation et pas une consécration. La personne désignée doit être consacrée par l’autorité religieuse. Qu’advient-il des biens nationaux ? Beaucoup ont été vendus. Ceux qui n’ont pas été vendus sont restitués. En compensation des biens vendus, l’Etat va rétribuer les officiers du culte. Il n’y a plus de religion officielle mais le catholicisme romain est dominant. Il n’y a pas encore d’égalité des cultes. B. Bilan économique et militaire. La Belgique est intégrée dans un très vaste marché national. Cela sera bénéfique. Le potentiel belge est valorisé. La Révolution Industrielle va s’intensifier. Chapitre II : Le royaume des Pays-Bas (1815-1830) Moins d’études de fond ont été faites sur cette période. Elle est paradoxalement peu connue. Le passage du régime français au régime hollandais se fait en deux temps. Premièrement avec la première défaite de Napoléon en 1814 et ensuite avec la seconde de celui-ci en 1815. A la fin du mois de mai 1814, le traité de Paris rétablit les anciens Pays-Bas dans les frontières antérieures à la conquête française. En juillet 1814, les Alliés désignent comme gouverneur général des Anciens Pays-Bas : Guillaume d’Orange, descendant du Taciturne. Il est revenu à la libération du régime français après un exil en Allemagne. Il était déjà un prince souverain en Hollande (plus une 47 république). Il est désigné gouverneur général de la Belgique. Les deux régions possèdent des statuts différents. C’est un régime transitoire. En 1815, c’est le Congrès de Vienne. Les Alliés (Angleterre, Prusse et Russie) se retrouvent. L’Angleterre jouera un grand rôle pour la destinée de la Belgique. L’empereur d’Autriche n’est plus intéressé par la Belgique. Les Anglais veulent la constitution d’un bloc territorial composé de la Belgique et de la Hollande. Celui-ci servirait de mur de protection contre la France. En mars 1815, Napoléon débarque et remonte vers Paris. C’est la campagne des 100 jours (mars, avril, mai). C’est la fin à Waterloo au mois de juin. Le Congrès de Vienne travaille pendant les 100 jours. Guillaume d’Orange ne perd pas son temps. Il décide en mars 1815 de s’autoproclamer roi. Il n’attend pas la fin du Congrès de Vienne qui entérine sa décision. Guillaume Ier, après Waterloo, possède une situation solide. C’est à ce moment que se dessine le Grand Duché de Luxembourg. C’est un cadeau fait à Guillaume d’Orange et cela devient une région personnelle. Guillaume gouverne le tout simultanément mais les statuts sont différents. C’est par un pacte de famille que le Grand Duché de Luxembourg sera autonome au XIXe siècle. Texte de juillet 1814 : l’acte des 8 articles définissait l’avenir pour les Anciens Pays-Bas. On parle de réunion intime et complète : un état, deux pays. Ce n’est pas une union personnelle. Cà marque la fin de l’Ancien Régime. On parle d’amalgame. Ce n’est pas un terme de sciences humaines, politiques, cela désigne la fusion de plusieurs parties en un tout. C’est un amalgame politique et aussi économique. A. Forces politiques et institutions. C’est une période fort peu correctement étudiée. Elle est souvent jugée de façon négative. Pour comprendre l’échec du royaume des Pays-Bas, il faut comprendre Guillaume Ier. Il est issu d’une grande famille princière les Orange-Nassau (depuis le XVIe siècle). Il s’est exilé durant le régime français. Il a reçu une petite principauté allemande, Fulda, à diriger. C’est un terrain d’expérience où il a appris son futur métier de roi. C’est un calviniste et sera un des derniers absolutistes éclairé. C’est une survivance du XVIIIe siècle. Il définit son pouvoir comme celui d’un père : landvader. C’est un mot très XVIIIe siècle (le despote représente le pouvoir du père). Il dira de ses sujets se soulevant qu’ils sont de mauvais enfants. On observe l’image patriarcale. Son inspiration vient de Prusse. Son père étant hollandais et sa mère une princesse prussienne. Son beau-frère est le roi de Prusse, il se définit également comme pape du pays : landspope. S’attribuant le contrôle des cultes (calvinisme dominant en Hollande et catholicisme dominant en Belgique) et se disant pape il mécontente tout le monde. Le calvinisme réfutant toute hiérarchie et les catholiques disant avoir un seul pape à Rome. Les dés sont pipés dès le départ. Il existe des débats autour de la Constitution : Loi fondamentale du Royaume des Pays-Bas (grondwet). Ce texte date de 1814-1815 fut imaginé en Hollande par et pour des Hollandais en 1814. En 1815 quand l’amalgame est consommé la Loi fondamentale est appliquée à la Belgique. Mais les belges ne l’ont pas conçues. Comment l’a-t-on adoptée ? Guillaume Ier a dit à ses aides de désigner des notables invités à se prononcer au nom de tous les belges sur le texte. Il pensait qu’ils allaient être pour. La consultation s’est traduite par un refus mais aussi par beaucoup d’abstentions car elle était présentée 48 comme à prendre ou à laisser. Les notables catholiques refusaient le fait que Guillaume Ier soit chef des cultes et de l’enseignement. On parle alors d’arithmétique hollandaise : il manipulèrent les chiffres. Pour eux, une abstention valait une approbation. De plus les refus motivés par des critères idéologiques et religieux sont annulés. Ca commence mal. Certains étaient plus égaux que d’autres. Le poids hollandais est plus important que le poids belge. Or à l’époque il y avait plus de belges que de hollandais, cette différence est non reproduite dans les institutions (Belgique : 6 millions ; Hollande : 3,5 millions). La Loi fondamentale contient une nouveauté : c’est la séparation des pouvoirs. Pour ce qui est du judiciaire c’est comparable avec le régime français. Pour ce qui est du législatif on est face à deux assemblées, un bicaméralisme fort imprégné de l’Ancien Régime. Le Parlement est appelé les Etats Généraux (Staten Generalen) Vision très anglaise : Chambre Haute Chambre Basse (nobiliaire) désignés par le roi et nommés à vie. (élue) 3 sections : ordres Noblesse Villes Campagnes Ils sont élus au second degré. Les membres des Etats généraux sont élus par les membres des états Provinciaux (comme pendant l’Ancien Régime). La population élit ses représentants au niveau provincial. Les Etats généraux sont très traditionnels : on voit un très grand poids de l’élite. Ce n’est pas une assemblée populaire. C’est un royaume de notables. La seconde chambre contient 110 députés : 55 belges et 55 hollandais. Les Etats Généraux siègent 6 mois à La Haye et 6 mois à Bruxelles. Il n’y a pas d’égalité représentative. Pour ce qui est de l’exécutif, il est fort et est incarné par le roi. Guillaume Ier nomme et démet les ministres. Ceux-ci sont irresponsables. Il n’ont une responsabilité que devant le roi. Les chambres n’ont aucun pouvoir de contrainte sur le gouvernement. Le roi intervient dans le législatif, beaucoup de lois sont de son initiative. Il se réserve les secteurs sensibles. Le clergé est exclu de la représentation politique. Pour l’enseignement, Guillaume Ier a une politique très dirigiste. On avait partiellement laïcisé sous Marie-Thérèse. Mais encore beaucoup de collège sont religieux, Guillaume Ier s’y attaque. La réussite de la Révolution de 1830 se justifiera par la connexion d’oppositions à Guillaume Ier. 49 B. Economie et enseignement. La croissance économique reste bénéfique. On observe des gains considérables. Les Provinces Unies étaient de vraies puissances coloniales. Les hollandais avaient un « empire » commercial. Cela compense la fermeture du marché français. Après 1830, pendant un certain temps il y a eu l’Orangisme (gens des affaires), nostalgique de l’époque hollandaise. Quelles sont les caractéristiques principales de l’apport économique hollandais ? 1. Développement d’infrastructures, des voies de communications (surtout par eau). On creuse des canaux et on aménage les rivières pour les rendre navigables. On canalise la Sambre et on creuse le canal Bruxelles-Charleroi. 2. Dans la poursuite de la Révolution Industrielle, on assiste à une période de mécanisation de l’industrie. Surtout dans l’industrie textile qui se diversifie. On traite le lin mais aussi le coton (importé dès le XVIIIe siècle). 