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La Prusse
Au XVIIIe siècle, l’Allemagne, comme l’Italie, pourrait être assimilée à une simple expression
géographique. Il existe 360 entités politiques qui forment l’Empire Romain Germanique. Ces entités
présentent chacune des particularismes par leur histoire, leurs institutions, leur culture, leur économie :
être bavarois, par exemple, c’est partager des valeurs différentes de celle de la Prusse. La Révolution
française provoque une véritable onde de choc.
Mais à l’admiration de la France révolutionnaire succède le rejet. En effet, très vite, contre la Raison
française, s’exprime un romantisme politique, nationaliste et conservateur, mélange de religion, de
mythe historique et d’exaltation de la germanité. L’esprit ou le génie populaire, fait de légendes
historiques germaniques anciennes (celles des frères Grimm) unit les Allemands entre eux : la langue et
l’histoire jouent un rôle de premier plan. L’Allemagne se construira davantage sur une nation culturelle
qu’une nation politique. Dans cet état d’esprit apparaît le besoin d’un État confédéral, d’un champion
de la cause allemande. C’est la Prusse qui incarnera la résistance allemande à l’hégémonie française.
Lors des guerres napoléoniennes, les états allemands, fidèles à Napoléon, comme la Bavière, voient
leurs territoires agrandis. Le 12 juillet 1806, le Saint Empire Romain Germanique disparaît pour laisser
la place à la Confédération du Rhin. La Prusse, neutre depuis 1795, se trouve en dehors de la
Confédération. Elle abolit le servage dans ses frontières. Sa neutralité lui permet d’annexer le Hanovre
en 1805. Mais le parti de la guerre l’entraîne à se battre contre Napoléon. La Prusse est défaite à Iéna,
les troupes françaises entrent à Berlin, la Prusse perd tous ses territoires à l’ouest de l’Elbe et ses
provinces polonaises sont regroupées pour reconstituer le grand duché de Varsovie.
En 1813, la Prusse de Frédéric-Guillaume III signe un traité d’alliance avec la Russie et devient le noyau
de la guerre de libération des territoires allemands. En octobre 1813, la bataille des peuples de Leipzig
aboutit à une défaite des armées napoléoniennes : l’ensemble de l’Allemagne est libérée à la fin de
l’année mais des clivages opposent la Prusse, l’Autriche et les autres états sur le devenir de l’Allemagne.
La Prusse après le congrès de Vienne : la montée en puissance 1815-1848
Le 8 juin 1815 est fondée une Confédération germanique forte de 48 états, se côtoient Prusse,
Autriche, Bavière, Wurtemberg, Saxe, Hanovre.
En Prusse, des luttes persistantes entre réformateurs et conservateurs, puissants à la cour s’intensifient.
Cependant, le roi Frédéric-Guillaume III constitue le principal obstacle à toute réforme libérale,
s’appuyant sur une puissante aristocratie prussienne : les Junkers. Face au parti de l’ordre, un
mouvement libéral d’étudiants voit le jour en Prusse dans les milieux universitaires mais il est
rapidement réprimé en 1819. La révolution de 1830 en France sera peu suivie en Prusse.
La constitution d’un espace économique allemand apparaît comme un évènement majeur vers l’unité
politique du pays. La Prusse joue un rôle moteur dans la formation du Zollverein (ou union douanière
entre tous les états allemands), dont la monnaie sera, à partir de 1857, prussienne : le thaler. L’Autriche
en est exclue. A partir de la formation de cet espace, les entreprises prussiennes prennent un essor
prodigieux : Krupp et ses fonderies, Borsig qui fabrique à Berlin des dizaines de locomotives… La
production de charbon et de fer de la Ruhr s’accroît et les investissements industriels doublent pendant
cette période.
Les révolutions de 1848
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En 1844, la Prusse réprime une révolte de tisserands silésiens. La violence de la répression marque
durablement le monde ouvrier. En 1846, le monde germanique est secoué par une grande crise
économique. Face à la misère des ouvriers et des paysans, se développe une assistance multiforme
alliant l’État, l’Église et les classes possédantes intéressées au maintien de l’ordre social.
En 1846-1848, les faillites se multiplient et le chômage s’accroît. Le roi doit convoquer la diète en
février 1847. Les libéraux réclament à la fois des réformes des institutions (une monarchie
constitutionnelle avec un gouvernement responsable devant le parlement) et la progression vers l’unité
(la Prusse réformée comme moteur de l’unité allemande). Le roi refuse.
