accompagnement administratif, une préinscription et une préparation aux tests de
l'ambassade de France, moyennant finances. Le " package " peut atteindre 4 000
euros. Près de 400 agences de ce type existeraient en Chine, placées sous la tutelle du
ministère de l'éducation chinois. Leur business repose sur la négociation et la vente
de préinscriptions universitaires. Jusque-là, rien d'illégal. Sauf que, dans leur forfait,
sont parfois incluses les réponses au test de français. C'est l'un des points abordés par
le rapport des inspections générales, révélé en partie par Le Point en novembre 2010
et que Le Monde a pu consulter, les tests de l'ambassade, au milieu des années 2000,
n'étaient " pas fiables ". Diffusées sur Internet, les réponses au questionnaire étaient
apprises par coeur. A cette tricherie s'ajoutaient des " vérifications d'identité très
brèves " et du " copinage ", se souvient Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à
l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste de la Chine.
En 2008, l'ambassade de France alerte le Centre international d'études pédagogiques
(CIEP) de fuites concernant le test. Les autorités chinoises, elles, n'en sont pas
averties. " Il s'agissait de procédures françaises, elles n'étaient pas concernées ",
estime un ancien diplomate français en Chine. Sauf que la crise franco-chinoise bat
son plein pendant les Jeux olympiques de Pékin. La diplomatie française a-t-elle
cherché à éviter de mettre de l'huile sur le feu ? " Avec les Chinois, on n'ose pas trop
évoquer les contentieux potentiels, ils seraient capables de vite réagir ", observe M.
Brisset. Toujours est-il qu'à la suite de cette alerte, quelques mesures sont prises. Les
tests de français seraient renouvelés " en moyenne toutes les six semaines ", selon
Eric Chevreul, responsable de l'agence Campus France Chine, chargée d'organiser ces
tests.
Bémol au sein de l'administration centrale, certains hauts fonctionnaires regrettent
une procédure qui n'a pas changé fondamentalement. Pour obtenir son visa, Wei
Wang s'est simplement renseigné sur les types de questions posées lors de l'entretien
: " Le jury demande quels sont nos projets ou nos loisirs par exemple. "
Que se passe-t-il pour les étudiants qui, visa et préinscription en poche, arrivent en
France ? Le rapport dévoile la suite. Les étudiants s'inscrivent en cours de " français
langue étrangère " (FLE) à l'université. Cours qu'ils suivent six mois, un an, parfois
deux. Puis ils cherchent à s'inscrire à l'université. C'est là que la plupart découvrent le
pot aux roses : la préinscription n'est pas une garantie d'inscription définitive,
l'université n'assurant aucun suivi.
Apparaît alors cette catégorie désignée sous le terme d'" étudiants flottants " qui,
soit disparaissent dans la nature, soit cherchent à s'inscrire
désespérément quelque part. Comment ? En passant par des " interlocuteurs ",
comme on les appelle au ministère de l'enseignement supérieur. C'est là qu'ils
retrouvent les fameuses agences du départ et leurs relais en France. Le rôle
d'encadrement des instituts Confucius est souligné par plusieurs enseignants. Ces
Alliances françaises à la chinoise se sont multipliées ces dernières années. Le premier
a été inauguré en 2005 à Poitiers. Il en existe une quinzaine aujourd'hui, tous
installés sur des campus universitaires. Une vaste loterie se met alors en place pour
ces étudiants qui ne maîtrisent toujours pas le français. " La plupart baragouinent
quelques mots. J'ai même eu une étudiante qui ne savait pas dire "bonjour" et,
pourtant, possédait une attestation de bilinguisme de l'ambassade ", rapporte Eric
Vernier, maître de conférences à l'université Littoral Côte d'Opale. Certains se
retrouvent dans des formations qu'ils n'ont pas choisies. " Les Chinois qui arrivent
dans mon département de droit pensent qu'ils vont étudier le commerce international
", se désole une enseignante.