
Dôi Moi : Réformes et contradictions
Réformes politiques
Dès l’arrivée de Nguyên Van Linh au poste de Secrétaire Général (SG), il a montré, dans
ses discours, le dysfonctionnement du PCV. Précisons que Nguyên Van Linh n’est pas un
anticommuniste mais il appelle à une « purification » du Parti. Ceci ne veut aucunement dire,
selon lui, qu’il y a nécessité de créer des partis d’opposition
.
Cependant, l’obstacle principal au Dôi Moi se trouve au sein même du Parti et de l’Etat :
nombre de cadres du PCV et de fonctionnaires sont incapables de changer leur mode de
pensée et leur manière de travailler. Pour cela, Nguyên Van Linh souhaite revoir la
compétence de chaque fonctionnaire. Ceux qui ne correspondent pas aux exigences
demandées devront être soit reformés, soit licenciés.
Le discours annoncé est plein de bonne volonté mais ce qui va se faire réellement est loin
de la réalité. Année après année, les hauts responsables prônent la transparence, la « non-
corruption » mais le système reste encore obscure. La corruption existe à tous les niveaux
même s’il y a des tentatives d’assainissement. En octobre 1997, le nouveau gouvernement
vietnamien a même dû renvoyer le gouverneur de la Banque Centrale Vietnamienne pour
cause de corruption. Des tentatives de moralisation de la vie politique, telles que celles faites
par le SG Lê Kha Phiêu
, comme l’appel aux 2,3 millions de membres du Parti à faire leur
autocritique, n’amenèrent aucun résultat… au contraire il se fit limoger en avril 2001 pour la
raison : « manque de capacité dans la direction du Parti et de l’Etat ».
Dans le même sens que Nguyên Van Linh et afin de réduire les dépenses de l’Etat, le
Comité Central décida , au mois d’Août 1999, de réduire de 15% le nombre des
fonctionnaires
.
Une contradiction peut se faire au niveau des SG eux-mêmes. Ils prônent la libéralisation de
l’économie mais ils ne sont pas libres de faire ce qu’ils veulent car le Bureau Politique a
toujours le dernier mot. Petit à petit, nous pouvons nous apercevoir ce qu’est vraiment la
politique du Renouveau : changer, sans trop changer et surtout maintenir le contrôle de tout
cette politique de peur qu’un trop grand vent de libéralisme souffle sur le Vietnam.
En ce qui concerne les Droits de l’Homme, la liberté d’expression n’est pas des plus
impressionnantes. En effet, une loi adoptée en 1999, renforce le contrôle sur les médias,
rappelés il y a peu, à leurs obligations révolutionnaires. On trouve aussi certaines lois
comme le « décret 31 » qui permet la détention en résidence surveillée, sans jugement et
sans limite de temps. De plus, il n’est pas vraiment au « goût du pouvoir » d’être un religieux
militant des droits de l’Homme !
Vietnam communistes et dragons, Editions Le Monde, Paris 1994, p185.
LÊ KHA PHIÊU : Né le 27/12/1931 à Thanh Hoa ( Nord VN), participait à l’armée
communiste vietnamienne depuis 1950 avec le grade de commissaire politique adjoint de
compagnie. Il a été désigné hâtivement secrétaire général du PCV à l’âge de 66 ans lors
d’ une réunion du Comité Central (décembre 1997) et non pas au congrès du Parti
comme cela se fait traditionnellement. Il sera par la suite limogé lors du 9ème congrès du
parti communiste vietnamien pour avoir démontré un « manque de capacité dans la
direction du Parti et de l’Etat » en avril 2001 (à noter qu’il est qualifié de conservateur) .
Il est le premier dirigeant dans l’histoire du pays à ne pas terminer son mandat
S’agissant du nombre de fonctionnaires, celui-ci a diminué de moitié entre 1988 et
1994, en passant de 1,5 million à 750.000 individus.