grâce à son dynamisme, à sa liberté de manœuvre et à sa vision de l'avenir. A l'opposé, le
second Schumpeter souligne l'importance des économies d'échelle dans les activités qui
déterminent la croissance. La recherche technologique, notamment, requiert des équipes
nombreuses, qui ne peuvent être rassemblées que dans des firmes de grandes tailles. De plus,
les banques, les marchés financiers et les gouvernements font plus confiance aux grandes
entreprises qu'aux petites leur donnant un accès plus aisés aux ressources financières.
(Source : D.Guellec, P.Ralle, Les nouvelles théories de la croissance, Repères, La Découverte, 1995)
3 - Les grandes entreprises reconnaissent que l’enjeu de la prochaine décennie réside dans
leur capacité à innover. Dans les pays émergents, des entreprises produisent souvent des
produits comparables à meilleurs coûts. Pour acquérir des idées, des technologies ou des
compétences nouvelles, Cisco, Alcatel, Microsoft, entre autres, achètent des start-up, des
petites sociétés innovantes qui ont réussi à développer un produit ou une technologie qui peut
servir le grand groupe.
Ces acquisitions ne sont pas sans risque. La grande entreprise doit trouver la bonne
distance : utiliser la technologie et le savoir-faire de la start-up, lui apporter une assise
financière et un réseau de distribution mondial pour ses produits...sans trop l’utiliser, ni
l’étouffer. Certaines entreprises tentent d’insuffler l’esprit start-up en interne et créent des
équipes indépendantes autour d’un projet. (Source : Laure Belot, Le Monde, 8 septembre 1999)
Q1 - Comment peut-on expliquer la corrélation entre la taille et l’innovation ?
Q2 - Quels peuvent être les inconvénients d’une trop forte concentration pour l’innovation ?
Q3 - Comment les grandes entreprises s’y prennent-elles pour contrer ces inconvénients ?
c) - Le rôle de l’État :
1 - Qu’est-ce qui détermine la quantité d’inventions et d’innovations ? Certaines idées
neuves sont simplement le produit d’une curiosité intellectuelle ou d’une frustration (“il doit y
avoir une meilleure façon de faire !”). Mais comme dans la plupart des activités, la découverte
d’idées neuves dépend dans une large mesure des ressources qui sont consacrées à leur
recherche, et celles-ci dépendent à leur tour du coût d’immobilisation des ressources dans
cette activité et des perspectives de succès. Certaines activités de recherche prennent place
dans des départements universitaires, généralement financés, du moins en partie, par l’État.
Mais de nombreuses recherches sont financées par le secteur privé, grâce à l’argent que les
entreprises consacrent à leurs départements de recherche et développement (R&D).
Le résultat de la recherche est risqué. Les chercheurs ne savent jamais s’ils trouveront ou
non quelque chose d’intéressant. La recherche ressemble à un projet d’investissement risqué
puisque des fonds doivent être engagés avant que les avantages (s’il y en a) commencent à
apparaître. Mais il existe une différence importante. Supposons que vous consacriez beaucoup
d’agent à la mise au point d’une souricière. Quand vous aurez réussi, tout le monde la copiera.
Son prix baissera, et vous ne récupérerez jamais votre mise initiale. Si nous vivons dans un tel
monde, il n’y aurait aucune incitation à se lancer dans la R&D.
Si l’invention est accessible à tous dès sa découverte, la société en tire des avantages,
mais pas le découvreur : il y a un effet externe. Les avantages privés et sociaux ne coïncident
pas et le mécanisme des prix ne fournit pas les incitations adéquates. La société essaye de
contourner cette carence du marché de deux façons. En premier lieu, elle accorde des brevets
aux inventeurs et innovateurs privés, qui sont des monopoles légaux pendant une période
déterminée. Ils permettent que des projets de recherche fructueux couvrent les investissements
en R&D grâce à la fixation de prix temporairement supérieurs au seul coût de production. En
deuxième lieu, l’État subventionne de nombreuses recherches fondamentales dans les
universités, dans ses propres laboratoires et dans le secteur privé.