dangereux (à l’inverse des peuples arabes par exemple) et parce
que ces territoires ne sont pas des colonies de peuplement. La
France va donc accorder peu à peu de plus en plus de libertés à
ces pays et le changement de République ne remettra pas en cause
cette évolution attendue depuis si longtemps par les Africains.
Dès 1944, l’Afrique noire française est prise en compte par le
général lors de la conférence de Brazzaville, mais il ne fait
que promettre des vagues d’autonomie. En 1946, l’Afrique a un
statut plus évolué avec la création de l’Union Française entre
la République Française et ses territoires et Etats associés
d’outre-mer. Celle-ci est inscrite dans la Constitution de la
IVe République. Elle implique des droits d’autonomie en
politique interne et le droit d’élire des députés au Parlement
français (ex : le Sénégalais Léopold Sédar Sanghor, l’Ivoirien
Houphouët Boigny). La même année, cette élite africaine met sur
pied le Rassemblement démocratique africain sous la présidence
d’Houphouët Boigny. Ce mouvement s’éloigne au fil du temps du PC
français, afin de ne pas se mettre à dos les autres partis, de
donner une suite à l’autonomie et de garder des liens cordiaux
avec la France.
En 1956, la loi-cadre Defferre améliore cette autonomie en
accordant plus d’égalité entre les citoyens de métropole et ceux
des TOM. Les Africains élisent leurs représentants au suffrage
universel, ils peuvent pourvoir à des postes à responsabilité
dans le service public, et les assemblées locales ont un pouvoir
exécutif accru.
Avec l’arrivée de De Gaulle au pouvoir en 1958, la France est
désormais entre les mains d’un homme considéré par tous comme le
sauveur de la nation. Il a donc plus de marges de manœuvre que
ses prédécesseurs à propos d’éventuelles concessions envers les
peuples colonisés. De plus, il comprend la nécessité de se
séparer de ces territoires lointains, dont les aspirations
indépendantistes sont de plus en plus embarrassantes vis-à-vis
des autres pays sur la scène internationale. Il faut aussi
remarquer que la question coloniale est régulièrement débattue
au sein de l’opinion publique française et surtout par les
intellectuels de gauche qui lancent le débat en métropole.
Avec la Constitution de la Vème République, le général De
Gaulle lance la Communauté Française et propose alors aux pays
d’Afrique noire de choisir entre une indépendance immédiate
supposant une rupture totale des relations avec la France, ou
bien l’entrée de ces colonies dans une structure fédérale. Tous
les pays, sauf la Guinée, acceptent de cette semi souveraineté
limitée à leur politique intérieure, le reste étant sous
domination française (la monnaie, la défense et la diplomatie).
En 1960, ces douze pays et Madagascar (qui a déjà eu une
tentative avortée de décolonisation en 1947, et qui a souffert
une répression d’environ 80 000 morts) souhaiteront se
séparer totalement de la France, et celle-ci ne s’y opposera
pas. La Communauté Française se dissout, emportant avec elle les
anciennes organisations de l’AOF et de l’AEF ainsi que
l’éphémère fédération du Mali (Soudan et Sénégal).