3. Moyens financiers : c’est une période capitale. Ils sont stimulés par Guillaume Ier. On crée en 1822 le Fond national de l’Industrie et en 1823 on crée la première grande banque d’investissements : la Société Générale (pour favoriser l’industrie nationale). La garantie aux investissements est faite par les domaines de la couronne. On crée également la Banque de Bruxelles. 4. Définition de grands pôles d’activités. Il y en a trois principaux : Gand, centre industriel ; Anvers, centre commercial ; Bruxelles, centre financier. C’est une période de concentration. Un autre aspect de la politique de Guillaume Ier réside dans sa politique linguistique, de l’enseignement et des cultes. Il va favoriser le développement du néerlandais au dépens du français. Ce n’est pas par volonté de domination culturelle. L’unité linguistique, selon lui, est un atout. C’est pourquoi le néerlandais doit dominer. Beaucoup de gens sont mécontents même chez les flamands car leur noblesse parle français et les petites gens parlent des dialectes. Il faut apprendre le néerlandais aux sujets. Il envoie des ‘missionnaires’ instituteurs hollandais dans les écoles francophones. Les jeunes doués sont invités à devenir instituteurs mais les écoles normales ne se trouvent que dans le nord. Une école normale sera fondée à Liège mais elle sera sous régime linguistique néerlandais. Cela mécontente l’Eglise. Guillaume Ier attaque les positions des congrégations religieuses afin d’avoir un monopole public d’enseignement. Les établissements se multiplient. On améliore l’enseignement primaire qui laissait à désirer. Il faudra un diplôme pour pouvoir y enseigner. Les lycées deviennent des athénées. Guillaume Ier dote la Belgique d’un enseignement universitaire sans précédant. En 1817 trois universités d’état sont implantées : Louvain, Gand et Liège. Louvain ne deviendra libre qu’après la Révolution. Le problème est que Guillaume Ier heurte de front les positions religieuses (comme Joseph II). Il crée un établissement appelé Collège Philosophique pour remplacer les séminaires. A partir de 1827, les oppositions prennent une allure de revendication systématique. Les pétitions se multiplient pour la liberté de presse, d’enseignement, d’emploi des langues, contre l’absence de responsabilité ministérielle, contre la suppression du jury des Cours d’Assises. Ces pétitions n’émanent pas des mêmes milieux. La révolution de 1830 connectent toutes les oppositions. 50 Chapitre III : La révolution de 1830. La révolution est spécifique et intégrée dans un ensemble. En Europe, en 1830, on assiste à une vague de révolutions. On voit les effets du Congrès de Vienne qui n’avait pas tenu compte des aspirations. Il y a la révolution polonaise contre la domination tsariste russe. En 1830, en Belgique c’est la faillite de l’amalgame. En septembre, on propose à Guillaume Ier une formule : une espèce de fédération, une union personnelle entre les deux états. Mais il refuse. La révolution est en marche depuis quelques temps. A. Gouvernement provisoire (septembre 1830) et régence (février 1831). Après l’échec de conciliation le 26 septembre le gouvernement provisoire se constitue. Le 4 octobre, un décret est promulgué déclarant l’indépendance. La tâche principale du gouvernement provisoire est de mettre sur pied une constitution. Une assemblée constituante doit être élue pour la rédiger. On dira que certains troubles avaient un caractère social. Ces revendications sociales visent la mécanisation et ses effets néfastes (moins d’emploi, baisse des salaires,…) mais elles n’aboutiront pas. Le gouvernement provisoire reste en place jusqu’en février 1831. Il organise les élections du Congrès national (assemblée constituante) élaborée sur la base du principe de la représentation directe. C’est le suffrage censitaire qui est adopté. Le cens est le niveau de l’impôt direct sur les revenus. De plus il faut être adulte et de sexe masculin. Il siège 200 députés au Congrès national dès le mois de novembre. Dès février 1831, la Constitution est prête et peut être votée. Elle sera votée le 7 juillet 1831. Le Congrès national siège encore mais n’est plus constituant. Il doit préparer des lois. Il reste en place jusqu’en septembre 1831 pour ensuite laisser la place au Parlement. Le gouvernement provisoire se retire pour céder la place à un régent et à un gouvernement.. On n’a pas encore choisi la forme qu’adoptera l’Etat. En juillet 1831, le roi prête serment. Le régent était le Baron Erasme Surlet de Chokier. La révolution a réussi parce que les autres pays l’ont reconnue. Guillaume Ier la reconnaîtra seulement en 1839 et renoncera alors à toute prétention sur ce territoire. 2ème section – Les structures de l’Etat belge. Chapitre IV : La Constitution belge du 7 février 1831 : un équilibre admiré En annexe au plan du cours se trouve des extraits de la dernière révision de la Constitution en 1994. Elle a été votée en 1831 par le Congrès national. Elle passe pour un exemple en Europe. Il est alors nécessaire de trouver un chef d’état après le choix du régime. La république a très vite été écartée. En novembre 1830, la Conférence diplomatique de Londres a reconnu la Belgique. 51 En novembre 1831, on rédige le traité des 24 articles. Il impose une condition : la Neutralité. La Grande–Bretagne, la France, la Prusse, l’Autriche et la Russie reconnaissent cette indépendance. C’est un échec cinglant pour Guillaume Ier. Il ne faut pas hérisser les puissances. On choisit donc une monarchie de type constitutionnelle. Sur les 200 députés du Congrès National, 174 sont pour et 13 sont absents. Il faut chercher le premier roi des belges. Il y aura plusieurs candidatures. Comme par exemple celle d’un prince français et de l’archiduc Charles d’Autriche qui fut le dernier gouverneur général de nos provinces. Finalement le choix se porte sur Léopold de Saxe Cobourg–Gotha. C’est un prince obscur mais c’est un choix opportun. Il est en effet lié aux puissances en étant veuf de l’héritière de Grande–Bretagne. Il est très bien vu par les anglais ainsi que par l’Autriche, la Prusse et la Russie car il avait combattu Napoléon. Son seul inconvénient est qu’il est luthérien. Il est pragmatique et a bonne réputation. Il est inauguré à Bruxelles le 21 juillet 1831. Le régent et son gouvernement sont alors démissionnaires. Le Congrès National laisse la place au Parlement. A l’été 1831, on assiste à des élections pour les deux chambres. Des gens sont portés à croire que la Révolution n’a pas été assez loin (minorité tout de même). La Constitution est un compromis entre les différentes tendances. On observe une particularité : c’est l’orangisme. Ce courant est presque un parti qui est nostalgique du régime hollandais. Il est assez présent dans les villes de Gand et d’Anvers. Ils y auront un poids notamment dans les autorités communales. Le Congrès National compte 20 orangistes sur 200 membres. En 1839, quand Guillaume Ier se soumet au traité, ce courant n’a plus de raison d’être. On entérine aussi la perte du Limbourg hollandais comprenant entre autres la ville de Maastricht. A. Contexte et sources. On peut donner 3 qualificatifs à notre constitution : 1. Unitaire 2. Bourgeoise (au sens où elle n’est pas de type populaire) 3. Libérale (au sens où elle est garante de libertés) L’Etat unitaire est une nouveauté (on a longtemps connu l’union personnelle). La centralisation l’emporte sur les particularismes d’Ancien Régime (C’est comparable à ce qui s’est passé sous le régime français). Le centralisme est choisi plutôt que le particularisme. Quelles sont les sources de la Constitution belge ? On dit souvent qu’elle a suivi un modèle anglais. John Gilisen, professeur de l’ULB, a analysé la Constitution. Il a pris les articles en leur donnant la valeur d’une unité. Et il en a déduit des proportions. 40 % de la Constitution belge viennent de la Loi Fondamentale de 1814–1815. 35 % de la Constitution belge viennent de la Constitution française de 1830 (restauration de Louis Philippe Ier, déjà là on reprend des éléments de 1814). 10 % de la Constitution belge viennent de la Constitution française de 1791 (Sous Louis XVI avec la fin de la monarchie absolue). 5 % de la Constitution belge viennent de la du droit anglais. 10 % de la Constitution belge consiste en son originalité. 