5
mais toujours à venir. Ainsi la missionnaire saura accepter les échecs, les insuccès
personnels, se réjouir des succès des autres et y contribuer dans sa mesure.
Cette largeur de vue ouvre nos horizons dans l'espace, mais aussi dans le
temps; elle permet de jeter la semence et d'attendre dans la patience et la sérénité une
germination que peut-être nous ne verrons pas: "L'un sème et l'autre moissonne", cette
phrase évangélique était chère à Marie de la Passion, car elle exprime le
désintéressement , mais aussi l'espérance de celui qui travaille dans le champ du
Seigneur" (JO, 704; MD, 439).
- Générosité, courage
Le désintéressement, la patience dans l'insuccès ne signifient pas pour Marie
de la Passion absence de dynamisme, d'initiative.
A l'abandon passif qui laisse Dieu agir à son heure, sans s'inquiéter de ce qui
n'est pas "l'unique nécessaire" la missionnaire doit joindre cet abandon actif qui est à
l'écoute des signes de Dieu, toujours prêt à lutter pour sa gloire, ne disant jamais :
"c'est assez", car "celui qui sème avec abondance, moissonnera aussi avec abondance"
(MD, 475-477, 661, 515).
Marie de la Passion ne cesse pas de stimuler la générosité de ses
missionnaires, elle qui voudrait avoir "mille vies" pour faire "tout le bien qu'il y a à
faire sur la terre entière" (JO, 172).
Elle invite les supérieures à ne pas craindre, tout en sauvegardant la prudence,
d'entreprendre des activités difficiles, de prendre des risques, ne comptant "ni peines,
ni fatigues pour gagner les autres à Jésus-Christ" et puisant la force dans l'esprit
de foi : "Ayons dans l'apostolat le courage de souffrir; si Dieu est pour nous, qui sera
contre nous ?" (MD, 74, 272). Elle sait que l'Institut s'est fondé au milieu des
impossibilités apparentes.
C'est le sens prophétique de la mission, dans la docilité à l'Esprit qui poussait
Paul et les apôtres à l'assaut du monde romain.
- Paix et douceur
La mission évangélique est une mission de paix. C'est la consigne de Jésus à
ses envoyés (Lc 10, 5-6), reprise par François (Règle TOR, 30).
La missionnaire doit posséder en elle-même cette paix, qui est douceur,
maîtrise de soi. Marie de la Passion nous rappelle que "si nous voulons faire du bien
comme missionnaires, il faut être douces comme Jésus", car "ceux qui sont doux
posséderont la terre" (MD, 127, 282, 442), "ouvrir notre coeur à la miséricorde qui
aide, à la miséricorde qui excuse et même à la miséricorde qui pardonne" (MD, 382).
Mais elle doit aussi chercher à donner cette paix qu'elle possède, en être la
messagère, "répandre partout où elle passe la paix, l'union, le pardon"; Marie de la
Passion va plus loin: "aider à la paix des contrées" dans la mesure où nous pouvons y
contribuer, avec "tact, humilité, oubli de nous-mêmes" (MD, 93,221, 234).
Dans sa prière, Marie de la Passion voit l'Institut ayant une "mission de paix",
portant au monde le rameau d'olivier de la paix (NS, 23, 48).
- Minorité, humilité