Durant l’hiver 1847-1848, l’agitation sociale se développe dans les campagnes. La révolution de février
1848 à Paris attise la lutte à Berlin dès le début du mois de mars. Les libéraux poussent à la convocation
du parlement et veulent transformer la Confédération germanique en Fédération allemande sous
direction prussienne. Frédéric-Guillaume IV lève la censure et annonce la réunion d’un landtag
(assemblée). A Berlin, les libéraux venus de Prusse rhénane forment un gouvernement et le Landtag
décide l’élection d’une assemblée au suffrage universel. Le 18 mai, les délégués des différents états se
prononcent pour une monarchie constitutionnelle, un suffrage censitaire et une unité allemande autour
de la Prusse (la petite Allemagne).
Deux courants s’affrontent alors : les partisans d’une petite Allemagne excluant l’Autriche et les peuples
non germaniques et ceux (catholiques et conservateurs) qui veulent intégrer l’État autrichien et des
peuples non germaniques. Les questions des nationalités minoritaires, Polonais, Slaves, Hongrois,
compliquent les discussions. En 1848, un affrontement a lieu entre la Prusse et le Danemark au sujet du
Schleswig : ce duché danois à population germanophone demande à intégrer, comme le Holstein, la
Confédération germanique, ce que refuse le roi du Danemark Frédéric VII qui décide de l’intégrer à son
royaume.
Dès la fin de l’année 1848, commence le reflux des idées libérales. En Prusse, le fossé se creuse entre la
capitale libérale et les campagnes dominées par les Junkers dénonçant les réformes. La bourgeoisie a
peur des désordres révolutionnaires. Dès juin 1848, un parti conservateur prussien se forme. Un jeune
politicien, Otto Von Bismarck s’y fait connaître en écrivant des articles virulents antirévolutionnaires.
La réaction s’affirme par l’arrestation de membres de la ligue communiste et l’échec des démocrates. Le
1er novembre 1848, un nouveau gouvernement est formé avec le Baron de Manteuffel. Il exile le
Landtag hors de Berlin et proclame l’état de siège. Le Roi octroie une constitution avec suffrage
universel mais se réserve le droit de veto, de dissolution et de légiférer par ordonnance.
Le Roi refuse la couronne d’Empereur des Allemands offerte par les délégs du parlement de
Francfort. Il n’accepte pas « un collier de servitude offert par des maîtres boulangers ». Revenu de ses
velléités libérales, le Roi de Prusse se veut un roi héréditaire et refuse de devoir sa couronne à des
députés élus par le peuple.
La Prusse voit une alliance des quatre rois (Saxe, Hanovre, Bavière, Wurtemberg) se mettre en place,
prévoyant l’entrée de l’Autriche dans un Reich qu’elle dirigerait. Frédéric-Guillaume IV contre-attaque
en réunissant les alliés de la Prusse dans un parlement à Erfurt.
Leurs représentants élaborent le 26 mai 1849 un projet de Constitution fédérale autour d'une Union
restreinte... L'Autriche, coupable d'être pluriethnique, n'est pas invitée à en faire partie. Encouragé par
son ministre Radowitz, le roi Frédéric-Guillaume IV se propose naturellement de devenir le monarque
de la nouvelle entité. Mais l'initiative déplaît au nouvel empereur d'Autriche, le jeune François-Joseph
1er (20 ans), furieux d'être évincé.
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Le roi de Prusse n'ose pas risquer une épreuve de force. Il se sépare de Radowitz et appelle le baron
von Manteuffel. Ce dernier rencontre son homologue autrichien Schwarzenberg à Olmütz, en Moravie
(dans l'actuelle République tchèque).
Devant la menace d'une guerre, le Prussien renonce au projet d'Union restreinte et accepte le
rétablissement de la Confédération germanique, une entité sans pouvoirs créée en 1815 et dominée par
l'Autriche.
La reculade d'Olmütz convainc les nationalistes allemands qu'il n'y aura pas de fédération allemande
sans une guerre préalable contre l'Autriche.
La solution prussienne et Bismarck 1850-1865
La « reculade d’Olmütz » apparaît comme une défaite pour la Prusse, mais à court terme seulement. Le
fossé entre les deux pôles du monde germanique est profond. La rancune antiautrichienne se développe
dans les classes dirigeantes et il s’agit alors de travailler au renforcement de la puissance prussienne.