52 Ce qui a fait la qualité de celle–ci c’est qu’elle a fait une bonne synthèse de tous ces éléments. En quoi consiste son originalité ? En trois choses : 1. Election directe des sénateurs (malgré quelques conditions pour être élu : par ex. l’âge) 2. Rapports entre Eglise et Etat. En 1831 il y a des rapports entre les cultes, les églises et l’Etat. Il y a extension progressive des dispositions de 1831. C’est une situation très favorable. L’Etat rétribue les ministres des cultes. Cà a été considéré comme une compensation après le régime français anti–clérical. 3. Liberté d’enseignement. N’importe qui moyennant certaines conditions peut ouvrir une école. Il y a cohabitation entre les réseaux d’enseignement : public / libre. B. Principes. Il y a quatre grands principes : 1. Souveraineté de la nation. 2. Régime parlementaire. 3. Responsabilité ministérielle. 4. Egalité et libertés des citoyens. Le premier n’est pas la souveraineté du peuple. Le roi n’est pas le souverain juridiquement parlant. Art. 33 : Tous les pouvoirs émanent de la nation… Le second n’est pas une nouveauté mais avant il y avait des restrictions. Maintenant on est face à des élections directes. Le citoyen est électeur. Le troisième est un point essentiel. C’est la grande différence par rapport au régime hollandais. Le dernier concerne les grandes libertés individuelles et sociales. Auxquelles on peut ajouter l’égalité des citoyens. Art. 10 : aucune distinction d’ordres. Cette notion caractérisait la société d’Ancien Régime. Art. 24 : Liberté d’enseignement qui devient libre (sous certaines conditions), entraînant aussi la liberté de choix du type d’enseignement. L’enseignement devient neutre (art. formulé plus tard). C. Les trois pouvoirs. Ce point est réglé par tout un titre de la constitution. Ce qui concerne plus ou moins 130 articles. L’idée de séparation des pouvoirs apparaît : législatif, exécutif et judiciaire. Mais ces trois pouvoirs ne s’ignorent pas pour autant. La séparation totale a été testée sous le Directoire. Ce fut un échec. Ici dans le cas de la Belgique il faut comprendre séparation comme autonomie. Le prince d’Ancien Régime fait les règles, les exécute et est aussi le juge. Il cumule les trois fonctions. Une seule exception existe : l’Angleterre de la fin du XVIIe siècle. 53 En Belgique il y a des passerelles et des contrôles. 1°. Pouvoir législatif : Celui–ci est composé de trois branches : le Roi, la Chambre des Représentants et le Sénat. Tous les trois ont le droit d’initiative. Aujourd’hui on imagine moins le Roi déposer un projet de loi. On assiste à un bicaméralisme. Le 21 juillet 1831, le Roi prête serment à la Constitution et reconnaît l’art. 33 qui dit que les pouvoirs émanent de la nation. L’originalité pour le Sénat est que ses membres sont élus directement. Des limites existent dans les conditions d’éligibilité : en 1831, il faut avoir 40 ans et posséder la fortune (Cens). Pour la Chambre il faut être âgé de 25 ans. Le cens est l’impôt sur les revenus. Il faut être aisé pour être sénateur. Le Sénat doit avoir un rôle modérateur, des gens modérés et aisés ne chercheront pas dans la politique un moyen de s’enrichir. En 1831, il y a 51 sénateurs pour 102 députés. Remarque : –. l’art.42 : chaque parlementaire représente la nation toute entière et pas seulement ceux qui les ont élus. C’est une rupture avec l’Ancien Régime où on représentait à la fois son ordre et sa région. –. La constitution ne permet pas de référendum et de consultation populaire. Le référendum lie le pouvoir. La consultation populaire n’est qu’un avis. Léopold II voulait introduire ces pratiques. Il échouera en 1883 et en 1921. Une seule exception fut faite lors de la Question Royale, on effectua une consultation populaire sur le retour du roi Léopold III. –. Roi : Baudouin avait le droit de se mêler de l’histoire de l’avortement. 2°. Pouvoir exécutif : Le Roi (art.37), par la sanction et par la promulgation, il rend possible l’exécution d’une loi. La sanction signifie marquer son accord, approuver. Cela se traduit par une signature. Ce n’est pas que l’approbation. La promulgation signifie que le roi notifie l’applicabilité de la loi. Avec nos deux premiers rois, l’automaticité n’allait pas de soi. Mais le roi ne peut pas agir seul. L’exécutif c’est le roi et le gouvernement. Les ministres sont nommés par le roi. Ce n’est plus tellement comme çà aujourd’hui car ils sont nommés par les chefs de partis. Le Roi nomme et démet les ministres. Les ministres sont aussi responsables devant la Chambre (avant c’était devant les deux chambres). Elle procède à un vote de confiance et peut faire tomber le gouvernement en ne votant pas le budget. Aujourd’hui certains voudraient que le roi ne fasse plus que de la promulgation. 3°. Pouvoir judiciaire : Cela joue dans la séparation des pouvoirs. Les juges sont nommés par le roi. On trouve peu de choses dans la constitution sur les cours et tribunaux. Tout se trouve dans le Code judiciaire. Le pouvoir judiciaire applique les lois et sanctionne le non–respect des lois. Nous n’avons qu’un seul système de tribunaux : avec en haut la Cour de Cassation et en bas les Justices de Paix. Un cas spécial existe : la Cour d’Assises. C’est un héritage de l’époque française. Joseph II avait tenté une réforme du système judiciaire. 54 Il n’y a pas un seul niveau de pouvoir mais bien 3 : Etat, provinces, communes. Par la suite on a ajouté les communautés et les régions. L’Etat est très englobant. Les provinces et communes sont subordonnées à l’état mais gardent un espace d’autonomie. Il y a des assemblées consultatives : Conseil provincial et communal et respectivement Députation permanente et Collège des bourgmestres et échevins. A cela il faut ajouté la publicité des séances des conseils et des budgets et des comptes. Les provinces et les communes doivent être des états en réduction. Il doit y avoir une uniformité des statuts. C’est la différence avec l’Ancien Régime où on était face à une diversité de statuts. Les provinces et communes sont respectivement organisées par la loi provinciale du 30 avril 1836 et la loi communale du 30 mars 1836. Chapitre V : Les révisions constitutionnelles de 1893 à 1988. Elles ne furent pas nombreuses dans notre histoire. Elles apparaissent en deux blocs : . 1893–1918 . 1970– … Le second bloc est une série en rapport avec le processus de fédéralisation. Une révision constitutionnelle c’est toucher au texte fondamental d’un état. 1. Le pouvoir législatif (chambres et roi) doit désigner des articles qui pourraient être soumis à une modification. C’est une liste non contraignante. 2. Les chambres sont dissoutes à la fin de la législature. On procède alors à l’élection de chambres dites constituantes. 3. La révision constitutionnelle est alors possible mais pas obligatoire. Mais il n’est pas possible de réviser un article non pré–désigné. Il faut pour une révision une majorité spéciale (2/3). A. Autour du suffrage universel. Les deux premières révisions constitutionnelles visaient l’article 47 (aujourd’hui 61, droit de suffrage et 62, mode de scrutin) qui concernait le droit de vote. Les années 1893 et 1921 sont les années finales d’un processus. Elles portent sur l’article 47. En 1831, c’est le suffrage censitaire qui est d’application. Le cens, c’était prévu, pourrait être diminué sans révision constitutionnelle. Cela a été fait en 1848 par une simple loi. Le cens était quatre fois moins important dans le Luxembourg qu’à Bruxelles. En 1848, on uniformise tout cela. En 1892–1893, on a adopté le suffrage universel tempéré par le vote plural (à tous les niveaux). Universel implique tout de même d’être masculin et avoir un âge minimum. Certains citoyens possèdent plusieurs voix. Qui ? 