Quatrième partie – Les grands enjeux sociaux : quelles inégalités

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Quatrième partie Les grands enjeux sociaux : quelles inégalités, entre quels groupes
sociaux, et pour quelle justice ?
Objectif : comprendre les grands problèmes sociaux auxquels sont confrontées les
sociétés modernes.
Chapitre 7 Des classes sociales inégales en question :
Objectif : comprendre comment se structure et se stratifie la société entre des groupes
aux caractéristiques inégales.
On va maintenant devoir s’arrêter un peu dans notre analyse. Pour le moment, nous avons pris
le temps de décrire ce qu’il se passait en général dans une société et dans une économie et
pour le moment nous avons surtout pris le temps de parler des grands effets qui concernent la
majorité d’une population. Il faut cependant avoir en tête que tous les individus ne sont pas
affectés de la même manière par une mesure économique, notamment parce que tous les
individus ne sont pas identiques dans une économie. C’est la question des différences, et plus
spécifiquement des inégalités que nous allons aborder. On se posera donc deux grandes
questions dans ce chapitre. Quelles sont les inégalités qui traversent les sociétés
modernes ? Dans quelle mesure ces inégalités se combinent-elles pour composer des
classes sociales ?
Ces deux questions sont fondamentales en SES parce que, depuis le XIXème siècle et Alexis
de Tocqueville, on oppose les sociétés aristocratiques l’inégalité est la règle aux sociétés
démocratiques l’égalité serait la règle. C’est cette question fortement politique que l’on
étudiera donc indirectement.
I. Inégalités et stratification sociale :
Comment parler scientifiquement des inégalités dans une société ? Nous allons présenter
le vocabulaire de base sur la question.
Attention aux mots de sens communs que vous risquez d’utiliser à la place dans les copies.
On mettra en évidence le caractère multiforme des
inégalités économiques et sociales ainsi que leur aspect
parfois cumulatif.
Inégalités
économiques,
inégalités sociales
salaire, revenu,
profit,
On montrera que le niveau et l’évolution des inégalités sont
liés à des facteurs multiples : origine et appartenance
sociales, formation, accumulation patrimoniale, genre,
génération, etc.
revenus de
transfert
A. Définition des inégalités sociales et de la stratification :
Comment parler des inégalités ?
1. Des différences aux inégalités sociales :
Pour entamer ce travail de définition, document 1 de la FD.
Document 1 Toute différence n’est pas une inégalité
« Entre deux individus dont l’un a des cheveux bruns et l’autre des cheveux noirs, il y a une différence mais pas, toutes
choses égales par ailleurs, une inégalité. En revanche, ces différences deviennent des inégalités lorsqu’elles sont traduites en
terme d’avantages ou de désavantages. Si être brun permet d’accéder à des biens refusés à un individu aux cheveux noirs, la
différence devient une inégalité.
« Mais cette inégalité individuelle ne devient une inégalité sociale que si l’infériorité ou la supériorité est partagée par
des personnes aux caractéristiques sociales identiques. Ainsi, toute différence individuelle ne peut être utilisée pour mettre en
évidence des inégalités sociales. Pour qu’il y ait des inégalités sociales, il faut donc qu’existent des ressources socialement
valorisées, caractérisées par leur rareté et inégalement réparties entre les individus. […] Ces ressources constituent autant de
critères de différenciation permettant de classer les individus […].
« Les inégalités sociales impliquent des différences mais toute différenciation sociale n’est pas une inégalité sociale.
Une telle proposition implique que les inégalités résultent de processus sociaux qui peuvent se reproduire au fil du temps, de
génération en génération, indépendamment de la volonté des individus ; par opposition, une différence peut se cultiver,
fonder une stratégie consciente de différenciation, s’incarnant dans des styles de vie, des choix culturels et symboliques sans
impliquer nécessairement de dimension hiérarchique ». P. Bonnewitz, Classes sociales et inégalités, Ed. Bréal, 2004
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Question 1 : Justifiez le titre du document.
