plagioclases, grains d’épidote, lattes de chlorite, et prennent ainsi une teinte vert d’eau
très pâle.
Les diorites, roches de couleur très claire également, ne comportent que de rares
quartz à côté des cristaux de feldspaths plagioclases (andésine), d’amphibole
(hornblende verte), de pyroxène (augite) et de minéraux d’altération (chlorite et
épidote).
Les affleurements les plus spectaculaires de ces roches acides se déploient le long de la
côte nord de l’île, spécialement entre la Pointe du Grand Nord et la Pointe à Claire, où
les falaises, régulièrement lessivées par les averses violentes de l’hivernage,
apparaissent zébrées d’innombrables dykes (parfois plurimétriques) d’andésite très
sombre (fig. 3.18). Pour diverses raisons, K. Gauchat pense qu’andésites et diorites se
sont mises en place à la même époque. Les affleurements situés le long des falaises
bordant la table calcaire, au sud-est, se font beaucoup plus rares puisqu’ils sont bien
souvent masqués par une couverture d’éboulis plus ou moins stabilisés. Quelques
échantillons de trondhjémite peuvent cependant être récoltés le long de la route D 207
à hauteur de Trou Madame
Dans la zone de contact entre massif acide et « cortège ophiolitique » du nord-est, nous
avons pu observer de curieuses structures en forme de « cônes de glace », de « giclées
de magma » à zonations concentriques, résultats d’intrusions dioritiques dans le
matériau basaltique ou inversement. Ces investigations, rendues possibles depuis une
barque saintoise, demandent confirmation par des levés à terre.
Enfin, il convient de souligner l’importance des trondhjémites pour leur contribution à la
connaissance de l’histoire géologique de l’île puisqu’elles ont permis les premières
datations par radiochronologie de son complexe de base : 142,2 9,7 Ma par la méthode
K/Ar (Fink et al., 1971), 145-150 Ma par la méthode 206Pb/238U sur les seuls zircons et
par la méthode 207Pb/206Pb (Mattinson et al., 1973 et 1980).
Le « cortège ophiolitique » du nord-est : baptisé ainsi par L.K. Fink en 1968, ce
complexe commence à l’est de la Ravine Cybèle et se compose de roches de types
variés : laves acides à faciès de rhyolites et de dacites, brèches volcaniques, scories en
bouses de vache, laves basaltiques débitées en coussins (ou pillows), radiolarites, dykes
rhyolitiques et andésitiques, hyaloclastites.
A l’extrémité est de l’île, figure une faille orientée SW-NE, de Baie Mahault à la Baie du
Grand Abaque, que l’on pourrait nommer grande faille de l’est désiradien.
Particulièrement facile à repérer dans le paysage, cette cassure sépare des terrains de
teintes générales bien différentes : orangée au nord, brune avec une nuance verte au
sud. Les matériaux sous-jacents livrent un début d’explication à ces coloris variés : au
nord se trouve une épaisse coulée de rhyolite, au sud des coulées de basalte.
La région du Grand Abaque correspond à un ancien appareil volcanique dont le cône
pyroclastique se situait vers la Pointe à Mombin, là où se sont empilés les scories, les
coulées de brèches et les blocs parfois plurimétriques. Ce site d’émission, probablement
aérien, est masqué vers le sud-ouest par l’épaisse coulée évoquée ci-dessus. La roche
constitutive de cette dernière présente toutes les caractéristiques d’une rhyolite :
texture porphyrique avec phénocristaux de feldspaths plagioclases blancs et de quartz
gris gros sel, pâte aphanitique de teinte rougeâtre. A l’instar des roches du massif acide
du centre, les matériaux constitutifs du Grand Abaque présentent de nombreux
minéraux secondaires, résultant d’altérations hydrothermales. Plusieurs dykes