3 catégories de citoyens : –. Père de famille âgé de 35 ans au moins (une voix en plus). –. Citoyen propriétaire d’un immeuble ou d’une rente immobilière (une voix en plus) –. Le capacitaire (diplôme de l’enseignement secondaire) (deux voix en plus). On ne peut que cumuler au maximum que 3 voix. C’est le fruit d’un équilibre politique et social. Le premier type est d’influence catholique et le second d’influence bourgeoise et 55 libérale. Cela gonfle le corps électoral. Celui–ci a décuplé. On passe de 136.000 électeurs à 1.370.000 pour un total de 2.110.000 voix. Après la Première Guerre Mondiale on accomplit une nouvelle révision accordant le suffrage universel à tout citoyen masculin âgé de 21 ans. Celui–ci dispose d’une et une seule voix. E n 1919, une simple loi donne le suffrage universel. La révision constitutionnelle ne sera faite qu’après en 1921. C’est une ouverture nouvelle. Mais qu’en est–il des femmes ? Le droit de vote est accordé à certaines femmes après la guerre : –. Actes de bravoure,… –. Veuves ou mères de guerre. Les femmes deviennent éligibles sans être électrices. On prévoit qu’une simple loi (majorité spéciale) pourra leur accorder le droit de vote. Cela se produira en 1948. Le PS revendique que c’est grâce à eux. C’est faux. Il y avait des gens pour dans tous les partis. Le PS, pourtant, considérait les femmes comme des êtres influençables (surtout par les curés). B. Des structures nouvelles. D’autres points ont été abordés : En 1893 : on crée un nouveau type de sénateurs, les sénateurs provinciaux. Ce sont des élus indirects élus par les conseils provinciaux. C’est une élection au second degré. La raison est la revalorisation des provinces dabs un état très centralisé. En 1918, on a créé les sénateurs cooptés. Ils sont choisis par les sénateurs élus directs et les conseils provinciaux. C’est fait pour permettre à des personnalités d’aller siéger dans le Sénat. Ce système a été souvent détourné. C’est un vice du système. Aujourd’hui nous avons des sénateurs de communautés. En 1892–1893, l’obligation de vote a été introduite. C’est une chose rare encore aujourd’hui. A la mi–XIXe siècle, il y avait plus de 60% d’abstentions. On a aussi fait le passage du scrutin majoritaire à un scrutin proportionnel (en application que par une loi de 1899). Dans l’ancien système la liste en tête dans un arrondissement raflait tous les sièges. Cela aura une grande répercussion sur la carte politique. On assiste à la diversification du terrain politique. C. Des transferts de compétences. Le grand axe des dernières révisions constitutionnelles est le processus de fédéralisation de l’Etat Belge. Il faut se référer au texte. La révision de 1994 fait de la Belgique un état fédéral. L’idée était déjà dans l’air depuis quelques temps. L’article 1 dit que la Belgique est un état fédéral. C’est la date la plus importante depuis 1831. C’est un phénomène de décentralisation. L’art. 2 parle des communautés et l’art. 3 parle des régions. L’art. 4 définit la notion de région linguistique. Elle a pris corps grâce aux lois linguistiques de 1963. Cela fixe sur la carte des réalités linguistiques belges. Il y a quatre régions linguistiques : Langue Française (W), Langue Néerlandaise (F), Région Bilingue (B) et Langue Allemande (G). 56 Chaque commune du Royaume fait partie de ces régions. Les limites de ces régions linguistiques ne peuvent être changées que par une loi selon des modalités précises : majorité des 2/3 mais une autre condition est nécessaire : dans chacun des groupes linguistiques des chambres il faut une majorité de 50%. C’est une majorité surqualifiée. Pourquoi a–t–on voulu çà ? Pour ne pas que l’on prenne cela trop à la légère. L’art. 2 donne les 3 communautés : Française, Flamande et Germanophone. L’art. 3 donne les 3 régions : Wallonne, Flamande et Bruxelloise. Il est plus difficile de représenter les communautés sur une carte. La communauté germanophone reste le G. Par contre il y a des chevauchements. La communauté française compte les habitants de W et les francophones de B et la communauté flamande compte les habitants de F et les néerlandophones de B. Le concept de région a été voulu territorial (sol). Le concept de communauté a été voulu personnel (personnes). Le problème à Bruxelles se pose sous la question : A quelle communauté appartient–on ? De manière objective il faut se référer aux institutions. L’art. 5 dit que l’on n’a pas supprimé de niveau. Les communes et les provinces qui sont le fruit d’une tradition remontant au Moyen–Age. Cela permet de créer de nouvelles provinces : Brabant Flamand et Brabant Wallon. Institutions et compétences. Elles ne furent mises en place que de manière progressive. Les organes servant de décalque de ceux de l’Etat fédéral. Il y a les Conseils (législatif) et les Gouvernements (exécutif). Les membres des conseils sont élus. Avant ils étaient en même temps des mandataires nationaux. C’était le double mandat, la révision de 1994 l’arrête. Ces conseils sont aujourd’hui appelés Parlements. Pour ce qui est de l’exécutif les ministres sont responsables devant les Parlements. Les conseils communautaires et régionaux promulguent des textes. Le roi n’intervient plus à ce niveau. Ce sont des décrets. A Bruxelles, ils ont pris le nom d’ordonnances. Au nord du pays il n’y a qu’un Vlaamse Raad. C’est ce qui constitue l’asymétrie de nos institutions. En Flandre, ce n’est pas une fusion entre communautés et régions mais plutôt une intégration de la Région Flamande à la Communauté Néerlandophone. La Région lui délègue ses pouvoirs. Il y a aussi seulement un Vlaamse Regering. Cela n’a pas été fait au Sud car on ne l’a pas souhaité. Le poids des francophones est plus important que les poids des néerlandophones à Bruxelles. Quels sont leurs secteurs de compétences ? Région : sol. Acquis motivé pas les revendications du Sud. Communauté : personnes. Acquis motivé par les revendications du Nord. Les communautés s’occupent de la culture, de l’enseignement. En aussi des matières personnalisables : Aide Sociale (au sens très large) et Santé. Les régions s’occupent de l’économie, de l’emploi, de l’environnement, de l’agriculture, des travaux publics et des transports (sauf SNCB et anciennement SABENA). 57 Avant le système belge était défini par l’état, maintenant c’est plus par les communautés et régions. L’Etat, aujourd’hui c’est ce qui reste après la définition des communautés et des régions. 3ème section – Le contexte politique et communautaire. Chapitre VII : De l’unionisme à la cristallisation des partis. Il faut plutôt parler de familles politiques que de partis politiques. La Guerre 1914–1918 marque une grande coupure dans l’histoire des partis politiques. Les partis vont structurer les grandes familles politiques qui veulent réaliser une idée de la société. Ils servent à passer de l’expression des idées à leurs concrétisations. Avant 1830, il n’y a que des courants de pensée. En 1840, on assiste à l’apparition et la formation d’un premier parti. A. L’unionisme. L’unionisme se poursuit après 1830. Il est alors difficile de classer les parlementaires. L’essentiel, à l’époque, est d’assurer l’existence du pays. La majorité des chambres porte l’étiquette d’unioniste. C’est unanime au Sénat et il y a seulement quelques divergences à la Chambre des Représentants. Il y a absence de partis structurés et on observe encore des relents d’orangisme (nostalgiques des Pays–Bas). La constitution est un bel exemple d’équilibre, de consensus. Après le Traité des XXIV articles en 1839, l’orangisme disparaît. Le contexte fait apparaître des divergences. C’est une époque où l’Eglise prend des positions de plus en plus nettes vis– à–vis de la franc–maçonnerie et des ‘libertés modernes’ (primauté de l’individu sur la communauté). On observe aussi le développement de nos universités. Guillaume Ier y avait joué un grand rôle en 1817 (Gand, Louvain, Liège). Dans les années 1830 un nouveau système universitaire est créé. Une université catholique s’installe à Namur pour ensuite déménager à Louvain pour remplacer celle d’Etat. En 1834, on assiste à la fondation de l’Université Libre de Belgique (qui deviendra l’Université Libre de Bruxelles) (l’adjectif libre qualifie son système de libre pensée). B. Parti libéral. Le premier parti à se constituer est le parti libéral en 1846 lorsqu’il tient un Congrès et se dote d’un programme. C’est une formation très précoce qui fut constitué sur des bases. Quelles sont ces prémisses ? On cherche à les rattacher aux Vonckistes de la Révolution Brabançonne. Une certaine tradition se fait en effet sentir. Les catholiques seraient plutôt les Staatistes. Des associations électorales se sont constituées. Autrefois il n’y avait pas de listes électorales comme aujourd’hui. On pouvait soutenir des candidats individuellement. Les loges maçonniques sont derrière elles. Elles sont stimulées par leur condamnation par les évêques belges en 1838. 