Les bactéries impliquées dans ces actinophytoses sont, outre Act lignieresii qui envahit
primairement les tissus mous de la bouche, du pharynx et éventuellement des cavités
nasales, Actinomyces bovis (os, peau mamelle), Staph aureus (pyogène primaire ou
secondaire à hauteur de la mamelle) et Act pyogenes (pyogène primaire ou secondaire).
a) Etiologie
L'agent étiologique des actinophytoses des organes mous ou actinobacillose est
Actinobacillus lignieresii. D'autres bactéries pyogènes (Staph aureus, Act pyogenes
etc...) peuvent être cultivées à partir des lésions.
b) Incidence
L'actinobacillose apparaît sporadiquement aussi bien chez le bovin que chez le mouton,
bien que plusieurs cas apparaissent d'habitude dans la même ferme la même année. La
maladie est la plus fréquente chez les bovins entre 18 et 36 mois et chez les ovins
adultes (surtout les béliers, lors de combats). Elle existe, mais est rare, chez le porc, les
carnivores et l'homme.
c) Pathogénie
L'infection des tissus suit l'apparition de traumas qui permettent l'entrée des bactéries.
Act lignieresii est, en effet, un hôte normal de la bouche. La transmission peut se faire
par du pus contaminé aussi. Cette infection cause une réaction inflammatoire locale
aiguë avec le développement subséquent de lésions granulomateuses (les
"actinophytoses"). La nécrose du centre du granulome résulte en la formation de pus.
Ces granulomes purulents peuvent s'ouvrir en surface de l'organe et causer de la
suppuration. L'extension aux ganglions régionaux est habituelle. Dans les cas
chroniques, le pus disparaît et de la fibrose apparaît. La généralisation se fait par voie
lymphatique (poumons, mamelle).
d) Signes cliniques
La localisation première chez le bovin est la langue, ce qui se traduit par l'apparition
assez soudaine (<48 heures) de l'impossibilité de manger, de mastiquer et de déglutir.
Du ptyalisme, de la mastication douce et de la douleur loccale sont apparentes. A
l'examen buccal, la langue est hyptertrophiée et dure (= langue de bois). Des nodules
qui se déchargent et des ulcères sont visibles sur les côtés de l'organe. Dans les cas
chroniques, la langue est fibreuse, rétrécie et immobile. Des difficultés, voire
l'impossibilité de préhension de la nourriture sont notées.
L'actinobacillose peut être localisée dans d'autres organes: pharynx, cavités nasales,
peau, voire viscères (poumon, rumen, par exemple). Les signes cliniques sont liés à
l'organe atteint: difficultés de déglutition, difficultés respiratoires, nodules de la peau,
douleurs abdominales.
L'atteinte des ganglions rétropharyngés, sous-maxillaires et parotidaux, est fréquente et
indépendante de l'atteinte de la langue. Les ganglions sont tuméfiés, deviennent
purulents, se déchargent à l'extérieur et se fibrosent, pouvant provoquer certains
problèmes de déglutition et de respiration.
Chez les ovins, la langue n'est pas atteinte d'habitude. Les lésions principales se
localisent sur les lèvres, les joues, la nuque et la base des cornes ou entre le menton et le
sternum. Les ganglions régionaux sont fréquemment atteints et leur tuméfaction
importante peut interférer avec la déglutition. Des mammites sont rapportées.
Cet ensemble de problèmes interfère donc avec la nutrition de l'animal, l'amenant à des
difficultés de préhension des aliments, de mastication, de déglutition. Le passage à la
chronicité des lésions et leur fibrose ont, pour conséquence ultime, la mort de l'animal
ou la décision d'abattage. Le pronostic est donc réservé en cas d'actinobacillose buccale.
e) Lésions