La guerre entre les deux blocs est d’abord commerciale : l’élargissement du Zollverein au Hanovre et à
l’Oldenburg, son renouvellement en 1853, l’adoption du thaler comme monnaie unique au sein du
Zollverein, sont autant de victoires prussiennes : l’Autriche reste en dehors du Zollverein.
La politique extérieure permet à la Prusse de contrecarrer les ambitions autrichiennes. Personne ne
prône la solution de la grande Allemagne. Ensuite, l’Autriche doit signer un traité d’alliance défensive
avec la Prusse en 1854 dans le cas la Russie entrerait dans les Balkans dans la guerre de Crimée.
L’homme qui a manœuvré en coulisse pour contrer Vienne s’appelle Otto Von Bismarck.
Bismarck, en 1815, est fils de Junker. Il entreprend ses études à Göttingen puis à Berlin où, après
son droit, il entre dans l’administration prussienne en 1836. Conservateur, il défend ses idées au
Landtag en 1847, puis à la diète de Francfort il représente la Prusse de 1851 à 1859, avant d’être
nommé ambassadeur à Saint Pétersbourg entre 1859 et 1862, puis brièvement à Paris.
Pour Bismarck, l’Autriche est l’ennemie privilégiée et il entend faire de la Prusse le noyau du futur État
allemand. Son influence va grandir quand le roi est atteint de maladie mentale en 1858. La régence est
alors confiée à son frère Guillaume. Ce dernier prépare avec le ministre de la guerre Von Roon une
vaste réforme militaire visant à doter la Prusse d’une armée puissante de 300 000 hommes, doté d’un
armement modernisé. Le service militaire est allongé à trois ans. Mais le Landtag s’y oppose, il y a une
impasse constitutionnelle. C’est le Konflict, dont la résolution passe par une alternative simple :
abdication du roi ou gouvernement autoritaire du roi appuyé par un ministère fort, prêt à se passer du
parlement.
Devenu Guillaume Ier à la mort de son frère en 1861, le nouveau roi trouve en Bismarck l’homme de la
situation. Au nom de la puissance d’État, Bismarck passe outre l’opposition du Landtag. La réforme est
réalisée malgré l’opposition des libéraux.
Le chef du gouvernement renforce le patriotisme prussien en s’appuyant à la fois sur la bourgeoisie
d’affaires et sur la bourgeoisie intellectuelle. Lors de la guerre d’Italie en 1859, la Prusse mobilise 400
000 hommes à proximité de la frontière française pour faire pression sur Napoléon III. Bismarck tire
les leçons de la guerre d’Italie : l’Autriche n’est pas invincible. Mais il faut aussi se méfier des états du
sud, satellites de l’Autriche. La solution de l’unité allemande sera militaire : « par le fer et par le sang ».
En 1864, pour la seconde fois, le roi du Danemark se résout à incorporer le duché du Schleswig à son
pays. Mais les Landtage des deux duchés du Schleswig et du Holstein, auxquels il faut rajouter le
Lauenbourg, proclament leur indépendance et demandent leur association à la confédération
germanique. Devant le refus du roi du Danemark Christian IX, Bismarck peut tester l’armée prussienne
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issue de la réforme de Von Roon. L’Autriche suit, sans enthousiasme. A l’issue d’une brève campagne,
Christian IX cède les duchés par le traité de Vienne le 30 octobre 1864 : la convention de Gastein, le 14
août 1865, les répartit entre les deux vainqueurs : l’Autriche reçoit le Holstein, et la Prusse, le Schleswig
et le Lauenbourg.
Certes, si Bismarck souhaite réunifier les pays germaniques dans une Grande Allemagne, son ambition
démesurée ne s’arrête pas et il voudrait mettre au pas la Nouvelle-Europe. Il relance ainsi
l’armement : il met au point des machines infernales comme des forteresses mobiles, d’énormes
machines à tuer sur roue pouvant transporter jusqu’à 50 hommes et armées de plusieurs canons de gros
calibres, ainsi que d’énormes sous-marins lance-missiles qui peuvent raser des villes entières le long de
la Mer intérieure. La machine de guerre se met en marche.