58 Doctrine du parti libéral : Anticléricalisme : ils veulent l’indépendance du pouvoir civil et veulent bouter l’Eglise hors de la vie politique. Ce n’est pas un anti–christianisme. Ils sont hostiles à l’intervention de l’Eglise dans la vie politique, aux traitements des ministres des cultes, à la personnalité juridique de certaines institutions religieuses, aux fabriques d’églises. Ils sont pour la liberté d’enseignement. Pour ce qui est de l’amélioration de la condition ouvrière présente dans leur programme, il faut savoir que le parti libéral est composé de bourgeois. Peu sont pour des ‘réformes sociales’. Certains sont pour une diminution du cens électoral. En 1848, le cens est abaissé et uniformisé. En 1847, le parti libéral fait un succès énorme aux élections. Le gouvernement devient libéral et plus unioniste. Il abaisse le cens en 1848. Ce qui renforce encore les libéraux aux élections suivantes. C’est surtout dans les villes que l’électorat augmente. En 1850, il vote une loi organique sur l’enseignement moyen, l’enseignement primaire été réglé par la loi organique de 1842. Les libéraux trouvent cette loi trop cléricale. Elle prévoit en effet des inspections ecclésiastiques de toutes les écoles et leur autonomie communale. En 1850, on est face à un nouvel environnement. La Loi de 1850 est très utile. On crée des écoles d’état secondaires et on crée des écoles moyennes (3 premières années secondaires). Elles sont différentes des athénées qui ont pour objectif la préparation à l’université. Ces écoles moyennes ont pour but de préparer d’honnêtes bourgeois et artisans. L’Etat organise ses propres écoles. En 1852 on en revient à l’unionisme. Les libéraux perdent la majorité au Sénat. De 1852 à 1857, c’est une forme d’unionisme. La première phase de cette époque reste un gouvernement libéral modéré et la seconde voit un retour au pouvoir de ministres non–libéraux qui n’ont pas encore l’étiquette de catholiques. A partir de 1857 et jusqu’en 1884 on est face à une longue phase de gouvernement libéral. Entre 1870 et 1878, c’est tout de même des catholiques sans en avoir l’étiquette. A l’époque la priorité est à l’économie. A partir de 1875 on entre dans une phase de récession économique. Une crise agricole éclate. Pendant ces années on a été face à une très grande stabilité politique que l’on ne pourrait plus observé aujourd’hui. La Banque Nationale se développe également à l’époque. Les libéraux belges sont modérés par rapport aux pouvoirs publics. L’Etat doit être un auxiliaire. L’enjeu est essentiellement économique on oublie un peu la question sociale. En 1878, les enjeux idéologiques reprennent le dessus. La guerre scolaire commence. La laïcisation de l’enseignement devient un de leur cheval de bataille. En 1879, on instaure un ministère de l’enseignement public. Pour les catholiques c’est la Loi de Malheur (1879). Cette loi oblige toute commune à disposer d’une école communale publique. Dans certaines communes la cohabitation n’est pas possible ce qui entraînera la fermeture d’écoles libres. De plus un diplôme d’instituteur d’une école normale officielle sera requis. Les programmes seront fixés par l’Etat et la religion sera mise hors programme (cours à option). Une autre loi apparaîtra en 1881 mais fera moins de bruit. Cela causera des réactions très vives dans le monde catholique (on ira jusque des menaces d’excommunications). Ce sera un dilemme pour beaucoup et cela entraînera une défaite du parti libéral car de nombreux membres opteront pour leur conscience. 59 En 1880, le gouvernement belge rompt ses relations diplomatiques avec le Vatican. Les non– libéraux vont dès lors s’unir. C. Parti catholique et socialiste. En 1884, on a la constitution d’un parti catholique. La période de domination catholique s’étendra jusqu’en 1914. La guerre scolaire (1879–1884) est une des causes de l’intervention des catholiques. Avant on les désignait facilement par non–libéraux. En 1884, ils prennent les choses en mains. Le parti libéral contient deux courants : –. Les DOCTRINAIRES : courant majoritaire, plus traditionaliste, plus conservateurs. –. Les RADICAUX : courant minoritaire, plus progressiste, plus réformiste. Ce qui les divise c’est la question du droit de suffrage. Les catholiques arrivent au pouvoir et y reste jusqu’en 1914. C’est un bel exemple de continuité. En 1894, les premières élections avec le vote plural donnent une victoire totale aux catholiques. Il n’y a plus que 10% de libéraux à la Chambre des Représentants. Heureusement le scrutin est proportionnel et cela permet aux libéraux de garder quelques sièges. Après 1894, tous les parlementaires flamands sont catholiques. En Wallonie c’est moins net car des sièges reviennent aux POB. Des libéraux vont grossir les rangs du POB. Le parti libéral devient un petit parti socialement bourgeois. Les catholiques existent sous la forme de courants déjà avant 1884. Quelles sont les prémices du Parti Catholique ? Dans les années 1860, des associations locales à caractère sociale et communautaire : ce sont les cercles catholiques et les sociétés ouvrières catholiques. Elles sont basées sur les paroisses. Les cercles sont des organisations de notables de la paroisse. Les sociétés sont des organisations de personnes issues des classes moyennes et ouvrières. En 1867–1868 respectivement on assiste à la fédéralisation des cercles et des sociétés. Ce sont les fondements du Parti Catholique. Le poids sur les campagnes de ce parti est très grand. Il essaie cependant de s’adresser à tout le monde. Le poids du clergé à l’époque était très important. Un de leur cheval de bataille est l’enseignement. Il ne cherche pas à faire ‘une société céleste’. Il y a des tensions au sein du parti. Certains sont partisans à 100% de la Constitution belge de 1831. On les appelle les catholiques libéraux. Ils acceptent les libertés modernes. Ils y aussi des catholiques plus restrictifs qui se rangent dans la ligne du Vatican (le pape Pie IX était très conservateur). Le pape publie en 1864 le ‘Syllabus’ qui condamne le libéralisme est les libertés modernes. Ce courant s’appelle les catholiques ultra–montainistes, les intransigeantistes, les intégralistes. Ils ne veulent pas séparer la croyance, la vie politique et la vie privée. Ils réclament des mesures, des réformes sociales. Ils sont l’origine de la démocratie chrétienne. En 1878, Pie IX meurt. Léon XII arrive, c’est le grand pape du catholicisme social. Il est très progressiste pour le 60 social. Mais il garde tout de même des positions traditionalistes. Les intégralistes exigeaient une révision de la Constitution pour réparer les maux causés par le passé au catholicisme. Quel est le point de départ du Parti Catholique ? Ils ont une position globale vis–à–vis de l’idéologie et du social. Ils disent que la Constitution n’est pas parfaite mais qu’elle constitue un rempart contre les dangers de l’anticléricalisme. Pour le social, il y a une révision de la Constitution sous gouvernement catholique. Le suffrage universel plural n’est pas une conquête socialiste. Le Parti Catholique savait qu’il n’y avait rien à y perdre ni à y gagner. De plus une 3ème loi organique pour l’enseignement primaire est votée. Elle accorde plus d’autonomie pour les communes, supprime l’obligation de la loi précédente et le cours de religion est rétablit comme cours obligatoire. On introduit la notion d’école adoptable. Le Parti Catholique est constitué suite à la victoire de 1884, le Parti Libéral fut constitué avant une victoire. Qu’en est–il du P.O.B. ? Les idées socialistes sont nombreuses au XIXe siècle et cela dès 1848 (R.F. de 1848). Elles émanent notamment des français. Elles ne touchent pas encore toutes les couches de la sociét. Elles sont présentes chez les Radicaux (libéraux progressistes). Ce ne sont pas des idées révolutionnaires mais plutôt du réformisme. Chez les plus radicaux c’est un communisme avant la lettre : collectivisme égalitaire. Des choses ne passent pas : hostiles à la grève qu’ils considèrent comme une source de déstabilisation. C’est différent de ce qui se passera plus tard. Les premières réformes sociales : 1866 : Droit à la coalition ouvrière. 