Annonce de soutenance de thèse présentée par Lise Ruffino qui aura lieu le jeudi 25 Février 2010, 14H dans l’amphithéâtre du CEREGE (Europôle de l’Arbois, Aix en Provence) Ecologie, dynamique de population, comportement et impact d’un rongeur introduit, Rattus rattus, sur les îles de Méditerranée Résumé Les rats invasifs du genre Rattus spp. sont reconnus à l’heure actuelle comme un facteur majeur de raréfaction d’espèces d’oiseaux marins et de risque d’extinction de pétrels et de puffins. Cependant, le fonctionnement des populations insulaires de rats ainsi que les facteurs favorisant leurs impacts sur les écosystèmes insulaires restent encore mal connus. Des interrogations persistent sur les mécanismes réels et l’intensité d’impact du rat sur des oiseaux aux mœurs aussi discrètes que certains oiseaux marins. L’idée générale de ce travail de thèse s’inscrit dans la nécessité d’une meilleure compréhension de l’écologie, de la dynamique de population des rongeurs invasifs, des mécanismes d’impact du rat sur les oiseaux marins, mais aussi de persistance d’espèces, afin de contribuer à la construction de bases scientifiques solides en vue d’une meilleure évaluation du degré de vulnérabilité des espèces et de la mise en place de stratégies de conservation pertinentes et efficaces. Dans le cadre d’un premier axe de recherche, nous nous sommes intéressés à la dimension temporelle des invasions biologiques. L’analyse d’une base de données concernant ca. 300 îles et îlots du bassin méditerranéen occidental a permis de souligner que la persistance sur le long terme des pétrels et puffins de Méditerranée, malgré une présence ancienne des rats noirs sur ces îles, a pu être facilitée par la diversité de contextes insulaires aux caractéristiques biogéographiques variées. Dans un second temps, une étude plus fine des mécanismes d’interactions et d’impact a révélé, de manière contre-intuitive, des interactions limitées entre rats noirs et puffins yelkouan au niveau des sites de reproduction des puffins de l’île de Port-Cros (Var), ainsi que des capacités de prédation limitées des rats noirs sur des œufs d’oiseaux marins, même de petite taille. En outre, une synthèse bibliographique des méthodologies employées depuis les 30 dernières années pour évaluer l’impact des rats sur les oiseaux marins appuient l’existence de lacunes dans nos outils, illustrant ainsi la forte nécessité de combiner les sources d’information variées afin d’éviter certains biais méthodologiques qui pourraient contribuer à une mauvaise évaluation de l’impact des rats, et par conséquent du degré de vulnérabilité des espèces. Enfin, l’étude de l’écologie trophique d’une population de rats noirs, combinée à un suivi sur deux années de leurs dynamiques de populations et patrons de déplacements sur une petite île de Méditerranée, présentant une hétérogénéité spatio-temporelle marquée dans la disponibilité des ressources, a permis de souligner la faible plasticité écologique et alimentaire des individus, comparativement à celle de la population entière, ainsi que l’importance des effets des apports hydriques et des ressources d’origine allochtone sur le fonctionnement des populations de rats. Des pistes d’investigations nouvelles sont suggérées qui permettraient de mieux appréhender les processus impliqués dans l’impact des rats sur la faune insulaire, dans les extinctions d’espèces mais aussi dans leur coexistence durable parfois observée. Mots clés : Dynamique de population, écologie trophique, espèces invasives, extinctions, îles méditerranéennes, impact, oiseaux marins, prédation, Rattus spp. JURY M. Jean-Louis Martin Directeur de recherches CNRS Rapporteur M. Michel Pascal Directeur de recherches INRA Rapporteur M. Franck Courchamp Directeur de recherches CNRS Examinateur M. Daniel Simberloff Professeur, Université Tenessee Examinateur M. Eric Vidal Maître de conférences, Université P. Cézanne Directeur M. Frédéric Médail Professeur, Université P. Cézanne Co-directeur