DEVOIR DE PREMIERE E.S. – CONTRÔLE SOCIAL ET DEVIANCE Document 1 On savait en effet depuis 1950, grâce à Austin Bradford Hill et Richard Peto, que le tabac est à l’origine du cancer du poumon. En 1975, j’ai été nommé président de la Commission du cancer au ministère de la Santé. La ministre était Mme Simone Veil. Nous nous sommes mis d’accord pour lancer un « plan cancer » (…) J’ai choisi de faire de la lutte contre le tabac la priorité. À l’époque, la quasi-totalité des Français – et en particulier la quasi-totalité du corps médical – pensait que la volonté de fumer était un acte individuel, dans lequel ni le médecin, ni l’État, n’avaient à s’immiscer. J’ai soutenu la thèse contraire : fumer n’est pas un acte individuel, c’est le produit de la publicité et de la manipulation de l’opinion par la publicité, donc nous avons tout à fait le droit d’informer et au contraire nous serions très coupables si nous n’informions pas. Quand la loi Veil est entrée en vigueur [en 1976], elle a arrêté l’augmentation de consommation du tabac – mais ne l’a pas fait baisser. En revanche, elle a eu un effet très profond sur l’opinion publique grâce aux campagnes d’information et en particulier celles qui s’adressaient aux médecins. À l’époque, les médecins défendaient à 80 % la position : « on ne se s’occupe pas du tabac » ; 10 ans plus tard ils étaient 80 % à dire « il faut agir contre le tabac ». Il s’est produit un véritable renversement de l’opinion publique, qui a permis et même favorisé la préparation de la loi Évin. (…) Après sa réélection, [le président Mitterrand] nous a adressés à Claude Évin, avec lequel nous avons commencé à préparer ce qui allait devenir la loi Évin. (…) L’interdiction de fumer dans les transports en commun était une révolution. À l’époque, la plupart des gens pensait que les fumeurs n’accepteraient jamais de renoncer à fumer dans le métro, les autobus et les trains. Nous avons lancé des enquêtes d’opinion et nous nous sommes aperçus que le public était massivement favorable à des mesures très dures contre le tabac. C’est dans les avions que le changement a été le plus spectaculaire. (…) Au bout de quelques années, les places fumeurs ont disparu : il était devenu manifeste que même sur des vols de plus de dix heures, les gens l’acceptaient parfaitement. (…) Entretien avec Maurice Tubiana, cancérologue, lettre du collège de France, hors-série 3 | 2010. Document 2 Tu serais surpris du nombre de bouquins (pas tous financés par l'industrie du tabac) parus il y a 20 ans pour dire que rien n'expliquait que la corrélation entre tabac et accidents cardio-vasculaires était une relation de cause à effet. Et évoquant l'hypothèse -qui n'avait rien de stupide en soi- qu'un facteur génétique inconnu pourrait être à la fois responsable d'une prédisposition aux accidents cardiovasculaires et à une dépendance au tabac. Ce qui a permis de trancher, c'est la baisse assez rapide (cinq ans) de la fréquence des accidents cardio-vasculaires chez les populations de fumeurs qui avaient cessé de fumer, rejoignant celle de ceux qui n'avaient jamais fumé. (Source : attention, il s’agit d’un propos tenu sur un forum qui n’a pas de valeur scientifique http://fr.narkive.com/2003/9/15/229547-obesite-et-habitat.html ) Document 3 L’entrée au collège reste un rite de passage vers l’âge adulte souvent marqué par la première cigarette, fumée en moyenne entre 11 et 12 ans : 29 % des 10-15 ans déclarent avoir déjà essayé de fumer. Près de la moitié (42 %) deviennent des fumeurs à l’issue de cette expérience. Parmi ceux-ci, 48 % sont des fumeurs quotidiens et plus d’un tiers d’entre eux affirment ne pas pouvoir se passer de la cigarette. Cependant, ce chiffre est en baisse par rapport à 2006, où 58 % des jeunes qui avaient essayé fumaient encore quotidiennement. Autre signe encourageant : les fumeurs quotidiens ont réduit leur