1883 : Suppression du livret ouvrier. Ce dernier était une contrainte pour l’ouvrier car il contenait ses états de service et ses appréciations. Il ne fut pourtant pas conçu dans ce but. 1885 : Constitution du P.O.B, « il faut réformer toute la société ». Il est constitué sur base d’organisations locales. En avril c’est le premier congrès du P.O.B : celui–ci rassemble plus ou moins 60 groupes, associations disparates : à caractère syndicale, mutualiste, corporatiste. Il y aussi quelques ligues (minoritaires) : groupes politiques. 1886 : P.O.B joue un très grand rôle dans des grèves qui souvent dégénèrent en émeutes. Elles ont un objectif de protestations contre la technologie qui entraîne beaucoup de chômage. Ce n’est pas le P.O.B qui a déclenché l’événement mais ils l’ont très vite récupéré. Ils ont procédé à l’unification d’actions disparates. Ils vont se lancer dans la bataille pour le suffrage universel. Après l’adoption du suffrage plural le P.O.B va entrer à la Chambre en 1894 et seulement plus tard au Sénat. Il y aura 28 députés wallons à la Chambre des Représentants. Ils devancent les libéraux et commencent à peser sur la vie politique. Les premiers ministres socialistes n’apparaîtront qu’après 1918. On assistera parfois à des alliances communes entre libéraux et socialistes. Le seul lien possible est un aspect idéologique : l’anticléricalisme. Cela ne brisera pas l’hégémonie catholique. 61 La Première guerre mondiale causera une interruption de toute activité politique. A la fin de celle–ci, deux faits s’imposent : il n’est plus possible d’avoir une hégémonie d’un seul parti. Il faut procéder à des coalitions, d’abord à 2 et puis à plusieurs. Aujourd’hui on en arrive à des coalitions de 6 partis. Dans l’entre–deux–guerres on est face à une politique bipartite. Ce fut souvent le Parti Catholique avec le P.O.B ou parfois le P.O.B avec les Libéraux. Un gouvernement d’union nationale (pas de l’unionisme) avait été mis sur pied entre les libéraux, les catholiques et les socialistes pour assurer la reconstruction du pays. L’instauration du suffrage universel montra l’importance et la nécessité de mettre sur pied des coalitions. Une personne prend de plus en plus d’importance : le Premier Ministre qui doit être le rassembleur, le médiateur. Le développement des familles et des mondes politiques est appelé la pilarisation, de verzuiling (pilier). Il n’y a pas que les partis, il y a toute une série d’organisations qui se développent : syndicats, mutualités, écoles, mouvements de jeunesse,… Et plus tard ce sera le tour d’organisations de retraités,… Ces organisations contiennent de grands chois idéologiques. Les citoyens y sont tout le temps intégrés. La pilarisation est encore une réalité de nos jours. Elle semble être le fait de petits pays : Pays–Bas, Belgique, Autriche,… Quelle fut l’évolution des 3 partis traditionnels ? Le Parti libéral : Il n’y a pas de sursaut déterminant pendant l’entre–deux–guerres. Il n’y aura pas non plus de nouvel élan après la Seconde Guerre Mondiale. Il devient alors le 4ème parti derrière le parti communiste. En 1946, il ne représente plus que 9% de l’électorat. Pourquoi ? Ils n’ont pas procédé à une réorganisation pendant la guerre dans la clandestinité. Les autres partis ont réussi à le faire. La véritable reprise n’a lieu que dans les années 1960. En 1961, c’est le PLP–PVV (parti pour la liberté et du progrès). Il tente une ouverture qui lui réussit. Il s’ouvre au parti catholique et se veut antifédéraliste. Cela entraînera un certain nombre de ralliements. Il évoluera jusqu’au MR actuel. Le Parti Catholique : Il continue à dominer comme premier parti surtout chez les flamands. Le principe du parti : on y adhère à travers une organisation professionnelle, c’est une adhésion au second degré. On y adhère par la force des choses. Les organisations professionnelles sont appelées : Standenorganisatie. La traduction donne ordre, état. Il n’y en a pas de fidèle. On trouve l’idée de l’organisation socio–culturelle. Ex : Boerenbond, ligue des agriculteurs. Créée en 1890 c’est le type même de l’organisation structurée. En 1891, on crée la ligue démocratique belge. C’est une nouvelle mouture de la Fédération des Œuvres ouvrières. Il y a aussi une Fédération des Classes moyennes : Middenstand. Les cercles catholiques s’adressent avant tout aux notables. Il y a aussi une Nietstandsgebonden qui est le stand de sans–stand. Le parti catholique dit que les classes sont faites pour collaborer. A la sortie de la guerre 40–45 : il se nomme PSC – CVP. Il y a une volonté de décléricalisation du parti dans la 62 suite de Léon XIII, le rôle du clergé est moins marqué. Ce n’est pas pour autant une rupture avec celui–ci. Le Parti Ouvrier Belge : Il participe à un gouvernement en 1918 et au pouvoir pendant l’entre–deux– guerres. Il adopte le nom de P.S.B pendant la guerre 40–45. Il montre par là qu’il ne s’adresse pas qu’aux ouvriers. Il apparaît comme un parti réformateur et pas révolutionnaire. Il est le 2e parti politique du pays grâce au sud. Il sera le seul à être resté fidèle à sa référence initiale historique. La pilarisation a ses limites : Parti communiste et mouvement Rex. Le Parti Communiste est né en 1921 dans le contexte que l’on connaît. C’est une dissidence du P.O.B. Dès le début il sera représenté dans les assemblées parlementaires. Juste après 40–45, il sera le 3e parti belge. Son électorat est plus important que celui des libéraux dans les circonscriptions ouvrières. Depuis 1985, il n’y a plus de communistes comme représentants. Pourquoi n’a–t–il pas pris plus d’ampleur ? Car il n’a pas su se constituer en pilier. Le mouvement Rex est incarné par Léon Degrelle et apparaît dans un contexte de crise. Il est contre la corruption, la malhonnêteté qu’il gonfle dans ses discours. Il séduit un électorat désorienté, ce mouvement réfute les partis. Ce n’en est pas un. Pourquoi REX ? Cela signifie roi en latin. C’est en fait le Christ–Roi. Au départ Degrelle était à la tête de la maison d’édition du Christ–Roi (tendance catholique). Dès 1936, il possède 20 élus, ce qui représente 10% de la Chambre des Représentants. Le rexisme va s’intégrer aux fascismes européens. Mais il chute déjà en 1939. Degrelle choisit alors le camp de la collaboration. En 1936, il n’était pas candidat. En 1937, il fait démissionner un député REX de Bruxelles et ses suppléants afin de mettre une partielle sur pied pour prendre la place. Mais les trois partis présentent un candidat unique : Paul Van Zeeland. C’est une réaction foncière de la pilarisation. Des partis se référant à la langue vont se développer avec le processus de fédéralisation. Chapitre IX : Les mouvements flamand et wallon et la bipolarisation communautaire. A. Le mouvement flamand. Pour envisager les questions communautaires il faut d’abord envisager : l’éveil d’une conscience flamande, la conscience wallonne et quelques moments comme étant des événements communautaires. Pour ce qui est du mouvement flamand, on peut noter que le XVIIIe siècle avait été marqué par une culture française. La langue française avait dominé dans l’ensemble de l’Etat. C’est la langue des cours, des princes. Elle est très recherchée par la bourgeoisie. On assiste à la francisation des élites nobiliaires et de la bourgeoisie. Notre intégration dans l’état français n’a fait que renforcer cette tendance. C’est une réaction contre la politique linguistique et culturelle. On fonde un état belge bourgeois et francophone. 