Question 2 : Les inégalités sociales sont-elles toujours les mêmes au cours du temps ?
Question 3 : Donnez différents exemples d’inégalités sociales.
Question 1 : L’inégalité désigne la situation dans laquelle une différence entre deux
individus est source d’avantages ou de désavantages. Cette inégalité devient sociale
lorsque des individus disposant de la même caractéristique différentielle partagent le
même avantage ou désavantage.
Bon exemple pour montrer la différence entre une différence et une inégalité : la position des
élèves dans la salle de classe ; pendant le cours, simple différence puisque accès identique au
contenu du cours ; en cas d’alerte incendie, inégalité puisque ceux proche de la porte ont un
accès plus rapide à la sortie.
Montre en même temps qu’une même différence peut conduire dans certains contextes à une
inégalité et dans d’autres non.
Exemple également de l’âge : source d’inégalité dans l’accès au cinéma pour voir certains
films d’horreur, mais pas source d’inégalités dans toutes les situations non plus puisqu’il n’y a
pas de critères d’âge pour aller au restaurant, tout dépend du restaurant, ou cas de la politique.
Question 2 et 3 : Dans toute société, il peut alors exister différents types d’inégalités,
inégalités fondées sur l’âge, le sexe, la profession, la famille d’origine, la religion, etc. Et
les différences qui sont interprétées comme des inégalités peuvent varier selon les
contextes (exemple de l’âge en politique et dans la vie professionnelle), mais également
dans le temps (exemple de la race noire aux Etats-Unis d'Amérique).
Par exemple, la couleur de peau aux Etats-Unis d'Amérique qui était source d’une inégalité
politique avant les lois sur la fin de la ségrégation en 1968.
2. Des inégalités sociales à la stratification sociale :
Maintenant qu’on a vu ce qu’est une inégalité sociale et leur variabilité, on peut s’interroger
un peu plus sur ce qu’on appelle la stratification.
Est-ce quelqu'un se rappelle de ce qu’est la stratification sociale, vue en première ?
La stratification sociale est le produit de la division de la société en groupes sociaux (de
grande taille) hiérarchisés selon le pouvoir qu'ils exercent, la richesse qu'ils possèdent
et/ou le prestige qu'ils inspirent.
Les individus aux caractéristiques sociales identiques forment des groupes de droit ou
de fait, plus ou moins structurés, et entretenant avec les individus des autres groupes
sociaux des relations de subordination, d’exclusion et d’exploitation.
Leur demander ensuite un travail actif. Par deux, choisir trois inégalités différentes et former
des groupes et une hiérarchie entre ces groupes.
Par exemple, choisir trois critères, âge, sexe et famille d’origine. On peut alors obtenir le
groupe des jeunes hommes nobles qui sont bien différents dans leur possibilité sociale que les
vieux hommes roturiers. Ou bien les femmes nobles d’âge moyen qui n’ont pas du tout les
mêmes privilèges que les hommes nobles d’âge moyen. Mutualiser différentes stratifications
pour montrer leur diversité en fonction des inégalités sociales les plus pertinentes. Puis bien
leur faire noter cette idée, avec des exemples à l’appui.
L’agencement spécifique de ces rapports d’inégalités et de domination explique la
diversité des stratifications sociales.
Différents exemples : lignages hiérarchisés en Afrique (âge, sexe, famille), système des
castes en Inde (âge, sexe, caste d’origine, religion), sociétés d’ordre en Europe médiévale
(âge, sexe, ordre de naissance, religion), sociétés de classe en Europe contemporaine
(âge, sexe, niveau de richesse, profession), sociétés d’esclavage comme les Etats-Unis
d'Amérique à leur origine (âge, sexe, race, religion).
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B. Observer les inégalités et la stratification :
Comment observer la stratification sociale et les inégalités ?