consommation : ils ne sont plus que 1 % à fumer plus de 20 cigarettes par jour, et seulement 20 % entre 5 et 10 cigarettes quotidiennes, contre 27 % en 2006. Mais l’évolution des réponses à cette dernière enquête met surtout en évidence une modification profonde de l’image du fumeur. Chez les jeunes, la norme aujourd’hui, c’est d’être non-fumeur : pour 73 % des adolescents, ne pas fumer, c’est être comme tout le monde. Le tabagisme est vécu par les non fumeurs comme un révélateur de problèmes : 52 % d’entre eux pensent que les fumeurs ont des problèmes à l’école ou dans leur famille. On constate ainsi un durcissement du regard des non-fumeurs 1 sur les fumeurs. Parallèlement les fumeurs se radicalisent : ils revendiquent de plus en plus un tabagisme lié au plaisir bien plus qu’à la dépendance. 45 % disent fumer parce que c’est agréable (35 % en 2006). Alors que seuls 21 % avouent ne pas pouvoir se passer de tabac (40 % en 2006). 16 % des fumeurs affirment qu’ils n’arrêteront pas la cigarette. Ils étaient 4 % en 2006 ! Les fumeurs réguliers sont les plus radicaux : 1 sur 2 affirme qu’« absolument rien » ne pourrait le faire arrêter de fumer (16% en 2006). Ainsi, Les fumeurs sont de plus en plus isolés par des discours qui les stigmatisent, et en retour revendiquent leur isolement et creusent un peu plus le fossé qui les sépare des non-fumeurs. L’image du caïd fumeur admiré de toute la classe semble donc avoir vécu. Cette dénormalisation peut représenter une protection vis-à-vis de l’initiation au tabagisme des plus jeunes. Elle a l’inconvénient de compromettre un peu plus la communication avec les adolescents déjà initiés et dépendants que ce soit avec leurs parents ou avec leurs éducateurs. (Professeur Daniel Thomas- Fédération Française de Cardiologie Editorial de la revue Tabac et Liberté- Lettre trimestrielle d’information – Année 13 – N°48- Juin 2007). Document 4 : (source : Insee, Altadis) 2 Document 5 : DU GRIS (Paroles: E. Dumont, musique: F. L. Benech chanteuse : Berthe Sylva) (1931) (extraits) Je l'aime bien épaisse Roulée comme une papesse Dans son fourreau Zigzag a bord chromé Quand du bout de la langue Je la lèche, elle tangue Fumante elle frémit sous la morsure De mon dentier Hé hé. Hep! Monsieur, une cigarette! Une cibiche, ça n'engage à rien, Si je te plais, on fera la causette, T'es gentil, t'as l'air d'un bon chien. Je suis amoureux d'une cigarette Elle a la rondeur d'un sein Qu'on mord ou qu'on tête Hey Jenny, y'aura une taffe pour toi Si tu penses a mon paquet de gris Magne-toi car j'ai bientôt fini De tirer sur ce satané vieux mégot. (...) Tu serais moche, ça serait la même chose, Je te dirais quand même que t'es beau, Pour avoir, t'en devines bien la cause, Ce que je te de mande, une pipe, un mégot. Ah, non! Pas l'anglaise, ni le bout doré, Ces tabacs-là c'est du chiqué. Du gris, que l'on prend dans ses doigts Et qu'on roule C'est fort, c'est acre, comme du bois, Ça vous soûle. C'est bon et ça vous laisse un goût Presque louche De sang, d'amour et de dégoût, Dans la bouche. Document 7 : Extrait de « La Cigarette » de Sanseverino (2004) (...) La cigarette, non seulement ça tue, mais ça coûte cher et pis ça pue, La nicotine te colle aux doigts, tes cheveux sentent le cendrier pendant des mois … REFRAIN : fume, fume, cette cigarette, grille des mégots de vieux clopos Sur des conseils de médecine, lus dans « Poumons magazine » Fume fume et puis oublie les détergents qu'il y a dedans, Les bénéfices de l'Etat, la marge de la Seita (...) Tu fumes pas, ben t'en a de la chance, C'est que la vie, pour toi, c'est du velours, Le tabac, c'est le baume de la souffrance, Quand on fume, le fardeau est moins lourd. (...) Document 6 : extrait de « je suis amoureux d’une cigarette » de J. Higelin (1974) Hé hé, ho ho Je suis amoureux d'une cigarette Toute la sainte journée elle me colle au bec (...) 3 4