La gestion des duchés va fournir le prétexte à Bismarck pour attaquer l’Autriche. Il appuie le
mouvement pangermaniste du Holstein et dénonce la mauvaise gestion de l’Autriche, située loin du
duché. Contre l’avis du roi et de la population prussienne, Bismarck pense qu’une guerre contre
l’Autriche fédérerait les États protestants du nord de la confédération au nom du patriotisme allemand.
En 1866, il prépare la guerre, endort la France et l’Angleterre et se rapproche de la Russie, opposée à
Vienne. Il parvient même à s’allier avec les Anglais qui, sous l’influence des Seigneurs de la vapeur,
entament des négociations pour signer plusieurs contrats juteux avec les entreprises allemandes de
guerre.
Quand les troupes prussiennes envahissent le Holstein, l’Autriche mobilise les forces de la
confédération contre la Prusse. Napoléon III, qui n’avait rien obtenu en échange de sa neutralité dans
l’affaire et apparaissant même comme une menace pour l’unité allemande du fait de sa demande
d’annexion du Luxembourg, rejoint alors un nouveau pacte d’alliance signé entre diverses puissances
occidentales dont la Bavière, le Hanovre, l’Autriche, les forces Seelie du Prince Aubéron et les dragons.
Les nains quant à eux restent à l’écart.
La bataille de Königgrätz
Le 15 juin 1866, la Prusse déclare la guerre à l’Autriche et ses alliés : le Hanovre, la Saxe, la Bavière, le
Hesse, la France, le second pacte. La première armée prussienne écrase l’armée hanovrienne qui est
acculée à la Mer intérieure. Malgré des contre-attaques répétées, le Hanovre ne peut guère résister, et
ses soldats ne peuvent être évacués par la mer. A court de munitions, ils sont abattus sur place.
La seconde armée prussienne, sous le commandement du maréchal Helmut Von Moltke, se dirige vers
le cœur de l’Autriche. Le 16 juin, les Prussiens bousculent l’avant-garde saxonne qui est obligée de se
replier en Bohême et rejoignent les forces autrichiennes du général Benedek. L’armée prussienne rentre
en Bohême le 22 juin 1866. La rencontre se solde par une victoire autrichienne mais aussi par de
lourdes pertes des deux côtés. Le lendemain, les Prussiens contre-attaquent et enfoncent le camp
adverse. Ils parviennent à s’emparer de la Bohême, les Autrichiens reculent en masse.
La Bavière décide alors de laisser la voie principale d’accès de la principauté sous la protection du
premier lancier des Faëries, des dragons, des mages du second pacte. Les forces bavaroises (50 000
soldats) et de l’ensemble du second pacte rejoignent les forces autrichiennes retranchées à Königgrätz le
2 juillet 1866. Là, un demi-million d’hommes vont s’affronter très durement, 250 000 de chaque côté,
employant la technologie la plus moderne qui soit. Les forteresses mobiles prussiennes enfoncent
encore une fois les renforts bavarois, le roi Ludwig II de Bavière pense que la dernière heure de son
royaume et de son armée est arrivée. C’est à ce moment-là que la flotte aérienne bavaroise de
dirigeables, construite avec l’aide des ingénieurs nains, entre en action pour la première fois et
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bombarde les forces prussiennes en profitant du fait que le capot supérieur des forteresses n’est pas
blindé. Grave erreur… Les Prussiens refluent et libèrent la Bohême, le second pacte souffle…
La confédération germanique est dissoute. La confédération d’Allemagne du Nord avec 22 pays sous la
domination prussienne apparaît. Au sud du Main, les quatre autres états, Bavière, Bade, Wurtemberg,
Hesse-Darmstadt doivent former une confédération d’Allemagne. Le Hanovre et la Saxe tombent sous
la domination prussienne.
La confédération d’Allemagne du Nord naît en avril 1867, présidée par le Roi de Prusse qui dirige la
diplomatie et commande les armées. Il nomme un chancelier d’empire : Bismarck. Le Zollverein est
ouvert à l’ensemble de l’espace allemand, Autriche non comprise.
Un sentiment francophobe puissant se développe suite à la demande maladroite d’annexion du
Luxembourg par Napoléon III. De 1867 à 1869, la tension franco-prussienne ne cesse de monter. A
Berlin, Bismarck sait que la meilleure façon d’achever et d’accélérer l’unité allemande est de fédérer
l’ensemble de l’Allemagne contre un ennemi héréditaire : la France de Napoléon III et le second
pacte…
En 1870, la guerre menace de plus en plus.
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