1. Des outils pour observer la stratification dans son ensemble : les grilles de
classification :
* Le principal outil dont on dispose en France pour observer la stratification sociale dans son
ensemble, donc pour observer les inégalités sociales pertinentes pour observer les groupes
sociaux, est les PCS.
Quelqu'un peut-il rappeler quel est l’objectif des PCS ?
L’outil principal pour observer la stratification sociale en France est les PCS qui ont
pour objectif de regrouper les Français dans des catégories socialement homogènes.
Quels sont les différents groupes qui existent dans les PCS :
Cette grille des PCS construite par l’INSEE (1954 puis 1982) comporte 8 groupes :
6 groupes d’actifs (en gros) :
- 1 = agriculteurs exploitants
- 2 = artisans, commerçants et chefs d’entreprise
- 3 = cadres et professions intellectuelles supérieures
- 4 = professions intermédiaires
- 5 = employés. Attention, à ne pas confondre avec le fait d’avoir un emploi.
- 6 = ouvriers
2 groupes constitués d’inactifs (en gros) :
- 7 = retraités
- 8 = personnes sans activité professionnelle et n’en ayant jamais eu.
Quels sont les critères qui servent à construire les PCS ?
Ces groupes sont constitués en fonction de différents critères source d’avantages ou
d’inconvénients : existence d’un statut professionnel ou non, statut salarié ou
indépendant, niveau hiérarchique et niveau de diplôme. Cf. document à distribuer.
* Attention, il n’y a pas une grille absolue qui supplante toutes les autres. Tout va
dépendre de la stratification sociale que l’on étudie et des critères que l’on considère
comme importants.
Leur donner un exemple, la grille des PCS de 1954. Transparent.
2. Des outils pour observer des inégalités spécifiques : l’exemple des inégalités
économiques :
Après avoir observé différents outils pour observer la stratification sociale dans son ensemble,
on peut s’intéresser plus spécifiquement aux inégalités prises en elles-mêmes.
Attention, à partir de maintenant, quand vous parlez d’inégalités, il faudra toujours
préciser deux choses :
- de quel type d’inégalités on parle : de revenu, de patrimoine, d’épargne,
d’espérance de vie, de niveau d’éducation. On doit donc choisir une variable.
- entre quels groupes s’observent les inégalités. Choisir une grille d’analyse.
S’il manque un des deux éléments, vous ne dites rien de scientifique, que du blabla !
a. Présentation de l’objet d’étude : les inégalités économiques de revenus et
de patrimoine :
Premier type d’inégalité étudiable : les inégalités de revenus et les inégalités de patrimoine.
Mais que signifient ces notions ?
Dans un premier temps, on peut parler des revenus.
* Les revenus (touchés par un ménage) sont la somme des revenus primaires (flux de
ressources perçus par les agents pour leur participation à la production sous la forme du
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travail ou du capital) et des revenus de transfert (flux de ressources provenant des
pouvoirs publics et perçus par les agents en contrepartie de certains risques).
Ceux-ci se déclinent de manière plus détaillée de la façon suivante, par un schéma (8 lignes) :
Attention, pour calculer le revenu disponible d’un ménage, ce avec quoi il peut véritablement
consommer, que doit-on faire ? Prendre en compte les prélèvements obligatoires.
Revenu disponible = Revenus primaires PO + revenus de transfert.
Au sein de ce schéma, on se rend compte qu’il y a une autre notion qu’on entend
fréquemment, c’est le patrimoine. Qu’en est-il et quelle est sa différence avec les revenus ?
* Document 2 de la FD. Document 2 Revenus et patrimoine :
« On rappelle que le salaire est un revenu du travail perçu par un salarié, c'est-à-dire un travailleur lié par un contrat de travail (de
subordination) à un employeur. Le revenu (qui comprend les salaires, bien sûr) est constitué par l'ensemble des sommes perçues
à un titre ou à un autre (revenus du travail, revenus du capital, revenus de transfert sociaux comme les prestations sociales par
exemple). Le salaire est toujours rattaché à une seule personne alors que le revenu est souvent celui du ménage (c'est-à-dire
l'ensemble des personnes vivant sous le même toit).