63 Chaque citoyen belge est libre d’utiliser la langue de son choix. Bien que dans les faits la langue officielle est le français. Que ce soit dans les chambres, tribunaux, armée, enseignement,… Cela ne signifie pas que le thiois et l’allemand soient absents. On leur reconnaît plutôt une valeur de mémoire. On ne peut pas ne faire mention que de ces seules variables. Il n’y a q’une langue au nord et au sud. Les textes officiels sont en français puis on les traduira. Il faut attendre longtemps pour avoir une équivalence juridique entre les textes français et les flamands. En 1898 on pose la loi de l’égalité. Depuis 1967, on dispose d’un texte néerlandais officiel de la constitution. La suprématie linguistique n’a fait que traduire une domination économique. Le prix Nobel de la littérature en 1911 est un pur flamand : il s’agit de Maurice Maeterlinck. D’autres auteurs bien que flamand se sont illustrés en français : Rodenbach, Verhaeren, … A la fin du XIXe siècle, des débats apparaissent dans le Nord pour savoir quelle langue adopter. Quel dialecte flamand sera adopté ? Certains pensaient au Limbourgeois mais il ressemble trop au bas-allemand. Et cette dernière est la langue de Bismarck qui persécute les jésuites. Ensuite on pensa au Brabançon mais celui-ci est surtout parlé dans les villes et il est parlé par beaucoup de francs-maçons. Les hollandais était la langue des hérétiques. On a donc pensé à l’ouest, à la langue des campagnes, des bons catholiques. Un mouvement est une prise de conscience. Il s’agit d’abord de militer pour des raisons culturelles. Entre 1840 et 1860, on assiste aux premières manifestations de ce combat culturels. Jan Frans Wilhems : c’est un philologue autodidacte. Plusieurs volumes au début des volumes de la commission royale d’histoire sont écrits en vieux flamands. Ce sont les Wilhemsfonds. Il fait entrer la culture flamande. Jan Baptist David : il était professeur à l’UCL d’histoire de Belgique, ce chanoine donnera son nom au Davidsfonds. Il s’agit de mettre en évidence la culture flamande du point de vue catholique. En 1847, un manifeste réclame une valorisation du flamand d’abord dans l’enseignement. Il ne faut pas voir ici une hostilité vis-à-vis de l’unitarisme. Les revendications culturelles sont inséparables du politique. Vers 1850, le mouvement flamand naissant prend une tournure politique. Il faut mettre cela en rapport avec l’évolution du droit de suffrage. Après 1848, en effet, il y a une plus grande expression au niveau de l’électorat et une plus grande présence d’un fonds flamand. Vers 1860, à Anvers, on assiste à la constitution du premier parti flamingand. C’est le Meetingpartij. Il s’affirme comme pluraliste et pour la promotion de la culture flamande. En 1866, il fera du flamand la langue officielle de la ville d’Anvers. Vers 1860, 1870 ils seront préparés et votés. En 1873, ce sera les premières lois linguistiques, pendant l’entre-deuxguerres ce sera les secondes et en 1960 les troisièmes. En 1960 on mettra sur carte différences linguistiques belges. En 1873, on autorise l’utilisation du flamand dans des secteurs où çà ne se faisait pas. Par exemple en matière pénale. D’autres lois ont suivis pour l’administration, l’enseignement secondaire de l’Etat. Le flamand est autorisé dans le cycle inférieur. Le flamand est utilisable mais en concurrence avec le français. Cette loi d’égalité de 1898 permet aux lois flamandes de revêtir un caractère officiel. Au seuil du 20 e siècle le 64 bilinguisme est toléré. La Première Guerre Mondiale amène un certain nombre de nouveautés, certains militants flamands redressent la tête. La Guerre de 14-18 voit se développer en Belgique l’activisme. Cela reste le fait d’une petite minorité. En 1917, il y a la constitution d’une espèce de parlement flamand qui prend le nom déjà utilisé au Moyen-Age de Raad van Vlaaderen. Mais c’est un échec et l’activisme s’éteint avec la guerre. Le Frontisme naît à l’armée, on y fait pas de politique. Dans ce front on voit des intellectuels flamands qui organisent des débats dans lesquels il y a des discours, des articles sur les revendications linguistiques (régiments séparés, donner aux ‘régions’ une autonomie administrative). Il y aura quelques désertions de frontistes et certains passeront à l’activisme mais c’est différent car le frontisme est honorable. Le Frontbeweging amène le Frontpartij. Ce sont surtout des intellectuels qui le constitue. Le mouvement flamand ne sort pas dévalorisé de la guerre et ne sera pas discrédité. Cela va précipité une certaine évolution. Il faut faire respecter et faire respecter la justice linguistique. On prépare un nouveau train de lois linguistiques. En novembre 1918 un discours du roi a lieu. Il est conscient que les flamands doivent recevoir des satisfactions raisonnables. Ce n’est pas une manière de déclencher des hostilités contre la langue et la culture française. Le deuxième train de lois vers 1920-1930 instaure un bilinguisme officiel en Belgique. Le néerlandais entre à l’université de Gand en 1930. Entre 1914 et 1918, les allemands avait créé l’université flamande de Gand mais comme elle n’avait pas été librement établie, ce fut un échec. Mais cela réapparut à l’ordre du jour en 1930. Elle possédera un régime double : 2/3 des cours en langue maternelle et l’autre 1/3 dans l’autre. Mais après ce sera totalement en néerlandais. Le moment significatif dans le développement du mouvement flamand est l’entre-deuxguerres. Des partis politiques émergent avec des idées communautaires. C’est la structuration politique avec des partis trouvant leurs origines dans le frontisme. Le premier est le VNV : Vlaams National Verbond, il est l’héritier du frontpartij. Il est fondé à la moitié des années 1930. C’est une époque où fleurissent des partis autoritaires en Europe. Le VNV entre dans cette perspective en adoptant une idéologie fascisante. Il aura jusque 20 députés. Il prône une spératisme, un régime fort mais le point le plus important est le séparatisme. Il va verser dans la collaboration pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ils entreront dans une lutte idéologique contre le marxisme et en plus en devenant antisémite. Ils cherchent l’éclatement de la Belgique. L’occupant n’était pas trop enthousiaste sur ce point-là. Le suivant est le Verdinaso, c’est un mouvement et pas un parti. Verbon Ditsch National Solidareiten. Ditsch désigne l’ancienne langue thioise, ensemble de dialectes comprenant aussi les Pays-Bas. C’est une visée grandnéerlandaise, ils parlent de grande nation néerlandaise. Ils veulent bien laisser une place aux francophones avec une certain autonomie, ils possèdent aussi des tendances fascisantes. Mais ils ne seront pas favorables à la collaboration. Le mouvement flamand fut fort impliqué dans la collaboration mais il ne faut en venir à des amalgames. La différence avec 14-18 c’est qu’en 40-45 il y a un engagement idéologique mais le nationalisme. 65 Le mouvement flamand se poursuit car il y avait des militants dans les piliers politiques, par exemple dans le parti catholique. Le mouvement flamand veut donner à la Flandre une prédominance dans l’effort de reconstruction et dans la croissance économique. Il fut récupéré par les familles politiques, par exemple par le CVP. En 1954, on voit le premier député d’un nouveau parti : la Volksunie (au départ Christelijke Vlaamse Volksunie). Il fera une percée pendant les années 1960 (pendant le dernier grand train de lois linguistiques). Il aura plus ou moins 20 députés. Il connaîtra de grandes difficultés par la suite avant d’éclater. Il sera dépassé pendant les années 70 par la Vlaams Blok. La Volksunie fut une exception à la pilarisation. La création des communautés a été vu comme le plus grand acquis flamand. Tandis que la création des région a été vu comme un acquis wallon. La création des régions relève d’une volonté devant les flamands de défense des positions de la Wallonie. B. Le mouvement wallon. Il est plus récent que le flamand. Le mot wallon remonte à l’Ancien Régime, tandis que le mot Wallonie n’est utilisé que depuis les années 1880. La prise de conscience wallonne remonte au dernier ¼ du XIXe siècle. Les premiers actes de revendication remonte aux premières années du XXe siècle. Les premières lois linguistiques paraissent être un danger pour les intellectuels. Le Mouvement Wallon commence au nom d’un unitarisme profond. C’est une réaction aux lois linguistiques. Le Congrès Wallon de 1905 est assez discret, limité. Le point de départ de celui-ci est de traduire les craintes d’un séparatisme. En 1912, on assiste à la constitution d’une Assemblée Wallonne, qui siège à Charleroi. Cela reste informel, ce n’est pas officiel. Un texte paraît en même temps, c’est la Lettre au Roi de Jules Destrée. Le titre complet : sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre. Cela exprime des souhaits et des craintes. Ils craignent que les avancées flamandes mettent en péril la Belgique. Il dira en parlant les flamands : ils nous ont pris notre passé. Avec le recul c’est risible. Après 14-18, on ne parle plus de séparation ni au nord ni au sud. C’est l’inopérabilité de l’Assemblée Wallonne. Pendant l’entre-deux-guerres il y aura quelques actions sans ampleur : Ligue d’Action Wallonne. Elle prendra position en faveur d’une défense de l’autonomie wallonne ainsi que des positions en rapport proches avec la France. Ils sont contre la neutralité, la France doit être notre plus grand allié. Fernand Dehousse, socialiste liégeois, parle de la défense de l’autonomie de la Wallonie Belgique. Aux élections de 1939, le Parti d’Action Wallonne essuie un échec cuisant. En 40-45, les militants wallons adopteront des attitudes différentes. Soit la résistance, soit l’équivocité. Par exemple il y aura de bons rapports entre les mouvements wallons et le gouvernement de Vichy. 