« Le patrimoine, enfin, est constitué par l'ensemble des biens possédés par un individu ou, le plus souvent, par un ménage :
il est composé d'immeubles (terres, maisons, appartement, bâtiments de production, etc.), de valeurs mobilières (actions et
obligations par exemple, mais également dettes, ce qui explique que le patrimoine puisse être négatif), de liquidités déposées sur des
comptes bancaires, d'objets d'art, de bijoux, etc. Les revenus sont donc des flux, alors que le patrimoine est un stock, que l'on
acquiert grâce à son revenu ou en héritant et que l'on peut transmettre à ses héritiers. Il est logique de penser que si on a des revenus
faibles, on aura souvent un patrimoine faible (même si ce n'est pas toujours le cas : un agriculteur propriétaire de son exploitation
peut avoir des revenus faibles alors qu'il détient un patrimoine) ». Source : http://brises.org
Question 1 : Définissez le patrimoine. N’oubliez pas de prendre en compte les dettes dans la définition.
Question 2 : Expliquez la phrase soulignée.
Revenu brut
Revenus primaires
Revenus de transferts
Les salaires
Dividendes et
intérêts
Revenus
fonciers (loyers,
fermage)
Allocations :
- famille
- maladie (civile ou
professionnelle)
- retraite
- chômage
Minima sociaux :
- RSA, ex-RMI
- ASS
- AAH
- etc.
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Question 1 : Le patrimoine désigne, pour un agent économique, la somme, à un moment
donné, de ses avoirs (ce qu’il possède) et de ses dettes (ce qu’il doit).
On peut décliner un peu plus précisément les composantes du patrimoine par un schéma :
Que pouvons-nous voir à partir du graphique ? Les différentes composantes du patrimoine
conduisent à différents types de revenu. Le patrimoine foncier permet en effet l’obtention de
revenus fonciers (loyers, usufruit, etc.). Le patrimoine financier permet l’obtention de revenus
financiers (intérêts, dividendes, etc.). Question 2 : Le patrimoine représente ainsi le stock
des richesses accumulées par un agent économique à un moment donné du temps tandis
que les revenus représentent les flux de richesse qui lui reviennent pendant une certaine
période. Exemple : le patrimoine qu’est une maison apporte un revenu qu’est le loyer.
b. Présentation des outils :
b.1. Les outils indirects :
On va parler ici des outils indirects d’observation des inégalités : on observe grâce à une
grille d’analyse extérieure à la variable les inégalités de cette variable.
2 outils pour observer les inégalités : coefficients multiplicateurs et/ou indices.
Appliquons tout de suite. Maintenant que ces notions de revenu et de patrimoine ont été
présentées à nouveau, on peut regarder un peu plus en détail les inégalités qui existent en
matière de revenu et de patrimoine.
Exemple 1 : comparer les inégalités de salaires annuels nets en EQTP (variable étudiée)
en fonction des PCS et du sexe (grille d’analyse).
Document 3 Les inégalités de salaires nets moyens en EQTP en 2009 (privé et semi-public) :
Hommes
Femmes
Ensemble
Cadres
50100
38360
46210
Professions intermédiaires
26860
23140
25250
Employés
18940
17300
17780
Ouvriers
19310
15820
18760
Ensemble
26670
21320
24490
INSEE, France, Portrait Social, 2011
Patrimoine des ménages
Actifs non financiers
Actifs financiers
Patrimoine physique :
Logement, immeubles, terrains,
matériels productifs
Patrimoine incorporel :
Fonds de commerce, brevets
Patrimoine financier :
Dépôts, valeurs mobilières
(actions, obligations),
épargne, - les dettes.
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