66 A la fin de la guerre, des congrès wallons prenant beaucoup d’ampleur ont lieu. On voit aux congrès nationaux wallons des socialistes et des libéraux mais pas de socio-chrétiens. En octobre 1945, 1500 personnes se réunissent. On propose aux participants de se prononcer sur l’avenir de la Belgique. 1. ils doivent laisser parler leur cœur, sur 1100 votants, 500 sont pour la réunion WallonieFrance, on note un irrédentisme français. 400 sont pour un fédéralisme. 150 sont pour l’indépendance de la Wallonie. 17 sont pour le maintien d’une Belgique unitaire. 2. ils doivent parler par leur raison, on note alors une majorité écrasante pour le fédéralisme, c’est le dernier essai de vie en commun. C’est le moment marquant où l’on revendique des choses qui commenceront a être relayées par des personnages politiques. Le PS s’est reconstitué clandestinement pendant la guerre. Le mouvement wallon a un retard sur le mouvement flamand. Politiquement il faut attendre les années 1960. Pendant les grèves de 60-61, en mars 61 on assiste à la Constitution du Mouvement MPW : il prend une ampleur extraordinaire. Il réclame des réformes profondes et une avancée fédéraliste. 180.000 personnes y adhèrent. C’est un mouvement à gauche en politique il recrute dans le pilier socialiste mais restera un groupe de pression et ne deviendra pas un parti. Le MPW fait tâche d’huile, dans la famille catholique on forme le MOC, mouvement ouvrier chrétien (+ vieux). Il réclame des réformes de fond. La direction PS a pris ses distances du MPW. Les dirigeants du PSB sont prudents, le MPW va se radicaliser point de vue linguistique et économique. A la moitié des années 60 :une nouvelle formation apparaît : le FDF, front démocratique des Bruxellois francophones, en 1965 il auront 3 élus pour Bruxelles. On voit aussi les premiers élus communautaires au Parlement. Il y aura deux élus wallons. Cela reste des listes très locales : 1 à Charleroi et 1 à liège. Ils appartiennent au Rassemblement Wallon. Ces partis sont pluralistes, ne sont pas attachés à un pilier, ce sont des partis hors pilarisation. Ils connaissent leurs beaux jours dans les années 1970. Pourquoi ? Car on est en plein processus de fédéralisation. Les grands partis nationaux éclatent : des partis apparaissent au nord et au sud. C’est le succès pour le FDF qui est devient premier parti à Bruxelles. Le Rassemblement Wallon est deuxième parti en Wallonie. Pendant les années 1980 on assiste à un tassement, le FDF est à la traîne à Bruxelles. Le Rassemblement Wallon éclate et disparaît à la moitié des années 80. La pilarisation a repris le dessus. Leurs partisans ont dit qu’à l’époque s’ils avaient disparu c’est parce que les autres avaient cueilli les fruits de leur récolte. La Rassemblement Wallon s’est intégré dans un historie structurelle du pays. C. Les ‘révélateurs’ communautaires 1. Constitution d’un organe officiel sous l’égide du Parlement (loi) et du gouvernement. C’est le Centre Harmel de 1948. Harmel était un homme politique PSC qui fut coordinateur de son centre. C’est le Centre de recherche pour la solution nationale des problèmes sociologiques, juridiques et politiques en régions wallonne et flamande. Il aura une activité politique pendant une dizaine d’années. Ses conclusions furent déposées en 1958, elles résultent d’un travail sérieux. 67 Les problèmes ont fait l’objet d’un inventaire : démographiques, sociaux, économiques,… Ils recommandent une politique nataliste. Il ne faut pas laisser la population stagner. Du point de vue économique ils souhaitent une diminution de la fiscalité. Du point de vue politique une décentralisation de l’Etat, pour préparer une évolution du pays. Un autre problème est de fixer la frontière linguistique. Pour ce qui est de la culture, il observe un dualisme culturel en Belgique. 2. La Question Royale : ce sont les reproches fait à l’attitude de Léopold III. Il est resté avec les troupes, rencontré Hitler, s’est remarié, vieille rancœur d’hommes politiques,… La personne du roi est contestée. On nomme un régent : le Prince Charles (frère du roi) car le roi est en Suisse. En 1950, on organise une consultation populaire (pas dans la constitution), ce n’est pas un référendum : sur la question du retour du roi. Le Roi doit-il reprendre ses fonctions constitutionnelles ? Les résultats sont contrastés. On note une forte majorité de oui en Flandre et une majorité de non en Wallonie. A Bruxelles, c’est l’égalité. Au niveau national, il y a 57,6 % de OUI. Mais il y a de très grandes disparités. La rue fait pression politiquement ainsi que certains partis. Lors d’une manifestations, une personne meurt. Le Roi abdique en faveur de son fils Baudouin. Cette question a laissé des traces profondes dans le monde flamand. En août 1950, un article flamand s’intitule Pourquoi encore voter ? Mais ils oublient que la Constitution populaire n’est pas dans la Constitution, mais ils en gardent un effet psychologique, ils se sont sentis roulés. 3. Grandes grèves insurrectionnelles de l’hiver 60-61. Le gouvernement en place est formé de PSC et du Parti Libéral. Le PS est dans l’opposition, le gouvernement vote la loi unique destinée en temps de crise économique à être une loi de planification. On cherche à redresser la situation aussi en fonction des obligations internationales : Marché Commun, compétitivité. Des mesures d’épargnes sont prises. Par exemple on effectue des coupes sombres dans la Fonction Publique. C’est le déclenchement de grèves qui dureront un mois. La pays est paralysé. Aucun train, bus, des usines s’arrêtent La confédération du syndicat chrétien ne suit pas le mouvement. Le gouvernement tombe, la loi est retirée. On forme une alliance PSC – PS. Le problème était que tout ne s’était pas arrêté. La Flandre continuait à vivre. L’idée s’est développée au nord d’un wallon paresseux, gréviste. Des flamands en effet ne savaient plus aller travailler dans les charbonnages. C’est ainsi que s’est développée l’idée d’un pays fonctionnant à deux vitesses. Le PLP fera de la stabilité de l’Etat un de ses cheval de bataille. 4. L’Affaire de Louvain. 1968. C’est la scission de l’université catholique de Louvain. La présence d’une université avec section francophone à Louvain est une aberration pour les catholiques flamands. La frontière linguistiques avait été en effet fixée. Des évêques flamands ont joué un rôle obscur dans cette histoire. Les francophones déménagent vers Woluwé et Louvain-la-Neuve. C’est un coup fatal à la position du monde catholique sur l’échiquier belge. On est choqué dans le Sud. La Scission de l’ULB-VUB fut moins difficile. La Région Bruxelloise était bilingue et la section flamande était très petite. 68 Conclusions. L’Histoire de Belgique n’est pas un cours à thème. Il possède une allure diachronique. L’objectif du cours était de faire apparaître plusieurs choses. Une déclaration du 17.05.2001 (dans Le Soir) de l’ambassadeur de Belgique à Berlin est intéressante : Il disait qu’il était dommage que les belges étaient peu soucieux de leur image à l’étranger. Sa justification laisse perplexe : il dit que c’est explicable car les belges ont un passé d’envahissements et d’occupations. C’est le mythe des occupations étrangères. Pour Henri Pirenne l’histoire de la Belgique est le microcosme de l’Europe. Une autre observation est que le cours est une histoire des territoires constituant aujourd’hui la Belgique. Le terme belge peut être utilisé pour des périodes anciennes mais pour désigner un espace et pas un territoire. L’histoire de Belgique est l’histoire d’un espace devenu un territoire. 69